Mœurs de la presse

Monsieur le Rédacteur,

Les plus vives félicitations à l'élection de M. François Marthaler au Conseil d'État du Canton de Vaud. Sa personnalité ne fait pas de doute, mais l'annuaire téléphonique le signale comme ''taxidermiste en idéologie'', définition énigmatique. Habituellement, un taxidermiste est un empailleur, prêtant l'apparence de la vie à certains montages ''animaux''. Prêterait-il une apparence de vie à des constructions idéologiques, l'écologie par exemple recevant l'apparence d'un être vivant ?

Il est hors de doute que cette élection démontre une fois de plus la puissance des médias sur l'opinion, par la presse volubile d'une part et par le silence de la télévision d'autre part. Cette dernière se refusera toujours à faire passer une séquence telle que le Cri muet, montrant l'agonie d'un embryon déchiqueté, se contentant d'horreurs moins accusatrices. Pas de face à face non plus, trop risqué.

La candidature de François de Siebenthal au Conseil d'État du canton de Vaud a excité la verve de certains journalistes. Ainsi le quotidien 24 heures en date du 12 novembre 2003 arbore une première page grandiose titrée La mauvaise farce. Un candidat, inscrit pourtant dans le délai réglementaire se voit inculpé par ce journal d'être un candidat sauvage, qui crée le scandale et prend la démocratie en otage. Évidemment, le caractère inattendu de cette démarche surprise a troublé les réflexes censément bien rodés des rédacteurs de service, pris de court, affolés on pourrait croire, ne sachant rien du monsieur, et haro, on le bombarde d'adjectifs injurieux, sans rien risquer. Quoi? un inconnu qui viole dame démocratie. Horreur ! Pourtant le quotidien en question étale sur de nombreuses pages des articles intentionnellement documentés : le voilà qui montre des tendances curieuses .

Un peu de réflexion...Il s'agit d'élire un Conseiller d'État, chef d'un Département certainement important. Tel candidat est-il capable d'assumer de telles responsabilités ?. Les rédacteurs ne se sont pas préoccupés de cette question, pourtant essentielle. Sait-on que le candidat visé est licencié en Hautes études commerciales, licencié en Droit, qu'il a fonctionné dans une grande banque, dans de grandes entreprises d'informatique , qu'il a été délégué du CICR en Irak en 1980-1981, employé d'hôtellerie au Pays de Galles, qu'il est propriétaire d'une villa où il élève une famille nombreuse, dont trois enfants déjà sont inscrits à l'Université etc.?

Messieurs et Mesdames les journalistes, vous le traitez a priori comme un sauvage, un inconnu, petit candidat grand manipulateur qui salit la démocratie. Pire encore, vous l'affublez du titre psychiatrique injurieux de quérulent, à tendance pathologique à rechercher les querelles. En bref, vous le prenez comme un individu égaré dans un jeu de ''bourquilles'', à capturer dans un jeu diabolique. Est-ce que vous croyez élever le niveau de la presse romande ? Au nom de la sacro-sainte démocratie, vous pratiquez en fait une discrimination, contrevenant aux règles du respect mutuel des citoyens. La quérulence semble plutôt caractériser les mœurs de la presse, au lieu de créer un climat de courtoisie.

Et des lecteurs, nombreux et superficiels, vous ont suivis comme en témoignent les nombreuses lettres de lecteurs, aptes à soulager des rancunes infondées. La presse, panier de crabes ? Ne laissons pas ce candidat mettre le doigt sur des turpitudes dont souffrent de nombreuses personnes, maltraitées par des éléments indélicats ? Un bon point aux journalistes ayant recherché un contact direct avec ''la victime'', d'homme à homme, au lieu de rugir sur commande.

Réfléchissant sur la violence des réactions, on ne peut manquer d'être surpris. Il y a une disproportion manifeste entre l'intervention de F.S., et la violence et l'ampleur attribuées par la presse à cette candidature. Ne serait-ce pas une preuve de la réalité d'un malaise que les médias veulent cacher, au prix du matraquage d'un innocent. Monsieur le Rédacteur, êtes-vous sûr que les personnes s'estimant troublées par la candidature imprévue sont au-dessus de tout soupçon?

Je ne sais, Monsieur le Rédacteur, si vous êtes sensible à ces réflexions, mais une rectification s'impose.

 

Sur les facultés humaines

L'homme est créé, avec son corps, son âme, son squelette, ses muscles, son appareil digestif, son système nerveux, etc, avec toutes ses facultés, et il est dans une certaine mesure responsable de tout cet appareillage. Par une gymnastique adéquate par exemple, il peut développer sa musculature et parvenir à des prestations sportives, ou simplement à l'entretien garant d'une santé convenable. Une alimentation raisonnable lui procure un équilibre physiologique satisfaisant. Une hygiène régulière maintient une allure plaisante, etc, toutes choses bien évidentes.

Mais ce qui est visé ici, c'est l'exercice des facultés principales : la mémoire, l'intelligence et la volonté, en correspondance avec la vie trinitaire, en suivant Saint Augustin.

Saint Augustin: De Trinitate

Livre X: Mémoire, intelligence, volonté.

Ces trois choses, mémoire, intelligence, volonté, ne sont pas trois vies, mais une seule vie; non pas trois âmes, mais une seule âme; par conséquent, elles ne sont pas trois substances, mais une seule substance. Lorsqu'on dit que la mémoire est vie, âme, substance, c'est qu'on l'envisage en elle-même; mais lorsqu'on l'appelle proprement mémoire, c'est qu'on l'envisage dans sa relation à quelque chose. Je ferai la même remarque pour l'intelligence et la volonté: intelligence et volonté disent relation à quelque chose. Par contre, le mot vie est toujours pris en référence à lui-même, de même que le mot âme ou le mot essence. Voilà pourquoi ces trois choses ne font qu'un, en tant qu'elles sont une seule vie, une seule âme, une seule essence; et tout autre attribut, on le dit de chacune envisagée en elle-même, on le dit aussi de leur ensemble, non au pluriel, mais au singulier. Au contraire, elles sont trois, en tant qu'elles sont en relations mutuelles: et si elles n'étaient égales, non seulement chacune à chacune, mais chacune à toutes, elles ne se contiendraient pas mutuellement. Or non seulement chacune est contenue en chacune, mais toutes sont contenues en chacune. Car je me souviens que j'ai une mémoire, une intelligence, une volonté; je comprends que je comprends que je veux, que je me souviens; je veux vouloir, me souvenir, comprendre et je me souviens en même temps de ma mémoire tout entière. Ce qui de ma mémoire échappe à ma mémoire n'est pas dans ma mémoire. Or rien n'est tant dans ma mémoire que ma mémoire même. Je me souviens donc de ma mémoire tout entière. De même, tout ce que je comprends, je sais que je le comprends, et je sais que je veux ce que je veux: or ce que je sais, je m'en souviens, je me souviens donc de mon intelligence tout entière, de ma volonté tout entière. De même, quand je comprends ces trois choses, je les comprends tout entières, et toutes ensemble. En effet, il n'est pas d'intelligible que je ne comprenne, sinon ce que j'ignore: mais ce que j'ignore, je ne m'en souviens pas, je ne le veux pas. Tout intelligible qui échappe à mon intelligence échappe par le fait même à ma mémoire, à ma volonté. Si je me souviens de quelque intelligible et si je le veux, du fait même je le comprends. Ma volonté, elle aussi, contient l'intelligence tout entière, la mémoire tout entière quand j'utilise tout ce que je comprends, tout ce dont je me souviens. Aussi, quand ces trois choses se contiennent mutuellement toutes en chacune et toutes tout entières, elles sont égales: chacune en sa totalité est égale à chacune des autres en sa totalité, et chacune d'elles en sa totalité est égale à toutes prises ensemble et dans leur totalité. Et toutes trois ne font qu'un: une seule vie, une seule âme, une seule essence.

 

Chapitre XV: Les puissances de l'âme et la Trinité

...il n'en va pas de cette Trinité comme de son image, l'homme, qui tout en possédant ces trois puissances est une seule personne: en Dieu, il y a trois personnes, le Père du Fils, le Fils du Père, l'Esprit du Père et du Fils. Sans doute, la mémoire humaine - et singulièrement cette mémoire que n'ont pas les bêtes, autrement dit la mémoire des réalités intelligibles qui ne viennent pas des sens - offre-t-elle à sa manière, en cette image de la Trinité, une ressemblance incomparablement inadéquate, quelque peu réelle cependant, avec le Père; de même l'intelligence de l'homme, qui se forme sur la mémoire par l'attention de la pensée, lorsqu'on dit ce qu'on sait et que se produit ce verbe du cœur qui n'est formulé en aucune langue, offre-t-elle malgré de grandes différences quelque ressemblance avec le Fils; et l'amour de l'homme, qui procède de sa connaissance et qui unit mémoire et intelligence (étant commun à la puissance qui tient en quelque sorte le rôle de père et à celle qui tient le rôle de fils, il apparaît par là même qu'il n'est ni père ni fils) offre en cette image quelque ressemblance, encore que bien imparfaite, avec l'Esprit-Saint. Néanmoins, alors que dans cette image de la Trinité, ces trois puissances ne sont pas un seul homme, mais appartiennent à un seul homme, dans cette souveraine Trinité dont l'homme est l'image ces trois réalités n'appartiennent pas à un seul Dieu, mais sont un seul Dieu; et elles sont trois personnes, non une seule. Voilà bien une chose merveilleusement ineffable, ou ineffablement merveilleuse: bien que dans l'image de la Trinité il n'y ait qu'une personne, tandis que dans la souveraine Trinité il y a trois personnes, cependant cette Trinité de personnes est plus inséparable que la trinité d'une seule. Car dans cette nature de la divinité, ou pour mieux dire, de la déité, ce qui est, est; et cette divinité est immuablement et toujours égale entre les personnes; il n'y a pas de temps où elle ne sera plus ou sera autrement. Par contre les trois puissances qui sont dans l'image imparfaite de la Trinité, bien qu'elles ne soient pas séparables sans l'espace (elles ne sont pas des corps) le sont maintenant, en cette vie par la grandeur. Il n'y a en elles aucune masse matérielle: nous n'en voyons pas moins qu'en tel homme la mémoire est plus grande que l'intelligence, qu'en tel autre, c'est le contraire; qu'en tel autre l'amour surpasse en grandeur ces deux puissances, qu'elles soient ou non égales entre elles. Il arrive ainsi que deux d'entre elles soient inférieures à une seule, une seule aux deux autres, ou l'une à l'autre, les plus petites aux plus grandes. Et quand, guéries de leur langueur, elles seront égales entre elles, même alors cette réalité qui par grâce sera soustraite au changement ne sera pas égale à la réalité immuable par nature: car la créature n'est pas égale au Créateur, et le fait même d'être guérie de sa langueur sera pour elle un changement.

 

Réflexions

Essayons de réfléchir encore un peu, sur la mémoire d'abord. Toutes ces choses visibles ou invisibles, à découvrir, à admirer sans fin, à se remémorer sans cesse, rythmées dans des textes, dans des poésies, dans des prières répétées infatigablement, sues par cœur, gravées sur nos lèvres mêmes. La beauté incarnée, frémissante.

 

Quel Dieu, quel moissonneur de l'éternel été,

avait en s'en allant négligemment jeté,

cette faucille d'or dans le champ des étoiles

 

ou Charles Péguy

Il allait hériter de l'école stoïque,

Il allait hériter de l'héritier romain.

Il allait hériter du laurier héroïque.

Il allait hériter de tout l'effort humain

 

Voyez Gustave Thibon mort à 97 ans, dont on disait qu'il savait par cœur un nombre immense de poèmes, de Victor Hugo notamment.

O combien de marins, combien de capitaines,

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouis.

Faire apprendre à l'enfant des textes par cœur, est-ce du dressage, selon les pédagogues pour qui l'enfant n'a qu'à extérioriser son immanence? Erreur ! Les muscles d'un athlète peuvent-ils se développer sans exercice ? De même, dans le cerveau, il y a une constellation de neurones à faire travailler, laissant des marques pour la vie. Quant aux maladies de la mémoire, visibles chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, on peut se questionner sur l'état du travail juvénile de leur mémoire. Quelqu'un qui n'aurait jamais appris par cœur une seule ligne, vous le voyez se ressouvenir proprement d'événements marquants ? Une mémoire jamais entretenue décline nécessairement avec l'âge. Ces considérations n'ont rien d'absolu bien sûr.

L'intelligence n'est pas en reste, garantie par une mémoire entretenue. Saisir les rapports entre éléments précis, faisant surgir des rapprochements peut-être inattendus, à la poursuite d'une vérité ferme. Éliminant les fables, les images suspectes, pour s'accrocher au réel, à Celui qui est la Vérité même, se référant à l'univers des choses posées dans le réel par leur Créateur...

La Volonté, la voilà alors armée pour joindre le tout dans l'amour. La volonté non pas ''toute nue'', mais étoffée par la vérité, prête à établir des lois solides, des ordonnances de raison et à les promulguer dans les règles, tenant compte de tous les éléments. Notons que la démocratie au sens d'aujourd'hui, purement volontariste, aboutit à des errements désastreux, tels la ''solution des délais'' en matière d'avortement. Mémoire, intelligence, volonté, pour la paix, cette tranquillité de l'ordre.

La faculté suprême, maintenant, la voici : s'habituer à ce qu'un Saint Paul pratiquait : Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Lui donner notre humanité, pour qu'il revive encore parmi nous, ainsi qu'Il le disait à Sœur Marie de la Trinité.

Jean de Siebenthal

 

Promenade en Europe chrétienne

2e présentation

Alors qu'on discute en haut lieu du préambule de la Constitution européenne, certains s'écrient «L'Europe chrétienne n'existe plus, ce n'est qu'un tas de cendres». Si cela était vrai, on aurait raison de ne pas faire plus de cas du Christ que de Zeus ou d'Aphrodite...mais il suffit d'ouvrir les yeux pour constater que sous ces cendres supposées les braises sont encore brûlantes et ne demandent qu'à se réveiller. Citons sept domaines : les paysages, la gastronomie, les arts, le savoir-vivre, la conversation, le travail et la place de la femme comme gardienne de la vie et de l'amour. Tout cela est opposé à la barbarie que l'on voudrait nous imposer. En dépit des mensonges médiatiques, cette barbarie ne peut prétendre avoir gagné la partie! De tout cela ce livre est un témoignage.

Durant près de vingt ans, la vie professionnelle de l'auteur l'a amené à sillonner l'Europe et à découvrir quelques aspects de l'âme de chaque pays avec ce parfum inimitable qui fait qu'un Européen est chez lui à Oslo, Budapest, Helsinki, Athènes, Milan, Madrid ou Lisbonne, alors qu'il se sent étranger sur les autres continents, même s'il y est reçu avec courtoisie. Le frère de l'auteur a bien voulu ponctuer ces souvenirs du sourire spirituel d'une cinquantaine de dessins.

Trois dernières remarques :

1) Ce n'est pas un livre politique. Cette visite à des cousins n'a pas pour but de régler les problèmes de famille.

2) Tous les faits rapportés sont authentiques et datent des vingt dernières années.

3) Ce livre se veut souriant, sans récit dramatique ni mauvais souvenir. Chaque pays est regardé avec sympathie comme il se doit dans une fête de famille.

Jean-Bernard Leroy.

 

 

Irruption de la modernité

 

La modernité s'exprime de multiples façons. Le passage à une culture urbaine est l'une d'entre elles. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le monde des villes a pris le pas sur celui des campagnes : à l'échelle de la planète, on dénombre désormais plus de citadins que de ruraux. Shanghai héberge 16 millions de personnes. La conurbation de TokyoYokohama en compte 30. Mumbai, en Inde, devrait franchir d'ici une génération le cap des 25 millions d'âmes. Sur les 19 mégalopoles de plus de 10 millions d'habitants, 11 se trouvent en Asie. A elle seule, la Chine abrite 72 villes dépassant le million d'habitants.

A tort ou à raison, les villes sont le nouveau mirage des ruraux. L'Asie connaît un exode rural sans précédent. La population urbaine y croit de 2 % par an. Les campagnes se déversent dans les villes, les villes se nourrissent des campagnes. Prises comme un tout, les villes d'Inde grandissent chaque mois de 600 000 habitants. La croissance urbaine crée de nouvelles tensions : multiplication des slums, insalubrité, débordement des services publics,... En Chine, la moitié des 600 plus grandes villes souffrent de pénurie chronique d'eau; à Karachi l'eau n'est disponible que 4 heures par jour et à Katmandu 6.

Capitale d'un nouvel empire économique, Shanghai a, dans sa démesure, construit 3 500 tours en 10 ans. Beijing se prépare aux Jeux Olympiques de 2008 en accélérant les constructions. L'âme de Macao a été ravie sous les coulées de béton et la folie des grandeurs urbaines: avec sérénité, cette île s'enfonce dans la décadence architecturale. Lhassa, Xigazé, Gyangzé, les principales villes tibétaines, ont été sciemment défigurées par les Chinois et sinisées au point de devenir méconnaissables.... Trop vite bâties, les villes nouvelles sont rarement belles. Or, une des plus grandes austérités est de vivre dans la laideur.

Les civilisations modernes produisent de nouvelles souffrances: pour leurs membres, le monde s'est désenchanté. Les sociétés asiatiques les plus avancées sont devenues malades de l'hyper-concurrence et de l'artificialisation de la vie. Au Japon celle-ci est poussée à l'extrême. Dans ces villes à mille temps, la vitesse, élément clé de la compétition économique, impose ses rythmes de travail et de vie destructeurs. Les « accro » de l'ordinateur s'enfoncent dans une existence virtuelle. A la 3e conférence nationale sur la santé mentale qui s'est déroulée à Beijing en 2001, les autorités chinoises ont admis que la plaie du suicide, avec 250 000 victimes par an, est désormais un problème de premier ordre. 10 ans auparavant, le nombre de suicides était secret d'état en Chine. L'Asie saura-t-elle s'opposer au matérialisme et surmonter les dangers dans lesquels l'enferme son progrès?

 

Les revers du développement

Rajeuni et ambitieux le Vietnam est revenu dans l'histoire puis dans le commerce international. La région méridionale a reçu plus d'investissements: c'est la frontière capitalistique du pays. Le Nord tente de l'imiter. 25 ans après la chute militaire de Saïgon, est survenue la chute économique de Hanoï dans le capitalisme. Le Sud dynamique a pris sa revanche sur le Nord ankylosé. Dans les villes, l'économie s'est diversifiée au bénéfice de la classe moyenne. Mais en dépit de ses progrès, le Vietnam demeure, avec le Laos et le Cambodge, un îlot de dénuement dans un archipel de performances économiques. 80 % des Vietnamiens se tuent à la tâche pour moins de un dollar par jour alors que nombre de membres du parti sont millionnaires grâce aux trafics de toutes sortes. Les échanges dus à la contrebande à la frontière vietnamo-cambodgienne dépassent largement ceux du commerce officiel. Bien des dirigeants communistes se sont mués en capitalistes rouges voire en maffiosi.

De même que l'effondrement du communisme avait fait miroiter aux Soviétiques l'accès à la consommation immédiate, les Chinois ont eu à tort, avec l'ouverture économique, le sentiment qu'ils pouvaient obtenir dans l'instant toutes sortes de choses. Deng Xiaoping avait lancé en 1992 le slogan « Enrichissez vous » qui allait devenir la doctrine officielle. Certains ont compris par tous les moyens. 200 millions de Chinois se sont enrichis grâce à l'essor du marché privé. Aujourd'hui, si une partie de l'économie chinoise rêve du marché, une autre reste une économie de grands travaux à vocation militaro-stratégique.

La propagande trompette que la Chine serait devenue la première destination des investissements étrangers; mais près de la moitié des capitaux entrant recycle des capitaux chinois sortis. En effet, de nombreux investisseurs nationaux préfèrent s'habiller aux couleurs étrangères, ce qui leur donne droit à des exemptions fiscales et douanières. La vogue d'investissements étrangers est à la fois le signe d'une libéralisation de l'économie chinoise et de ses insuffisances. Le capital étranger a prospéré en Chine parce que Beijing a bridé les entrepreneurs nationaux, parce que les financements bancaires sont réservés aux entreprises d'état, parce que les capitalistes étrangers sont jugés plus dociles par le gouvernement.

De nombreux économistes chinois estiment qu'il est temps d'abandonner le mode de croissance, tourné vers l'exportation, et de renforcer le marché intérieur. « Le développement à plusieurs vitesses se traduit en fait par un non développement de la plus grande partie du pays. L'OMS place la Chine au 144e rang mondial, c'est à dire à la hauteur des pays les plus pauvres de la planète. En termes d'éducation la situation n'est pas différente: la Chine ne consacre à ses écoles et universités que 2,6 % de son PIB, alors que la moyenne dans les pays pauvres est de 3,4 %. Écologiquement enfin, la Chine passe pour être la terre du désastre : sur les 10 villes les plus polluées du monde, 9 sont en Chine ». En 20 ans, la société chinoise est devenue une des plus inégalitaires du monde. 2 % de la population chinoise bénéficient d'un niveau analogue à celui européen avec plus de 10 000 US$ par an, mais, 90 % posséderaient pour vivre moins de 1000 US par an soit 3 US$ par jour. Les inégalités sont devenues explosives, en particulier dans les zones rurales. Le nombre d'écoles primaires y a diminué plus vite que celui des élèves. Les coopératives médicales ne couvrent même pas 10 % des besoins de santé des populations rurales. «Si le pouvoir a encore les moyens d'isoler et de réprimer les émeutes qui y éclatent, il n'a plus celui de les dissuader, ce qui est nouveau » 3.

Deng Xiaoping répétait: « Bâtissons ensemble, sur la Chine côtière, plusieurs Hong Kong ». L'exploitation de la façade maritime ouverte sur le monde comme moteur du décollage économique est désormais un succès économique. Mais « le déséquilibre avec l'intérieur du pays est devenu dangereux. Or, des signes montrent que les provinces côtières commencent à partager avec le pouvoir central, la conscience du danger. Celles-ci risquent d'être submergées par les flux migratoires. Elles acceptent mieux les péréquations au profit des provinces reculées. Elles commencent à délocaliser vers l'intérieur des industries de main d'œuvre peu qualifiée » 4.

L'instabilité intérieure a toujours été le danger suprême pour les dirigeants chinois. La Chine aura, comme d'ailleurs l'Asie du Sud-Est, à relever le défi de l'instabilité sociale. La forte croissance des 30 glorieuses asiatiques a contribué à préserver la stabilité sociale. Mais qu'en sera-t-il demain, avec un développement moindre » 5 ? « Dans sa révolution industrielle contemporaine, l'Asie partage beaucoup de l'éthique protestante ou des vertus victoriennes qui prévalaient en Europe il y a 150 ans : la frugalité, le travail acharné, l'épargne, les liens familiaux la solidarité corporatiste» 6 . L'Asie gardera-t-elle longtemps ces vertus ainsi que son irrésistible élan qui ressemble à celui de la Jeunesse ?

 

L'empreinte de la Chine, cette dictature ultracapitaliste

Les pays du Sud-Est asiatique rappellent les états vassalisés de la Chine impériale. De par la différence de taille et la présence d'importantes communautés Han, Beijing n'est pas loin de les considérer comme une extension de son propre territoire. D'autant que les Hua Qiao, Chinois de l'étranger, établis dans le commerce, contrôlent une part importante de l'économie » 7 . En Malaisie, par exemple 26 % de la population est d'origine chinoise. Les liaisons culturelles sont fortes dans cette Asie qui porte l'empreinte de la Chine: au total, «l'Asie sinisée représente 80 % de la population de l'Asie orientale » 6.

« Sans cette diaspora de 60 millions d'âmes, vouée au capitalisme le plus pur et aux technologies de pointe, mais fidèle à la civilisation chinoise, le décollage de la Chine continentale n'aurait pas eu lieu, ou du moins n'aurait pas été aussi rapide. Le PNB virtuel de la Chine bis dépasse 1000 milliards ffl, soit plus de 2 fois celui de la Chine continentale. Les Chinois de l'extérieur contrôlent 3 états: Hong Kong, état autonome au sein de la République Populaire depuis 1997; Taiwan, province chinoise dissidente constituant de facto un état indépendant; et Singapour, état pleinement indépendant » 2. A un niveau moindre, la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie ont été fécondées par d'industrieuses colonies chinoises. « En Malaisie, en Indonésie, en Thaïlande, aux Philippines, au Viêt-Nam, ils sont minoritaires mais constituent l'élite économique du pays. Plus de 80 % des sociétés cotées en bourse à Singapour et en Thaïlande ont des Chinois de l'extérieur pour principaux actionnaires. En Indonésie, plus de 70%, Aux Philippines et en Malaisie, 50 %. Sur les très grosses fortunes familiales de l'Asie de l'Est ou du Sud-Est, 80 % d'entre elles sont chinoises » '. Leur poids se constate aussi par la négative. Suite au conflit sino-vietnamien de 1979, un tiers de la communauté chinoise avait émigré vers la Chine et l'Occident, ce qui eut des conséquences désastreuses pour l'économie du Viêt-Nam.

L'Asie du Sud-Est traverse une passe délicate. D'un côté, par son dynamisme économique, la Chine attire presque tous les investissements au risque de freiner la croissance des autres pays de la région. Ses bas prix de production deviendront de plus en plus une menace pour les économies voisines, comme pour le monde. De l'autre côté, la montée de l'islamisme accentue la méfiance des investisseurs étrangers envers la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines. Elle y attise les tensions sociales et contribue à détourner davantage le flux de capitaux vers l'Empire du Milieu, qui parait plus sûr.

Le développement humain ne se réduit pas au développement économique

Les Chinois n'ont qu'une crainte, « ne pas être pris pour des riches ». Dans cette immense foire aux vanités, on montre son argent avec ostentation, on idolâtre les richesses. La civilisation moderne ranime insidieusement de vieilles servitudes volontaires, signe d'une profonde crise spirituelle et morale. Un matérialisme non plus dialectique mais pratique s'étend. L'homme ne sait toujours pas résister à la force de gravité des innombrables besoins qui encombrent son cœur. Il s'égare sur des chemins qui ne mènent nulle part. Il ne trouve plus la paix en lui-même ni avec ses frères. Mais où commence la paix, si ce n'est dans le cœur de l'homme ? « Le vrai développement, c'est être davantage» 8. N'est-il pas temps de reconsidérer la richesse ? N'est-il pas temps que la Chine, le Viêt-Xam,... pensent à leur âme, et pas seulement à leur économie ? Que l'Asie se réenracine dans ses valeurs ? L'homme ne peut être réduit à sa dimension économique ou politique. « Le développement d'un peuple ne vient pas d'abord de l'argent, ni des aides matérielles, ni de structures techniques, mais bien plutôt de la formation des consciences, du mûrissement des mentalités et des comportements. «C'est l'homme qui est le protagoniste du développement, et non pas l'argent ni la technique » 9.

Sir Tomba, Juillet 2003 Droits de l'homme

1 ViétNam: le dossier noir du communisme, Michel Tauriac, 2001

2 Spectacle du Monde, Novembre 2002

3 La Chine au seuil du XXIe siècle, Isabelle Atumé, INED

4 Philippe Delalande, Futuribles, Mai 2003

5 Le XXIe siècle sera-t-il asiatique ? Le spectacle du monde, janvier 2000

6 L'Asie majeure, Jacques Gravereau, Editions Grasset, 2001

7 Gérald Olivier, Spectacle du Monde, Novembre 2002

8 Gandhi

9 Jean-Paul 11, Redemptoris missio, 7 décembre 1990

 

 

Union des nations de l'Europe chrétienne

 

- POLOGNE: L'AFP signale le 21 octobre que les évêques polonais sont très inquiets au sujet de l'absence d'une référence à Dieu dans le préambule de la Constitution de l'Union Européenne. Selon les évêques réunis en session plénière, il s'agit là "d'une discrimination des croyants qui constituent la majorité de la population européenne", ce qui "met en question les objectifs fondamentaux de l'unité européenne". D'autre part, sous le 22 octobre, l'agence de presse CWN rapporte que le cardinal Jozef Glemp, primas de Pologne, a critiqué les plans du gouvernement néo-communiste de reconnaître les unions homosexuelles et d'affaiblir les lois contre l'avortement en vigueur. Ces projets avaient été promis par les néo-communistes lors de l'élection de 2001, mais avaient été mis sous le coude pour gagner les voix catholiques pour le référendum concernant l'adhésion de la Pologne à l'Union Européenne. Aujourd'hui c'est chose faite, et les plans reviennent sur la table. L'U.E. a déjà fait pression sur la Pologne afin qu'elle libéralise l'avortement, aboli par Solidarnosc en 1993. Le cardinal Glemp commenta, notamment concernant la légalisation des relations homosexuelles: "C'est quelque chose de très déprimant pour moi, puisque c'est incompatible avec la nature humaine. Je ne peux simplement supporter des hommes qui s'embrassent!" - Ces soudaines déclarations épiscopales sont étonnantes. D'abord ils encouragent les catholiques à voter "OUI" à l'Union Européenne, et déjà 4 mois plus tard ils versent des larmes de crocodile sur le manque de référence au christianisme et sur l'introduction de l'avortement et de l'homosexualité, signalant même qu'ils ont maintenant des "doutes sur les fondements de l'unité européenne"! Il fallait y penser avant. C'est comme si nous étions à nouveau en l'an 1933 ou 1934! Quand apprendrons-nous enfin à ne pas nous allier avec les adversaires déclarés de N.S. Jésus Christ? - D'ailleurs, sur les 25 pays de l'U.E., seulement 6 seraient en faveur d'une référence au christianisme dans la Constitution de l'U.E., ou plutôt du maçon Giscard sans culotte. Il faut être clair, cette Europe n'est pas la nôtre. Ils rejettent la pierre angulaire, Jésus Christ, comme St Pierre l'a prédit. Eh bien, nous rejetons cette Europe anti-Dieu. Notre réponse, face à l'U.E., est la résistance. Non à l'Union Européenne, oui à l'Europe Chrétienne! Viendront des jours où tous ces 'machins' et Babels seront balayés, et Dieu seul décidera quand ce Jour arrivera. Jusque là notre position restera identique: "Omnia instaurare in Christo", surtout l'Europe. En attendant, il n'est pas interdit d'aimer, signe de l'arrivée du Royaume de Dieu. - C'est une déclaration de ce genre qu'on aurait attendu de nos évêques, AVANT les élections pour l'Union Européenne en Pologne ! - (ru; cf. LSN 22.10.) -

FRANCE: La lettre d'information de l'épiscopat français annonce que le nombre total de paroisses est sur le point de passer de 34.595 à 17.555. Il a fallu tenir compte d'une part de l'abandon de la pratique religieuse par des millions de fidèles, depuis le Concile Vatican II et sa nouvelle liturgie, et d'autre part de la diminution dramatique des prêtres: 35000 au début des années 1980, 19000 en 2000, et bientôt 8000 puisque la majorité de ces prêtres a dépassé l'âge de 70 ans. La moitié des diocèses français ont déjà effectué ce 'réaménagement' des paroisses. A titre d'exemple: le diocèse de Cambrai est passé de 452 paroisses à 51! Cela s'appelle gérer le déclin. Mais personne de tous ces mitrés n'ose poser la question: pourquoi tout cela? Pourquoi la désertification des églises? Pourquoi tant de séminaires fermés? Aucune de ces têtes mitrées, autrement très intelligentes et médiatiques, n'a le courage de mettre le Concile Vatican II en doute, la nouvelle liturgie, le nouveau catéchisme, la nouvelle exégèse, l'invention extraordinaire d'une prétendue 'liberté religieuse' face à un Christ qui prévient durement: "Celui qui croit en Moi et qui sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croit pas en Moi et ne sera pas baptisé, sera condamné." "Seul Dieu peut encore sauver l'Église", a récemment soupiré le cardinal Ratzinger, numéro deux de l'Église, nouveau décan du Collège des cardinaux. A suivre! -

 

Nouvelle maturité fédérale

L'Office fédéral de l'éducation et de la science a élaboré le 7 décembre 1998 une ordonnance sur l'examen suisse de maturité, réglant au point de vue fédéral comme aux points de vue des cantons les admissions aux universités et hautes écoles. Cette ordonnance (413.12) est accompagnée de directives, présentant les neuf disciplines requises, comportant sept disciplines fondamentales, (trois langues, les mathématiques, les sciences expérimentales, les sciences humaines, les arts visuels ou la musique) ; une option spécifique, (à choix parmi diverses langues, biologie et chimie, économie et droit, philosophie/pédagogie/psychologie, arts visuels, musique); et une option complémentaire (à choix parmi douze possibilités déjà mentionnées, avec le sport)

Ces possibilités enrichissent on le voit la panoplie de l'ancien régime. Le latin et le grec, l'anglais, l'espagnol, le russe, ne sont pas oubliés, au plan optionnel. Les directives montrent que le niveau à acquérir est très sérieux.

 

Art 8 But de l'examen

1 L'examen doit permettre de juger si le candidat possède la maturité nécessaire aux études supérieures.

2 La maturité nécessaire aux études supérieures, visée à l'al. 1, suppose:

a. de solides connaissances fondamentales adaptées au niveau secondaire;

b. la maîtrise d'une langue nationale et de homes connaissances dans d'autres langues nationales ou étrangères, l'aptitude à s'exprimer avec clarté, précision et sensibilité et à apprécier les richesses et les particularités des cultures véhiculées par ces langues;

c. une ouverture d'esprit, un jugement indépendant, une intelligence développé, une sensibilité éthique et esthétique;

d. une familiarisation avec la méthodologie scientifique, le raisonnement logique et l'abstraction, ainsi qu'avec une pensée intuitive, analogique et contextuelle;

c. l'aptitude à se situer dans son environnement naturel, technique, social et culturel, dans ses dimensions suisses et internationales, actuelles et historiques;

f. la faculté de communiquer et une attitude critique et ouverte face à la communication et à l'information.

En outre, il est demandé au candidat, pour l'inscription, un travail de maturité, autonome, à mentionner dans le certificat obtenu.

 

Sur les fondements culturels de cette maturité

On peut se demander si les tendances perceptibles dans les directives s'accordent avec celles du chapitre ci-dessus : Réorientation des fondements culturels. Prenons le cas de l'histoire : on lit DEH3, p.3 :

Le candidat a pris conscience de son propre enracinement et des valeurs propres de son contexte culturel. Il perçoit les droits de l'homme et la démocratie comme constitutifs de la civilisation européenne et il approche avec respect les autres civilisations.

C'est une affirmation énorme : annuler ainsi l'Europe édifiée par les moines, par l'érection des cathédrales, par de saints monarques, par l'Église, par le défrichement d'étendues incultes opéré par les cisterciens par exemple.

On peut consulter : L'état de la technique au XIIIe siècle, Finalités no 166, 1991, 18 pages, ou Miroir des techniques, (pp. 11-17) édité par l'École polytechnique fédérale de Lausanne en 1991.

Je sais que l'on voudrait faire passer l'Europe (l'UE) pour une création des prétendues Lumières, du Contrat social, des Droits de l'Homme sans Dieu. Notons qu'une démocratie dans laquelle on peut assassiner par milliers les innocents dans le sein de leur mère, aux frais des contribuables encore, ou en les parquant sans espoir d'adoption dans des congélateurs, cela marque un retour à des pratiques d'inspiration démoniaque ; ne sommes-nous pas en démoncratie ?

Décadence

Suivre l'exemple de la France sous la présidence de M. Chirac ?: Le "laïcisme" naît au contraire avec la Révolution française comme une idéologie qui ne vise pas à distinguer mais à séparer radicalement et mettre en conflit la religion et la politique en subordonnant l'Église à l'État et en émancipant l'humanité de tout lien religieux et moral.

Pour ceux qui souhaitent, dans la foulée de Gramsci, « une complète laïcisation de toute la vie et de tous les rapports de mœurs » (Quaderni dal carcere, Einaudi, Torino 1975, p. 1561), c'est-à-dire une déchristianisation absolue de la société, les racines chrétiennes de la société ne doivent pas être revitalisées mais extirpées. Dans cette perspective, le christianisme doit être expulsé de tout aspect de la société et aucun croyant, stigmatisé de "fondamentaliste", ne peut répandre publiquement ses idées ni jouer des rôles socialement déterminants. La condition de "dhimmitude", c'est-à-dire d'un ghetto social pour les catholiques, n'est pas prévu seulement par l'Islam mais aussi par le "laïcisme" de nos jours. (Texte de M. Roberto de Mattei, Correspondance européenne, 10.7.2003)

Justement. Nulle part, dans les textes cités, ne figure quelque mention de l'islam. Voilà un fait de civilisation massif, qu'un candidat un tant soit peu réaliste ne saurait ignorer. Sauf erreur, les facteurs démographiques ne sont mentionnés nulle part non plus, à l'heure où les mosquées prolifèrent. Vous voulez former des citoyens aveugles ?

Le laïcisme avorteur tiendra-t-il face à la démographie islamique ?

Économie

Dans le domaine de l'économie, une lacune invraisemblable : le rôle du prêt à intérêt. Comme on veut effacer toute notion de morale, et le rôle de l'Église en particulier, on se garde de mentionner le rôle civilisateur capital du Décalogue, en son septième commandement notamment : Tu ne voleras pas. Or, une constante de l'action de l'Église fut d'assimiler l'exigence d'un intérêt lié au temps pour un prêt en tant que tel, à celle d'un vol, d'un crime même. Une telle résistance massive historiquement ne saurait être escamotée.

 

Grave lacune

Parler de la civilisation européenne sans évoquer le facteur spirituel constitutif chrétien disqualifie la tendance formatrice de cette nouvelle maturité. Il est possible que les maîtres de collèges et de gymnases, nonobstant cela, fassent néanmoins passer dans nombre des esprits des élèves quelques éléments figurant dans notre Réorientation, mais....

Il convient cependant de féliciter les auteurs de cette maturité pour l'ampleur et la variété de leurs conceptions. Dommage, répétons-le, que la figure centrale de la culture et de l'histoire, Notre Seigneur Jésus-Christ, ne donne pas à nos jeunes une raison de Vivre, au lieu de se perdre dans les marécages des auteurs tels que Voltaire, tellement désireux d'écraser Celui qu'il qualifiait d'Infâme.

Compléments suggérés

Les candidats à la maturité entendent généralement poursuivre des études universitaires, acquérir un niveau professionnel élevé. Ils ont à s'instruire des options caractéristiques de leur future profession, pour figurer dans l'élite de celle-ci. Dans les perspectives de notre Réorientation, ils peuvent consulter le livre : Nécessité des élites, où s'expriment des économistes, des médecins, des ingénieurs, des enseignants, des écrivains...(Lausanne, Centre de documentation civique, 2003). Voir aussi, p.2, [8] et [9].

Les élites perdurent souvent au sein de familles fécondes culturellement; un livre pourrait leur convenir : Famille et environnement, chez l'éditeur Téqui (1994). De plus, les sites : www.finality.ch et www.familiaplus.com étalent sur les écrans nombre d'exposés correspondant à notre esprit.

 

 

 

Joseph de Maistre

 

Cette année a eu lieu, dans l'oubli quasi général, le 250e anniversaire de la naissance du Comte Joseph de Maistre, un des pères de la philosophie contre-révolutionnaire moderne, l'une des dernières incarnations de l'esprit traditionnel de l'Ancien Régime européen.

Magistrat, diplomate, philosophe et homme de lettres, Joseph de Maistre naquit le ler avril 1753 à Chambéry (Duché de Savoie). Il mourut en 1821 à Turin où il est enseveli- Ce fut un esprit choist un fin penseur, un grand écrivain, un brillant polémiste dont la parole et la plume étaient autant admirées que craintes. Mais il fut surtout un croyant.

Comme d'autres protagonistes de la renaissance catholique de son temps (von Haller, Donoso Cortés, de Bortald), de Maistre était lui aussi un ''converti'' : de sa sympathie juvénile envers les idées ésotériques des Lumières, et de son adhésion à la Maçonnerie, il passa au catholicisme intégral avec la maturité et adhéra aux Amitiés chrétiennes du vénérable Pio Brunone Lanteri (1759-1830) dont il devint l'un des responsables. Le passage des fausses ''Lumières" à la vraie Lumière fut provoqué par la dure leçon que constitua la Révolution française qui contraignit le Comte à l'exil afin de rester fidèle au Trône et à l'Autel.

Ses écrits dénoncèrent le caractère "extraordinaire", "satanique" et totalitaire de la Révolution française, la tyrannie de Napoléon Bonaparte, les complots des sectes secrètes mais aussi les erreurs des nobles qui, par leurs faiblesses et leur complicité, favorisaient l'avancée révolutionnaire. La Restauration de 1814 le déçut énormément de par son caractère mou et ambigu. Metternich, Louis XVIII et le Roi de Sardaigne lui-même l'isolèrent, préférant la politique des arrangements à la politique de la rigueur. Peu avant sa mort en 1820, le Comte prophétisa la crise de la Restauration et le «finis Europae ».

Ses critiques acerbes de la mentalité progressiste, ses réfutations du rationalisme, des Lumières -et de la Révolution, son exaltation de la tradition, de la Papauté et de la Chrétienté sont encore actuelles et ont été rééditées en, France et en Italie, parfois même par des maisons d'édition dont l'orientation politique est à l'opposé de la sienne. Cela ne doit pas nous étonner: au cours de sa vie déjà, il fut plus tenu en estime par Napoléon et Alexandre ler que par les souverains catholiques, qu'il défendait.

Dans ses œuvres, telles Considérations sur la France, Essai sur la Souveraineté, Essai sur le Principe générateur des constitutions politiques, Le Pape, Les soirées de, Saint-Pétersbourg - il définit de manière efficace la position philosophique et théologique surtout théologique - de l'histoire qui doit animer un apostolat religieux et une propagande culturelle capables de favoriser la renaissance civile et politique de Europe. Nombre de ses intuitions, idées et analyses furent reprises par le Romantisme catholique du XIXe siècle mais surtout par le Magistère ecclésiastique; Grégoire XVI et Pie IX le -vénérèrent, Léon XIII l'appela « le prophète du XIXe siècle », Mgr Delassus « le voyant de notre temps ».

Malgré un certain.nombre de limites et de déséquilibres, Ies enseignements de Maistre représentent une des sources de la renaissance religieuse, culturelle et politique du XIXe siècle, celle qui conduisit au Syllabus et au premier Concile du Vatican, posant les bases de la future renaissance chrétienne du XXIe siècle.

20 octobre 2003, n. 103 Correspondance européenne

 

 

Crédit social

Plus d'un millier de délégués de l'institut Louis Even pour la Justice Sociale, et Pèlerins de saint Michel, réunis en congrès international, les 30-31 août et ler septembre 2003, à saint Michel de Rougemont, Canada, forts de l'appui de presque tous les citoyens qu'ils visitent présentent aux membres des gouvernements de tous les pays, la résolution suivante:

Attendu que les biens de la terre ont été créés par Dieu pour tous les êtres humains et qu'ils doivent être à la disposition de tous et chacun, selon la sainte Volonté de Dieu;

Attendu que tous les chrétiens doivent travailler à changer les structures du système économique actuel, afin de le rendre serviteur de chaque personne humaine, sans exception;

Attendu que la grande pauvreté actuelle des peuples ne provient pas d'un manque de biens réels, mais du système financier contrôlé par les financiers internationaux;

Attendu que le pouvoir de créer l'argent des pays est concédé inconstitutionnellement par les gouvernements aux banques privées; alors que ce pouvoir souverain relève des véritables représentants des peuples;

Attendu que nos gouvernements et nos peuples sont littéralement écrasés sous le fardeau des dettes publiques et privées, des taxes et des impôts;

 

Il est proposé par Guy Rodrigue du Québec, Lyne Mason de l'Ontario, Léopold Soucy du Nouveau-Brunswick, Lucien Parenteau, de l'Alberta, Carlos Reyes de l'Equateur. Patricia Beltràn, du Mexique

Secondé par Gaby Béclard, du Québec, Marie-Pierre Truchon du Saguenay, Lionel Bournival du Témiscamingue, Henri Lantagne de Montréal

Adopté à l'unanimité par tous les assistants;

Que les congressistes prient instamment leurs gouvernements de:

Cesser toutes démarches visant à instaurer un gouvernement mondial qui aurait pour effet d'établir une dictature sans égale, sur l'univers entier;

Reprendre leur droit souverain de créer l'argent de leur pays, sans dette et sans intérêt, en le basant sur la production du pays.

Cesser d'emprunter des banques et de prendre les mesures pour effacer immédiatement leur dette nationale, dont plus de 90% est attribuable aux intérêts composés, qu'ils considèrent comme de l'usure outrancière inacceptable pour un honnête gouvernement et ses citoyens;

De distribuer un dividende mensuel à chaque être humain, du berceau à la tombe, pour la prospérité de chaque personne et pour la bonne marche de l'économie du pays. Ce qui aurait pour effet de mettre fin au scandale de la pauvreté et répondrait au désir du Pape Jean-Paul Il.

Que les congressistes prient aussi les gouvernements inférieurs et les municipalités de se servir de tout leur pouvoir pour obliger le gouvernement de leur pays à agir dans ce sens. Un système d'argent national permettrait à tous les gouvernements de s'administrer sans dettes, sans taxes et sans impôts.

Que copie de cette résolution soit envoyée aux Membres des gouvernements de chaque pays, ainsi qu'aux média d'information pour publication.

Vers Demain, automne 2003c