Note éditoriale
Cette livraison comprend deux numéros : 253 (mars
2000) et 254 (avril 2000) en quarante pages. Ce faisant, nous économisons
sur les tarifs postaux, très durs pour nos pauvres
finances. Et plusieurs personnes, dont vous êtes certainement,
se rendent compte de la fermeté de la ligne que nous suivons.
Merci à toutes celles qui ont déjà réglé leur abonnement,
et particulièrement aux témoins d'une générosité bien
indispensable.
La situation en Europe et ailleurs devient de plus en
plus tragique, ce qui nous oblige à déployer une énergie de plus
en plus marquée.
Nos moyens sont misérables. Les frais de loyer, les
frais postaux et matériels, l'impression de la revue, nous étranglent.
Notre bibliothèque, si utile étant donné nos buts, végète.
Une personne à temps partiel devrait la gérer, par sa présence,
par l'enregistrement des livres nouveaux et par la mise en route
d'un service de prêt.
Par chance, une bonne centaine de lecteurs témoignent
de leur fidélité : qu'ils soient remerciés. Mais de grâce, que leur
nombre augmente ! Que les personnes dispensées de verser
l'abonnement nous fassent de temps à autre un signe d'amitié :
quelle joie si sa substance pouvait correspondre à nos besoins.
Vous avez vu ce qui se passe dans les écoles en France
et qui se profile déjà en Suisse: le règne de l'insécurité, de la violence.
Pour réagir valablement, il faut que des esprits fermes se
manifestent et se concertent. Ou bien allez-vous bêler en tendant
votre gorge au couteau déjà dégainé ? Allez-vous laisser
agir certains misérables sans intervenir vous-mêmes à voix
haute, sans crainte?
ÃPuissent ces lignes susciter des réponses vigoureuses,
et amener le genre d'action que nous avons toujours préconisée,
décrite en particulier par notre guide pour l'action : Le manuel de
la cellule trinitaire, dont voici un extrait (p. 56-57):
7. La cellule école de volonté
A chaque instant la vie nous presse d'agir, de poser des actes.
Rien de plus facile que de se laisser emporter par le courant qui passe,
d'obéir aux sollicitations momentanées. C'est irréversible déclare-ton;
la décadence s'accélère-t-elle? Soyez sans crainte nous dit-on: de
soi le mouvement de pendule rétablira l'équilibre; car les lois immanentes
ramènent sans autre les hommes à de justes actions: le bateau
coule-t-il? Les trous dans la coque se boucheront d'eux-mêmes, et
l'eau s'en ira d'elle-même. Prophètes de malheur, taisez-vous.
Certes la Providence veille, et rien n'arrive sans la permission
divine. Nos ennemis sont des galériens qui rament avec ardeur
pour nous conduire au port de l'éternité bienheureuse. Cependant, la
simple conservation de notre identité exige de nous des actes souvent
distincts de ceux que voudraient nous imposer les circonstances. Bien
plus, l'histoire est faite par des hommes, par un Christophe Colomb,
un saint Nicolas de Flüe et beaucoup d'autres. Vivre consiste à créer
l'histoire dans son rayon, si petit soit-il , à poser des actes volontaires
réglés par la loi divine et naturelle grâce à notre mémoire étoffée, à
notre intelligence exercée, selon nos dons, selon les talents que nous
avons reçus, fidèlement jour après jour. Se tenir aux aguets dans le
moment, armé de pensées exercées, habitué à produire des actes réfléchis,
tel est l'homme qui ne se laisse pas emporter par n'importe quel
vent d'opinion.
La cellule facilite l'exercice d'une telle volonté. Elle ne se
contentera pas de «ronronner saint Thomas»: il serait tellement tentant
de s'isoler dans la contemplation des textes. Mais au fait, il y en
a tant qui «ronronnent Marx, Freud ou Sartre», bien que la société se
détruise en partie au moins sous leur influence. Si l'on essayait d'agir
en mettant en pratique la loi naturelle et divine?
Grâce à la cellule, rien de plus facile: cerner les valeurs positives
que détient l'ordre actuel et les porter à un haut degré
d'incandescence, ce qui «renouvellera la face de la terre» sous la
motion de Celui qui est la Volonté même. Au besoin, on énoncera avec
force les principes du droit naturel et chrétien, on témoignera de la
vérité devant ceux qui l'ignorent ou la violent sciemment, afin que
germe une société qui favorise l'ascension spirituelle.
La cellule, par sa constitution même, est l'instrument d'un
tel exercice de volonté, si elle se règle sur les vertus de prudence, de
force et de piété. Les instants de prière éclaireront les décisions prises,
et les soumettront à Celui qui règle l'ordre des sociétés.
Jean de Siebenthal
Le règne de Pilate
Ce procurateur romain du Ier siècle est décrit dans le
nouveau Testament et apparaît spécialement dans l'Evangile de
St-Jean. Les chefs juifs ayant décidé la mort de Jésus, mais
n'ayant pas le pouvoir d'exécution poussent Jésus devant Pilate,
sommé de le faire crucifier.
Pilate, très ennuyé, sachant pertinemment que Jésus
est innocent, tergiverse, relance la balle à Hérode, sans succès,
devenant même l'ami de ce débauché. Triste amitié, fondée sur
un meurtre.
Il pense même calmer la foule en le faisant simplement
"châtier", sans raison ! Il entame avec le Seigneur un dialogue
étonnant, révélateur de sa faiblesse. Devant ce Témoin gigantesque
de la Vérité, il demande ;"Qu'est-ce que la vérité ? Et le
vacarme le fait céder. Il condamne à mort un innocent, malgré
les conseils de sa femme Claudia Procula, certainement non
inféodée à quelque parti "démocrate".
Les imitateurs de Pilate ne manquent pas aujourd'hui :
en particulier tous ceux qui se figurent que la vérité dépend
d'un vote. Par exemple, en 1985, le peuple suisse et les cantons
ont décidé par un vote que l'embryon n'est pas un homme, et
qu'on peut légalement mettre à mort un innocent, en faisant crépiter
nombre de crématoires.
Habilement soudoyé, le peuple juif vote par acclamations
hurlantes : Crucifie ! Pour éviter croit-il des ennuis avec
Rome, Pilate cède (Joh. 19, 16). Il s'en lave littéralement les
mains (Matth. 27, 24). On devrait faire apporter sans délai une
écuelle à tous ceux des membres de l'assemblée fédérale qui
souscrivent avec ou sans délais à l'avortement, c'est à dire qui
condamnent à mort des innocents, à leur manière. Et l'on pré-
tend que la peine de mort a été abolie...Tout cela au nom des
droits de l'homme.
Lorsque le Christ dit aux accusateurs de la femme
adultère (Joh. 8, 6): "Que celui d'entre vous qui est sans péché
lui lance le premier une pierre", tous s'éclipsent, sachant très
bien que tous ont fauté, les plus âgés comme les plus jeunes. De
même aujourd'hui, on n'ose pas s'en prendre à l'avortement, car
en fait, rares sont les familles en Suisse où quelque complicité à
ce propos ne s'est pas manifestée. La "libre Helvétie" ne seraitelle
pas sans rapport avec ce que l'on prétend découvrir ou
déterrer ailleurs, plus au sud?
La luxure implique un climat abortif, chose connue.
Certains "grands journaux", avec leurs annonces "coquines", y
contribuent, s'avérant ainsi enclins à un certain proxénétisme.
Et les publicistes tendent à faire de l'érotisme un moteur, pour
vendre n'importe quoi. Ce Jésus qui affirme : "Heureux les
coeurs purs", n'a rien compris au monde moderne... Les Pilate
de nos conseils doivent avant tout se préoccuper de leur réélection,
n'est-ce pas ?
Le sort final de nos hommes politiques est décrit par
celui de Pilate en personne. L'histoire1 nous apprend qu'il a été
révoqué par le légat de Syrie, et, convoqué à Rome, il aurait dû
se suicider. Les eaux du Tibre, où il aurait été jeté, se seraient
révulsées, d'où, le corps transporté en Gaule, les eaux du Rhône
auraient également réagi. Finalement, ce sont les eaux du lac
Léman qui l'auraient recueilli, près de Lausanne.
Pour les Coptes, la fermeté finale de Pilate, considérant
la royauté effective de Jésus : "Ce qui est écrit est écrit"(Joh. 19,
22) les a peut-être incités à le considérer comme un saint, tout
comme Claudia Procula.
Pour l'heure, nos conseillers avorteurs à Berne, comme
Pilate, sont complices de l'exécution de nombreux innocents. Ils
ont le choix : le suicide politique, ou la fermeté ultime : prendre
le parti de l'innocent, nonobstant l'insistance des personnes qui
les épient dans les parages des assemblées.
1. ARTHUR S. BARNES Transcribed by Lawrence Progel The Catholic
Encyclopedia, Volume XII Copyright © 1911 by Robert Appleton
Company On line Edition Copyright © 1999 by Kevin Knight
Nihil Obstat, June 1, 1911. Remy Lafort, S.T.D., Censor Imprimatur.
+John Cardinal Farley, Archbishop of New York
Jean de Siebenthal
Avortement : évolution du droit suisse
A PROPOS DE L'ÉVOLUTION DU DROIT SUISSE EN
MATIERE D'AVORTEMENT
ou comment on a pu aller si loin
par Hermann Imboden,
ancien greffier au Tribunal fédéral.
Les dispositions pénales suisses sur l'avortement (art.
118-121 du Code pénal suisse) sont en vigueur depuis 1942.
On les critique depuis longtemps du fait qu'elles ne
sont presque ou plus du tout appliquées par les tribunaux; il
serait donc illusoire, voire hypocrite de s'y tenir encore. Dans les
années 70, plusieurs tentatives de révision échouèrent, ce qui
par ailleurs ne fit pas taire les voix critiques. Nouvel essai en
1993 avec l'initiative parlementaire Haering Binder.
Les critiques émises sur les dispositions en vigueur ne
sont pas entièrement sans fondement. Elles méconnaissent les
véritables causes, comme il reste encore à le démontrer, d'une
évolution peu satisfaisante. En effet, il est surprenant qu'aucun
des camps ne s'exprimant sur ce sujet ne se préoccupe sérieusement
de jeter un regard rétrospectif sur ces causes. Les
nombreux travaux préparatoires du Conseil National sur ces
dispositions, adoptées en octobre 1998, les passent sous silence.
Même les arguments des minorités qui se sont opposées à une
libéralisation de l'avortement au sens de l'initiative, n'apportent
pas de réponse à la question de savoir comment a-t-on pu aller
si loin ? Ce qui frappe au contraire, c'est cette ingénuité, dès les
travaux préparatoires, à minimaliser, voire ignorer certains faits
et par là, à donner de nouvelles impulsions aux abus comme
aux abandons de droit. Le débat au Conseil des Etats est encore
à venir, mais voyons plutôt les choses les unes après les autres.
1.- Selon le principe de la séparation des pouvoirs,
l'application des lois en cas de conflits est du ressort des tribunaux.
Cela vaut aussi pour juger les actes criminels ; il n'y a
d'ailleurs que peu d'exceptions qui ne nous intéressent pas ici.
On pourrait donc aisément tirer la conclusion que l'évolution
douteuse du droit en matière d'avortement incombe aux tribunaux
et donc en dernière instance au Tribunal fédéral. Il n'en est
rien. C'est bien au contraire le législateur qui porte la principale
responsabilité de cette évolution. Ceci, en ce sens qu'il a soustrait
au pouvoir des tribunaux l'interprétation et l'application
des critères pré déterminants, soit les indications dites médicales,
pour les laisser au libre pouvoir d'appréciation des
gynécologues.
Selon ces critères en vigueur, l'avortement n'est pas
punissable, lorsque la grossesse est interrompue en vue d'écarter
un danger impossible à détourner autrement et menaçant la
vie de la mère ou menaçant sérieusement sa santé d'une atteinte
grave et permanente (art. 120 ch. 1, al. 1 . CP). Pour déterminer
si ces conditions claires, mais évoquées succinctement, sont réalisées,
l'avis d'un second médecin en tant qu'expert est
nécessaire (art. 120 ch. 1, al.2 CP). La décision de ce dernier n'est
cependant soumise à aucune autorité de surveillance et
échappe au contrôle de toute instance juridique. Les autorités
cantonales peuvent tout au plus obliger ce deuxième médecin à
adresser au Médecin cantonal ou à un autre organisme de la
santé publique, copie de son rapport, mais aucune vérification
de quelque autorité que se soit n'est prévue (J. Rehberg,Handbuch
des Arztrechts, Zurich 1994, p. 337).
Ce faisant, le législateur a érigé ce second médecin en
juge de dernière instance, sur le point juridique élémentaire,
c'est-à-dire quand un avortement est légal et par conséquent
non punissable. Il doit s'agir d'un exemple unique dans notre
législation où une question de droit pénal fédéral d'une extrême
importance est laissée au libre pouvoir d'interprétation et
d'application d'un particulier. Il se peut que par son imprécision
sur les indications médicales, le législateur ait voulu exprimer la
confiance qu'il avait dans le sens des responsabilités et dans la
conscience professionnelle de tous les médecins susceptibles
d'agir en qualité d'experts au sens de l'art. 120 ch. 1, al. 2 CP.
Cette confiance totale s'avéra pour le moins illusoire. Certes, les
médecins responsables sont nombreux, voire très certainement
majoritaires et prennent les critères légaux au sérieux et s'y tiennent.
La plupart d'entre eux devraient donc, en suivant leur
conscience, refuser les avortements douteux, ce qui laisse supposer
que les cas avec de réelles indications médicales sont
plutôt rares.
Déjà dans les années 40, des médecins se singularisèrent
en substituant aux indications légales des critères
purement sociaux, voire égoïstes. En raison de l'absence de contrôle
ou de surveillance, ces médecins n'avaient rien à craindre
lorsqu'ils malmenaient la loi qui les investissait experts ou qu'ils
passaient outre les critères légaux. C'est ainsi que les avortements
légaux ont augmenté et n'étaient plus illégaux que ceux
où le rapport d'expertise manquait. Les tribunaux cantonaux ne
s'occupaient que de ces derniers cas et ne débattaient jamais du
fondement des indications légales. Il en était devenu de même
pour le Tribunal fédéral qui déjà, dans les années 40 et 50, ne
traitait plus que des questions secondaires (par ex. : tentative,
complicité et prescription), même si comme le reflètent les décisions
publiées, ce fut toujours avec grand soin et attention. Il
aurait aussi pu avec ce soin et cette attention fixer définitivement
les limites valables à l'interprétation de la question
principale, mais cette possibilité lui avait de fait été retirée.
La pratique douteuse de médecins irresponsables avait
alors déjà déteint sur les jugements cantonaux. Un exemple: à la
fin des années 50, on arrêta à Zurich, un médecin qui avait pratiqué
des douzaines d'avortements sans avoir pris l'avis d'un
expert. Bien qu'au sens de l'art. 118 CP, ces femmes enceintes
étaient également punissables, le tribunal se contenta de les
citer comme témoins et seul le médecin fut condamné.
2.- Au lieu d'examiner et de corriger la législation en
vigueur, le législateur est allé encore plus loin en suivant une
tendance générale européenne et l'esprit du temps. Selon le projet
de révision, l'interruption de grossesse n'est pas punissable
dans les quatorze semaines suivant la date des dernières règles
(solution des délais) et la décision d'avortement est du seul ressort
de la personne enceinte. Dès la quinzième semaine
d'aménorrhées, les indications médicales actuelles sont applicables
par analogie, bien que de nombreux médecins n'en aient
pas tenu compte pendant des décennies. Enfin, l'avis seul du
médecin traitant est suffisant, celui de l'expert n'étant plus
exigé. Aux indications médicales actuelles, le législateur a toutefois
ajouté un critère supplémentaire : celui de la détresse
psychologique de la personne enceinte, danger qui devra être
d'autant plus grave que la grossesse est avancée (art. 119 du
projet de révision). Au sens de cet article, une interruption de
grossesse serait dès lors possible pratiquement jusqu'à la naissance
de l'enfant et serait dès lors un acte d'euthanasie.
a) Selon le rapport de la commission des affaires juridiques
du Conseil national du 19 mars 1998, «le nombre des
interruptions de grossesse légales entre 1966 et 1992 a baissé de
16'978 à 11'813». On ne peut accorder foi à ces chiffres, ni par les
faits, ni par les nombres. Des avortements illégaux ne deviennent
pas légaux simplement du fait qu'un second médecin l'ait
voulu ainsi, en se basant sur des raisons sans fondement. Est
tout aussi peu crédible, l'assertion selon laquelle les interruptions
illégales estimées encore à 45'000 cas en 1966, aient
pratiquement disparu (p. 5 du rapport). La commission méconnaît
qu'on ait laissé agir sans contrôle et sans répression,
pendant des décennies, des médecins avorteurs irresponsables.
On peut dès lors déduire que non seulement ces médecins ont
sans hésitations fait fi des indications légales, mais qu'en outre,
ils ont de plus en plus osé se dégager de leur devoir d'annonce,
mentionné à l'article 121 CP, disposition qui par ailleurs, est
abrogée dans le projet de révision. Ceci est d'autant plus fondé
que l'avortement dans un cabinet médical est depuis longtemps
facilité, notamment par aspiration de l'embryon. La pilule abortive
est une autre invention bienvenue, car on sait qu'il existe
des médecins peu scrupuleux qui dès la première visite de leur
patiente, se proposent de les faire avorter. Des exemples peuvent
également illustrer ces propos.
Parmi les 45'000 cas susmentionnés, un seul a abouti au
Tribunal fédéral et ceci non pas en raison d'un avortement qui
tourna mal, mais en raison de lésions corporelles graves. On ne
pourrait trouver plus grotesque inadéquation entre le maniement
frivole du droit par les médecins et l'application du droit
par le Tribunal fédéral. Depuis la fin des années 80, plus aucun
cas ne fut transmis à un juge pénal.
Il est illusoire de supposer, comme le fait la commission,
que les avortements jugés (p. 3 du rapport) illégaux «ont
pratiquement disparu». Pour être un peu moins loin de la réalité,
nous pouvons suivre le Prof. Jean de Siebenthal, une
personnalité de renom international qui, dans son mensuel
«Finalités» paraissant en Suisse romande, cherche des réponses
convaincantes aux questions politiques, sociales et culturelles
de l'actualité. Il évalue encore à environ 50'000 le nombre
annuel d'avortements en Suisse (Finalités, juin 1991, p. 21-22).
Pour appuyer la crédibilité de cette évaluation, on relèvera que
les assurances maladies obligatoires dépensent par année environ
100 millions de francs pour les avortements et le double
pour le traitement des troubles psychiques qui s'en suivent. Ce
qui équivaut à un coût de Fr. 2'000.-- par avortement, auquel il
convient d'ajouter un montant plusieurs fois supérieur pour les
soins psychologiques, sans compter les femmes peu scrupuleuses
qui avortent et qui par conséquent n'ont pas besoin d'un tel
suivi psychologique. Les travaux préparatoires sont obstinément
muets à ce propos, ce qui partant ne parle pas en faveur
de leurs chiffres, mais bien au contraire en leur défaveur.
Ces chiffres plaident aussi en faveur de l'indice, selon
lequel les médecins sont responsables de l'augmentation du
nombre d'avortements, en ce sens que l'on trouve de plus en
plus de médecins pratiquant des interruptions de grossesse, ce
en dehors des grandes villes, ainsi que dans des cantons à majorité
catholique. Finalement, il sied encore de relever que le coût
élevé des avortements, légaux ou non, touche non seulement les
caisses maladies, mais qu'il se répercute également sur les cotisants,
qui en raison de leurs convictions profondes s'opposent
au principe de l'avortement.
Il y a d'autant plus de raisons de s'indigner que l'on
peut être certain que les femmes qui avortent sans scrupules, ne
se gênent pas pour faire endosser les coûts aux assurances, lesquelles
ne peuvent, selon le droit actuel, réclamer un justificatif,
afin de savoir si une contre-indication médicale existe réellement.
Si ces personnes devaient effectivement supporter ellesmêmes
les frais, elles ne se feraient certainement pas avorter
plusieurs fois.
b) La solution des délais est arbitraire, mais la critiquer
pour cette seule raison, ne suffit pas.
Ce terme n'en dit pas très long et manque de clarté. Par
contre, une critique du point de vue de la responsabilité est plus
convaincante.
La responsabilité est le corollaire de la conscience; elle
est liée aux réflexes d'hésitation et de gêne. Elle trouve ses limites
dans l'éthique qui coïncident avec celles de la liberté
individuelle. La nouvelle réglementation, au contraire, a pour
conséquence de dénier tout droit de protection de l'enfant à naître.
Elle fraie avec l'irresponsabilité en prônant la liberté de
décision et de conscience de la personne enceinte. On peut toujours
invoquer la pesée des intérêts en présence ou de biens
juridiques opposés (rapport de la Commission, pages 8, 11, 12
et 14), mais cela ne change rien au fait qu'en octroyant un pouvoir
de décision illimité à la personne enceinte, on dénie tout
droit de protection à l'enfant en gestation. De ce point de vue, la
nouvelle réglementation est arbitraire et peu importe si le
reproche doit en être fait à la personne enceinte, au médecin
traitant ou au législateur ; car ils sont tous impliqués.
Il est vrai qu'il n'existe pas de responsabilité véritable
sans liberté et pas de liberté véritable sans responsabilité. L'une
est le revers de l'autre. La nouvelle constitution fédérale regorge
de libertés individuelles. Dans toute société humaine, les droits
ont des limites. On doit en user avec responsabilité; l'abus manifeste
d'un droit n'étant pas protégé. L'article 2 du Code civil le
prévoit expressément depuis presque cent ans, mais aucune
disposition de la nouvelle constitution ne rappelle ce principe
juridique élémentaire. Il serait souhaitable que la Justice, principalement
le Tribunal fédéral, intervienne de façon à combler les
lacunes de la loi et que les juges se substituent au législateur, en
fixant des limites aux revendications de libertés démesurées.
c) Comme beaucoup de droits individuels de la nouvelle
constitution fédérale, la solution des délais et sa
justification sont une expression de l'esprit du temps. C'est le
règne de l'autodétermination et de l'épanouissement égocentrique.
Dès lors, beaucoup de personnes enceintes préfèrent
interrompre une grossesse non désirée, plutôt que de garder
leur enfant jusqu'à terme et de le faire adopter. La nouvelle
réglementation tend à faire de la décision d'avorter une démarche
facile allant de soi. Les avortements fondés sur de mauvais
prétextes ou tendant à acquérir un renom ne sont plus une
rareté. A l'appui de ce propos, l'expérience d'une sage-femme
suisse exerçant en Angleterre qui raconte que même après la
dépénalisation de l'avortement dans ce pays en 1968, il y avait
beaucoup de jeunes femmes entre 18 et 25 qui tombaient enceintes,
puis interrompaient leur grossesse, ce afin de s'afficher en
pionnières. La télévision suisse a également connu son défilé de
femmes aux avortements multiples qui cherchaient ainsi une
célébrité de combattantes de la libéralisation. Enfin, aux Etats-
Unis, des femmes célibataires, ainsi que des couples mariés ont
conçu une grossesse dans le dessein de profiter du commerce
florissant de l'embryon et de l'accouchement prématuré. Ces
exemples effroyables illustrent jusqu'où l'excès de libertés peut
nous mener. Ce n'est donc pas en vain qu'un tel commerce doit
également être interdit en suisse.
Une autre caractéristique de l'esprit du temps est la
banalisation de l'avortement. Dans les médias par exemple, on
a pu voir dans une émission de la télévision allemande de
l'année dernière, un médecin traiter un embryon aspiré comme
un quelconque bout de tissu. Les partis politiques, surtout ceux
de gauche, poussent à la roue et rien d'étonnant à cela. Même le
PDC n'hésite plus à prôner les libéralisations excessives. Il serait
donc temps, afin de ne pas être accusé de tromperie, que le parti
abandonne la lettre C de son sigle.
La solution des délais est tout bonnement la légalisation
d'une banalisation devenue courante et un pas de plus vers
la régression du droit. Si le Conseil des Etats et éventuellement
par la suite le peuple, acceptent ces dispositions, la faute en
reviendrait encore au législateur, qui pendant des décennies, a
favorisé et toléré le comportement irresponsable de beaucoup
de médecins. L'expérience enseigne qu'il est plus facile de prévenir
que de guérir et qu'une fois les abus commis, il est bien
difficile de les combattre et de faire marche arrière. C'est une
illusion de vouloir abaisser la cote d'alerte en cas de montée des
eaux.
Willy Brandt qui appartenait à un parti semblable à
celui de Mme Haering Binder, était en 1973, opposé à l'introduction
de la solution des délais en Allemagne, car il n'aurait jamais
vu le jour, si une telle disposition avait existé du temps de ses
parents. Combien de partisans de la solution des délais ne pourraient
pas en dire autant ? Ludwig van Beethoven n'aurait pas
eu cette chance non plus : il était également un enfant non
désiré.
Ces réflexions peuvent être accueillies avec indifférence
dans de larges milieux et tomber dans l'oreille de bien des
sourds. La page 3 du rapport de la Commission montre que
beaucoup de politiciens approuvent la solution des délais et
sont tranquillisés de se trouver en bonne compagnie dans la
plus grande partie de l'Europe. Cela ne doit toutefois pas nous
retenir de dénoncer les contre-vérités et de relever tout ce qui
est obstinément passé sous silence.
Pour conclure, il ne faut pas oublier que le pouvoir ne
guérit pas le manque d'intelligence. Il empêche bien au contraire
toute amélioration et gâche tout. La tentative insensée
d'une autorité de santé de faire passer la pilule abortive RU 486
comme médicament et ce qui est nécessairement sous-entendu,
d'assimiler une grossesse non désirée à une maladie, n'est qu'un
exemple de la facilité avec laquelle on tombe dans les
absurdités.
Prilly, le 10 janvier 2000
Hermann Imboden
Non ! le Valais n'est plus ce qu'il était
Ce lundi soir 21 février, la grande salle Bonne de Bourbon
(CERM - Martigny) avait peine à contenir les centaines de
citoyennes et de citoyens curieux de vivre en direct l'examen
d'entrée en Valais de la Conseillère fédérale Ruth Metzler, invitée
par le Club de la Presse BCVs/Rhône FM.
Comme le précisait le papillon d'appel, la soirée a été
divisée en deux parties distinctes : dans un premier temps,
Madame la Cheffe du Département fédéral de Justice et Police
répondit aux questions que lui posèrent les journalistes installés
à la table de scène. Puis, une petite heure fut ensuite consacrée
aux questions de la salle.
D'emblée, la couleur était donnée: foin de quotas (masculins
!), la séance était délibérément placée sous le signe de la
femme : outre l' invitée de la soirée, le meneur de jeu: Geneviève
Zuber, et deux journalistes sur trois appartenaient au sexe
féminin.
Le Nouvelliste du mardi 22 février ayant rendu compte
du déroulement de la première partie de la soirée, je ne m'étendrai
pas sur les questions posées à la Conseillère fédérale. Que
je précise simplement que Mme Metzler répondit avec clarté et
concision aux questions posées, faisant preuve d'une maîtrise
certaine d'elle-même et des dossiers en cause.
A la seule question vraiment cruciale, portant sur sa
conception en matière d'avortement, elle ne cilla pas: en parfait
accord avec son parti, elle déclara de la façon la plus naturelle
du monde qu'elle approuvait la solution dite de pré consultation
(soit une variante de la solution des délais, assortie d'une
pré consultation).
Ce qui signifie en clair qu'elle se rattachait objectivement
à la culture de mort dénoncée avec tant d'insistance par le
Pape Jean-Paul II.
Il ne s'agit pas là d'un jugement de valeur, ou d'une
appréciation. La cause est trop grave pour se prêter à un double
langage : il s'agit là d'une simple constatation. Il n'est qu'à
observer les faits pour s'en convaincre, car, dans ce domaine
plus qu'en aucun autre, la réponse ne peut venir que des faits
eux-mêmes, à un moment où la quasi-totalité des médias de
masse et des partis politiques ont rejeté tout respect de la vie
naissante.
Oh! comme nous manque aujourd'hui la voix sereine
du professeur Jérôme Lejeune, ce savant universellement connu
pour sa découverte de la cause de la trisomie 21, responsable du
mongolisme, affirmant avec la force et l'assurance de la science
la plus récente et la plus sûre, que l'apparition de la vie dans son
intégralité coïncide avec la fécondation de l'ovule par le
spermatozoïde.
Fort de mon expérience de la chose publique, j'avais
heureusement pris la précaution de préparer un texte propre à
me permettre d'intervenir de façon claire et concise lors de la
discussion annoncée.
Bien m'en a pris.
Car, le moment venu, je réclamai la parole, et un micro
me permit de commencer la lecture de mon texte.
La conscience que j'avais que mes propos ne s'inscrivaient
pas dans la ligne du politiquement correct, ou de la
pensée unique - matérialiste et athée, faut-il le préciser -,
m'interdisait de penser que je susciterai la sympathie unanime
du public.
Mais la réalité fut infiniment plus pénible et plus
regrettable.
Je me rendis immédiatement compte que la salle était
lourde d'hostilité et d'agressivité. Un brouhaha allait s'amplifiant.
Des quolibets fusaient. Au lieu de tenter de rétablir
l'ordre, les organisateurs ajoutaient au désordre en coupant le
son du micro et en m'appelant à une brièveté dont je les avais
déjà assurés.
La fermeté de mes réactions - exprimées d'une voix
forte - et le rappel du respect sacré dû au citoyen en démocratie,
me permirent néanmoins d'achever tant bien que mal ma
lecture.
Avec le sentiment du devoir accompli.
Difficilement accompli, mais accompli.
Malheureusement, la preuve était faite que ce pays
valaisan, autrefois si solidement fondé sur les valeurs immuables
de la foi, conjuguées à l'expression la plus sûre du bon sens
paysan, n'était plus ce qu'il était.
Tout se passe comme si le terrible conditionnement
médiatique au matérialisme athée avait fini par avoir raison de
sa solidité et de sa sérénité.
Néanmoins, certains de la véracité et de la solidité de
nos conceptions, nous ne céderons pas un pouce. Nous souffrons,
mais nous tenons.
Je ne voudrais pas terminer cette douloureuse mise au
point sans avoir remercié très vivement les responsables de
Finalités - et notamment son rédacteur en chef, M. de Siebenthal
- de m'avoir ouvert leurs pages, car il fallait faire connaître au
pays les circonstances de cette si regrettable dérive manifestée à
l'occasion de la visite de Madame Metzler. Sans leur aide, il ne
m'aurait pas été possible de briser l'étau de désinformation qui
s'oppose à l'expression des vérités qui dénoncent les perversions
du politiquement correct actuel.
Pour permettre aux lecteurs de Finalités de se faire une
idée objective des événements relatés, je crois indispensable de
mettre sous leurs yeux le texte qui m'a valu l'hostilité d'une
salle sous influence:
Venthône, le 21 février 2000.
Madame la Conseillère fédérale,
Mesdames et Messieurs les organisateurs,
Mesdames, Messieurs,
Dans l'esprit des gens, un débat comme celui de ce soir
consiste en un échange de points de vues sur des sujets donnés,
ce qui exclut tout recours à la forme écrite, puisque l'intervenant
n'est pas censé connaître la nature des propos tenus par les
autres.
Si je brise délibérément cette règle, ou cette conception,
c'est en parfaite connaissance de cause et pour deux raisons
bien précises:
- la première est que la médiatisation extrême des thèmes
proposés ce soir est telle qu'il n'est pas difficile d'imaginer
les grandes structures des différents points de vues en jeu,
d'autant qu'ils émaneront d'adhérents à des partis politiques
dont on connaît les idéologies;
- et la seconde est que la lecture d'un texte préparé me
permet d'être concis, tout en étant clair.
Je puis dès lors vous affirmer que, selon le rythme, je ne
dépasserai pas deux ou trois minutes, à partir de cet instant.
Observation générale:
I. Je précise que, bien que membre du Comité de Oui à
la Vie Valais - dont on connaît les grands principes -, je ne
m'exprime pas en son nom, mais en mon nom personnel.
II. Ayant été moi-même, autrefois, mandataire public *,
j'ai le plus profond respect des procédures démocratiques, et,
partant, de l'éminente fonction de Madame Metzler. Et, précisément
pour cela, tout en la félicitant vivement d'avoir accepté la
mission qu'elle accomplit ce soir, je l'assure que l'ensemble de
mes propos viseront l'exercice de cette fonction, à l'exclusion de
sa personne.
III. J'en viens maintenant à trois des thèmes principaux
de cette rencontre, qui ont été évoqués par la presse :
- l'avortement;
- l'euthanasie;
- la fécondation in vitro
pour exprimer à leur sujet un point de vue dont je sais,
pour l'avoir testé à plusieurs reprises, qu'il est partagé par
d'autres citoyens de ce Vieux-Pays encore imprégné de bon
sens et de foi :
A. Les thèmes énoncés n'en font en réalité qu'un,
puisqu'ils se réfèrent tous à un principe de civilisation fondamental:
le respect de la vie humaine.
B. Le droit naturel est d'une absolue clarté sur ce point:
la vie humaine doit être totalement respectée et protégée dès
son apparition - scientifiquement établie au moment de la
fécondation de l'ovule par le spermatozoïde - et jusqu'à son
terme naturel, qui est la mort.
C. Cette conception devrait naturellement dicter tous
les comportements et imprégner toutes les lois.
D. Cependant, les gravissimes dérives des grandes
valeurs de civilisation qui affectent depuis quelques décennies
la société occidentale, entraînent l'abandon progressif de cette
conception.
E. Il n'en reste pas moins que l'ensemble des organes
de la démocratie - à savoir notamment: les autorités élues à tous
les niveaux, et les responsables des partis politiques qui structurent
la vie de la cité - demeurent totalement soumis à
l'exigence de respect absolu de cette valeur première.
F. Il y a lieu de rappeler que ces formulations ne découlent
pas de la conception de tel ou tel individu, mais
directement du droit naturel qui est l'un des fondements irréversibles
de la vie en société.
G. Il s'ensuit que les contre-arguments de quelque
nature que ce soit, et notamment, en démocratie, ceux qui reposent
sur les exigences électrolysâtes, sont sans aucune
pertinence.
H. Les nombreux hommes et femmes de bonne volonté
qui constituent encore des fractions notables des populations de
ce Vieux-Pays - et, par-delà, de la Suisse entière - ont parfaitement
conscience que, pour incontestable qu'elle soit, cette
photographie de la réalité est vivement contestée et controversée
par la civilisation matérialiste contemporaine, et notamment
dans le reflet qu'en donnent la quasi-totalité des médias de
masse. Mais, loin de les abattre et de les décourager, cette conscience
les incline au contraire à donner encore plus d'éclat à leur
engagement et à poursuivre sans trêve leur combat pour
l'amour et les valeurs immuables de civilisation, celles-là
mêmes qui conditionnent la paix de la cité et le bonheur des
humains.
Edgar Bavarel
Je suis persuadé que les lecteurs de ces lignes pourront
affirmer, avec moi, que ce lundi soir, 21 février 2000, en la
grande Salle Bonne de Bourbon, à Martigny, la vie et la démocratie
ont été également et gravement bafouées.
Edgar Bavarel
Dr ès sciences économiques
Ecrivain-journaliste
* Note de la rédaction: l'auteur de cet article a été président
de la Ville de Monthey de 1965 à 1972.
Lettre à Mme Ruth Metzler
Ramon Granges
Ing.dipl.EPFZ /Licencié HEC
Hangweg 55
3097 Liebefeld
Madame la Conseillère fédérale
Ruth Metzler
Département fédéral de justice et police
3003 Bern
Liebefeld, 29 décembre 1999
Madame la Conseillère fédérale, Mesdames et
Messieurs
Dans le cadre de la consultation ouverte sur 5 propositions
du département de Justice et Police concernant la situation
juridique des couples homosexuels, le soussigné a l' honneur de
faire parvenir la prise de position suivante:
Il y a lieu de ne pas entrer en matière sur ces propositions
qui sont toutes exécrables pour les raisons principales qui
suivent.
1. La famille est antérieure à l'Etat.
Parmi les sociétés naturelles dont font partie les êtres
humains, la famille est la société primordiale. Elle vient avant
l'Etat. Ceci s'exprime souvent par l'adage, "la famille est la cellule
fondamentale de la société civile".
La famille peut en effet exister sans l'Etat mais l'Etat ne
peut pas exister sans les familles qui le constituent. Sans
familles et donc sans nouvelles générations aptes à assurer une
succession dans le temps, l'Etat ne tarde pas à disparaître par
extinction ou invasion du territoire dépeuplé.
Il en découle que l'Etat n'a pas le droit de toucher aux
règles de la constitution fondamentale de la Famille. Il n'a que
le droit de régler certains aspects extérieurs mais en respectant
la nature de la famille et ses intérêts vitaux.
La définition de la constitution de la Famille n'est pas
sujet à une décision étatique même si elle est prise selon les
règles de la démocratie. La Famille EST indépendamment de
l'Etat. Elle est, selon l'ordre naturel, constituée du couple
humain formé d'un homme et d'une femme ainsi que de leurs
descendants communs formant une communauté de destin et
unis dans les formes convenues et d'une façon permanente et
disposant d'un certain patrimoine. La monogamie est seule adéquate
à l'identique dignité de l'époux et de l'épouse et
l'indissolubilité découle de la pérennité des tâches qui comportent
l'éducation des enfants et le soutien des parents âgés et du
besoin de sécurité et de soutien réciproque.
Qu'on ne vienne pas prétendre qu'il ne s'agit là que de
matière à option, que la science moderne aurait donné des preuves
du bien-fondé d'autres opinions. Il n'en est rien. Il faudrait
d'une part démontrer scientifiquement de quelle science vraie
on pourrait déduire d'autres définitions de la famille. La
Famille précédant même la science, puisqu'elle est maîtresse de
l'éducation, et qu'ainsi sans famille il n'y a pas de science par
extinction des scientifiques eux-mêmes, comme c'est l'antécédent
qui seul peut définir pertinemment le subséquent, il en
découle que les sciences souvent évoquées pour définir la
famille sont en réalité et en bonne logique incompétentes pour
le principal. Les sexologues, ethnologues et autres prophètes
des enquêtes fugaces n'ont rien à dire de définitif en la matière
car ils ne traitent qu'un tout petit aspect provisoire et borné de
la question. Pour le comprendre il n'est besoin que d'attendre.
Après quelques siècles les civilisations leur ayant fait confiance
aveugle dans ce domaine auront certainement disparu, apportant
par là même la preuve de leur sottise et de leur
aveuglement.
C'est à proprement parler une infamie de vouloir
accorder même un semblant de reconnaissance à des contrefaçons
de famille que sont les prétendus couples homosexuels.
En conséquence: vu la préséance de la Famille, vous
n'avez pas le droit de légiférer contre la Famille en accordant
des privilèges à d'autres formes de vie concurrentes et
inacceptables.
2. L'Etat doit protéger la Famille
L'Etat doit en bonne logique non seulement respecter
mais protéger la Famille.
Dans son intérêt même, l'Etat doit protéger la Famille.
La Famille a le droit d'être protégée par l'Etat pour pouvoir
fonctionner normalement. Ceci a des conséquences sur la
législation.
En considération des tâches qu'elles doivent accomplir
et vu le fait que les Familles ne se regroupent en Etat que pour
leur bien, il en découle que l'Etat doit soutenir les familles en
mettant d'une part à leur disposition les ressources nécessaires
et d'autre part en éloignant les dangers qui les menacent.
Fonder une famille est une entreprise qui doit être
encouragée et non pas découragée.
La reconnaissance par l'Etat sous quelque forme
d'autres communautés de vie analogues pour des fonctions
analogues à celles de la famille constitue une mise en danger de
la famille par détournement de ressources au profit d'égoïstes
qui veulent bien jouir de la vie et se faire entretenir par les
enfants des autres le cas échéant. La nature ne fait pas de
cadeaux et l' économie non plus. Ce que l' on distribue doit de
toute nécessité être produit, ou les services correspondants rendus,
par des autres. La communauté homosexuelle est par
définition sans descendant propre. Donc tôt ou tard elle est obligée
de parasiter les familles normales.
L'Etat doit en outre régler l'ordre juridique de façon à
ce que les tâches essentielles de la famille soient facilitées et non
pas rendues plus difficiles.
Parmi ces tâches il y a bien sûr la formation humaine
des enfants en vue de les rendre capables de fonder à leur tour
une famille. Ceci ne concerne pas seulement la formation professionnelle
et la capacité économique, mais aussi tout le
domaine des relations humaines et de la capacité affective.
L'Etat a dans ce domaine l'obligation grave de protéger la moralité
publique et même de réprimer toute propagande pour des
formes de vies contre-nature telle que celle des prétendus couples
homosexuels. Le développement harmonieux de la
jeunesse dans le domaine du comportement affectif et de la
sexualité est déjà assez difficile pour qu'on ne lui ajoute pas des
difficultés provenant du mauvais exemple et des tentations
absolument évitables découlant de l'influence des personnes
vivant dans ces communautés. Au moment où vous devez renforcer
les lois contre la pédophilie, vu les abominations
constatées malheureusement dans les faits, il est aberrant de
renforcer les tendances néfastes en accordant une reconnaissance
à des communautés homosexuelles. Ne pas vouloir
regarder en face la réalité et ne pas voir l'effet de signal de cette
reconnaissance et le prosélytisme renforcé de leurs membres
confine à l'irresponsabilité coupable.
En conséquence, pour protéger la Famille vous devez,
non seulement ne pas légiférer contre la Famille en la matière,
mais au contraire décourager la formation de ces communautés
concurrentes contre-nature.
3 . Conséquences délétères des 5 propositions.
On pourrait écrire de longs chapitres sur les conséquences
délétères de chacune des 5 propositions.
Il faut relever que la neutralité n'est pas possible. Ou
bien l'on protège la famille ou bien on lui nuit. Il n'y a pas de
milieu possible. Mettre sous certains aspects une certaine égalité
entre elle et des communautés de vie concurrentes c'est en
réalité lui nuire, car on ne peut donner aux autres entités que ce
que l'on prend aux familles.
Il est en outre irrelevant de constater qu'elles seraient
compatibles ou non avec un système juridique quelconque. En
tant que juriste vous devez savoir que les raisonnements juridiques
ont leur limite. D'une part leur exagération porte à des
excès ce qui se résume dans l'adage, "summum jus, summa injuria",
d'autre part les règles du sens commun lui sont
supérieures. Il faut relever que les nombreux systèmes sanguinaires,
oppresseurs et totalitaires n'ont jamais manqué de
juristes, même de grande qualité, pour défendre leurs horreurs.
Voulez-vous que notre pays se range dans ce triste cortège ?
Avez-vous remarqué que même les droits de l'homme souvent
évoqués en la matière dépendent de la famille. En effet le
deuxième mot de la déclaration des droits de l'homme y fait
référence si l'on remarque que le premier article commence
ainsi: "Les hommes naissent égaux". Pour avoir des droits il
faut naître et pour naître il faut une famille. Il est ainsi illogique
d'évoquer des droits de l'homme dégénérés en idéologie malfaisante
pour justifier les propositions insoutenables du
département.
En conséquence, dans votre intérêt bien compris et
pour remplir votre tâche d'autorité fédérale, pour que la Suisse
reste un Etat de droit, vous ne pouvez accorder à ce qui est contraire
au Droit la même protection qu'à ce qui le fonde.
4 . Considérations finales.
Le soussigné est parfaitement conscient du fait que
l'importance d'une prise de position individuelle peut sembler
minime. Mais il importe toutefois que certaines choses aient été
dites et figurent dans les dossiers à l'intention des historiens
futurs qui auront à juger de la façon dont la classe politique
actuelle a rempli sa fonction.
Nous soulignons donc que toutes les 5 propositions
sont inacceptables et que toute discussion à leur sujet n'est que
temps perdu et dilapidation des moyens des contribuables.
Votre collègue et Présidente actuelle de la Confédération
a dû récemment reconnaître devant la catastrophe
naturelle atteignant notre pays la puissance des forces de la
nature et s'incliner devant elles. Il y a des réalités qui dépassent
la puissance d'un vote même unanime. Je vous demande donc
de ne pas attenter à la réalité fondamentale naturelle de la
Famille sous peine d'encourir des conséquences néfastes. Des
pays et des empires plus puissants que la Suisse ont disparu et
ont été rayés de la carte pour moins que cela. Que l'histoire
future n'ait pas à dire que sous votre responsabilité des évolutions
néfastes ont été puissamment amplifiées sans nécessité
aucune et par opportunisme politique au mépris des devoirs de
fonction découlant de votre assermentation.
Remarquez que cette prise de position ne comporte
aucun argument d'ordre religieux bien que de tels arguments
soient légitimes. Il y a d'autres organismes qui prendront certainement
position de ces points de vue. Mais la droite raison
suffit pour fonder la proposition de refus clair et net exprimée
dans ces lignes.
Madame la Conseillère fédérale, Mesdames et Messieurs,
je vous remercie toutefois d'avance de bien vouloir
prendre connaissance de cette prise de position dans le cadre de
la consultation ouverte et ose espérer que vous en tirerez quelques
conséquences positives pour l'avenir de notre pays.
Veuillez agréer mes meilleures salutations.
Ramon Granges
************************************************
S'en prendre au nouveau gouvernement autrichien est
de bon ton dans la presse alignée. Nos lecteurs pourront juger
des intentions en cause à l'aide des trois pages ci-après.
Le catalogue en dix points des Autrichiens.
1) Une Europe démocratique et proche des citoyens
Au centralisme bruxellois il faut opposer le modèle
d'une Europe des patries qui trouve ses racines dans les parlements
nationaux et est organisée selon le principe de
subsidiarité. Au niveau de l'exécutif, le pouvoir excessif de la
Commission européenne dépourvue de légitimité démocratique
doit être réduit.
2) Baisse des contributions directes
Baisse des paiements directs et ainsi allégement du
budget national et de la pression fiscale pour les Autrichiens.
Soutien des exigences allemande, suédoise et néerlandaise pour
une répartition équitable au sein de l'Union européenne. Dissolution
du fonds de cohésion lors de l'introduction de l'euro.
3) Lutte contre le chômage
L'actuel taux d'imposition autrichien, un taux record
de presque 46% a mené l'Autriche à un record de chômage. Les
entrepreneurs et l'économie doivent être par conséquent soulagés
de cette charge fiscale. Cela afin d'augmenter la volonté
d'investissement des entrepreneurs et le pouvoir d'achat de la
population. La bureaucratie étatique dans le domaine du travail
doit être démantelée.
4) Elargissement à l'Est
Aucun élargissement de la Communauté à l'Est tant
que les candidats à l'adhésion n'ont pas adapté leurs politiques
sociale, environnementale et législative aux normes européen-
nes. En ce moment un élargissement serait une agression
brutale contre les structures économiques et sociales mûries au
fil des années et aurait pour conséquence une augmentation
dramatique de l'immigration, du chômage et de la criminalité.
5) Sécurité
La criminalité organisée qui fait commerce des hommes,
de la drogue et qui blanchit l'argent sale doit être
combattue en actes et pas seulement en paroles. Il faut des peines
plus élevées à effet dissuasif. Il faut des procédures
d'extradition et d'entraide judiciaire efficaces, directes et sans
lenteurs bureaucratiques.
6) Environnement
L'abandon du nucléaire doit être effectif et ne pas se
borner à des bavardages théoriques. Il faut encourager plus nettement
les formes énergétiques de remplacement. Il ne faut pas
brader notre eau dans le cadre du réseau trans-européen. Il ne
faut pas assouplir les normes autrichiennes en matière
d'environnement.
7) Transit
Depuis l'adhésion à l'Union européenne, le trafic de
transit a dramatiquement augmenté. C'est pourquoi il faut en
finir avec l'abus du système des points écologiques, ne pas
assouplir l'interdiction autrichienne du trafic des poids lourds
le week-end, ne pas céder sur le Brenner, mais bien au contraire
augmenter les taxes de transit, afin de faciliter le transfert sur le
rail.
8) Lutte contre l'escroquerie
L'année dernière, on a découvert dans l'Union européenne
5000 cas d'escroquerie pour un montant de plus de 20
milliards de schillings. En fait, les abus de subventions européennes
s' élèveraient au quadruple de cette somme. En matière
agricole, les contrôles ne devraient plus être de la compétence
des Etats membres mais d'instances indépendantes. Il est de
même indispensable que soient sévèrement punies les escroqueries
aux subventions.
9) Agriculture
Pas d'application des réformes de l'agenda 2000 pour
que soit épargnée aux paysans autrichiens la concurrence des
produits américains vendus aux prix du marché mondial. Il faut
en lieu et place que la politique agraire redevienne nationale
afin de conserver les zones agricoles et les régions de montagne
autrichiennes.
10) Manipulation génétique
L'Autriche doit rester une zone exempte de toute
manipulation génétique. L'utilisation de ces techniques doit rester
interdite dans l'agriculture indigène. Les aliments
manipulés génétiquement qui arrivent sur le marché autrichien
doivent être clairement et nettement identifiables comme tels
pour le consommateur. Les lésés doivent pouvoir être protégés
par des lois plus contraignantes dans le domaine de la
responsabilité.
Texte extrait de Internet : www.fpoe.at en février 2000
Traduction Denis Helfer
Sur l'initiative : Pour une procréation
digne
L'un des objets sur lesquels le peuple suisse s'est prononcé
le 12 mars 2000 est l'initiative "pour une procréation
respectant la dignité humaine" qui vise à interdire la fécondation
in vitro et les dons de spermatozoïdes ou d'ovules.
Selon la Conseillère fédérale Ruth Metzler, une telle
initiative n'a pu émaner que de personnes qui n'aiment pas les
enfants et qui méconnaissent l'épreuve subie par les couples qui
en désirent, mais ne peuvent en avoir sans recourir à la médecine,
une médecine qui permet de donner le jour à des enfants
joyeux de vivre et désirés. On ne saurait raisonner plus
intelligemment!
L'auteur de ces lignes, qui s'oppose à la libéralisation
de l'avortement, n'aime pas les enfants, puisqu'il est prêt à envisager
la naissance d'enfants pas joyeux de vivre et non désirés.
L'auteur de ces lignes n'aime pas les enfants, puisqu'il
prétend qu'au lieu de tuer les enfants non désirés on devrait les
faire adopter par des couples stériles, ce qui leur donnerait tout
de même une chance d'être joyeux de vivre et la certitude
d'avoir été désirés par leurs parents adoptifs.
L'auteur de ces lignes n'aime pas les enfants, puisqu'il
juge absurde qu'on en tue par milliers d'un côté et que, de
l'autre, on en fabrique à coup de méthodes artificielles. L'auteur
de ces lignes méconnaît les souffrances des couples stériles,
puisqu'il n'est pas très sûr qu'ils jouissent d'un droit absolu à
devenir parents.
L'auteur de ces lignes méconnaît les souffrances des
couples stériles, puisqu'il propose ä ces derniers d'avoir des
enfants tout en sauvant des vies.L'auteur de ces lignes méconnaît les souffrances des
couples stériles, puisqu'il pense aussi aux nombreux échecs et
déceptions parfois traumatisants qui précèdent souvent la réussite
d'une fécondation in vitro, quand réussite il y a. Enfin,
l'auteur de ces lignes n'aime pas les enfants et méconnaît les
souffrances des couples stériles, puisqu'il s'oppose à une procréation
«ä la carte» qui permettrait à l'extrême à une femme
devenue stérile à la suite d'avortements répétés de concevoir
des enfants par fécondation in vitro, sous prétexte que, maintenant,
ça lui chante d'être mère. Nous aimons les enfants et nous
compatissons au chagrin des couples qui voudraient en avoir et
ne le peuvent pas. Mais on ne nous ôtera pas de l'idée qu'il faut
d'abord faire cesser le massacre des innocents en l'interdisant et
en mettant en place un système permettant aux mères qui ne
veulent ou ne peuvent pas garder leurs enfants de les mettre au
monde tout de même, afin que, grâce à un système d'adoption
adéquat, des couples stériles puissent les recueillir et satisfaire
ainsi leur besoin d'être parents. L'adoption peut poser des problèmes
aux parents et aux enfants adoptifs ? C'est évident. Mais
ce n'est pas automatique et les familles «normales» ne sont pas
non plus à l'abri des problèmes.
Lorsque tous les enfants conçus pourront voir le jour et
seront pourvus de parents, biologiques ou adoptifs, nous entrerons
en matière sur le recours à la fécondation in vitro pour les
couples stériles qui n'ont pas trouvé d'enfants. Gageons qu'il n'y
en aura pas beaucoup.
Dans l'intervalle, nous souhaiterions que Mme Metzler
cesse de proférer des absurdités et démontre qu'elle aime les
enfants en faisant cadeau à la collectivité de quelques petits
Metzler aussi mignons qu'elle.
Le Pamphlet
janvier 2000
Le serment d'Hippocrate
1. Je jure par Apollon, devant le médecin et Asklepios
et Hygéia et Panakeia et tous les dieux et toutes les déesses, les
prenant pour témoins que je remplirai ce contrat et respecterai
ce serment de tout mon être et de toute ma conscience.
2. J'honorerai mes maîtres futurs en cet art comme mes
parents, je partagerai leur vie et si mon maître tombe dans le
besoin, j'en prendrai soin ainsi que de sa descendance à l'instar
de mes frères en ligne masculine, je leur apprendrai cet art, si
cela est leur désir, bénévolement et sans condition, dans toutes
les règles et matières qu'il comporte, je l'enseignerai à mes fils
comme aux fils de qui m'enseigne, de qui signe ce contrat et
prête ce serment, à l'exclusion de toute autre personne.
3. De tout mon être et de toute ma conscience, je prendrai
les mesures diététiques nécessaires aux souffrants, je me
garderai de leur nuire ou de les léser.
4. A personne, même s'il l'exige de moi, je n'administrerai
une substance mortelle ni ne conseillerai pour ce faire; de
même je ne fournirai aucun abortif à une femme.
5. Ma vie et mon art resteront nets et irréprochables
6. En cas de calculs, je ne pratiquerais aucun acte chirurgical
mais confierai le malade à ceux qui détiennent cette
science.
7. Lorsque j'aurai à faire dans une maison pour le soulagement
des souffrants, je me tiendrai à l'écart des injustices et
des immoralités et ne rechercherai aucun plaisir du corps des
femmes et des hommes, des citoyens et des esclaves.8. Je dois considérer comme un secret sacré tout ce que
je peux voir ou entendre pendant les soins les concernant ou
concernant quoi que ce soit de la vie du patient.
9. Si je respecte et accomplis ce serment et ne le renie
pas, qu'il me soit accordé le succès dans ma vie et mon art et que
ma réputation perdure pour tous les temps; si je l'enfreins et le
méprise, qu'il en soit exactement inversement.
Cité dans le livre de Charles Lichtenthaeler "Le serment
d'Hippocrate", aux Editions médicales allemandes, Cologne
1984.
Extrait de Zeitfragen
Traduction Denis Helfer
Ecrit pour le futur enfant
Mon enfant, tu n'es pas encore enfanté,
je chante quand même pour t'annoncer
«... que la rivière soit sèche, la montagne nivelée
l'amour des parents est comme la lune toujours ronde...»
A cette heure, tu ne reposes pas encore dans le ventre de ta mère
mais je pense déjà secrètement à la joie de ta maman,
tout épanouie et souriante,
dont l'amour pour toi est incessant et si profond.
Mon enfant, sache-le, l'amour maternel est un ciel très haut,
un fleuve très long, une mer très large: un amour sans bornes!
Aujourd'hui tu ne t'es pas encore façonné
j'annonce pourtant ta naissance:
comme celle du soleil qui va paraître
et embellir la terre de mes poèmes.
Demain, quand tu salueras la vie,
le bonheur emmaillotera ton berceau.
Tu vivras dans l'amour de ta maman
riant, épanoui, et jouant.
Comme moi qui de jour en jour
n'oublie pas une seconde que je vis
grâce à l'amour de ta grand-mère
aux cheveux maintenant de neige.
Aucun amour n'est plus élevé, plus grandiose
que l'amour maternel, mon enfant!
Les mots d'aucune chanson ne sont assez nombreux
pour chanter la profondeur de l'amour maternel.
C'est à un tout petit poème que je m'essaye
pour t'apprendre à toi qui vas naître
combien l'amour maternel est immense.
Tu honoreras ta maman, n'est-ce pas mon enfant,
comme j'honore ta grand-maman
dont l'amour m'enivre
comme si j'étais le seul être au monde.
Dors, mon trésor, dors bien.
Mais j'oublie que tu n'es pas encore né!
Impatient, je t'attends, je t'attends...
Y VIET HUNG
Vers de terre et de nuit
Traduits par Claude Martingay
Editions du Collège, La Croix
...Il arrive en Suisse, le corps saisi par le froid de l'hiver,
mais son petit coeur douloureux tout réchauffé par l'amour des
Suisses. C'est au milieu d'eux qu'il a passé tant de jours heureux
de son enfance, dans l'humanité de l'humanité.
Mais son sort ne sourit pas longtemps...
Aujourd'hui, dans une pénible invalidité,* il poursuit
sa marche errante, isolée et triste... *
Y VietHung
«... poursuit sa marche errante, isolée et triste ... » mais
je voudrais préciser: poursuit courageusement sa marche. Car
c'est une leçon de courage que nous offre Y Viet Hung, qui fut
mon élève pendant trois ans, avec lequel je restai en relation
d'amitié, mais sans soupçonner le poète qui vivait en lui. Un
jour, cependant - c'était en 1998 - il m'en fit connaître les écrits
et je conçus le projet d'en élargir l'audience au-delà des seuls
intimes.
Pierre Rappaz
CH - 1602 LA CROIX SUR LUTRY
*Egalement mal-entendant, la surdité du poète est
aggravée par le fait qu'il ne peut lire sur les lèvres. P. R.