Euphorie

Enfin, la Suisse va pouvoir bénéficier du festin onusien et ne plus paraître comme un élément étranger dans la grande assemblée. Elle va pouvoir négocier avec les 189 autres membres sur un pied d'égalité. Quelle joie ! Certains auparavant déploraient que nous fussions comme une bête hors du troupeau, comparaison peu flatteuse pour nous comme pour l'ONU. Ayons confiance : gloire à cette victoire, si tangente qu'elle se soit montrée. Certainement, cette Organisation regorge de personnes honnêtes, désireuses de bien accueillir notre pays, si calme et si prospère comparativement à d'autres. C'est l'heure de l'euphorie.

Nous rejoignons celle de la visite du pape Paul VI le 8 décembre 1965, qui, selon les commentateurs, avait engagé l'Église à fond en faveur de l'ONU.

''convaincu que cette organisation représente le chemin obligé de la civilisation moderne et de la paix mondiale''

''Les peuples se tournent vers les Nations Unies comme l'ultime espoir de la concorde et de la paix''

Or l'ONU n'a pas mis Dieu à son fronton : Au nom de Dieu tout puissant, comme la Suisse encore aujourd'hui. Cependant, Paul VI ne le perd pas de vue. Le 7 décembre 1965, Paul VI déclare :

''Aimer l'homme… comme premier terme dans la montée vers le terme suprême et transcendant, vers le principe et la cause de tout amour.

''vous, humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous, plus que quiconque, nous avons le culte de l'homme''.

Le document Gaudium et Spes précise : ''Croyants et incroyants sont généralement d'accord sur ce point : tout sur la terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet''. De plus, ''tous les hommes, croyants ou incroyants doivent s'appliquer à la juste construction de ce monde''.

Le chrétien, ce me semble, peut émettre quelques objections : le Seigneur Jésus-Christ affirme que le service de l'homme n'est pas une étape vers Dieu : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Donc aimer Dieu d'abord, et soi-même et le prochain en conséquence. Il ne s'agit pas du culte de l'Homme en soi dans le ciel platonicien, mais d'aimer le prochain, l'homme concret placé sur notre chemin. Par ailleurs : Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et la juste construction du monde s'ensuivra.

Oui, c'est Dieu qui est le moteur de l'amour de l'homme, et non l'inverse. Dieu seul comme le répète l'apôtre marial Grignon de Montfort. Dieu incarné, en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, indiciblement présent dans le Saint Sacrement de l'autel :

In cruce latebat sola Deitas

At hic latet simul et humanitas

La perspective ci-dessus renverse l'ordre traditionnel ; allez vous étonner que les fumées de Satan pénètrent dans l'Église, selon Paul VI lui-même.

Par ailleurs, Jésus-Christ n'est pas le rédempteur de l'homme (Redemptor hominis), mais bien le rédempteur des hommes (qui propter nos homines dit le Credo). Certes, Il éclaire tout homme venant en ce monde, mais ne peut s'unir à tout homme, s'unir par exemple à celui qui le refuse jusqu'à sa dernière seconde ici-bas, donc au-delà.

Notons par ailleurs que l'ONU se débat dans de nombreuses guerres. L'euphorie à propos de l'ONU, et l'euphorie sur l'Homme, centre et sommet de tout sur la terre ne tiennent donc pas.

Continuons en examinant les perspectives onusiennes. L'existence de cette organisation est certes impressionnante ; elle facilite prodigieusement les contacts entre les nations, les personnes, les lobbies etc. L'organisation mondiale de la santé (OMS), le fonds monétaire international FMI, les organisations culturelles (UNESCO), etc., etc. bénéficient de son infrastructure.

Il convient cependant de s'interroger sur ses buts profonds ; car elle a une face cachée, redoutable (cf. Michel Schooyans : La face cachée de l'ONU, Finalités 264, pp.15-19 et 272, pp. 1-4 et 13-15). Dans une entrevue avec cet auteur, Denis Lensel rapporte les faits suivants :

L'ONU se présente comme un magistère laïque, désireux de détruire la famille au sens chrétien, par promotion du ''genre'', où la distinction génitale des sexes est abolie, tout comme l'hétérosexualité, la mise au monde des enfants et leur éducation traditionnelle. Monsieur Tartempion, vous allez mettre au monde un bébé, préparé dans votre cavité abdominale, et élevé dans une couveuse étatique, même si vous savez que ce même bébé devenu adolescent va saccager et incendier votre voiture…

Et votre santé ? Savez-vous que l'OMS va instaurer des comportements bizarres grâce auxquels les gens atteints de maladies graves ne pourront être soignés que s'ils sont solvables, et dans le cas contraire pourront être soumis à l'euthanasie. De plus, les gens malades devenus inutiles sur le marché du travail seront mis au second rang des préoccupations médicales ; pas d'espérance de guérison ? Evitons alors les interventions médicales. L'OMS se préoccupe aussi de la ''santé reproductive'' par contraception, avortement ou stérilisation bien sûr. Charmantes intentions…

L'humanité-troupeau conduite à l'abattoir ? Une population dont un seul membre porte quelque microbe ou virus abattue comme un troupeau de vaches dont une seule est atteinte d'une maladie à éradiquer ? Hippocrate ! au secours.

Le New Age et les réseaux

Les milieux de l'OMS se relient à ceux qui militent pour le New Age. D'après les idées sous-jacentes, nous allons entrer dans une nouvelle ère astrologique, l'ère du Verseau, qui va dépasser l'époque du christianisme, représentant une menace pire que celle de l'arianisme.

Schooyans continue : " La Renaissance et surtout la Réforme ont vu l'homme affirmer pour la première fois son indépendance. L'homme issu de la Réforme n'a plus besoin d'Église,- Il entre en relation directe avec Dieu ; il n'a plus besoin de normes morales : il obéit à sa seule conscience. Cette évolution s'est poursuivie avec les 'esprits forts' du dix-septième siècle et les 'philosophes' du siècle des Lumières.

Le New Age est l'étape suivante de cette évolution et il entend consommer la rupture déjà amorcée par la Réforme vis-à-vis du paradigme ancien, celui de l'âge du Poisson - pour faire court : le christianisme. Le New Age proclame donc la totale indépendance de l'homme. À vrai dire, cet homme-là est un surhomme qui, par des méthodes et des techniques appropriées, va explorer les ressources jusqu'ici insoupçonnées de son corps, de son psychisme, de l'univers lui-même. Sous ce rapport, le New Age est une nouvelle expression du pélagianisme, doctrine selon laquelle l'homme peut se sauver par ses seules forces, en recourant à des pratiques diverses, psychologiques ou magiques.

Désenclavé de l'ancien paradigme, libéré de Dieu et de l'oppression que celui-ci exerce par l'Église, 'désaliéné' en somme, l'homme peut enfin prendre en main la maîtrise de sa vie et de sa mort et exercer son pouvoir sur le tout. Il peut et doit se transcender d'où l'intérêt pour le cerveau, ses hémisphères gauche et droit, ses virtualités restées cachées, ses pouvoirs latents qu'il faut libérer… Sans doute, le surhomme lui-même continue-t-il à buter sur l'horizon de la souffrance et de la mort. Mais il le contournera par la recherche du plaisir, l'expérience de certaines drogues et, en tout cas, l'immersion dans le grand tout cosmique. La croyance en la réincamation excusera la violence de l'avortement ou de la guerre : la réincarnation en une vie ultérieure ôte toute importance aux formes de violence ponctuant l'existence actuelle.

En somme, le New Age, comme un apprenti-sorcier, considère l'homme comme centre et sommet sur la terre, un surhomme sans Dieu…Euphorie illusoire.

Jean de Siebenthal

 

Homélie de Mgr Genoud

Evêque de Lausanne, Genève et Fribourg

Homélie de Mgr Bernard Genoud, Notre-Dame du Valentin, 19 janvier 2002 (à l'occasion du 100ème anniversaire de la naissance du bienheureux Josémaria Escriva, pro manuscripto)

(2ème dimanche du Temps Ordinaire, année A: Is 49,3 ... 6 ; Jn 1, 29-34 )

Quels textes que ceux que nous venons de lire... On pourrait croire qu'ils ont été choisis pour la fête qui nous rassemble. Et pourtant il n'en est rien : ce sont bien, mots pour mots, les textes de la liturgie de ce 2ème dimanche du temps ordinaire. C'est là qu'on voit qu'avec Dieu rien n'est vraiment ordinaire : tout est grâce.

Ces textes sont bien le portrait d'un bienheureux, probablement bientôt d'un saint, mais surtout, le portrait de tout vrai chrétien, ce devrait être le nôtre, puisqu'un bienheureux, un saint, c'est tout simplement... tout divinement... quelqu'un qui a pris ces paroles au sérieux, et qui sait que la Parole de Dieu est transhistorique et que du haut de son éternité elle tombe sur tous les hommes de tous les temps avec identiquement la même réalité, avec identiquement la même efficacité, et avec identiquement la même exigence que saint Augustin exprime en une phrase de feu : "Dieu qui t'a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi".

En clair, cela veut dire que Dieu respecte notre liberté et a décidé d'avoir besoin de nous pour nous sauver et sauver tant d'âmes qui nous sont mystérieusement accordées. Et ainsi l'histoire humaine ne sera que le chassé croisé de deux libertés l'une infinie, et infiniment respectueuse: celle de Dieu, et l'autre si limitée, la pauvre nôtre et pourtant capable de tenir celle de Dieu en échec... Cette terrible liberté... une arme à double tranchant, faite pour aimer, mais capable aussi de donner à Jésus un nouveau baiser de Judas. - On voudrait s'en défaire parfois, pour ne plus pouvoir l'offenser,... mais aussitôt on se reprend parce que ce serait en même temps nous priver de la seule possibilité de l'aimer !

Voilà ce que savait et vivait le bienheureux Josémaria Escriva.

Tout d'abord comme Isaïe : il avait cette claire conscience d'avoir été choisi, cette exultation devant une élection qui le pousse à annoncer son message à la terre entière : "Ecoutez-moi, soyez attentifs, peuples lointains ! Dieu m'a appelé dès le sein de ma mère, dès le sein maternel ; dès les entrailles de ma mère Il a prononcé mon nom et Il m'a dit : "Tu as du prix à mes yeux, moi je t'aime..." Comme une flèche de grand prix, je t'ai choisi et je t'ai glissé dans mon carquois."

Et pourquoi cela ? : "Pour que tu sois lumière des nations, pour que mon salut atteigne les extrémités de la terre." Un bienheureux, un saint, et normalement tout croyant sait cela. Il en vit et il prend les moyens pour que ce ne soit pas que des mots... et cela vous donne la fondation d'une institution reconnue par l'Eglise et qui compte des dizaines de milliers de membres.

Le bienheureux Josémaria Escriva, comme tout grand spirituel, a médité le baptême de Jésus et a compris que le Fils même de Dieu est venu pour nous partager sa filiation et nous offrir la joie de la même paternité ! Nous aussi nous avons été baptisés, et depuis lors Dieu nous offre la joie de l'appeler Père, puisque Jésus s'est fait notre frère et que l'Esprit aussi a décidé d'habiter notre propre cœur. Ce qui fait que pour l'éternité, quand on me demandera qui est Dieu, je pourrai, nous pourrons répondre avec la même incroyable exultation: "Dieu ? C'est mon Père !"

Oui, un saint, une sainte, c'est quelqu'un qui a pris cette vérité au sérieux, et qui donc connaît sa généalogie spirituelle : depuis mon baptême, je suis fils de Dieu - Dieu, c'est mon Père !

Comment voulez-vous garder une telle énormité pour vous tout seul ?! Et bien sûr que notre bienheureux, comme tous les grands chrétiens, se doit de crier ce fabuleux mystère à tous les hommes et à toutes les femmes de son temps. Oui, de chacun et de chacune de nous Jésus vient faire des fils et des filles de Dieu, parce que à chacun de nous Dieu dit comme à Isaïe : moi je t'aime, je t'ai tissé et choisi dès le sein de ta mère, et je t'ai choisi pour que tu chantes mon amour à tous ceux que tu rencontreras . Et c'est pourquoi, dès notre baptême il a comme plongé en nous les traits de son divin visage pour nous en donner la ressemblance filiale et il a répandu en nous son Esprit d'Amour, l'Esprit de famille justement, pour nous offrir rien de moins que sa propre vie divine !

... La vie même de Dieu dans une âme sans la faire exploser,... mais c'est l'océan dans les mains d'un enfant, et l'enfant den est pas noyé! Quel gigantesque mystère que celui de l'Amour de Dieu !

Alors bien sûr que les saints sont des gens heureux parce qu'ils savent tout cela, et ils en vivent et leur cœur bondit de joie en eux comme une bête folle ... : "Il me connaît et Il m'aime : que voulez-vous qu'il m'arrive ?!"

S. Thomas n'en revenait pas lui-même. Dans sa naïveté d'immense intellectuel et de mystique plus immense encore, il se pose une drôle de question, qui nous paraît bizarre au départ... mais qui devient lumineuse quand on entend la réponse. Il se demande : "Qui Jésus préférait-il : saint Pierre ou saint Jean ? ... drôle de question, me direz-vous...

Alors il répond :

- Jésus préférait saint Jean : c'est la jeunesse pleine de promesses, il n'a pas encore été défait par la vie...

- Phrase suivante : Jésus préférait saint Pierre : c'est la maturité, le réalisme, la force de l'adulte... Phrase suivante : Jésus préférait saint Jean, parce qu'Il lui a donné sa mère...

- Phrase suivante : Jésus préférait saint Pierre, parce qu'Il lui a confié son Eglise',...

Mais où veut-il donc en venir ?! - Phrase suivante :... et tout s'éclaire : "Jésus préférait les deux".

Voilà ce dont nous voulons nous pénétrer aujourd'hui et ce que nous voulons annoncer aux hommes de ce temps : "Je suis, tu es, nous sommes chacun 'le préféré' de Dieu".

Comme l'image sur l'écran est continuellement enracinée dans la lentille du projecteur de diapo, ainsi chacun de nous est continuellement, personnellement enraciné dans le coeur de Dieu ; chacun de nous est projeté par Dieu sur le terrain de l'existence, au bout d'un rayon personnalisé de son Amour. Chacun de nous est un projet de Dieu (un jet en avant) parce qu'Il a aussi sur chacun de nous un projet d'amour et de bonheur. Marie n'a vécu que cela : Dieu l'a projetée dans l'existence toute pure et sans péché originel parce qu'Il avait un plus haut projet encore : nous offrir son propre Fils dont elle sera le berceau en lui tissant sa sainte humanité. Quelle folie que l'amour de notre Dieu ! La différence d'avec la diapo, c'est que le projecteur n'envoie qu'une image à la fois sur l'écran. Tandis que le cœur de Dieu est si infini, c'est un diamant avec une telle infinité de facettes qu'Il projette, qu'Il jette en avant une infinité d'existences !

Alors, oui c'est vrai : personne n'est plus aimé que moi dans telle coloration de cet arnour-là, au bout de tel rayon d'amour infini : je suis le préféré de Dieu, chacun est le préféré de Dieu, et je peux, et je dois le crier à chaque homme : "Sais-tu que tu es le préféré, la préférée de Dieu" ? Comment voulez-vous que l'on garde une telle énormité pour nous tout seuls ?!

Et en plus, vous savez qu'un objet a la valeur de l'amour qu'on lui porte. Les jeunes le comprennent bien : un petit caillou sur le rayon de leur bibliothèque peut avoir énormément plus de valeur que le plus précieux des bijoux, parce que c'est un ami, une amie, qui l'a donné, à un tournant capital de leur amour, et ce caillou est désormais chargé de l'amour qui l'a offert !

Alors quelle est la valeur d'un homme, de tout homme si c'est un Dieu infini qui s'est épris d'amourpour lui et qui peut dire à chacun : "Tu es mon unique, moi je t'ai tissé dès le sein de ta mère, personnellement, toi, bien toi, et je t'aime personnellement, pas en tas, mais toi, bien toi ! _C'est fou cela !

Ainsi donc, tout homme est aimé d'infini et en prend une valeur infinie.

Un saint, une sainte, c'est quelqu'un qui a envie de crier cette énormité à la face de la terre. La sainteté n'est donc rien d'autre qu'une histoire d'amour, la seule finalement durable, puisque lorsqu'on aime, on a envie de faire connaître l'être aimé et on a envie que tous ceux qu'on aime s'en réjouissent aussi. La sainteté, c'est donc l'histoire d'amour de quelqu'un qui aime Dieu et qui aime les hommes, et qui veut leur bonheur en leur faisant découvrir ce Dieu qui seul peut étancher leur soif de bonheur. La sainteté c'est de jeter tous ceux qu'on aime dans les bras du Tout-Autre qui seul peut les combler... et c'est finalement la seule manière de les y retrouver enfin, un jour, et pour toujours.

C'est trop dur ? C'est trop grand ? C'est impossible d'être chrétien, engagé, de devenir un saint ?

"On ne t'a jamais demandé d'y arriver tout seul, nous dit Dieu à chacun, pour qui me prends-tu ? Je sais bien ce que je te demande et pourquoi je te le demande, je te connais mieux que toi-même puisque c'est moi qui t'ai fait, et je sais bien que je ne peux pas te demander grand chose... Mais je sais aussi que mon Esprit Saint transfigure tout ce qu'Il touche, que je peux écrire mes droites avec tes courbes : laisse-moi agir à travers toi. Il n'est pas demandé à une humble goutte d'eau de féconder toute seule le Sahara... Mais si toutes les petites gouttes d'eau se mettent ensemble, il n'y aura plus de désert.

Alors, dit Dieu, que ton cœur soit translucide à mon Amour, comme une humble goutte d'eau qui se laisse envahir par le soleil, et je te promets des arcs-en-ciel insoupçonnés !

Toi aussi je t'appelle à la sainteté et je t'envoie vers les hommes pour leur dire : ''Dieu t'aime d'un amour infini dont toi-même ne mesureras jamais l'énormité. Tu comptes tellement aux yeux de Dieu qu'Il a donné sa vie pour toi. Tu es un prince, tu es une princesse sous les haillons de tes pauvretés, et je veux t'aimer plus que tout au monde, parce que tu as le prix même de l'amour infini que Dieu te porte ! ".

Alors nous serons précieux pour les vrais pauvres, pour ceux qui ont atteint l'ultime profondeur de l'humilité, ceux qui n'osent même plus mendier la confiance des autres, parce d'abord eux-mêmes ils ont perdu confiance en eux-mêmes. A tous les désespérés, à tous les "laissés-pour-compte" et à tous les exclus, à tous les assoiffés d'amour nous apporterons l'Eau Vive de la Parole qui nous habite, et nous leur révélerons leur infinie valeur !

Oui, à travers nous, chrétiens, c'est Jésus qui leur dira ''Courage, J'ai vaincu le monde. Courage: Moi je t'aime ! Courage: point de pécheur sans pardon qui le cherche... Courage : nul n'est trop loin pour Dieu... Courage : Voici que je fais toutes choses nouvelles, à commencer par toi-même !".

Alors, et alors seulement, nous aurons le droit de porter le beau nom de "chrétiens". Et nous serons de vrais baptisés, de vrais saints, en qui le Père reconnaîtra les traits du Visage de son Fils ; et il pourra enfin nous dire: "Tu es un fils, une fille bien-aimée... Entre dans la Joie de ton Maître." Et je n'ai rien de plus beau à souhaiter aujourd'hui, pour nous-mêmes et pour le monde. Amen!

Mgr Bernard Genoud

 

Loi sur le partenariat

ASSOCIATION SUISSE POUR LE DROIT A LA VIE

107 Route de la Glâne 1752 Villars-sur-Glâne

 Madame la Conseillère fédérale

Ruth Metzler

Département fédéral de Justice et Police 3003 B e r n e

Villars-sur-Glâne, le 28 février 2002

 

Madame la Conseillère fédérale, Mesdames, Messieurs,

Nous avons l' honneur de vous soumettre notre opinion et nos propositions dans le cadre de la procédure de consultation concernant la loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes du même sexe.

Comme son nom l' indique, notre association fondée en 1975 a pour but principal de défendre le droit à la vie de tout être humain innocent et de soutenir tous ceux qui ont le devoir de protéger et de soutenir cette vie humaine entr'autre dans le domaine de la législation. La vie humaine commence normalement dans le cadre de la famille. C'est pourquoi une atteinte aux fondements et aux droits de la famille ne saurait nous laisser indifférents.

Après étude de l'avant-projet soumis à consultation nous ne pouvons que vous recommander de ne pas lui donner suite pour les raisons principales suivantes:

a) Les raisons avancées pour introduire un ''partenariat enregistré" ne sont pas valables.

b) Il n'y a aucune nécessité de légiférer en la matière. En particulier cette introduction ne découle pas de la nouvelle Constitution fédérale.

c) L'introduction du ''partenariat enregistré" est une atteinte aux droits des familles.

d) L'introduction du »partenariat enregistré" est contraire aux intérêts de l'Etat et de la nation. Il constituerait une violation de leur devoir de fonction pour les magistrats et les politiciens concernés.

1. Les raisons ava3cées ne sont pas valables.

La première raison concerne la prétendue nécessité de faire cesser une discrimination, de l'animosité et des préjugés à l' égard de l' homosexualité au sein de la population.

Pour nous, sauf quelques rares exceptions, l'homosexualité n'est pas un mode de vie comme un autre prévu dans la nature de l'être humain. Selon le langage que parlent les chromosomes eux-mêmes, l'espèce humaine est une espèce se perpétuant par reproduction sexuée. Vu l' importance de l'instinct sexuel et les imperfections faisant partie de la condition humaine il existe des comportements sexuels aberrants qui sont pour une très petite partie innés mais pour une plus grande partie acquis sous forme de vice. Une certaine discrimination, de l'animosité et certains préjugés sont une barrière pour éviter la propagation d'un comportement nuisible parmi les plus faibles et protéger la société.

La deuxième raison prétend que seule une réglementation légale peut éliminer des inégalités de traitement.

Cette raison suppose que la première raison est valable. Si cette première raison ne tient pas, elle ne vaut pas non plus. En plus il faut remarquer que la prétendue égalité de traitement introduit en fait une nouvelle inégalité de traitement. Il est injuste au plus haut point de traiter presque de la même manière ceux et celles qui se chargent de perpétuer la nation et l' Etat en procréant et en élevant les générations futures et ceux qui s'y refusent. Il y a une injustice fondamentale qui s'introduit par le biais des mécanismes de solidarité à la base des droits invoqués (droit successoral, droit des assurances sociales et droit des étrangers).

La troisième raison prétend que l'Etat devrait reconnaiÎtre l'aide et l'assistance que les partenaires s'apportent et qu'il a intérêt à ce que les êtres humains établissent et maintiennent une relation stable.

Cette raison est un sophisme. En effet, l' Etat ne doit pas reconnaître toute aide et assistance dans toutes relations. Il y a des relations qui doivent être reconnues et aidées et d'autres qui ne le sont pas. Au sein d'une bande de malfaiteurs il peut y avoir aide et assistance mutuelle des partenaires, cette aide et cette assistance ne doivent pas être reconnues par l' Etat. De même l'Etat n'a pas intérêt à ce que toutes sortes de relations soient stables.

La quatrième raison Invoquée se base sur une prétendue modification de l' opinion sur l' homosexualité observée durant ces dernières années. Nous récusons la théorie que le droit doit s'aligner immédiatement sur le fait, car cette théorie conduit à l'arbitraire et à la négation de tout droit. Une loi ne se fait et ne se défait pas tous les 30 ans. D'une part la modification de l' opinion n'est pas substantiée dans votre rapport. Les quelques études évoquées sont insuffisantes et surtout ne concernent pas la Suisse. D'autre part il n'est pas vrai qu'il s'agit d'une nouveauté, d'une évolution à priori positive. Bien au contraire, si l'on prend le témoignage des écrits datant de l' empire romain sur les moeurs de l'époque, on peut constater que la dépravation des moeurs, dont l' homosexualité, était fort répandue. Votre nouvelle loi est donc un effort pour faire revenir en arrière la roue de l' histoire .

2. Il n'y a aucune nécessité de légiférer en la matière. En particulier cette introduction ne découle pas de la nouvelle Constitution fédérale.

Vous dites vous-mêmes dans le rapport introductif, que ce texte ne concernera probablement que peu de personnes. Nous mettons en question la nécessité de légiférer, donc de lancer un travail important et de provoquer un débat très coûteux et passionné qui va laisser de nouveau des traces de division dans le peuple et les cantons. Soyez certaine que nous combattrons une telle loi dans le cadre du référendum. Que le travail soit important découle simplement de la liste que vous établissez vous-mêmes du nombre de lois et de règlements qui devront être adaptés. Sans parler de tous les contrats et règlements dans le domaine des assurances et des assurances sociales qui devront aussi être changés.

De plus nous contestons que cette tâche découle de la nouvelle Constitution fédérale. Nous rappelons que la nouvelle Constitution a été présentée au peuple et aux cantons comme une simple mise-à-jour du texte précédent. Une question aussi importante comme celle du démantèlement de la famille ne fait certainement pas partie d'une simple mise à jour. En outre nous contestons que l'expression ''mode de vie" dans la Constitution couvre ce genre de chose. Il est évident que tout mode de vie n'est pas couvert par la Constitution. Si l' on choisit le mode de vie de ''vivre de la chasse et de la pêche" vous n' allez pas supprimer les lois concernant ces activités pour les gens qui veulent choisir ce mode de vie. De même si l' on choisit le mode de vie de vivre du détroussement des voyageurs et des banques vous n'allez pas supprimer les dispositions civiles et pénales qui protègent la propriété en ce qui concerne les personnes choisissant ce mode de vie. Et que dire de la polygamie autorisée pour les musulmans. En posant de prime abord que le mode de vie en partenariat homosexuel est un partenariat légitime, vous mettez la charrue devant les boeufs, ce qui est véritablement une magnifique pétition de principe.

A moins que la vraie raison que vous taisez ne soit votre propension à céder à certains groupes de pression et peut-être à des mots d'ordre de l' internationale socialiste. Il est remarquable que ce genre de législation antifamiliale à l' étranger, que vous nous présentez étrangement comme modèle, a presque toujours été introduit par des gouvernements socialistes. Il y a un abus manifeste en Suisse, où les socialistes sont loin de faire la majorité, si une majorité soi-disant non-socialiste pratique, en trompant le peuple, une politique socialisante. Vous sapez ainsi la confiance du peuple dans le gouvernement , les autorités et le monde politique en général, confiance bien ébranlée ces derniers temps par différentes affaires de corruption.

3. L' introduction du ,partenariat enregistré" est une atteinte aux droits des familles.

1. Parmi les sociétés naturelles dont font partie les êtres humains, la famille est la société primordiale. Elle vient avant l'Etat. Ceci s'exprime souvent par l'adage: la famille est la cellule fondamentale de la société civile. La famille peut en effet exister sans l'Etat mais l'Etat ne peut pas exister sans les familles qui le constituent. Sans familles et donc sans nouvelles générations aptes à assurer une succession dans le temps, l'Etat ne tarde pas à disparaître par extinction ou invasion du territoire dépeuplé. Il en découle que l'Etat n'a pas le droit de toucher aux règles de la constitution fondamentale de la Famille. Il n'a que le droit de régler certains aspects extérieurs mais en respectant la nature de la famille et ses intérêts vitaux. La définition de la constitution de la Famille n'est pas sujet à une décision étatique même si elle est prise selon les règles de la démocratie. La Famille EST, indépendamment de l'Etat. Elle est, selon l'ordre naturel, constituée du couple humain formé d'un homme et d'une femme ainsi que de leurs descendants communs formant une communauté de destin et unis dans les formes convenues et d'une façon permanente et disposant d'un certain patrimoine. La monogamie est seule adéquate à l'identique dignité de l'époux et de l'épouse et l'indissolubilité découle de la perermité des tâches qui comportent l'éducation des enfants et le soutien des parents âgés et du besoin de sécurité et de soutien réciproque.

Qu'on ne vienne pas prétendre qu'il ne s'agit là que de matière à option, que la science moderne aurait donné des preuves du bien-fondé d'autres opinions. Il n'en est rien. Il faudrait d'une part démontrer scientifiquement de quelle science vraie on pourrait déduire d'autres définitions de la famille. La Famille précédant même la science, puisqu'elle est maîtresse de l'éducation, et qu'ainsi sans famille il n'y a pas de science par extinction des scientifiques eux-mêmes, comme c'est l'antécédent seul qui peut définir pertinemment le subséquent, il en découle que les sciences souvent évoquées pour définir la famille sont en réalité et en bonne logique incompétentes pour le principal. Les sexologues, ethnologues et autres prophètes des enquêtes fugaces n'ont rien à dire de définitif en la matière car ils ne traitent qu'un tout petit aspect provisoire et borné de la question. Pour le comprendre il n'est besoin que d'attendre. Après quelques siècles, les civilisations leur ayant fait confiance aveugle dans ce domaine auront certainement disparu, apportant par là même la preuve de leur sottise et de leur aveuglement. C'est à proprement parler une infamie de vouloir accorder même un semblant de reconnaissance à des contrefaçons de famille que sont les prétendus couples homosexuels.

En conséquence: vu la préséance de la Famille, vous n'avez pas le droit de légiférer contre la Famille en accordant des privilèges à d'autres formes de vie concurrentes et inacceptables.

2. L'Etat doit en bonne logique non seulement respecter mais protéger la Famille.

Dans son intérêt même, l'Etat doit protéger la Famille. La Famille a le droit d'être protégée par l'Etat pour pouvoir fonctionner normalement. Ceci a des conséquences sur la législation. En considération des tâches qu'elles doivent accomplir et vu le fait que les Familles ne se regroupent en Etat que pour leur bien, il en découle que l'Etat doit soutenir les familles en mettant d'une part à leur disposition les ressources nécessaires et d'autre part en éloignant les dangers qui la menacent. Fonder une famille est une entreprise qui doit être encouragée et non pas découragée.

La reconnaissance par l'Etat de toute autre forme de communauté de vie analogue, baptisée ''partenariat" pour des fonctions semblables à celles de la famille constitue une mise en danger de la famille par détournement de ressouces au profit d'égoïstes qui veulent bien jouir de la vie et se faire entretenir par les enfants des autres le cas échéant. La nature ne fait pas de cadeaux et l' économie non plus. Ce que l' on distribue doit de toute nécessité être produit, ou les services correspondants rendus, par des autres. La communauté homosexuelle est par définition sans descendant propre. Donc, tôt ou tard, elle est obligée de parasiter les familles normales.

L'Etat doit en outre régler l'ordre juridique de façon à ce que les tâches essentielles de la famille soient facilitées et non pas rendues plus difficiles. Parmi ces tâches il y a bien sûr la formation humaine des enfants en vue de les rendre capables de fonder à leur tour une famille. Ceci ne concerne pas seulement la formation professionnelle et la capacité économique, mais aussi tout le domaine des relations humaines et de la capacité affective. L' Etat a dans ce domaine l'obligation grave de protéger la moralité publique et même de réprimer toute propagande pour des formes de vies contre-nature telle que celle des prétendus couples homosexuels. Le développement harmonieux de la jeunesse dans le domaine du comportement affectif et de la sexualité est déja assez difficile pour qu'on ne lui ajoute pas des difficultés provenant du mauvais exemple et des tentations absolument évitables découlant de l'influence des personnes vivant dans ces communautés. Au moment où vous devez renfbrcer les lois contre la pédophilie vu les abominations constatées malheureusement dans les faits, il est aberrant de renforcer les tendances néfastes en accordant une reconnaissance à des communautés homosexuelles sous forme de partenariat enregistré. Ne pas vouloir regarder en face la réalité et ne pas voir l'effet de signal de cette reconnaissance et le prosélytisme renforcé de leurs membres confinent à l'irresponsabilité coupable.

En conséquence, pour protéger la Famille vous devez non seulement ne pas légiférer contre la Famille en la matière , mais au contraire décourager la formation de ces communautés concurrentes contre-nature.

3. Le Contre-projet montre à l' évidence qu'il s'agit d'une contrefaçon, d'une singerie du mariage.

Plusieurs des dispositions du projet de loi sont une imitation des dispositions concernant le mariage. Il n'y a qu' à citer la forme de la conclusion devant l' officier d'état-civil (Art.8), le renvoi aux articles relatif à la famille du CC pour l' Art. 14, le calque sur le modèle du CC consacré au logement de la famille à l' Art 15, surtout la disposition de l' Art. 24 déterminant que le partenariat devrait avoir en ce qui concerne le droit successoral les mêmes effets juridiques que le mariage. L'Art. 27 prévoit que le partenariat enregistré a les mêmes effets que le mariage dans le domaine du droit des assurances sociales et dans celui de la prévoyance professionnelle. L'Art 13 est une impossibilité dans les termes. Comment des partenaires peuvent-il se témoigner de l'assistance et du respect quand il s'agit d'une cornmunauté fondée pour se livrer à un comportement vicieux dans la plupart des cas.

4. L'introduction du ''partenariat enregistré" est contraire aux intérêts de l'Etat et de la nation. Il constituerait une violation de leur devoir de fonction pour les magistrats et les politiciens concernés.

Il faut relever que la neutralité n'est pas possible. Ou bien l'on protège la famille ou bien on lui nuit. Il n'y a pas de milieu possible. Mettre sous certains aspects une certaine égalité entre elle et des communautés de vie concurrentes, c'est en réalité lui nuire, car on ne peut donner aux autres entités que ce que l'on prend aux familles.

Il n'est en outre pas déterminant de constater qu'elles seraient compatibles ou non avec un système juridique quelconque. En tant que juriste vous devez savoir que les raisonnements juridiques ont leur limite. D'une part leur exagération porte à des excès ce qui se résume dans l'adage ,surmnum jus , summa injuria" , d'autre part les règles du sens commun lui sont supérieures. Il faut relever que les nombreux systèmes sanguinaires , oppresseurs et totalitaires n'ont jamais manqué de juristes, même de grande qualité, pour défendre leurs horreurs. Voulez-vous que notre pays se range dans ce triste cortège ? Avez-vous remarqué que même les droits de l'homme souvent évoqués en la matière dépendent de la famill? En effet le deuxième mot de la déclaration des droits de l'homme y fait référence si l'on remarque que le premier le commence ainsi : Les hommes naissent égaux. Pour avoir des droits il faut naître et pour naître il faut une famille. Il est ainsi illogique d'évoquer des droits de l'homme dégénérés en idéologie malfaisante pour justifier les propositions insoutenables du projet de loi.

Par votre serment lors de votre élection, vous vous êtes engagés à agir pour le bien de l'Etat. Vous rendrez un mauvais service à l'Etat de droit en présentant aux Chambres fédérales un projet de loi qui est en réalité une non-loi. Que la loi n'est pas seulement l'expression de la volonté arbitraire d'une assemblée quelconque était déja clair aux yeux de penseurs dont on ne peut pas dire qu'ils ont été influencés par la morale chrétienne. La question du refus du partenariat enregistré est ainsi une simple question de bon sens et de droite raison.

Voici ce qu'on écrivait déja à l'orée de l'ère chrétienne:

Et que penser de ces mesures nuisibles, funestes, qui sont votées en si grand nombre ... et qui n'ont pas plus de rapport avec le nom de loi que celles auxquelles des malfaiteurs décideraient de donner leur accord ? Car pas plus qu'on ne peut véritablement appeler "remèdes " les potions mortelles qu'ont ordonnées en guise de remède des ignorants ou des incapables , on ne saurait appeler "loi" , quelle qu'en soit laforme, une disposition pernicieuse qu'un peuple peut avoir acceptée. Il existe une distinction fondamentale des chosesjustes ou injustes basée sur la nature des choses, sur laquelle se règlent les lois des hommes qui punissent les maffiaileurs, et prennent la défense et la protection des honnêtes gens ....

Il n'y a en effet qu'un droit unique, qui astreint la société humaine et que fonde une loi unique: Loi qui est la juste raison dans ce qu'elle commande et ce qu'elle défend. Qui outrepasse cette loi est injuste, qu'elle soit écrite quelque part ou non. Mais si la justice n'est que la soumission à des lois écrites et aux institutions populaires et si ... tout se doit mesurer sur l'intérêt, tout individu qui pensera avoir avantage à le faire fera fi des lois et les violera, s'il le peut. Il en résulte qu'il n'y a absolument plus de justice si celle-ci n'est pas fondée sur la nature des choses, car la justice établie pour un certain intérêt peut être abolie par un intérêt contraire. Si le droit se fondait uniquement sur la volonté des peuples, sur les décrets des chefs ou la sentence des juges, on aurait alors le droit de voler par métier, de commettre l'adultère, de fabriquer de faux testaments, si de tels actes obtenaient l'agrément des votes ou des résolutions de la masse.

(Pour les intéressés, le texte en italique est de Cicéron dans le traité "De Legibus")

Nous ne voudrions pas que notre prise de position soi comprise comme une condamnation sans appel de personnes particulières souffrant de l' homosexualité. Nous sommes d'avis qu'il faut les aider et qu'une tolérance bien comprise doit allèger leur sort. Nous remarquons qu'une tolérance honnête doit commencer par la reconnaissance que ce que l' on veut tolérer est un mal. Un organisme tolère un poison s'il peut en supporter les toxines sans trop de dégats. On ne parle pas de tolérer quelque chose qui est bon ou même neutre. Seule cette reconnaissance peut aider à fixer les justes limites de la tolérance. Nous devons malheureusement constater que sous le nom de ''tolérance" se cache souvent un militantisme enragé. Dans ce cas on ne peut plus parler de tolérance honnête, mais de capitulation devant un mal ou un poison que l' on décore, pour se donner bonne conscience, d'un autre nom.

Il ne faut pas non plus négliger les conséquences démographiques de l'adoption d'une telle loi. Selon le mot du professeur Lejeune, Dieu pardonne toujours, l' homme parfois, la nature jamais. Qui porte atteinte aux lois de la nature, aux lois naturelles en subit inéluctablement les conséquences. Une atteinte aux lois naturelles de la reproduction humaine a comme conséquence inéluctable la disparition de la communauté concernée, quel que soit son niveau de connaissance, de civilisation, de richesse et de puissance. Les routes de l' histoire sont encombrées de ruines de ces Etats et de ces civilisations. Pour notre pays, les signaux d'alarme sont déja allumés. Selon une communication de la NZZ, donc d'un journal sérieux, parue le jour où nous signons la présente, seule l' immigration assure le maintien de la population suisse à son niveau et de plus le vieillissement de la population s'aggrave. La population suisse a donc déja pris le chemin de la descente. Vous devriez savoir qu'en démographie il y a un point de non-retour à partir duquel un rétablissement de la situation n'est plus possible. Nous approchons de ce point et nous vous demandons de ne pas aggraver la situation par des lois qui portent atteinte à l' institution fondamentale en la matière, la famille.

En conséquence, dans votre intérêt bien compris et pour remplir votre tâche d'autorité fédérale, pour que la Suisse reste un Etat de droit, vous ne pouvez accorder à ce qui est contraire au droit la même protection qu'à ce qui le fonde ; nous vous recommandons donc instamment de classer ce projet, pour lequel vos services ont dépensé, selon nous à mauvais escient, trop de moyens du contribuable en soustrayant leur temps à des activités plus utiles à l' ordre social.

Veuillez recevoir, Madame la Conseillère fédérale, Mesdames, Messieurs, nos salutations les meilleures.

Association Suisse pour le Droit à la Vie

Le Président

Ramon Granges

 

La Fraternité sacerdotale Saint Pie X trahit au plus haut niveau

"L'homme a droit à la certitude absolue, mais non à l'évidence absolue, puisque la Foi repose sur Dieu. Avec l'évidence absolue, l'homme serait privé de mérite. Si l'homme était soumis à une loi douteuse, la liberté serait violée. Notre dignité n'est garantie que par la Légitimité de la loi. ''

Antoine BLANC de SAINT-BONNET : "L'Infaillibilité", N.E.L., page 43, chap. V : "Pas de loi sans légitimité", Paris 1956.

 

L'histoire, dont l'enseignement est si négligé aujourd'hui chaque fois qu'il s'agit de défendre le christianisme et la civilisation qui en est issue, atteste qu'un lien constant et général peut être établi entre la profession de la vraie foi et la liberté des hommes, ainsi qu'avec la paix dans les sociétés. Personne ne peut contester que seule la civilisation chrétienne abolit les statuts serviles, qui survivent en terre d'Islam, et n'ont disparu en Russie schismatique qu'au XIXème siècle pour renaître aussitôt dans l'horreur dans ce même pays au XXème siècle, avec l'appui très actif de tous les athées et chrétiens attiédis d'occident... Ce lien entre la Vérité de la Foi et la liberté des hommes suppose évidemment la certitude que la Foi enseignée repose sur Dieu, "qui ne peut ni se tromper ni nous tromper". Cette certitude suppose donc à son tour l'infaillibilité de la société qui nous transmet la vérité de Dieu par la révélation. L'infaillibilité de l'Eglise est par conséquent nécessaire à l'homme comme signe authentique de l'origine divine de l'enseignement donné par elle et découlant de la révélation. L'infaillibilité de l'Église a donc partie liée avec la liberté des hommes en ce monde. Priver les hommes de l'usage, voire même de la juste prétention à sa détention par l'Église et par elle seule, de l'infaillibilité reviendrait pratiquement à mettre en péril toutes leurs libertés temporelles et à obscurcir leur conscience.

Jésus Lui-même le déclarait : "Si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché." (Ev. selon Saint Jean, chap. XV, v. 24). Ce qui s'entend de la personne du Christ doit s'entendre aussi de Son Corps mystique continué dans l'histoire, l'Église. Si l'Église n'avait pas fait une civilisation qu'aucun peuple n'a jamais faite, le monde ne saurait être accusé en se révoltant et en rejetant cette civilisation. Mais la civilisation chrétienne, par ses œuvres, convainc toutes les autres de barbarie. Leur victoire sur la civilisation chrétienne aura donc un effet direct sur le statut des hom -mes. L'esclavage renaîtra et, du reste, sans le nom, déjà il est omniprésent en Europe, déjà il l'est dans les mœurs et dans les esprits, y compris chez les libéraux, surtout chez les libéraux…

Si bien que les seuls défenseurs de la liberté des hommes dans le monde ne peuvent être que chrétiens ou sympathisants, c'est-à-dire, au fond, chrétiens de désir. La phrase de l'apôtre St Jean ne contredit pas celle de Saint Paul dans l'épitre aux Romains :

"Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables, puisqu'ayant connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu ni gloire ni actions de grâce, mais ils ont perdu le sens et leur cœur inintelligent s'est enténébré dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles, d'oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles." (I, v. 20 à 23). Ces comparaisons doivent s'entendre aussi de toute forme non imagée, dans l'Islam par exemple, de représentation divine créée par l'homme. Tout ce qui n'appartient pas à la religion naturelle et rejette formellement la révélation divine est idolâtrie.

L'Écriture atteste deux choses essentielles en ce domaine : l'extrême faiblesse de la capacité de l'homme, dans l'état de chute consécutive au péché originel, à conserver la connaissance naturelle de Dieu, dont parlait Saint Paul dans cette épître et, de l'autre, son devoir incontournable de connaître la Révélation, selon ce que rapporte l'apôtre Saint Jean des propres paroles du Christ. Là sont les deux conditions alternatives de l'homme en ce monde, dans l'esclavage de l'erreur ou dans la liberté des fils de Dieu. Il n'existe aucune autre alternative que celle-ci touchant au statut fondamental de l'homme sur terre. Voilà pourquoi la connaissance de Dieu implique aussi et toujours le rejet de ses représentations humaines non révélées, autrement dit la réprobation la plus ferme et la plus catégorique de l'œcuménisme du IIème Concile du Vatican.

Dans les débats nombreux et épars qui actuellement divisent les catholiques attachés à la Tradition, nous ne devons nous lier ni à Paul, ni à Jacques ou Jean ou Matthieu. Nous savons que le problème central dans l'Église est le problème du Pape, dès lors que depuis près de quarante ans, un enseignement doctrinal, faussement déclaré authentique, abusivement rattaché à la révélation, formellement hérétique, et des actes blasphématoires accomplis en application de cet enseignement nouveau, sont propagés et accomplis par un successeur de Pierre, dont on ne peut dire qu'il protège la Foi, mais au contraire qu'il tend à l'étouffer là où celle-ci, correctement proclamée, ferait le plus grand bien au monde : dans l'ordre public et l'activité politique et dans les rapports du monde chrétien avec les autres religions. D'une certaine manière, nous sommes en présence d'un Pontife Romain exerçant en permanence sa fonction dans l'ambiguïté en ce sens qu'en partie il défend authentiquement la vraie foi et les mœurs (dans l'ordre privé) et en partie, il combat cette même foi et les mœurs (dans l'ordre public et politique). Cette ambiguïté doit cesser, et les fidèles ont le pouvoir de l'exiger même du Pontife Romain.

Ils ont droit en particulier d'obtenir de lui la levée de toutes les ambiguïtés nées de documents du IIème Concile œcuménique du Vatican contenant manifestement des hérésies. Ils ont non seulement le droit, mais le devoir de le faire et ce devoir peut aller jusqu'à rendre public de leur part un doute sur la légitimité dudit Pontife de Rome actuellement régnant, si ce dernier se refusait, suite à ces demandes, publiquement, à y satisfaire, car un pape qui refuse de paître le troupeau que le Christ lui a confié peut être considéré comme schismatique, hypothèse dans laquelle il perdrait aussitôt le pontificat (1).

Compte tenu du lourd passé conciliaire, les fidèles ont en quelque sorte le droit de contraindre moralement et publiquement le Pape Jean-Paul II à lever ses propres ambiguités après les lui avoir hautement, publiquement et nommément désignées. Ils ont le droit de le contraindre moralement à user à cette fin de son pouvoir personnel infaillible. Ce droit de contrainte morale découle de l'exercice même des libertés chrétiennes inaliénables et en particulier de la légitime défense. Ce droit s'étend même au delà de l'Église visible. Tout être humain, même non chrétien, le possède contre un Souverain Pontife tel que l'actuel régnant à Rome, il le possède comme découlant de son propre droit naturel à la liberté religieuse correctement entendue, c'est-à-dire comme son droit à l'accès à la vraie foi de l'Église.

Au lieu de prendre la défense de ces droits humains fondamentaux, que fait la Fraternité sacerdotale Saint Pie X ? Elle négocie la foi pour une basilique à Rome ! C'est lamentable, pitoyable. Mgr Fellay devenu marchand du temple ! Qui l'aurait cru ? Mgr Fellay en a assez d'être un évêque supplétif… Il veut sauver sa peau et comme les chrétiens dégénérés dénoncés par Bernanos, transforme la question du salut en sauve-qui-peut ! Chacun pour soi, naturellement… Mais avec une basilique à Rome, ce prélat formellement schismatique, et qui le resterait… dans l'Église conciliaire, troque un édifice de pierre contre un édifice spirituel, beaucoup plus difficile à défendre dans son cas, mais non impossible. Mgr Fellay préfère flatter un pape dans ses péchés publics que l'aider, hors de l'association sacerdotale qu ' il préside, en nouant des contacts avec prélats, prêtres et laics luttant déjà dans l'ombre contre lui pour le bien de l'Église. Ce choix de la Fraternité sacerdotale St. Pie X est révélateur d'une conscience troublée profondément, résultat d'une formation théologique et morale lacunaire, peut-être étriquée, voire superficielle en certains aspects. La Fraternité sacerdotale saint-Pie X paie ses fautes de juillet 1988.

Mais l'Église, le Christ à sa tête nous l'a promis, ne dépend pas de la faiblesse des hommes. Si déjà le Christ déclarait pouvoir faire des pierres sur le sol des fils d'Abraham, pourquoi ne pourrait-il pas, aujourd'hui ou demain, faire de païens, de musulmans, de juifs, d'athées ou d'agnostiques, même fanatiques, de nouveaux bâtisseurs de cathédrales ? Dieu dispose de réserves que nous ne connaissons pas. Laissons les hommes de ce monde s'enliser, y compris les hommes d'Église, dans leur politique à courte vue. Elle imite si bien celle des Juifs contemporains du Christ…

Un vrai fidèle n'a de goût que pour une seule politique : celle tirée des propres paroles de l'Écriture Sainte.

 

Michel de PREUX, av.

Sierre, le 27 février 2002

 

1) Cajetan écrivait (II-Il, 39, 1, ad vi) que "L'Eglise est dans le pape quand il se comporte comme pape, c'est-à-dire comme tête de l'Église ; mais dans le cas où il refuserait d'agir comme tête de l'Eglise, l'Église ne serait pas en lui, ni lui dans l'Église." Il s'agirait d'un pape schismatique, perdant de ce fait aussitôt le pontificat. La plus constante doctrine défend ce principe : Torquemada : Summa de Eccl., livre II, chap. 102, p. 229 ; Tanner, De spe et caritate, qu. 6, dub. 2 ; cardinal Billot Tract. de Eccl. Christi, tome 1, page 606 ; Wernz-Vidal, Ius can., tome II, page 435 ; Père Congar, art. Schisme, col. 1306 ; abbé Charles Journet (devenu cardinal) : L'Eglise du Verbe incarné, vol. II, Pages 839/840 ; abbé H. Küng : "Structures…. 11, pages ') 06 & ss et Mondello : La dottrina…. p. 182/4 & 189.

Rappelons ici que celui qui s'obstine dans le schisme ne se différencie pratiquement pas de l'hérétique, car le schisme ne manque jamais d'élaborer quelque hérésie pour justifier sa séparation d'avec l'Église, et c'est bien ce que fait la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X en prétendant continuer l'Église sans l'autorité effective du pape par un épiscopat ne disposant d'aucun mandat venu de lui, et de lui seul ! Le schisme, nous le constatons, prédispose à l'hérésie et est justement suspect d'hérésie. Les évêques des schismatiques orientaux, soi-disant ''orthodoxes", refusent et rejettent ouvertement tous les dogmes proclamés par l'Église de Rome depuis leur séparation d'avec elle. Ces Eglises sont donc incontestablement hérétiques.

Ce texte est communiqué à :

-Congrégation romaine pour la Doctrine de la foi et Commission pontificale "Ecclesia Dei adflicta", Palais du Saint-Office 00120 Cité du Vatican;

-Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, villa Martelli, 52 via di Griciglia -no I - 50069 SIECI (FI);

-Evêché de Sion, palais épiscopal 12 rue de la Tour CH 1950 Sion;

-Toutes les paroisses de Sierre et l'aumônerie de l'hôpital de S. & Loèche;

-Rvd Père François HUOT, O.S.B., monastère de Géronde, chemin des Bernardines CH 3960 Sierre (VS);

-Communauté des Béatitudes, Maison Saint-Joseph CH 3973 Venthône (VS);

-Cures de Venthône et cure de Noës (VS);

-Institut de la Maison Royale de France, 102 bis rue de Mirosmesnil F - 75008 Paris;

-Centre civique européen, case postale 335 CH 1001 Lausanne;

-Fraternité St.-Pie X, Prieuré du Sacré-Coeur, 25 route des Lacs CH 3960 Sierre;

-Revues "le sel de la terre" (Avrillé), "Catholica" (Paris), "Lectures françaises" (Chiré-en-Montreuil);

-Divers particuliers.