Les élites dans le domaine économique

Michel de Poncins

"Les premiers seront les derniers ; les derniers seront les premiers".

Tout le monde connaît, même ceux qui ne sont pas chrétiens, cette phrase fameuse que le Verbe de DIEU nous a dite, il y a un peu moins de deux mille ans environ.

L'on pourrait en conclure que notre congrès doit s'arrêter dès maintenant car il serait inutile de parler des élites, puisque les meilleurs sont destinés à la dernière place et que les moins bons sont destinés à la première.

En particulier, cela pourrait conduire, sur le plan économique, à une sorte de fatalisme et à l'inaction. Or, justement, c'est tout le contraire ; comme beaucoup de pages de l'Évangile, celle-ci doit stimuler notre réflexion.

Ceux qui se croient les premiers, justement, ne le sont pas vraiment parce qu'ils se croient les premiers. Et ceux qui se pensent les derniers peuvent être les premiers sans le savoir.

C'est un appel étonnant à l'humilité et, depuis deux mille ans, ces appels à l'humilité n'ont cessé de retentir jusque et y compris par celle que l'on appelle la petite Thérèse qui, du fond de sa prétendue petitesse, est devenue, sans le savoir à l'avance et sans évidemment le vouloir, la Française la plus célèbre des temps modernes.

Et l'humilité est si importante dans tout l'Évangile que l'on pourrait énoncer que l'élite est composée de ceux qui font bien mais ne le savent pas.

Les élites sont, bien évidemment, nécessaires. Elles reflètent, en effet, l'inégalité et celle-ci, contrairement à la philosophie en vogue depuis deux cents ans, est indispensable au progrès de l'humanité. Il est même possible d'affirmer que les élites sont un des aspects de la création : les hommes étant divers sont inégaux et de ces inégalités, l'élite doit surgir. C'est du fait qu'elles sont inscrites dans l'ordre naturel qu'elles sont utiles et nécessaires.

Dans le domaine économique, le sujet pourrait, au départ, paraître facile, car la foule y désigne facilement l'élite qui est particulièrement visible. Mais, justement, cela constitue, en fait, une difficulté car les apparences peuvent être trompeuses comme nous allons le voir et la véritable élite n'est pas forcément celle que l'on croit.

Nous parlerons d'abord de ce que je propose de dénommer les élites de deuxième niveau, qui pourraient n'être qu'apparentes, et, ensuite, des élites de premier niveau qui sont, en fait, les véritables élites.

Les élites de second niveau ou les élites apparentes

Nous ne parlerons que d'une économie libre qui correspond à l'ordre naturel créé par DIEU.

Les activités économiques étatiques reposant sur l'usage de la force publique et sur les prélèvements fiscaux ne peuvent être dans le champ de notre réflexion et je ne crois pas que de véritables élites puissent s'y développer. Tout le monde s'étonne que dans les pays de l'Est les anciens communistes apparaissent comme des sortes de maffiosi ; mais l'on ne doit pas s'étonner. Les communistes ne deviennent pas des maffiosi ; en fait, ils l'ont toujours été. Simplement, ils ont changé de méthode dans leurs rapines et sont restés tels qu'ils étaient. Tout au contraire, le fait nouveau à l'Est, est qu'il y a des personnes qui peuvent gagner leur vie honnêtement et peut-être, à ce titre, créer une élite.

La France est soumise à un système socialiste qui s'est aggravé depuis la dernière élection présidentielle ; cela veut dire qu'il ne peut guère y exister des élites économiques dans une large fraction de la population. Nul doute que les inspecteurs des finances qui ont détruit les plus belles banques françaises ne peuvent être considérés comme appartenant à l'élite.

Quelles sont les élites dans le domaine économique ?

Aux yeux de la foule, l'élite économique est facile à désigner. Sera réputé membre de l'élite celui qui réussit d'une façon ou de l'autre et comme la réussite est visible la prétendue élite l'est aussi.

Cela commence par celui qui a la chance de passer des examens, ces derniers, surtout dans le contexte français, étant annonciateurs de succès économiques. Il est facile pour les titulaires d'examens de se croire appartenir à l'élite et de le faire savoir. Les examens constituent, en effet, une sorte de passeport assurant, sans autres efforts, le déroulement d'une carrière réussie dans les entreprises ; mentionnons, cependant, une atténuation récente de ces perspectives, sans que l'on sache si elles reviendront en force ultérieurement.

Il y a le phénomène bien connu de l'ENA (Ecole Nationale d'Administration). Les titulaires de cet examen ont pu tellement saisir la totalité du pouvoir que même les plus malins ou les plus vertueux d'entre eux auraient du mal à ne pas se considérer comme l'élite ; je dirais, même, qu'un énarque qui, par pure distraction, ne se considérerait pas comme tel serait, en quelque sorte en faute, vis-à-vis de ses camarades et affaiblirait le système dont il tire tout son pouvoir et toute sa richesse.

Indépendamment des examens, d'autres occasions apparaissent pour entrer dans l'élite. La réussite professionnelle, la création d'une belle entreprise, une découverte intéressante : voilà une foule de circonstances où l'heureux bénéficiaire peut réellement penser faire partie de l'élite.

Mais il peut aussi s'ajouter l'augmentation des gains et même la fortune, qui peuvent accompagner les autres critères. Il est logique, que dans une économie libre, les personnes qui réussissent bénéficient d'un confort matériel accru. Qu'un Bill Gates qui rend service à des milliards de personnes accumule de ce fait une fortune incroyable est parfaitement légitime et de même pour d'innombrables enrichissements de moindre niveau.

Quand l'on ajoute plusieurs critères les uns aux autres (examens, réussite professionnelle, fortune) comment ne pas penser que l'on appartient à l'élite. Si l'on n'y pensait pas, d'autres vous y feraient penser. Le pouvoir et la richesse attirent les courtisans et ceux-ci renforcent le concert de louanges.

J'ai coutume de dire qu'un imbécile qui est en même temps pauvre sera toujours un imbécile. Un imbécile qui est riche sera tout simplement un riche et plus du tout un imbécile.

Cette tentation de confondre, sans autre réflexion, le résultat d'une sélection avec l'élite est d'autant plus forte dans le domaine économique que le simple accomplissement du devoir d'état pousse à chercher le succès. Quoi de plus naturel pour un commerçant que d'essayer de rendre service honnêtement à des clients et à des clients de plus en plus nombreux. Quoi de plus naturel pour un cadre que de désirer rendre des services plus importants et valorisants dans une fonction plus élevée. Quoi de plus naturel pour un patron que de développer son entreprise à la satisfaction de ses actionnaires, des clients, du personnel. Quoi de plus naturel pour les uns et les autres que de voir leurs revenus s'améliorer et, s'ils ont le sens de l'épargne, leur fortune s'accroître.

Au stade actuel, considérons que ceux qui se dégagent, ainsi, du lot commun forment l'élite au sens économique du terme.

La nécessité des élites

Il est évident que l'élite, ainsi décrite et désignée, est absolument nécessaire. Elle correspond, d'abord, à la création, comme rappelé il y a un instant : les hommes naissent inégaux, contrairement aux prétentions de certains idéologues pressés d'imposer aux autres une égalité irréelle, qu'ils s'empressent d'ailleurs de refuser pour eux ; en plus, ces inégaux creusent l'inégalité en tous sens pendant le cours de leurs vies respectives.

Notre Président, Jean de Siebenthal, ne m'en voudra pas, je l'espère, de citer son nom : il est né, sans doute, fortement inégal et a dû creuser l'écart, puisqu'il connaît non seulement les mathématiques modernes, mais aussi l'histoire des mathématiques, ce qui doit être formidablement compliqué.

Les services que rend ou doit rendre cette élite, ainsi décrite, sont immenses ; d'où sa nécessité.

Le premier service est l'exemplarité. c'est le service essentiel de toute élite dans quelque domaine que ce soit.

Mais il y en a bien d'autres.

Les instruits diffusent leur instruction vers les autres. Beaucoup de progrès agricoles ont résulté de l'impulsion donnée par des membres de l'élite. Louis XVI sut saisir l'importance de la pomme de terre pour nourrir les gens dans une période où la famine rôdait : il décida d'en consommer lui-même publiquement pour inciter les autres à le faire.

Les riches épargnent, investissent, dépensent et créent. L'idée que pour qu'il y ait moins de pauvres, il faut plus de riches est vraie, au-delà de sa formulation abrupte. L'Ambassadeur de Venise, bon observateur de la révolution, remarquait, parmi les diverses catastrophes de cette époque, que la destruction des richesses avait jeté à la rue des millions d'artisans.

Plus près de nous, d'innombrables industries ont commencé par les riches : l'aviation, les ordinateurs personnels, l'automobile. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, encore elle et bien que l'économie ne soit pas son fort, nous donne un renseignement intéressant ; elle écrit que, dans la ville de Lisieux, les riches avaient des ascenseurs ; sans ces riches, jamais cette industrie des ascenseurs ne se serait développée avec ses multiples implications.

Sans les riches, aucun des progrès techniques que nous connaissons n'aurait eu lieu et les pauvres auraient faim.

Et ne nous trompons pas ; chacun est riche de quelque chose et il est légitime de chercher à améliorer son sort. Si l'on ne cherchait pas à améliorer son sort c'est-à-dire à s'enrichir, la terre ne serait pas cultivée, les progrès techniques n'auraient pas eu lieu et nous nous nourririons de racines.

Le formidable aménagement du jardin que DIEU nous offre vient du fait que les hommes courent toujours après les biens matériels.

Les dangers

Cependant à limiter la sélection de l'élite au succès économique et à ce qui y mène, nous risquons de mutiler la notion même d'élite. Et pour bien le comprendre, nous allons voir un certain nombre de dangers qui menacent cette élite que nous avons évoquée et peut la rendre simplement "apparente".

L'orgueil est une première tentation. La tentation de l'orgueil détruit l'élite. Le succès, dans n'importe quel domaine, est d'autant plus difficile à gérer que, dans l'action, la simple fierté de soi-même est un adjuvant parfois précieux. Un des petits génies de l'informatique aux USA a écrit un livre où il dit que seuls les "parano" survivent. Il est de fait que certaines grandes réalisations n'auraient jamais vu le jour sans une bonne dose d'inconscience et d'orgueil.

L'orgueil est le péché de Satan ; il conduit à la perversion de l'intelligence, puisqu'il empêche de voir clair ; pervertissant l'intelligence, il détruit l'œuvre de DIEU. Il y a une tour à PARIS le long du périphérique et cette tour est un hôtel ; le créateur s'est suicidé en se jetant de la tour pendant la réception qui célébrait le rachat par un concurrent. Or le rachat était la seule conclusion logique d'une difficulté financière et le racheté n'était pas vraiment maltraité.

Mais l'acheteur était tellement odieux pour tout le monde par son orgueil que les nerfs du racheté, lui-même, probablement formidablement orgueilleux, n'avaient pas résisté. L'histoire est assez morale puisque l'acheteur, à force d'être odieux, a fini par être lui même chassé de sa propre entreprise.

La tentation du matérialisme est, aussi, omniprésente. Le champ économique a précisément pour objet tout ce qui se rapporte aux commodités de la vie ; or, du succès personnel à l'amour exclusif et acharné de l'argent, le chemin est court.

Tout le monde connaît l'exemple du jeune homme riche. Ce jeune homme dont l'image a traversé les siècles était honnête dans ses transactions puisqu'il respectait les commandements ; il payait certainement correctement ses caravaniers et il voyageait entre ses entrepôts avec le respect de tous et, pourtant, le Seigneur lui dit qu'il lui manquait l'essentiel.

Les biens de ce monde, comme l'on sait, ne devraient être que des instruments et non des objectifs. Instruments, ils doivent l'être pour nous aider à faire notre salut et à aider les autres dans le même sens.

Un autre danger est l'égoïsme. La nécessité impérieuse de faire bien et si possible mieux, la difficulté de la concurrence, les multiples dangers de la vie économique actuelle peuvent facilement conduire à l'égoïsme. Et cet égoïsme trouve facilement des justifications : il faut nourrir sa famille, il faut préparer son avenir, il faut protéger l'entreprise.

Reconnaissons que le développement incroyable des techniques, en offrant une palette d'actions sans limite, peut être créateur d'égoïsme. Dans une économie rurale, l'on subissait le sort des éléments n'ayant pas beaucoup de moyens nouveaux pour réagir, si ce n'est la poursuite au mieux des méthodes ancestrales. Si la récolte était mauvaise, tant pis et tant mieux, si elle était bonne : l'on était égaux devant cette fatalité. Dans le monde d'aujourd'hui les possibilités de réagir sont innombrables, d'où cette impression de course qui peut conduire à s'échapper tout seul en larguant les autres.

Et l'égoïsme mène au manque de charité. Le meilleur, au sens humain du terme, se croit l'élite et se pense autorisé à écraser les autres de sa supériorité.

Enfin, la tentation du vol.

Dans le monde socialiste, le vol est organisé institutionnellement. On y est tellement habitué que plus personne n'y pense et la plupart volent sans le savoir ou sans y penser. Je suis un usager régulier du métro ; le métro étant subventionné, chaque fois que je prends le métro, je vole quelqu'un ; dois-je, pour autant, aller à pied ?

Dans une économie libre, le vol n'est pas de fondation ni organisé par l'État. Quand il se produit, il est volontaire. Mais la tentation est forte, car justement le matérialisme et l'égoïsme y trouvent leur compte. En France, le fait que la justice connaisse un certain réveil met au jour des pratiques très anciennes au niveau des sociétés et qui sont des vols purs et simples. L'intervention de la justice a, d'ailleurs, pour effet justement, de les raréfier.

Mais l'on retrouve ici le socialisme. Ce dernier a développé dans le monde entier la corruption et celle-ci a débordé dans le domaine privé. Le problème est si vaste qu'une autre conférence serait nécessaire à ce sujet. Un ami architecte me dit qu'en France l'on ne peut gérer un cabinet, surtout un grand, sans corrompre non seulement les services publics, mais aussi, par osmose, les services privés. La gangrène s'étend.

Il est certain que celui qui succombe à l'un ou l'autre de ces dangers n'appartient plus à la vraie élite. Certes, il continue apparemment à être rangé dans la catégorie et à rendre des services mais globalement il détruit les services rendus par ailleurs.

Dans ce cas, il est évident que le service de l'exemplarité n'est plus rendu du tout et devient même négatif.

Les élites de premier niveau ou les vraies élites

Cela nous conduit aux élites de premier niveau qui sont les vraies élites.

J'aurais tendance à dire que la véritable élite dans le domaine économique est celle qui au succès nécessaire joint la pratique des vertus.

Je n'hésite pas à employer ce terme que, malheureusement, l'on a démonétisé en quelque sorte. La vertu c'est bien de se conformer à la volonté de DIEU en toutes choses et les vertus ce sont divers moyens d'y parvenir.

Et ce qui est frappant, c'est que, finalement, la pratique des vertus ne nuit pas au succès bien au contraire. J'oserais dire que les vertus sont un bon placement, mais encore faut-il les pratiquer sincèrement et non par intérêt.

L'Évangile, que nous retrouvons ici, n'a pas pour objectif de donner des conseils de management et, pourtant, il se trouve qu'il en contient. Par exemple, quand après une parabole, le Christ ajoute :

"Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur dans une grande. Si vous n'avez pas été digne de confiance avec l'argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ?".

Dans ce court texte, nous trouvons, à la fois, l'honnêteté dans les transactions, la loyauté dans les affaires et le mépris des biens de ce monde.

De son côté, Saint Paul écrit à Philémon, à propos de l'esclave Onésime :

"Je l'aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu'il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l'Évangile. Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé".

Quel bon conseil pour inviter le nouveau converti à agir au-delà de ce que pouvaient lui autoriser les règles économiques couramment admises à l'époque.

La première vertu est l'honnêteté. L'honnêteté s'exerce dans les paroles, les actes, les contrats. C'est le contraire du vol dont je parlais à l'instant. Il se trouve d'autre part que c'est un excellent placement, mais ce n'est pas facile en toutes occasions.

Saint Paul, encore lui, écrit :

"Mes frères, je me servirai de l'exemple d'une chose humaine et ordinaire. Lorsqu'un homme a fait un contrat en bonne forme, personne ne peut le casser, ni y ajouter. Or les promesses de Dieu ont été faites à Abraham et à celui qui devait naître de lui."

Une autre vertu dans le domaine économique est la franchise. La franchise est, finalement, un bon placement aussi. Être franc en affaire est le meilleur moyen d'être cru et d'avoir du crédit. Le menteur est vite connu et démasqué.

Et, enfin, bien que j'en oublie peut-être, il y a la charité. C'est probablement la plus difficile dans le domaine des relations économiques.

Arrêtons -nous un instant sur un exemple parmi beaucoup d'autres : la poursuite des débiteurs défaillants. Un particulier se trouvant devant un locataire défaillant peut choisir l'indulgence, car il est libre de ses intérêts. Un chef d'entreprise propriétaire de son affaire peut aussi choisir de ne pas "exécuter" tel débiteur par simple bonté, mais, déjà à ce stade, ce n'est pas simple. Un cadre de banque peut-il faire de même ? C'est probablement dans la majorité des cas impossible et non souhaitable.

L'exemple des catholiques sociaux au XIXème siècle est intéressant. Beaucoup de patrons catholiques ont sacrifié de leur fortune pour aider les autres et particulièrement leurs ouvriers dans des circonstances difficiles ; ils étaient incontestablement de l'élite et ils ont rendu de grands services. Mais là aussi il peut y avoir des limites. J'ai connu une entreprise qui a disparu corps et biens parce que le propriétaire avait été imprudent sur le plan social. En fait, la générosité du patron sur le plan social aurait été gérable, mais elle avait eu des effets indirects qu'il n'avait pas perçus : il s'était produit un laisser aller général.

Certes, quand on évoque les limites économiques de la bonté, l'on pourrait objecter la parabole des travailleurs de la vigne et du denier qui rémunère des travaux inégaux. Mais, il s'agit de la bonté sans limite de DIEU. Rien n'est impossible à DIEU et il faut penser que nous sommes limités pour ce qui nous concerne. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'État -Providence est naturellement et totalement condamnable. Les S.D.F. qui traînent hélas dans Paris sont les victimes directes de l'assistanat développé par les pouvoirs socialistes depuis une trentaine d'années.

Pensons encore à une dernière vertu, la justice. Voici une belle vertu, si difficile aussi à pratiquer.

Conclusion

Pour conclure, je dirais volontiers que la véritable élite dans le domaine économique est celle qui, aux qualités proprement humaines, sait ajouter tout le supplément que peut lui inspirer le service unique et nécessaire de DIEU.

Cela conduit, au premier niveau, celui où l'on ne pense pas à se servir mais à servir.

Je terminerai volontiers par deux citations.

Saint Thomas écrivait :

"La société civile ne saurait subsister sans une autorité, dont le rôle est la poursuite du bien commun dans le respect du droit et de la justice ;"

Et, dans l'Imitation de Jésus-Christ, je lis au chapitre XXII :

 

"Celui qui a reçu davantage ne peut se glorifier de son mérite, ni s'élever au-dessus des autres, ni insulter celui qui a moins reçu ; car celui-là est le meilleur et le plus grand, qui s'attribue le moins et qui rend grâces avec le plus de ferveur et d'humilité".

Michel de PONCINS

 

Résumé

Les élites sont un des aspects de la création : les hommes étant divers sont inégaux. C'est du fait qu'elles sont inscrites dans l'ordre naturel qu'elles sont utiles et nécessaires.

Dans le domaine économique, il faut distinguer, d'abord, l'élite de second niveau qui peut n'être qu'apparente. En fait, la réussite en est le critère principal et la rend visible ; la réussite, ce peut être les examens, le succès professionnel, la fortune. Il est évident que l'élite ainsi décrite et désignée est absolument nécessaire.

Elle rend de grands services : exemplarité, diffusion du savoir, diffusion de la richesse. Mais elle peut n'être qu'apparente ; l'orgueil, le matérialisme, l'égoïsme, le vol et la corruption peuvent rendre l'élite nocive et la détruire.

Les élites de premier niveau, qui sont les vraies élites, sont celles qui au succès joignent la pratique des vertus : honnêteté, franchise, charité, justice et d'autres.

Cela conduit, au meilleur niveau, celui où l'on ne pense pas à se servir mais à servir.

 

Note

Michel de PONCINS

Diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et Docteur d'État (Économie),

Michel de Poncins est économiste. Il écrit de nombreux articles, des livres et fait des conférences. Il préside le jury du prix Renaissance de l'économie.

Ayant fondé l'association "Catholiques pour les libertés économiques" (C.L.E) (adresse : BP 247 16, 75 768 PARIS CEDEX 16), il en assure la présidence. C.L.E. se propose d'affirmer qu'il n'y a pas de contradiction entre le catholicisme et les libertés économiques et que, bien au contraire, l'un suppose les autres. L'association organise des conférences avec des personnalités de haut niveau et édite la LETTRE DE CLE, périodique dont l'audience est importante. Elle prend, aussi, position officiellement par des communiqués sur les problèmes de son ressort.

Dans ses livres, Michel de Poncins s'attache, principalement, à analyser le socialisme qui est, à ses yeux, le phénomène économique le plus significatif de notre époque. Par contraste, il montre les bienfaits des Libertés Économiques. Pour lui le socialisme ne se limite pas du tout au parti du même nom. En France, il est le fait aussi bien du parti du même nom que de la fausse droite.

Dans son livre, la République Fromagère, il montre comment le but ultime de la loi, de toute loi, est l'enrichissement personnel des politiciens et de leur cour.

Il écrit, aussi, de nombreux articles, participe à des émissions de radio et donne de nombreuses conférences, en France et à l'étranger. Il est également président du prix Renaissance de l'économie, attribué chaque année par le Cercle Renaissance.

Liste des livres

- Tous capitalistes ou la réponse au socialisme : Prix renaissance de l'économie 1983 (Éditions de Chiré, 1983).

- La démocratie ou le rêve en morceaux (Éditions Albatros, 1986).

- Chômage : fils du socialisme : la vérité, les remèdes Éditions O.E.I.L. 1991.

-La république fromagère ou comment les politiques font la fête avec l'argent des pauvres : Première Ligne 1994.

- Catéchisme de l'électeur trompé (Odilon Media 1995).

- Les étranges silences de la cour des comptes Odilon -Media 1996.