Tsunamis dans l'Église

L'Église est menacée par de fréquentes hérésies. Saint Alphonse de Liguori, dans un traité, présente et réfute une centaine d'entre elles : arianisme, nestorianisme, monothélisme, etc., etc. Dans les temps modernes, elles ne manquent pas et papes et conciles s'évertuent à en sortir. Or nous vivons plongés dans certaines d'entre elles, sans que beaucoup de nos contemporains les remarquent.

1.- Le prêt à intérêt ! Ce genre d'opération, a toujours été condamné, parce qu'il est assimilable à un vol et même à un crime. En effet, la somme due doit croître (exponentiellement) avec le temps. Le temps, ce cadeau divin, se mue en argent. Certains s'enrichissent sans rien faire, uniquement en regardant le calendrier. Si j'emprunte 1000 francs aujourd'hui à 10 %, dans 50 ans, mon prêteur devrait recevoir 117'000 francs.

Or en 1747, le pape Benoît XIV a promulgué une encyclique ''Vix pervenit'' où le prêt à intérêt est derechef condamné, en termes mesurés. Grégoire XVI étend en 1836 cette décision à l'église universelle… Mais l'Église, perturbée par les événements, n'a pas pu maintenir ce cap, et voilà le temps devenu argent. L'encyclique a dû être passée sous silence, cachée même, pour que le monde puisse se servir du placement à intérêt sous un aspect estimé licite. C'est par un travail assidu que Vix pervenit a pu être exhumée et diffusée. À noter que juifs et musulmans excluent le prêt à intérêt entre coreligionnaires.

Chose également grave, la doctrine sociale chrétienne est également mise sous le boisseau, car il ne faut pas importuner les gens à morale réduite avec des contingences gênantes, le respect du principe de subsidiarité par exemple, chaque organe du corps social disposant de toute l'autonomie compatible avec sa situation dans l'ensemble.

Des réactions contre l'emprise universelle des banques privées à tendance usurière, existent, dans une faible mesure. Certaines villes en Suisse voient prendre forme un Service d'échange local. En divers endroits (Inde, Guatemala) on pratique le ''micro-crédit''. Au Canada se crée le Crédit social, dans lesquels l'intérêt et les impôts sont qualifiés de vols ; dans cette perspective, l'État, et non les banques privées, émet la monnaie et la distribue à ceux qui en ont besoin, sans prélever d'intérêt. Habituellement, la banque privée, par un jeu d'écritures, peut créer une monnaie fictive, dont elle exige des intérêts réels, à même de perturber l'emprunteur. On peut constater que nos églises sont souvent enserrées dans un réseau d'intérêts.

Il vient de paraître dans la revue Catholica numéro 86 (pp 13-27) un article remarquable de Denis Ramelet intitulé La rémunération du capital qui traite en profondeur de notre sujet. J'en cite un passage :

 

«La seconde différence, qui nous intéresse plus particulièrement, concerne le statut « réel » (du latin res, qui signifie «chose ») de la chose prêtée, c'est-à-dire son statut d'objet de droit : si je prête ma voiture (chose non consomptible), j'en garde la propriété, alors que si je prête une chose consomptible, comme de l'argent, j'en transfère la propriété à l'emprunteur. En effet, on emprunte de l'argent en vue de le dépenser, c'est-à-dire de l'aliéner. Or, on ne peut aliéner, c'est-à-dire donner en propriété a quelqu'un d'autre, que ce dont on est soi-même propriétaire. Par conséquent, l'emprunteur d'une somme d'argent en devient propriétaire en lieu et place du prêteur. C'est bien ce qu'on lit tant dans le Code civil français que dans le Code suisse des obligations . Ainsi donc, si je dis que celui a qui j'ai prêté de l'argent a réalisé des profits avec mon argent, je fais erreur. Par l'effet du contrat, mon argent est devenu son argent.

Or, les principes généraux des droits réels, c'est-à-dire des droits sur les choses - par exemple le droit de propriété - sont simples : res fructificat domino, la chose fructifie pour son maître, et corollairement: res perit domino, la chose périt pour son maître. Telle est bien la substance des dispositions du Code civil français . Ces deux principes ne font qu'exprimer l'évidence : c'est à celui ou ceux qui ont des droits sur une chose d'en percevoir les profits et d'en assumer les éventuelles pertes.

Comme nous l'avons vu, le prêteur d'une somme d'argent n'a droit qu'au remboursement d'une somme égale, mais perd tout droit sur la somme prêtée elle-même. N'étant plus maître de la chose, il n'a plus de titre à en percevoir les profits, même en partie. Le prêteur n'est donc pas légitimé à percevoir un intérêt au titre de la participation aux profits réalisés avec l'argent prêté.

N'étant plus maître de la chose, le prêteur n'a pas non plus a en assumer la perte, même partiellement. Pour le prêteur, qui continue à prétendre à son remboursement intégral même après l'éventuelle faillite de l'emprunteur, l'insolvabilité de ce dernier est un risque de pur fait qu'il ne faut pas confondre avec le risque que l'investisseur assume. juridiquement en renonçant, en cas de faillite, a tout ou partie de son apport. C'est le risque assumé juridiquement qui manifeste un droit sur la chose, non le risque de pur fait.

Le prêt à intérêt est donc un « monstre » juridique, un hybride contradictoire. D'un côté, le prêteur n'est pas considéré comme propriétaire de la somme prêtée, puisqu'il n'a pas part aux pertes. De l'autre, le prêteur est considéré comme propriétaire de la somme prêtée, puisqu'il a part aux profits. Le prêt a intérêt introduit donc une incohérence - et constitue par conséquent un corps étranger - dans l'ordre juridique.

L'intérêt rompt l'équilibre des prestations entre les parties, ce qui fait du prêt à intérêt un contrat « lésionnaire » ou « léonin », c'est-à-dire un contrat inéquitable par lequel une partie (le prêteur) se taille « la part du lion » au détriment de l'autre partie (l'emprunteur). »

Il existe des alternatives équitables au prêt à intérêt et aux autres pratiques usuraires (voir la suite du texte cité).

Il est clair ce me semble que le régime financier en vigueur dans tout l'Occident, qui ruine nombre de régions, devrait être profondément remanié, par exemple selon les thèses proposées par le Crédit social

 

2.-Le Concile Vatican II a produit dans l'Église un ébranlement marqué dont on peut essayer de discerner les origines. La puissance mise en action par le marxisme-léninisme et l'URSS dans la première moitié du XXe siècle a fortement impressionné nombre d'ecclésiastiques, les poussant dans la nouvelle orbite. Un Helder Camara ne suivait-il pas des cours à Moscou dans les années 30, un Chenu ne préconisait-il pas le remplacement de St Thomas par Marx dans les séminaires, un abbé ne s'extasiait-il pas à Lausanne devant cette merveilleuse charité déployée dans tel foyer communiste… Un haut prélat allait jusqu'à traiter avec Staline au nom de Pie XII, mais à son insu, dans les années 50. Il est même avéré que plus mille prêtres fonctionnèrent alors en tant que taupes dans l'Église, terribles plaques sous-marines.

Un document laissé par un automobiliste décédé suite à un grave accident fut recueilli par une infirmière, Marie Carré, qui le publia en français en 1973 : ES 1025 Les mémoires d'un anti-apôtre (125 pages). De plus, Fr. Morrison : www.catholicapologetics. info/modernproblems/freemasonry/pl. donne en anglais : The Masonic Plan to Destroy the Church. en citant le document mentionné.

Notre agent ES 1025 fut envoyé par ses supérieurs (communistes) pour infiltrer le clergé catholique et provoquer l'autodestruction de l'Église. D'origine polonaise, il semble avoir étudié dans un séminaire aux USA ou au Canada, bien avant le Concile Vatican II, et les éléments d'action projetés sont clairement réalisés aujourd'hui, comme le détaille Fr. Morrison, et comme chaque fidèle peut s'en rendre compte.

Patrick Pollock : www.catholicapologetics.info /modern problems/vatican2 /JPII.htm,

donne une liste de 101 énoncés post-conciliaires contraires à la foi de règle dans l'Église. Par exemple :

Le Christ est uni à tout homme (Redemptor hominis, JPII le 13.3.1979), alors que St Pie X affirme que le Christ n'est pas en tout homme. (Denziger, 2103).

Les miracles du Christ ne prouvent pas sa dignité messianique (Osserv. Romano 11/11/1983), alors que St PieX l'affirme (Denziger, 2028).

On s'aperçoit que tous ces énoncés nouveaux tendent vers l'égalité de toutes les religions et vers le salut universel de tous les hommes, sans exception, ce qui évidement conduit à la négation de l'enfer et du purgatoire. C'est en somme le triomphe de la démocratie, dans la joie répandue partout, dans l'utopie accomplie. Freude, freude. L'humanité dans l'hymne de la neuvième de Beethoven…

Il n'y a plus d'hérétiques, plus d'anathèmes, plus d'erreurs...Satan même finira par être absous disent certains-

Mais les sacrements subissent une altération, qui estompe les fins dernières et qui semble même porter sur la validité des ordinations, épiscopales, circonstance à faire frémir.

Au sujet de la messe, je cite :(Romano Tommasi, Catholica loc.cit. p. 70)

«Ce missel (tridentin) traite des thèmes théologiques qui sont ignorés ou supprimés dans le nouveau: la pénitence, et en particulier le jeûne, sont pratiquement absents de ce dernier. Le concept des mérites et de l'intercession des saints y figure tout juste. Toutes les anciennes formules qui parlaient de mépriser les choses de la terre «( terrena despicere )» ont été effacées. Les formulaires et oraisons des plus anciens sacramentaires sont laissés de côté ou remaniés pour modifier leur signification d'origine. Les sources les plus anciennes parlent fréquemment du diable; des démons, de l'âme, etc. Toutes ces allusions ont été évacuées. Les passages de la Sainte Ecriture condamnant la débauche ou réprouvant le fait de communier au corps et au sang du Christ sans en être digne, tout cela a été presque totalement supprimé. Troublant, n'est-ce pas? Quant à l'ordinaire de la messe, dans ce nouveau missel, c'est tout simplement une invention, une fabrication. C'est une somme hétéroclite de formulaires médiévaux et modernes, avec quelques éléments de l'époque antique, étant entendu qu'on a soigneusement gommé tout ce qui pouvait apparaître comme dépassé et vieux jeu.»

L'expansion vertigineuse de l'islam aujourd'hui pose aux chrétiens un dilemme terrible : la disparition du christianisme, avec la charia partout (voyez ce qui se passe en Irak), Notre Dame de Paris et Saint Pierre même transformées en mosquées, l'abjuration forcée avec risque de damnation, ou bien un sursaut qui vomisse tous ces pseudo-croyants, ces tièdes, endormis par une liturgie fadasse, réveillant les adeptes du Seigneur Jésus, Christ Roi. «Christus vincit».

Ce n'est pas l'utopie d'un millénarisme qui nous attend, c'est la plénitude du Royaume, où il y a des degrés : et où l'œil de l'homme n'a point vu, son oreille n'a pas entendu, ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment.

Parmi les forces qui tendent à contenir l'assaut des puissances de l'enfer, et à faire resplendir la splendeur de l'Église, on peut semble-t-il mentionner les églises et monastères où la liturgie pérenne rend le Ciel présent, les mouvements de style vigoureux où le Christ avec sa Mère enflamme les ardeurs, et d'autres encore sûrement, dans la persévérance de l'Église Une, sainte, catholique et apostolique. Que l'on se ressaisisse et redresse la barre.

Jean de Siebenthal

Au Sri Lanka : une Eglise Arche de salut

Plus de 2000 fidèles étaient rassemblés pour la messe le 26 décembre 2004 dans la basilique Notre Dame de Velakanni , lorsque les vagues de plus de 10 mètres de haut du tsunami envahirent les lieux. Les fidèles et l'église elle-même furent épargnées par les masses liquides, pendant que les bâtiments environnants étaient détruits. 10'000 personnes environ se trouvant sur la plage près de l'église ou dans les rues de la ville de 5'000 habitants pour des achats furent engloutis. Aucune goutte d'eau ne pénétra dans l'église déclara un prêtre dans la presse le 9 janvier.

 

Géopolitique : Constantes et changements dans l'histoire

par Aymeric Chauprade

Ellipses Édition, 32 rue Bargue, F-75740 Paris

M Aymeric Chauprade, docteur en science politique, est directeur des études an Collège Interarmées de Défense (ex-Ecole de Guerre) et enseigne la géopolitique à l'Université Paris 1-Sorbonne.

M. Chauprade :

La géopolitique est une approche analytique plutôt que chronologique des relations internationales fondée sur la prise en compte des facteurs de l'espace (géographie) et du temps long (histoire).

Dans le domaine géopolitique, on réfléchit sur trois types d'acteurs dotés d'une capacité de puissance : les États, les acteurs intra- étatiques (par exemple un mouvement de rébellion à l'intérieur d'un État), les acteurs trans-étatiques (par exemple, les multinationales ou les réseaux du crime organisé). Le travail du géopoliticien consiste à comprendre les rapports que tous ces acteurs développent entre eux et de le faire en considérant les réalités géographiques : la géographie physique (Position et relief des acteurs considérés), la géographie identitaire (quelles sont les ethnies, les religions en présence ? Quelle est leur évolution démographique ?), la géographie des ressources (l'eau, le pétrole au Moyen-Orient, ou d'autres ressources comme les pierres précieuses en Afrique ... ).

La géopolitique a disparu de l'Université française pour céder la place à l'idéologie de gauche. Le marxisme et la géopolitique sont en effet incompatibles. La géopolitique montre que le réel est complexe, qu'il n'existe pas d'explication mono causale de l'histoire, qu'on ne peut réduire celle-ci à la lutte des classes. L'histoire est d'abord le fait de peuples, dont l'existence s'enracine dans la profondeur de l'histoire. Elle est ensuite le fait des grands hommes, de figures qui telle Jeanne d'Arc surgissent pour renverser le cours de l'histoire.

En 1945 la géopolitique avait déjà des lettres de noblesse : des noms aussi prestigieux que Jacques Ancel pour la France, Karl Haushof pour l'Allemagne ou Halford J. Mackinder pour l'Angleterre. La Sorbonne a cependant décidé de son éviction en 1950 au nom de construction européenne et de la réconciliation franco-allemande. L'entrée dans l'idéologie européiste compta d'ailleurs autant que le refus des marxistes de voir cette science de la réalité instruire les générations de l'après-guerre.

L'Université française et l'Institut d'Études politiques de Paris sont dominés par l'idéologie de la « gouvernance mondiale », (c'est dire, en termes plus polémiques, du mondialisme), dont l'une des composantes est l'européisme bruxellois. Encore aujourd'hui, faire de la géopolitique dans l'université française, c'est s'exposer à la persécution du clergé marxiste. Je m'efforce à l'École de Guerre, dont je suis le directeur des études géopolitiques, ainsi qu'à la Sorbonne où j'enseigne dans le cadre d'un DESS de géopolitique, mais aussi à travers la Revue Française de géopolitique que j'ai fondée voici deux ans, de travailler à un retour au réel. --

Extrait de Renaissance des hommes et des idées, décembre 2004 (Remise du prix Renaissance 2005 à M. Chauprade le 2 février 2005)

L'après 2 juin 2002

par René Berthod : Association vaudoise de parents chrétiens Case postale 34 CH-1001 Lausanne Octobre 2004

Nous recommandons vivement à nos lecteur de se procurer ce document, qui dépeint la marche de la Suisse vers des mœurs vicieuses

Lettre ouverte au Cardinal Joseph Ratzinger

"Cum appropinquaret Jesus Jerusalem, videns

civitatem, flevit super illam''

Extrait de l'Évangile du IXème Dimanche après la Pentecôte.

Monsieur le Cardinal,

on dit que dans un discours tenu le 13 mai dernier en la salle capitulaire du Couvent de santa Maria sopra Minerva, à Rome, vous auriez évoqué, et dénoncé, "le suicide de l'Europe", que vous attribueriez à la répudiation implicite du christianisme. Les manifestations de ce reniement, ajoute -t-on, vous surprendraient par leur caractère paradoxal : "toute personne qui déshonore la foi d'Israël, son image de Dieu... est mise à l'amende. De même, celle qui se permet de vilipender le Coran et les convictions de l'Islam. Là où il s'agit du Christ et de ce qui est sacré pour les chrétiens, voilà que la liberté apparaît comme étant l'élément suprême, dont la limitation consisterait en une menace ou même en la destruction de la tolérance et de la liberté en général."

Autorisez-moi, Monsieur le Cardinal, à dire que Votre Éminence ne manque pas de souffle. Elle connaît ce dicton : "Qui sème le vent, récolte la tempête." Des hommes comme vous, hélas ! et votre supérieur hiérarchique direct, n'ont cessé durant des décennies d'humilier l'Église du Christ en l'assujettissant, contre sa volonté et contre Dieu, au droit commun séculier en matière religieuse et cultuelle, parmi les fidèles et par le pouvoir de fidèles, ceci, prétendez-vous toujours, par respect pour ce "droit nouveau" que tous les Pontifes Romains, sans exception, ont inlassablement condamné, usant parfois de leur Autorité Apostolique Suprême, qu'aujourd'hui, forts d'une subversion réussie en apparence, vous et les vôtres méprisez avec les retenues diplomatiques qui s'imposent pour la crédibilité de vos propres contre-façons.

Oh ! nous connaissons vos arguments : l'Église ne marche ni en arrière ni à reculons. Ses rapports avec le monde ont changé parce que le monde a lui-même changé. "Il y a des valeurs, dites-vous, qui, si elles sont nées hors de l'Église, peuvent néanmoins, une fois amendées, trouver leur place dans sa vision. On a satisfait à ce devoir." ajoutiez-vous. Les condamnations antérieures. Vous êtes trop habile pour les nier. Non ! Vous ne les niez pas; vous les étouffez, vous en tuez l'impact sur le monde présent ! Vos formules sont admirables : "Elles (il s'agit de ces condamnations incontournables) sont un ancrage s u b s t a n t i e 1 dans le problème." -- "Elles sont aussi, avant tout, une expression de la prudence pastorale, une sorte de disposition provisoire" (avant Vatican II, naturellement-) -_''Leur noyau reste valide." Où est ce noyau ? Vous vous gardez bien de le préciser... Mais "elles ont besoin de rectifications ultérieures" ... "pleinement justifiées... en général (?!), dans le détail, elles furent déterminées par les circonstances." Bref : en un mot comme en cent, et trêve de politesse, "elles sont d é p a s s é e s.'' Ce genre d'affranchissement vous a coûté de la sueur, mais vous êtes parvenu à vos fins.

Il faut, en effet, une audace sans pareille dans le mensonge, pour non seulement passer par-dessus des condamnations formelles et solennelles du Magistère de l'Église, mais encore pour fonder, malgré tout, sur les saintes Lettres, des valeurs nées hors de l'Église ! "Cette doctrine de la liberté a ses racines dans la révélation divine." (Déclaration dite "Dignitatis humanae" no.: 9). La supercherie passe d'autant mieux qu'elle est énorme. Je vous mets au défi, vous et les vôtres, de citer un seul texte des Écritures canoniques approuvant l'existence d'un droit séculier quelconque intrinsèquement détaché et séparé d'une vérité, naturelle ou surnaturelle. "Dignitatis humanae'' n'est qu'un coup de bluff satanique et blasphématoire.

Vous auriez voulu, par cette monstrueuse égalité de traitement civil de tous les cultes dans les États majoritairement composés de fidèles que l'homme fût libre d'élire Dieu comme il élit n'importe quelle autre autorité. Cet acte contre nature est, pour vos esprits,égarés, l'équivalent moral du principe, reconnu formellement depuis le Concile de Trente, de la libre adhésion à la vraie foi. Vous êtes dans la plus tragique illusion. Car ce n'est pas ainsi que Dieu entend les choses qui L'intéressent au premier chef dans ses rapports avec les hommes. Dieu n'est pas disponible à l'homme pour un choix. Dieu est. L'homme n'est pas. Dieu parle. L'homme ne peut qu'écouter, ou refuser d'en tendre. Mais l'homme n'est pas en mesure de dire à Dieu . "C'est mon choix '' ou, "S'il Vous plaît, ne parlez pas ! "Ne me parlez pas !'' Dieu agit selon son bon plaisir.

Lorsque vous et les vôtres dites au monde : ici-bas, tous les cultes que l'homme rend à Dieu ou à ce qu'ils pensent être Dieu, sont également dignes de la protection des lois séculières, par cela seul que tous sont des êtres humains, et qu'il n'appartient qu'à l'intime de la conscience de chacun de chercher à savoir quel est le vrai culte du vrai Dieu, ou de chercher Dieu Lui-même pour un athée, vous assimilez la religion catholique à une utopie et vous considérez toutes les autres religions ou confessions chrétiennes dissidentes comme de légitimes créations de l'homme. Vous traitez la religion comme d'une affaire qui n'intéresserait que la pure intériorité de la conscience privée et l'au-delà de cette vie. Vous désincarnez la v r a i e religion, la seule que les hommes, tous les hommes, d o i v e n t connaître et pratiquer en même temps que vous la séparez de leur existence publique, sociale et politique.

Hormis toutes les fausses religions, la religion-utopie que vous substituez au catholicisme romain n'a plus aucun lien réel avec l'homme, animal social et politique autant qu'esprit incarné. Vous concédez cette substitution pour éluder un affrontement du catholicisme avec toutes les fausses religions, par irénisme. Simultanément, vous offrez un champ libre nouveau aux démons, qui accaparent l'espace que vous avez déserté, l'espace public et politique, l'espace de la vie séculière. Et vous vous étonnez que, dans cet espace déserté par votre faute, les démons agissent avec une insolence plus forte que jamais. Vous voudriez que les démons, qui dominent toutes les fausses religions, y respectent la place de Dieu dans celle de votre utopie ! Vous supposez même, dans votre inconscience terrible, que Dieu en personne se trouve satisfait d'une pareille promiscuité Vous êtes fous. Vous délirez !

Saint Jean, le disciple que Jésus aimait, a défini une fois pour toutes les rapports de l'Église et du monde . "In propria venit, et sui eum non receperunt.'' - "Il est venu dans son domaine, et les siens ne l'ont pas reçu." Quel homme n'est pas le domaine de Dieu ? Quel homme ne doit pas entrer dans l'Eglise du Christ ou y rester ? Toute la circonférence du droit religieux de l'homme sur le plan séculier est donnée dans cette seule phrase du Prologue de l'Évangile de Saint Jean. Le reste est affaire de t o 1 é r a n c e, non de droit, encore moins d'un "droit fondamental" de l'être humain ès qualité ! Ce faux droit n'ayant été conçu hors de l'Église, naturellement, que contre l'Église et contre l'homme et Dieu ensemble, n'a pu, ne peut et ne pourra avoir que les effets que vous percevez. Vous demandez aux fausses religions, c'est-à-dire aux démons, un respect impossible et que Dieu Lui-même n'escompte pas sur terre !

La nature du rapport substantiel de l'homme à Dieu, plus évi -dente encore lorsqu'il s'agit du Dieu incarné, ne change pas avec l'histoire de l'humanité, encore moins avec les régimes politiques ! Ce rapport est substantiellement celui-ci à travers tous les siècles et pour tous les peuples : simultanément s'affirma la charité divine et le péché de l'homme. Il n'y a aucune place pour une trêve provisoire, pour un armistice séculier partiel, pour un quelconque espace confessionnellement neutre. Dans toute la vie de l'homme et dans tous les espaces de sa vie, individuelle et associative, privée et publique, c'est la charité ou la guerre; c'est l'apostolat dans la charité ou le reniement de la charité même. C'est la politique catholique, apostolique et romaine pour les chrétiens, ou c'est, pour eux, la politique athée. Autrement dit celle des démons. C'est l'État de droit divin ou, chez eux avec votre utopie, c'est l'État sans droit aucun ! C'est la doctrine des Papes, ou celle de l'Antéchrist ! Vous paraissez avoir choisi, Monsieur le Cardinal. Je serais dans ce cas dispensé de Vous saluer

 

En Russie

Voici un flash sur une partie de la mission catholique en Russie. Si vous montez dans le Transsibérien à Moscou, le train vous amènera au bout de 9300 km de rail (!) au terminal VLADIVOSTOK, à l'extrême est de la Russie, sur la Mer du Japon. 630.000 habitants, 16 % de la population au chômage, revenu moyen 110 Euro, coût mensuel minimal pour la nourriture 27 Euro par personne.

C'est dans ce contexte que s'insère la nouvelle mission catholique, depuis 1992. Le dernier prêtre résident a été fusillé par les communistes en 1925; depuis il n'y avait plus de prêtres catholiques sur place. La cathédrale de l'ancienne mission existe encore, mais se trouvait, en 1992, dans un état délabrée. Elle fut utilisée comme archive par les communistes. Le christianisme a été éradiqué à tel point que les missionnaires américains aujourd'hui sur place estiment qu'il n'y a plus que 1 % de véritables chrétiens dans la population ("majoritairement orthodoxe"). Bref des païens. Taux d'avortement: 5 à 10 par femme, les prêtres disent qu'ils ont vu des femmes ayant avorté 30 fois. Le curé actuel de la paroisse catholique, Rév. P. Myron Effing de Minnesota/USA, remarque: "Les Russes disent que la situation (économique) est si mauvaise qu'elle oblige à l'avortement. Moi je dis que la situation est si mauvaise parce qu'ils pratiquent l'avortement." Ce ne sont pas des paroles en l'air. La congrégation religieuse à laquelle il appartient, les "Chanoines Réguliers de notre Seigneur Jésus", ont ouvert en toute la Russie six "Centres de grossesse critique" grâce auxquels ils ont pu sauver jusqu'à présent 600 bébés de la mort. Depuis leur arrivée à Vladivostok en 1992 les Chanoines ont fondé 5 paroisses, des cuisines à soupe, des foyers et refuges pour les vieux et les orphelins, ils négocient actuellement la récupération de l'ancienne école catholique toujours debout, et surtout ils ouvriront bientôt un nouveau centre de grossesse critique. Des sœurs d'une communauté spécialement fondée aux USA pour ce genre de travail missionnaire, les "Sœurs en Notre Seigneur Jésus", guidées par les chanoines précités, se préparent actuellement pour s'installer à Vladivostok. Le premier obstacle: l'obtention d'un Visa. Puisque les Orthodoxes à Moscou reprochent à l'Église Catholique de faire de la mission en Russie considérée comme leur terrain de chasse privée, l'État russe ne donne les Visas qu'avec mille chicanes, et les prêtres américains sur place préparent déjà leurs fidèles pour une éventuelle nouvelle période sans prêtres. En arrivant en 1992, ils n'ont trouvé que 5 catholiques dans toute la ville de Vladivostok. Depuis, un travail missionnaire immense a été accompli. Même la cathédrale consacrée à "Marie Mère de Dieu" a été restituée, et la façade entièrement restaurée depuis 2 mois (les internautes pourront trouver des photos de la cathédrale restaurée sur le site http://www.vladmission.org/constructionprojects/cathedralrestore.htm.). Les subsides? Rien de la Congrégation de la Foi à Rome qui n'ose pas inscrire la Russie dans sa "mission", par peur des Orthodoxes. La mission doit donc trouver ses propres ressources: revente de vêtements, quêtes en Amérique, recherche de mécènes en Sibérie de l'est... - Voilà donc devant nos yeux une branche vivante du Corps Mystique du Christ qu'est l'Église Catholique, poussant en avant, espérant, se sacrifiant, toujours de nouveau inspirée par les paroles du Christ... jusqu'à devenir des nouveaux "Bons Samaritains" qui n'oublient pas les plus pauvres entre les pauvres: les bébés voués à la mort par l'avortement. Là où il y a le tabernacle, le pape successeur de Pierre et la charité, il y a l'Église. Ne cessons jamais d'aimer cette Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, mère de notre propre foi. - (ru; cf. LSDN 3.9.) - - - O.A.M.D.G. - -

RU 36/2004 (4.9.2004) - DÉPÊCHE HEBDOMADAIRE DE NOUVELLES CHRÉTIENNES DISPONIBLE EN 4 LANGUES: français, allemand, anglais., russe. Mentionner comme source "RU", svp. "RU", une mini agence de presse de l'UNEC, BP 70114, F-95210 St.-Gratien T/F +33-(0)134120268, unec@wanadoo.fr . UNION DES NATIONS DE L'EUROPE CHRÉTIENNE (UNEC) -

En France

On fête les 30 ans de la loi Veil - en dansant sur les cadavres des bébés

La désinformation atteint son paroxysme dans ce pays faussement célèbre pour l'idéalisation de la "liberté". Il n'y a plus de liberté de pensée, encore moins liberté de la pensée chrétienne. Non pas seulement par l'écrasement de toute pensée contraire au politiquement correct, mais par la déformation subtile mais systématique de la vérité.

C'est le totalitarisme déguisé.

- Un exemple, "Le Monde", nombril de la pensée correcte, annonce le 14 janvier 2005 en page 9 que le porte-parole de l'UMP, Valérie Décresse, a déposé un projet de loi en faveur de l'enfance, pour "garantir à chaque enfant les mêmes droits et la même protection". Vous pensez à une timide initiative pour abolir, ou au moins réduire, l'avortement, injustice des injustices envers l'enfant totalement désarmé et innocent? Vous n'y êtes pas. Il s'agit, selon la députée, de faire disparaître quelques "disparités selon les départements résultant de la décentralisation" (peut-être pense-t-elle que les avortoirs ne sont pas disponibles partout? Que l'accès pour TOUS les bébés à la mort, par déchiquetage ou empoisonnement chimique dans le sein de leur mère, doit être équitablement assuré?). Bref, on s'inquiète des "disparités dans la décentralisation". C'est comme si un médecin, face à un homme moribond, s'acharne à soigner un cors sous son pied, laissant mourir le pauvre malade par manque de soins. Le mal anéantissant la France, c'est l'avortement!

- Pire, en page 11 on vous informe que le 17 janvier on va fêter(!) le 30e anniversaire de la loi Veil libéralisant - sous Chirac et Giscard - l'avortement. Et qui sont les fêteurs? Le journal les nomme: le "Planning Familial", la "Coordination des associations pour le droit de l'avortement" et "l'association des centres de I.V.G.". La "fête" aura lieu à 15 h. sur ... la place de la République. Aucun respect pour les sentiments des 70 % de français catholiques pour qui il s'agit d'un "meurtre" (Jean-Paul II), d'un "crime abominable" (Concile Vatican II). La pensée catholique a été exprimée encore tout récemment par le cardinal Meisner de Cologne - on ne trouvera malheureusement pas de cardinal du même gabarit en France - qui, au sermon de la fête des Rois Mages 2005, a accusé nommément divers crimes passés et actuels. Il cite en ligne "le massacre des enfants à Bethléem, l'anéantissement de millions d'hommes par Hitler et Staline, et, A NOTRE ÉPOQUE, les millions d'assassinats d'enfants pas encore nés". Mais non, les fêteurs se moquent de ce que pensent les catholiques, ils s'assoient dessus, on fait la fête sur la place publique, on danse sur les cadavres des bébés. Et si, comme récemment la plaque en Asie, la place de la République se soulevait brusquement sous les pieds des danseurs en engloutissant cette barbarie qui crie au Ciel?

- Enfin, le même "journal" veut nous faire croire, en page 6, sous le titre trompeur "Le parlement européen plébiscite la Constitution" que c'est quasiment gagné, que la Constitution anti-chrétienne est ratifiée. En minuscules on lit pourtant après que les Anglais ont voté "oui" avec seulement 29 voix sur 70, les Polonais avec seulement 15 voix sur 53, et les Tchèques avec seulement 7 voix sur 22. Même avec une seule nation "contre", la Constitution serait perdue, échouée: mais cela on ne le mentionne pas. La vérité est qu'avec 3 pays "contre", la Constitution athée n'a plus aucune chance. Et L'Union Européenne non plus, car une U.E. sans Constitution ne peut exister. Le titre aurait dû être, sans désinformation: "Triple échec de la Constitution au parlement européen".- Voilà, chrétiens, ne lisez pas ces média corrigés et défigurés, avant le "bon à imprimer", par 33 couches de francs-maçons "sans Dieu ni maître". Mieux vaut ne pas savoir, que de savoir une vérité tronquée, défigurée, c'est-à-dire une contrevérité, un mensonge. De plus en plus de gens, en attendant de supprimer totalement la télé, par exemple, ont pris l'habitude d'en supprimer le son. Cela fait voir plus clair, dans le calme et la distance, permettant un minimum de réflexion personnelle. En les faisant taire, nos média parlent encore le plus vrai. - (ru; cf.LM 14.1.; KN 13.1.)

FRANCE (bis): La présidente du Planning Familial, Mme François Laurant, s'offusque du fait que, dans la rubrique "Renseignements pratiques/Annuaires des associations de santé" d'un site proche du Ministère de la Santé (éditions B. Tricot Consultant), soient présentées différentes associations proposant une alternative à l'avortement aux femmes en difficulté. Elle exige la suppression de ces informations: "Les femmes sont en droit d'attendre d'un gouvernement une information complète, fiable et non culpabilisante sur les lois et les moyens d'accéder à leurs droits." Réaction du cabinet du ministre Douste-Blazy ? Il plaide "l'inattention" et "comprend à 150% la colère du Planning Familial en promettant que la faute sera réparée". Aucun vote chrétien pour ces complices ! - (ru; cf. Libé 14.1.; www.genethique.org sous Revue de presse 14.1.).

- - A.M.D.G. - -

 

Note: Auschwitz, de sinistre mémoire, a été mis en évidence par Mme Veil, sinistre auteur du massacre rappelé ci-dessus.

 

Blanchir les CV ?

Quand un employeur embauche quelqu'un, que ce soit pour n'importe quel travail, il pratique une discrimination, choisissant parfois parmi des dizaines de candidats et selon des critères dont il doit être le seul juge. C'est comme l'amitié ; on se rappelle la phrase fameuse « parce que c'était moi, parce que c'était lui. » La loi de prétendue modernisation sociale maintenue avec soin par la fausse droite ne l'entend pas ainsi.

Si un candidat croit ne pas avoir vu sa candidature retenue à cause de sa religion, de sa provenance, de son orientation sexuelle et de bien d'autres critères, il a droit d'intenter une action civile et éventuellement pénale contre l'employeur avec le cas échéant de lourdes sanctions. C'est vraiment l'horreur.

Un pas nouveau se franchit à présent.

Il va falloir blanchir les C.V., ce qui veut dire d'une façon surprenante qu'ils seraient « sales ». Pour les prétendus antiracistes à l'origine de la nouvelle chimère, c'est un peu étonnant !

Aux USA, où les chimères mondialistes sont aussi à la mode et prennent parfois leur envol avant de déferler dans les autres pays, de grandes entreprises sous prétexte de lutter contre les discriminations appliquent la discrimination positive en favorisant pour les embauches certaines catégories de populations, au risque de déplaire fortement aux autres.

La chimère arrive d'une façon terrifiante en France.

Un préfet, il y a quelques mois, s'est écroulé sous sa casquette en préconisant que les C.V. ne comportent plus de nom, de prénom, de lieu de naissance, d'adresse : c'est le C.V. « plus blanc que blanc » : dans cette terminologie aussi, les promoteurs n'ont pas vu qu'ils se contredisaient eux-mêmes de manière assez comique… .

On pourrait apprendre à ce préfet, ce que dans les brillantes écoles dont il est issu on n'apprend pas, à savoir que la révolution veut qu'un « pur trouve toujours un plus pur qui l'épure. » S'il veut garder sa casquette, il devrait préconiser un C.V. encore plus « blanchi », seul moyen de satisfaire le mensonge officiel de l'égalité : il ne comporterait ni diplômes, ni compétences, ni désir de servir l'entreprise, car le contraire donnerait des complexes à ceux qui n'ont ni diplômes, ni compétences et qui viennent pour détruire l'entreprise après les six premiers mois !

Mais la chimère s'étend à grande vitesse. D'ores et déjà, 46 chefs de grandes entreprises se sont engagés dans le processus. C'est tellement absurde que leurs D.R.H. et les chasseurs de tête réfléchissent à la parade, qu'ils trouveront certainement.

Toujours plus loin, ces personnes se rallient à « SOS racisme», façade élégante de la gauche caviar, qui préconise une sorte de centrale des C.V. chargée de transmettre les C.V. aux entreprises. A quand la centrale des embauches et le service unique et laïc de l'emploi ? Il y aurait aussi des audits « diversité » pris en compte par des agences de notation sociale. Et puis ces efforts seraient consignés dans le rapport spécial « développement durable » présenté à l'assemblée. On remarquera comment les chimères successives se font la courte échelle : le développement durable aide la prétendue diversité.

Pour couronner le tout, Claude Bébear, grand artisan de la chimère, parle même de « cellules entreprises et quartiers », empruntant le langage du communisme dans ce domaine.

Les politiques se mettent de la partie. Certains parlent d'imposer légalement le C.V. blanc, sans indication d'origine, de sexe, d'âge, d'adresse aux entreprises d'un certain niveau. Le résultat sera une nouvelle usine à gaz décourageant de nouveaux employeurs et les poussant à émigrer. En plus il serait créé un nouveau seuil s'ajoutant aux multiples seuils existant déjà. Raffarin, pour rester dans la course, prévoit une grande parlotte pour janvier sous forme de conférence nationale sur l'égalité des chances.

Derrière toutes ces folies se profilent les futures délocalisations, les employeurs étant découragés de rester ; mais les petits actionnaires vont aussi être chassés : comment faire confiance à des dirigeants de cette sorte ?

Se présente aussi une certaine naïveté : on attache une importance magique au C.V., et au premier entretien, ce qui compte, certes, dans un recrutement mais n'est pas l'essentiel.

Mais se cache aussi la destruction de la personne. Chacun doit s'assumer tel qu'il est et assumer les autres. Le C.V. blanc signifie que les C.V. pourraient être « sales » et sont une insulte à la personne humaine justement dans sa diversité.

Michel de Poncins

Les voeux de Chirac

Donc le mardi 4 janvier Chirac présentait ses vœux a ce que les journaux appellent avec gourmandise « les forces vives de la nation » et qui ne sont que « les branches mortes de la nation. »

Il est entré avec Raffarin trottinant sur ses talons, tous deux serrant ostensiblement la main de l'Abbé Pierre qui étrangement devient une icône de la république.

Ils étaient tous là, les représentants des branches mortes, assis sur des « fromages » républicains célèbres dans le monde entier par leur confort, ce qui compensait l'inconfort tout aussi célèbre des chaises du palais : syndicalistes illégitimes, présidents d'associations financées par les contribuables-moujiks, élus sur la base de financements obligatoires guère plus légitimes que les syndicalistes et bien d'autres. Quelques chefs d'entreprise s'y trouvaient mais beaucoup venant des cabinets ministériels après passage à l'Ena et donc à peine plus légitimes.

La vraie France n'était pas conviée.

Dans « Parlottes et Fêtes (divertissements pour accompagner le désastre français) chez François-Xavier de Guibert, je calcule le coût incroyable des voeux publics dont nous allons être saturés tout le mois de janvier et qui génèrent mécaniquement par les impôts un cortège de chômeurs. Les Parisiens, dès qu'ils sortent de chez eux, reçoivent comme une gifle ces jours-ci par voie d'affiche les voeux de la mairie qui leur sont « offerts », si l'on peut dire, avec leur propre argent.

Les journalistes du Figaro décidément perdent prématurément la mémoire immédiate car ils ont annoncé en titre : « Le nouveau projet économique du président. »

Or peu de jours avant ils avaient eux-mêmes rappelé quelques vœux du même. En 1995 : « C'est au nom de l'emploi que nous remettons les finances publiques en ordre. » Dix ans après, le chômage est au maximum et les finances publiques dans le désordre le plus grand. En 2003, sans rigoler du tout, il avouait son échec en disant : « L'heure est à la mobilisation pour l'emploi ; il faut passer à la vitesse supérieure.» Personne ne peut apercevoir ce qu' il y a de « nouveau » dans le récent discours.

Il a promis une baisse de l'impôt sur le revenu mais en 2006. Rappelons pour mémoire que les précédentes baisses n'ont servi à rien puisque « son » gouvernement a rattrapé bien plus par des taxes nouvelles que le fruit fort modeste de la baisse. Il a promis l'augmentation du SMIC de 5 %, préparant, par cette mesure typiquement de gauche, une nouvelle charrette de condamnés au chômage. Les grandes chimères furent saluées, comme l'égalité hommes-femmes, derrière laquelle se masque la destruction de la famille qui est un des objectifs implicites du pouvoir. Et en plus il remet en selle la taxe abusivement dite taxe Tobin, du nom d'un économiste qui en refusait la paternité et n'est plus là pour se faire entendre.

Tout en rêvassant au buffet somptueux, payé par la gentillesse proverbiale de la vraie France, chacun des assistants préparait adroitement son rôle. La France d'en haut joue ainsi un extraordinaire et permanent jeu de télé-réalité. Sélectionnés sur la base d'une fidélité sans faille à une idéologie unique, chacun pour ne pas être éjecté du jeu et rester le plus longtemps possible parmi les branches mortes, s'efforce de ne pas dévier du rôle qui lui est assigné par le consensus informel.

Le Medef a marqué le lendemain sa satisfaction de la priorité donnée à l'économie. On ne voit pas laquelle mais c'est bien ce qu'il devait dire selon les programmateurs du spectacle.

La CGT a déploré que le président s'inspire « des réformes passées comme la retraite, la protection sociale, le droit du licenciement.» Ici aussi on ne voit pas non plus de quelles réformes il s'agit.

Le bal des phrases idiotes n'a pas tardé dans les commentaires des journaux : « Ramasser les forces pour préparer l'avenir » et «Pourquoi l'Etat serait-il moins intelligent qu'une entreprise ? »

La seule vraie nouveauté fut la création d'une « agence de l'innovation industrielle », future usine à gaz se superposant à d'innombrables organismes publics s'occupant d'industrie et productrice non de gaz mais de « fromages » succulents. C'est le retour d'une politique industrielle « volontariste et ambitieuse », qui prépare de belles calamités pour les prochaines années

Deux jours après et sans tarder, Raffarin, cessant de trottiner, lançait au plus vite et précisément contre l'industrie deux bulldozers redoutables. L'un pour inciter les consommateurs à attaquer l'industrie en leur donnant de nouveaux droits. L'autre pour viser frontalement sept branches industrielles supposées polluantes et leur dire en fait indirectement d'aller se faire voir ailleurs.

Les industriels chinois ont du rire aux éclats ; il est vrai qu'un Chinois a le rire facile et nul besoin pour ce faire de forcer sa nature !

Michel de Poncins

Retour au Laogai

Harry Wu : La vérité sur les camps de la mort dans la Chine d'aujourd'hui, Belfond, mars 2004, 20,90 ¤

« Il suffit de multiplier mon expérience par un million, par cinquante millions, pour savoir ce qui se passe encore aujourd'hui avec le soutien financier des firmes occidentales, de la Banque mondiale, de tous les gouvernements qui encouragent les échanges commerciaux avec la Chine ». Harry Wu, déjà auteur notamment de Vents amers, ne se considère pas comme un héros, mais comme un prisonnier parmi des centaines d'autres qui a survécu - il a passé dix-neuf ans dans les camps de « rééducation » chinois. C'est justement parce qu'il a survécu qu'il considère comme un devoir de risquer sa vie en retournant en Chine pour démontrer qu'une partie des usines participant au bond économique de sa patrie sont en fait des camps de travail forcé (Laogai) où les prisonniers finissent le plus souvent par mourir d'épuisement ou de mauvais traitements. « Je veux dénoncer le système. Je suis l'aiguille plantée dans le cceur, l'os dans le gosier. La vérité est de mon côté ". Harry Wu a donc réussi à s'introduire dans ces usines-prisons - mines, exploitations de thé (un tiers de tout le thé produit en Chine provient d'exploitations comme la Compagnie de l'Etoile rouge où des prisonniers travaillent dans les plantations non loin d'ouvriers salariés) ou de coton, fabriques de bottes en caoutchouc, de fleurs artificielles, tuyauteries -, qui toutes ont des couvertures extérieures officielles, et montre ce qui s'y passe, en soulignant que l'Occident en général et les Etats-Unis en particulier ferment les yeux en ne cherchant pas à vérifier précisément la provenance des produits qu'ils importent: la traite a du bon. Outre un passage très instructif sur la Banque mondiale (p. 240), l'ensemble de l'ouvrage fait frémir tant l'auteur y recense d'horreurs. Son enquête sur le trafic d'organes, organisé par l'Etat, est insoutenable, les médecins chinois parvenant de sang-froid à prélever sur des détenus deux reins en même temps, les destinant à une mort rapide. « L'Amérique et les autres puissances ne doivent pas céder à l'appât des bénéfices que leur fait miroiter la Chine », souhaite-t-il pour finir dans un voeu pieux. M.R.

(Extrait de Catholica, hiver 2004-2005, p.167-168)

Note : Nous recommandons à nos lecteurs de se procurer Catholica, revue de haute tenue, paraissant quatre fois par année, à raison de près de 200 pages, chaque fois, dont nous nous faisons un plaisir de citer des extraits.

Catholica 42 rue Dareau, F-75014 Paris, abonnement 52 euros, 42 pour la France. Adresse E-mail : catholica@free.fr