LA PRESSE MONDIALE, VERBE DU CAPITALISME

Malgré sa simplicité apparente, rien n'est moins aisé que l'étude du bolchevisme et de sa manifestation communiste.

À première vue, il semblerait que, pour mener à bien cette étude, il devrait suffire de suivre consciencieusement une ligne droite. Mais, le nombre de petits sentiers qui affluent à cette ligne, très clairement tracée du reste, est tel, et leur apport au problème principal est marqué d'une si grande influence, qu'il est impossible de les négliger. Et dès lors l'observateur est forcé de quitter la grand-route et de faire de longs détours pour aller chercher ailleurs les raisons et les causes de certaines manifestations, grandes on petites, qui sont de capitale importance pour son sujet.

Or, parmi les phénomènes qui se produisent à notre époque, l'attitude de la presse et celle de ses équivalents, la publicité et toutes les autres formes imaginables et, de nos jours, si variées de la propagande, s'impose à l'attention de façon toute spéciale. Et, après réflexion, cette attitude est encore plus surprenante, plus stupéfiante que la mansuétude résignée des gouvernements à l'égard du bolchevisme.

En effet, dans les États démocratiques, de nos jours ils le sont presque tous les gouvernements sont issus des parlements, ceux-ci le sont à leur tour des corps électoraux et ces corps électoraux se trouvent constitués par un ensemble d'inconscience que toute sorte d'intrigues manœuvrent. Et naturellement dans ces intrigues comptent pour beaucoup plus celles qui n'émanent pas du communisme lui-même, mais des groupements qui, le considérant avec sympathie, ne lui veulent aucun mal et le défendent contre ceux qui voudraient ou pourraient lui en faire.

Dans de pareilles conditions, il est logique que les gouvernements ne soient pas libres de leurs paroles ni de leurs actes. Directement et dans une très large mesure, ils doivent tenir compte des engagements pris par eux envers les députés qui composent leurs majorités et de façon un peu moins directe, mais non moins totale, ils doivent tenir compte aussi des engagements que ces députés ont pris envers leurs électeurs.

La crainte, l'hésitation et même la lâcheté en présence de ce que le devoir impose, peut à la rigueur se comprendre chez les chefs du gouvernement et chez les ministres éphémères, chez les mandataires du peuple, chez les chefs d'États républicains. Ils ne sont pas du tout sûrs de leur position les uns et les autres. Et la même incertitude peut s'appliquer aux quelques monarques constitutionnels qui sont encore sur les trônes chancelants et qui ont l'air de s'excuser de ne pas en être encore descendus.

Mais tout ceci ne devrait pas pouvoir s'appliquer à la presse. La presse, elle, à ce qu'il paraît, est libre et cette liberté est l'une des plus grandes conquêtes de l'esprit humain, garantie par l'un des « immortels principes ».

La presse, théoriquement au moins, ne dépend d'aucun suffrage égal ou universel. Ses directeurs et ses rédacteurs ne sont faits ni défaits par les caprices changeants des multitudes plastiques.

Cependant, la presse, loin de refléter l'opinion publique, ainsi qu'on le prétend et qu'elle-même souvent affecte de le soutenir, la crée, souverainement pourrait-on dire, et la martèle dans les cerveaux après l'avoir suggérée. Et comme cette opinion, la presse la moule à son goût, selon son tempérament et d'accord avec ses propres idées, l'homme de la rue - ce qui équivaut à dire la presque totalité des hommes - et une grande partie des autres, adoptent comme opinion celle de leur journal ou de leur revue.

La presse est donc, dans les dispensations démocratiques, la plus formidable des puissances. Loin d'exagérer, en la définissant ainsi, on court le risque de rester au-dessous de la vérité. Et si l'on prend en considération la structure des États démagogiques, c'est elle qui impose de façon indirecte la ligne de conduite que doivent suivre les grandes puissances.

Tout ceci est indiscutable. Cependant, il reste à déterminer si c'est bien la presse qui est tout cela, car de même que toutes les grandes entreprises de notre époque, la grande presse est de plus en plus rarement la propriété des spécialistes qui la dirigent et qui la confectionnent. Presque toujours, et de même que l'industrie, le commerce, la navigation et tout le reste, la grande presse est commanditée et en conséquence contrôlée par le capital. Dans ces conditions seuls les naïfs peuvent supposer que ce contrôle se limite à la comptabilité et que journalistes et écrivains qui, en dépit de leur valeur, ne sont que des employés, pourraient se permettre d'avoir des idées politiques, économiques et sociales opposées aux intérêts, aux aspirations et aux ambitions de leurs patrons souvent anonymes.

Pratiquement donc, cette formidable puissance, qui s'impose aux grandes puissances de l'échiquier mondial, n'est qu'une assujettie, une servante du capital qui est son maître, non pas seulement après Dieu, mais s'il le faut contre Dieu. Et c'est le capital, toujours anonyme et irresponsable, qui par son tout puissant intermédiaire façonne la prétendue opinion publique au gré de ses idées à lui, de ses intérêts à lui et de ses ambitions à lui.

Le problème qui nous occupe doit donc être posé de la façon suivante ; s'il n'est pas tout à fait sûr que les paroles et les gestes des gouvernements démocratiques modernes soient un reflet fidèle de l'opinion publique, il est presque tout à fait sûr que cette dernière reflète l'opinion de la presse et l'on ne peut pas nier que la presse reflète l'opinion du capital. Et comme la plus élémentaire logique déductive, d'accord avec les faits observés et démontrés, interdit de penser autrement, il faut conclure que tout ce que nous avons dit et que beaucoup d'autres disent avec nous au sujet de la puissance de la presse, doit être porté sur la puissance du capital.

Jusqu'à maintenant, nous sommes restés dans le domaine des choses rationnelles. Par la force des choses et des faits nous sommes forcé d'entrer dans le domaine de l'extravagance.

Assujettie au capitalisme, la presse est néanmoins libre envers les institutions des États que très souvent elle attaque et stigmatise avec la dernière véhémence. Les faits et les gestes de ces États, la presse les met souvent au pilori, et il lui arrive de se montrer brutale et implacable envers les altesses démocratiques et les majestés républicaines.

Sauf dans le cas de diffamations directes, qui relèvent du code pénal, rien ni personne ne barre la route de la presse ni ne l'oblige à mitiger la violence de son langage. À bien plus forte raison rien ni personne ne pourrait l'empêcher de mener une campagne à fond contre le communisme.

La voix officielle et autorisée de plusieurs gouvernements a fini par reconnaître - parfois du haut des tribunes parlementaires - que le communisme, qui constitue le grand danger de notre époque, est le résultat d'une conspiration mondiale préméditée contre la santé morale et la sécurité matérielle des nations.

La presse, qui a l'habitude de ne pas mâcher ses paroles, ne trouverait personne pour l'empêcher de faire cette campagne qui éclairerait l'opinion publique sur la véritable nature de cet infernal complot, sur l'extrême facilité qu'il y aurait à le réduire à néant et pour prêcher la croisade - devenue nécessaire - contre ce foyer d'infection universelle.

Une campagne de ce genre ne serait pas seulement juste et équitable. Elle serait ou semblerait d'autant plus logique et naturelle que la presse est la créature et la servante du capitalisme et que le capitalisme semble être la bête noire, la chose essentiellement menacée par la conjuration communiste.

Officiellement, la raison d'être du communisme est la destruction complète du capitalisme. Pour le communisme, à entendre ses interprètes, la ruine, la destruction du capitalisme passe avant la ruine et la destruction de la patrie, de la religion, de la famille, de la monarchie, de l'aristocratisme et même de la propriété foncière ou bâtie. La destruction du capitalisme est l'essentiel de la doctrine marxiste, le reste n'est que l'accessoire.

Que l'on relise l'évangile du parti, le « Manifeste communiste » de Marx, et, si l'on est patient, « Le Capital » et toute la littérature postérieure qui en est le développement. On verra alors que ce que nous affirmons est exact. Et ce n'est pas nous seulement qui parlons ainsi ; c'est l'écho de la rumeur universelle qui affirme que le communisme est l'antithèse directe, l'adversaire par définition irréconciliable, implacable, mortel du capitalisme.

Pour rendre leur haine plastique, on les représente comme chien et chat. Certes, les chiens savent mordre d'autres animaux que les chats, mais dans l'imagination populaire c'est lorsqu'ils s'acharnent contre les chats qu'ils exercent leur fonction congénitale.

Tout comme les chiens mordent d'autres animaux, le communisme mord aussi la patrie, la religion, la famille, la propriété et tout ce qui a été respecté jusqu'à nos jours, mais il n'est clans sa véritable vocation et dans le rôle qui lui est spécifiquement propre, que lorsqu'il s'acharne contre le capitalisme.

Voici, telle qu'elle est, la légende universellement accréditée du communisme, seule phase or seul aspect de la conspiration mondiale préméditée dont on reconnaît à contre-cœur l'existence et le péril grave qui en résulte pour notre avenir et pour celui de nos descendants.

Pour un grand nombre de nos contemporains, le communisme n'est que cela, et tout le reste ne sont que des écarts de jeunesse. Et c'est tout juste s'ils ne le comparent pas au mois de mars dont les méfaits, pourtant redoutables pour les organismes humains faibles, n'annoncent pas moins l'avènement tout proche de la glorieuse saison des fleurs et des fruits.

Le communisme, pour tous ceux qui pensent ainsi, n'est, essentiellement et substantiellement, qu'une réaction directe et violente contre l'omnipotence croissante et abusive du capitalisme. De même la Révolution française fût une réaction contre la tyrannie du féodalisme et la Réforme une autre réaction contre les méfaits et les intransigeances arbitraires du catholicisme.

Le communisme, s'il n'était qu'une réaction contre la puissance abusive du capitalisme, mériterait, sans excuser ses forfaits, des circonstances atténuantes, que nous-même nous lui accorderions. Mais le milieu de l'ubiquité internationale de l'or et de l'exploitation du genre humain ne partagerait sûrement pas notre 'avis et, dans ce que nous verrions éventuellement une circonstance atténuante, lui devrait voir une circonstance tout particulièrement aggravante.

Tout le monde reconnaîtra que l'ambiance dans laquelle évoluent le capitalisme et l'ubiquité internationale est extraordinairement prompte et dynamique dans ses moindres réflexes. jusqu'à maintenant ce milieu ne s'est jamais distinguée par la pratique du désintéressement, par la torpeur fataliste ni la longanimité chrétienne. La doctrine de la non résistance au mal n'est certainement pas la sienne, et nous en avons des preuves chaque fois que les impératifs de la concurrence, où pourtant il lie s'agit que de parer à des maux relatifs et occasionnels, entrent en jeu. Et tout cela se serait manifesté de façon bien plus éclatante encore si la dispensation totale dont les divers secteurs sont reliés par tant de fils visibles et invisibles et dont les tentacules enserrent le monde, s'était sentie menacée dans sa propre existence, dans tout ce qu'elle a acquis, dans ce qu'elle est.

Mise en péril par la conspiration mondiale communiste, la société moderne n'aurait pu trouver de champion plus redoutable que l'Internationale de l'or si elle avait jeté dans la balance le poids de ses milliers de tonnes de métal précieux. Et pour une fois au moins, il se serait trouvé que le mal peut être l'antidote du pire.

Nous permettant une comparaison zoologique, nous affirmerons que le capitalisme n'est pas un paisible herbivore. Il est un carnassier, une bête de proie dont la férocité redouble contre tout ce qui en veut à sa nichée ou à son repos. S'il s'était senti visé directement au cœur, le capitalisme juif ou incirconcis - On nous a répété sur tous les tons que l'internationale communiste ne fait sous ce rapport aucune différence &emdash; aurait rebondi, tout d'une pièce, et à certains moments graves nous avons appris à nos dépens quelle peut être la solidarité et la cohésion de ce bloc.

Se sentant en danger, le capitalisme aurait réagi à sa manière, avec force, promptitude et violence ; loin de se borner à la défensive, il aurait pris une offensive vigoureuse. Et comme de nos jours il contrôle tout, les moyens pour prendre cette offensive ne lui auraient pas fait défaut. Le capitalisme dispose de la presse. Tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la publicité et à la propagande constitue un de ses fiefs, et tout aurait été mis en branle et spontanément mobilisé dans toutes les parties du monde.

La sensation produite par un pareil mouvement aurait été profonde. La presse, le livre, le théâtre, le cinéma, les conférences, la radio et tous les procédés innombrables que la science met à la disposition de l'argent auraient vite retourné l'opinion universelle, Le point de vue des multitudes plastiques qui constituent les suffrages démocratiques et qui sont la source du pouvoir exécutif des gouvernements aurait changé, Et cette fois le retournement se serait produit avec d'autant plus d'aisance qu'il ne se serait pas agi d'une déformation infligée à la logique, à la raison, et à la vérité, mais d'un juste retour à la réalité des choses telles qu'elles sont. Quoi qu'on dise, il est plus facile de faire croire aux hommes que deux et deux font quatre que de leur imposer une croyance erronée et de les maintenir dans cette croyance.

Souvenons-nous qu'une propagande montée avec méthode et avec art a suffi, à la fin du siècle dernier, pour faire une sorte de héros mondial d'un officier israélite condamné par un tribunal compétent. La justice ou l'injustice de la sentence n'ont rien à voir avec le fait que nous constations, car au cours des siècles et dans tous les pays, des milliers et des milliers d'autres personnes, innocentes ou coupables, ont été condamnées ou acquittées sans que rien de semblable ne se produise

Treize années plus tard, un petit juiffon pouilleux, sorti des sordides faubourgs d'une ville de province russe, fut accusé d'un crime imputé à tort ou à raison aux pratiques de sa secte. Ayant comparu devant la juridiction régulière et sans autre titre à l'intérêt universel que celui d'appartenir à la race élue, il fut élevé au rang de martyr. Pendant quelques mois, il n'a été question que de lui dans la presse des deux mondes, anglo-saxonne surtout. Et des publicistes en délire ne craignirent pas de comparer le juiffon russe - comme d'autres l'avaient fait avec l'officier d'artillerie - au Christ souffrant et mourant pour l'humanité.

La propagande avait obtenu que cette humanité dont nous tous connaissons le calme, l'égoïsme et l'indifférence pour tout ce qui ne la touche pas directement, réagisse avec fureur.

 

Cette propagande a pu porter depuis à son actif d'autres tours de force. Des centaines de milliers de paisibles fermiers et ouvriers Américains se sentirent remplis de rancœur et d'enthousiasme jusqu'au point de délaisser leur famille et leur bien-être pour venir se faire tuer en tuant des Allemands. Cependant, ces Allemands qu'ils n'avaient jamais vus, jamais ils ne leur avaient fait aucun mal. Mais le plus fort est que tous ces Américains avaient acerbement reproché trois années auparavant à leur chef d'État, le même qui leur faisait traverser l'Atlantique au nombre de deux millions, pour se faire casser la figure, la perte d'une dizaine de leurs camarades tués dans une équipée au 'Mexique.

La propagande a suffi aussi pour qu'un monarque, filialement adoré par trois générations de ses sujets, passe aux yeux de la nôtre pour un vieillard Sinistre et sanguinaire. Elle a obtenu que des millions de protestants des deux hémisphères voient dans les successeurs de Saint Pierre une incarnation ininterrompue de l'Antéchrist ; elle est arrivée à ce que le nom des jésuites, qui vivent dans la pauvreté et l'obéissance volontaire, ce dont il est facile de se convaincre, et dont le seul péché est de fournir des pléiades de défenseurs zélés de la foi, soit devenu un synonyme de fourberie et d'hypocrisie. Et la propagande réussissait en même temps à ce que les compatriotes de Shylock, parasites de l'humanité, qui s'enrichissent de ses malheurs, soient considérés comme le peuple rédempteur, comme le peuple qui monopolise les initiatives nobles, généreuses et éclairées.

La propagande arrive à obtenir qu'aux yeux d'une foule de gens égarés la Révolution française constitue le moment le plus glorieux de l'histoire de France. Elle a enraciné chez les hommes la croyance que le flambeau de cette révolution illumina le monde jusqu'alors plongé dans les ténèbres. Et c'est elle enfin qui, entre autres choses, a fait de la Russie soviétique l'invincible citadelle contre laquelle toute l'Europe coalisée ne pourrait pas prévaloir.

Lorsqu'on songe aux innombrables miracles, aux prodiges réalisés par les campagnes de propagande méthodiquement organisées sous le contrôle de l'argent, on arrive à s'imaginer ce qu'aurait pu signifier mie croisade déchaînée à la fois sur tous les points de notre planète par le capitalisme alarmé contre la conspiration mondiale communiste.

Le capitalisme est aujourd'hui plus puissant que jamais, et si cette conspiration avait été effectivement pour lui une ennemie redoutable et redoutés, l'État soviétique, dont la seule force réside dans sa propre haleine empoisonnée et dont la possibilité d'existence n'est faite que du « hands off », du « wait and see » et du « laissez faire, laissez passer » des autres, aurait été balayé de la surface du globe par un raz-de-marée de la réprobation universelle armée.

Ce que nous disons n'est nullement fantaisiste. En effet, si le capitalisme et le communisme étaient réellement ce que l'on prétend qu'ils sont, la collision suivie de la conclusion du drame aurait été inévitable et le drame n'aurait pas eu cinq actes. Un seul aurait suffi.

Même en admettant, - ce qui est extrêmement douteux, - qu'à la faveur du tumulte de la guerre la révolution appelée russe ait pu éclater sans le concours direct des forces du dehors, l'année 1917 ne se serait pas achevée sans qu'elle ne soit plus. Les milieux dirigeants de l'ubiquité internationale sont beaucoup trop avertis et trop expérimentés pour laisser croître en force, consistance et capacité de rayonnement, un rival dangereux qu'il aurait été facile de faire couler à pic.

Nous ne devons pas oublier non plus que ces milieux sachent faire fortune et tirer parti de tous les événements, bons on mauvais. On se trouvait air moment précis où les deux groupes belligérants de la guerre mondiale étaient arrivés au dernier degré d'épuisement, où les mutineries sur les deux fronts commençaient à devenir inquiétantes, où les menées souterraines dans les arrière-fronts battaient leur plein et où l'idée d'une paix sans vainqueurs ni vaincus commençait à flotter dans l'air.

À ce moment précis, les bolcheviks, en signant le traité de Brest-Litewski et en déliant les alliés de tous leurs engagements antérieurs, fournissaient une magnifique occasion de conclure une paix de ce genre sur la base d'un partage de la Russie qu'on était libre désormais de considérer et de traiter comme une ennemie, Mais nous n'allons pas insister sur ce point, déjà traité par nous ailleurs ni sur les incalculables avantages qu'en aurait retirés l'Europe entière.

La seule chose que nous voulons £aire ressortir ici est le fait indiscutable que ces avantages auraient été, ceux du capitalisme dont les méthodes avaient été jusque-là peu appréciées dans l'empire des tsars. Et il en aurait été ainsi parce que les États Européens qui se seraient partagé ce territoire immense et si riche en matière première et en main-d'œuvre - aussi bien l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, l'Angleterre, la France que l'Italie - étaient capitalistes et que le capitalisme y était le moteur et y avait le contrôle de toutes les activités économiques.

De la même façon exactement que les choses se passent pour l'Angleterre aux Indes, pour la France en Indochine, pour la Belgique au Congo belge et comme elles se passaient aussi pour l'Allemagne dans ses possessions africaines, ce ne sont pas les particuliers français, anglais, allemands ou italiens, et moins encore les ci devants féodaux, qui auraient établi de grands domaines privés du type médiéval et des nids de familles héréditaires dans les vastes espaces annexés qui auraient échu en partage aux dénominations nationales correspondantes. Loin de là, les grandes compagnies anonymes, alimentées par le réseau mondial de la circulation capitaliste, seraient arrivées les premières et, sous leurs étiquettes nationales et sauvegardées par leurs drapeaux respectifs, elles auraient converti les espaces conquis en terrains lucratifs de leurs investissements financiers.

Bref, le partage de l'empire déchu réfractaire au capitalisme entre les puissances belligérantes, aurait signifié de fait, dès 1917, la conquête uniforme du sol et du sous-sol de toutes les Russies par la puissance internationale de l'or, par la puissance qu'on cherche toujours en vain sur la carte. Et naturellement, dans ces conditions, il est inutile d'ajouter que le juif y aurait en sa part et que cette part aurait été, comme toujours et partout, celle du lion.

En réalité, le profit des peuples des États copartageants aurait été secondaire. Ils n'auraient eu que le lait écrémé, car la crème aurait été prise par ceux qui manient l'or et les papiers.

Lorsqu'en 1917-1918 nous avons lancé, le premier, l'idée du partage de la Russie, nous étions persuadés que la grande presse, verbe anonyme du capitalisme, si évidemment intéressé à une opération de ce genre, s'emparerait du projet et le ferait sien, tellement évident était le profit que le capitalisme en aurait retiré. à cette époque nous partagions encore l'illusion de nos contemporains, illusion qui consiste à croire que le capitalisme n'est pas autre chose que ce que son nom signifie. L'idée que dans les combinaisons plus ou moins honnêtes des hommes d'affaires, juifs ou non, qui composent le milieu capitaliste, l'or n'est pas encore une fin en soi et que Mammon lui-même n'y est que le subordonné de Satan, n'était pas encore entrée dans notre cerveau. Et de la même façon, nous ne voyions alors dans le communisme que ce que son nom et son programme indiquent.

Il est vrai qu'aux personnes qui ne sont pas dans le secret des dessous des combinaisons échappe aussi l'intérêt qu'un propriétaire peut avoir à brûler sa propre maison ou, ce qui est plus fréquent, à la faire démolir pour construire un autre édifice à sa place ou pour laisser simplement le terrain nu, On comprend difficilement que ce terrain représente pour son propriétaire une valeur plus considérable que ce qui y était construit.

Pour peu qu'on y réfléchisse, l'attitude du capitalisme mondial qui favorise le communisme n'est pas plus paradoxale, ni plus insensée que le geste du propriétaire qui démolit sa propre maison. Le capitalisme, en favorisant le communisme, semble vouloir détruire sa propre substance et commettre un suicide. Mais pour saisir comment ce suicide apparent correspond effectivement à un intérêt majeur, il faut avoir préalablement compris que le milieu capitaliste n'est pas en réalité le milieu possédant, mais celui qui gère arbitrairement et à sa guise ce qui appartient à d'autres, celui qui opère avec les valeurs appartenant à plusieurs millions d'individus distincts et séparés qui lui ont fait confiance et non pas avec des valeurs strictement à lui.

Dans ces conditions, la façon dont ces valeurs sont individuellement réparties n'a pour lui qu'une importance secondaire. Cependant, cette répartition ne lui est pas absolument indifférente, car il est désirable qu'elles soient réparties entre le plus grand nombre d'individus dont l'incompétence serait telle qu'elle ne leur permette pas de s'immiscer dans ses opérations. Pour lui, la seule chose qui compte est que le montant total des valeurs dont il se sert soit le plus considérable possible et en même temps qu'il continue à être le milieu privilégié qui ait le monopole exclusif de cette gérance.

Ces deux résultats poursuivis il faut les examiner séparément.

Le premier n'est pas encore atteint sous le régime capitaliste dénommé bourgeois où les participations - il serait plus exact de dire les mandats de gérance des bourses individuelles - sont volontaires, facultatives, quel que soit leur nombre toujours croissant. Par contre, ce résultat se trouve pleinement réalisé et dans des conditions incomparablement plus avantageuses dans le régime appelé communiste où, à la place des mandats de gérance individuels et facultatifs, il y a un mandat collectif et impératif portant sur la richesse totale socialisée du genre humain. Ce mandat, dans le régime communiste, après la préalable expropriation et transformation de tous les hommes en instruments de travail pour le compte de l'anonymat, porte indistinctement sur tout ce que notre planète - ou en attendant l'une de ses parties - contient d'utile et de précieux.

Pour ce qui concerne ce premier résultat, la supériorité du communisme sur le capitalisme, tel qu'il sévit dans les pays bourgeois, au point de vue, bien entendu, du milieu dirigeant, est donc éclatante, manifeste.

Reste maintenant à savoir si le milieu dirigeant et privilégié du communisme, celui qui a le mandat obligatoire de la gérance au nom de la collectivité, est le même que le milieu dirigeant du capitalisme, celui qui a le mandat facultatif de la gérance au nom du plus grand nombre d'individus distincts.

S'il en est ainsi, la solidarité de l'un et de l'autre ne peut pas se discuter. S'il en était autrement, cette solidarité serait tout simplement inconcevable, à moins d'admettre que tous les renards du capitalisme ont été subitement frappés de démence puisque tout se passe comme si cette solidarité était un fait.

Or, ainsi que dans le premier cas la cause démontrait l'effet, ici nous trouvons que, de façon… aussi péremptoire, les effets démontrent la cause.

En procédant de cette façon, un penseur de l'antiquité a prouvé le phénomène du mouvement aux sceptiques et aux sophistes qui en discutaient la réalité : en marchant.

La solidarité du capitalisme avec le communisme est aussi évidente dans ses effets que le mouvement dans son effet qui est la marche.

Cette solidarité serait absolument incroyable, inconcevable et même impossible, si l'on écartait l'hypothèse que le milieu occulte dirigeant le capitalisme et le communisme est le même. Et en ce qui concerne cette hypothèse considérée séparément en elle-même, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas du tout invraisemblable, pour la bonne raison que les milieux capitalistes ne diffèrent des milieux communistes qu'en ce qu'ils ne sont pas aussi exclusivement juifs.

Cependant, il ne s'agit que d'une simple différence d'enjuivement. Dans les milieux capitalistes, c'est l'élément judaïque qui constitue les noyaux permanents, compacts et invariablement solidaires chaque fois que l'intérêt commun de la race entre en jeu, alors que les éléments non juifs ressemblent plutôt à des couches d'alluvions qui se modifient de génération en génération et ne forment jamais un seul bloc.

C'est à dessein, par pure modération, que nous nous sommes servis du mot hypothèse. Mais si dans le domaine des sciences exactes on avait posé aussi solidement une hypothèse avec un tel nombre de présomptions en sa faveur, elle figurerait depuis longtemps dans le rang des postulats au même titre que la rotation du globe terrestre ou que sa sphéricité. Ni l'une ni l'autre, pas plus que l'identité des arrière-plans du capitalisme et du communisme, ne relèvent de l'observation directe.

À notre hypothèse on oppose un seul contre-argument. Il est vraiment piteux et consiste à laisser supposer que les juifs du capitalisme seraient d'une toute attire qualité que les juifs du communisme. Israël ne constitue pas une nationalité, une race, une caste ni une secte distincte parmi les ressortissants des pays où il habite. Israël se compose d'un certain nombre d'êtres dispersés sur la terre, qui s'ignorent mutuellement et se solidarisent individuellement avec les riches ou les pauvres selon qu'eux mêmes sont riches ou pauvres. Les Israélites, d'après ce contre-argument, se solidarisent aussi avec les Français, les Anglais, les Allemands, les Italiens ou les Américains selon l'endroit ou le pays où ils sont nés.

Cette thèse, énoncée par M. Lloyd George, a été reprise dans un grand nombre de pays. Cela n'empêche pas qu'elle est cri contradiction formelle avec toute la littérature biblique, talmudique et rabbinique et avec tout ce qui compte, si peu soit-il, dans la littérature spécifiquement judaïque moderne. Elle se trouve aussi en désaccord absolu avec l'expérience acquise par tous ceux qui ont eu des relations personnelles, d'affaires ou autres, avec les fils du peuple élu dont la cohésion et l'esprit de corps sont passés à l'état de proverbe dans toutes les langues. Polir des mobiles exclusivement nationalistes et en opposition violente avec leurs mentalités et leurs propres affinités, nous avons vu, en des temps pas très éloignés, des Français de qualité se solidariser non seulement avec d'autres Français de la catégorie la plus inférieure, mais avec l'écurie du socialisme ou du communisme d'Allemagne. C'est à dessein que nous ne disons pas allemand, car ce n'est pas du tout la même chose. Et lorsqu'un gentilhomme allemand excédé supprima le juif galicien Salomon Israelovitch qui se dissimulait sous le pseudonyme de Kurt Eisner, et qui avait essayé d'implanter en Bavière le régime de Moscou, les échos indignés de la presse française, même la mieux pensante, nous en dirent long à ce sujet.

D > autre part, nous avons vu aussi des Allemands de qualité rendre avec usure la pareille aux Français jusqu'au point d'avoir l'air de sympathiser, pour des motifs analogues, avec l'abomination moscovite. Et la même, chose pourrait se dire de tous les autres peuples.

Malgré cela, on ose encore nous insinuer que les juifs seraient moisis essentiellement juifs dans leurs sentiments de réciprocité raciale que ne le sont les Français, les Allemands, les Anglais, les Italiens et les Polonais. Cependant, il faut reconnaître que les nationalismes relativement récents des divers peuples chrétiens ne sont que des contrefaçons imparfaites du très ancien nationalisme messianique d'Israël. Celui-ci, qui est le prototype du genre, existait déjà au temps du roi David.

Ces contrefaçons imparfaites du primordial messianisme de la race élue différent du modèle. Elles ne sont que la manifestation extérieure de certaines classes sociales dont la solidarité idéologique avec les autres couches des mêmes dénominations nationales est sans réciprocité.

Au sein de Abraham, au contraire, la solidarité et la réciprocité des procédés s'étend à tous les individus de la postérité de ce patriarche sans distinction de rang, d'éducation et de fortune. Ainsi, ceux qui constituent l'essence, l'âme du capitalisme, peuvent soutenir, sans éprouver la moindre crainte, les congénères du communisme. ils sont sûrs d'avance que si ces derniers venaient à triompher, rien ne menacerait de ce côté les premiers-nés de la sainte lignée de Jacob. Leurs demeures, comme au temps des plaies d'Égypte, seraient marquées du sang de l'agneau et épargnées par l'ange exterminateur. Cette victoire supposerait donc le triomphe plus total, plus définitif peut-être de la race entière, dont les bénéficiaires seraient tous les individus qui la composent, inclus naturellement ceux qui auraient devancé leurs frères et réussi les premiers dans la carrière.

D'après les aveux de Lénine et (le Trotsky eux-mêmes, la Commune parisienne fut initiée sous l'inspiration de Marx et de sa première internationale, donc par des Israélites. En prenant comme prétexte la rancœur des pauvres contre les riches - en réalité c'était une rancœur dirigée contre les « goïm » exclusivement, pauvres ou riches on fusilla des évêques, des généraux, (les moines qui avaient fait vœux de pauvreté et on profana des sanctuaires et des sépultures catholiques. Mais quant aux richissimes banquiers qui depuis des années et des années étalaient leur luxe insolent dans la capitale française, pas un cheveu ne tomba de leurs têtes ni un centime de leurs poches. Il paraît même qu'une garde spéciale veillait devant leurs demeures, afin qu'aucun dommage ne leur soit fait et que l'ange vengeur ne puisse pas se tromper d'adresse.

La même chose exactement pourrait se produire de nos jours. Les loups, bien qu'affectés à des besognes diverses, n'appartiennent pas à des espèces différentes et ne se mangent pas entre eux. En cas de triomphe de la conspiration appelée communiste, chacun de ces loups aurait assez de bétail chrétien mahométan ou bouddhiste à dépecer pour s'assurer une belle part. La formule « à chacun selon ses besoins » serait vraie pour eux, mais pour le reste de l'humanité la ration quotidienne devrait se réduire au strict nécessaire pour entretenir les muscles du travail.

On essaye de nous présenter les Israélites qui figurent dans les groupements révolutionnaires comme des juifs d'extraction inférieure et séparés de leurs compatriotes fortunés par la même barrière symbolique qui divise le monde chrétien en riches et en pauvres. Et cependant, nous avons déjà vu comment les filles des grands banquiers, convoitées par des nobles authentiques désireux de redorer leurs blasons, convolent en justes noces avec ces soi-disant déchus. C'est qu'en réalité, dans la postérité de judas et de Lévy, il n'y a pas de ci-devant et de sans-culottes en état d'animosité réciproque. Entre ceux qui arrivent et ceux qui sont déjà arrivés il n'existe qu'une véritable confraternité d'armes.

La division verticale du monde juif en une classe haute et une classe basse séparées par une cloison étanche, classes qui seraient à couteaux tirés, comme fort malheureusement le sont les incirconcis dans des conditions similaires, n'est qu'une mauvaise plaisanterie. Elle ne résiste pas à l'examen et ne prouve que la plus grande pénurie d'arguments chez ceux qui veulent défendre à tout prix la neutralité d'Israël dans lus problèmes qui agitent l'histoire moderne.

La convergence des phénomènes leur donne démenti sur démenti, et cependant leur obstination est de plus en plus forte. C'est pour cela que nous continuerons à accumuler les preuves sans leur faire grâce d'une seule.

La presse est possédée par le capital, elle lui appartient, elle est sa chose. Dans une proportion qui varie entre trois quarts et neuf dixièmes, ce capital est juif et se trouve dans les mains de ceux qu'on appelle les Israélites de la classe haute, celle précisément que d'après eux nous ne devons pas confondre avec les autres.

Les communistes, de leur côté, lorsqu'on les accuse de faire la guerre à Dieu, protestent de leur impartialité foncière en matière de foi. Ils proclament hautement que la guerre ils l'ont déclarée au capital, que cette guerre est leur raison d'être par excellence et qu'elle sera sans merci. Et ainsi, les mots « bourgeois » et « capitalistes » se trouvent dans les journaux, les affiches, la littérature et les proclamations soviétiques beaucoup plus fréquemment que ceux de « rois », « prêtres » ou « nobles ».

Capitalistes et bourgeois, maîtres du monde actuel, les premiers surtout, et maîtres de la propagande qui fait l'opinion, sont donc avertis. L'ennemi, apparemment implacable, n'emploie même pas à leur égard ce qu'on pourrait appeler des ruses de guerre. Il ne se met pas à côté des uns pour combattre les autres et n'est pas pour ceux d'un pays contre ceux d'un autre pays. Il les condamne en bloc avec une franchise qui surprend jusqu'à éveiller des soupçons, car à notre époque cri n'est plus habitué à une absence aussi totale d'hypocrisie.

Même en supposant que, dans le milieu de l'ubiquité internationale de l'or, l'unité n'ait pas existé avant l'avènement du communisme, on pourrait croire de nos jours que ce dernier fait l'impossible pour créer cette unité de front et pour la créer contre lui.

Cependant, malgré ses efforts qui poursuivent un but contraire, le communisme ne parvient à créer que l'unité de sympathie en sa faveur dans la presse bourgeoise de gauche, l'unité de complaisance dans la presse du centre et une certaine unité de tolérance dans la presse de droite. Cette dernière, certes, n'est que relative si nous devons en juger d'après ses paroles, mais elle est plus que suffisante pour écarter toute ombre de péril pour le communisme. Et nous devons constater que ce tableau ne peut pas s'appliquer à un pays seulement, mais à tous.

Le capitalisme n'est pas poursuivi, traqué, par les grands ni par les petits chefs du communisme. S'il l'était, et s'il voulait prendre l'offensive contre le communisme, le capitalisme pourrait le faire sans courir aucun risque car il est admirablement outillé. Les Pierre l'Ermite et les Saint Bernard des croisades modernes sont représentés par la presse, le livre, le théâtre, le cinéma et la radio. Et toutes ces armes lui appartiennent.

Par le moyen infaillible d'une formidable campagne de presse conjuguée avec une campagne parallèle de tous ces autres instruments de propagande, le capitalisme aurait pu créer une atmosphère hostile au communisme de laquelle serait sortie automatiquement la réconciliation - provisoire tout au moins - des puissances politiques. Il les aurait financées, comme du reste il l'a fait dans toutes les guerres, en vue d'une action militaire simultanée contre le foyer de la conspiration communiste.

On pourrait nous dire que la suppression de l'État soviétique ne mettrait pas fin à la conspiration mondiale. Ce raisonnement, souvent lu dans la presse, n'est pas fait pour nous surprendre et nous y avons répondu dans un volume consacré aux événements du xixe siècle.

Cette réplique ne peut s'adresser qu'à ceux qui prétendent que la seule conspiration mondiale est la conspiration communiste, c'est-à-dire celle de ces manifestations qui crève les yeux et qu'il n'est plus possible de nier. Celle-ci, en effet, ne date que de 1917 et trouve ses moyens de subsistance, de persistance et de nocivité dans la libéralité de l'État soviétique. Les capitalistes juifs d'Europe et d'Amérique selon ce son de cloche, n'y sont, évidemment, pour rien. Et logiquement, une conspiration de pareille envergure sans d'autres ressources que les chétives cotisations ouvrières et paysannes, ne pourrait exister sans l'appui de l'État soviétique et ne pourrait pas non plus lui survivre.

Quelqu'un qui était un maître en la matière a dit que pour faire la guerre il faut de l'argent, beaucoup d'argent et encore plus d'argent ». Il serait enfantin de soutenir que l'argent soit moins nécessaire, indispensable, en quantités tout aussi énormes, qui s'expriment par un nombre respectable de milliards, pour monter et conduire à bonne fin une conspiration qui doit se terminer par la révolution mondiale.

La conspiration communiste, si elle est, comme nos informateurs officiels et nos gouvernements semblent le croire, le tout de la conspiration historique, ce tout devrait disparaître avec la suppression de l'État soviétique. Cet État disparu, elle ne pourrait plus vivre et ce ne seraient certes pas les prolétaires qui fourniraient les milliards pour la soutenir.

Nous avons la ferme conviction que ce n'est pas Moscou qui finance le communisme. Les fonds qui lui sont nécessaires sont fournis en très grande partie par la puissance invisible qui a financé les formes de la conspiration mondiale antérieure au communisme. Et nous sommes convaincu aussi que la suppression de l'État bolchevik n'entraînerait pas la banqueroute de la conspiration mondiale.

Mais les États capitalistes, les milieux capitalistes et leur verbe qui est la presse, sont d'un avis différent et repoussent la culpabilité du judaïsme international en bloc. Dans ce cas, ils ne peuvent pas soutenir que le communisme, âme selon eux de toute la conspiration mondiale, survivrait à l'État soviétique. Il y a donc là une raison de plus pour le supprimer immédiatement, chose qui ne serait pas autrement difficile.

Les États européens, qui sont capitalistes, sont également démocratiques. En conséquence, ils doivent compter dans une très large mesure avec les divers aspects de la démagogie. Ils ne peuvent plus la manœuvrer parce qu'ils n'ont plus en mains les fils de commande de la propagande dont les milieux capitalistes se sont emparés et qu'ils ne lâcheront plus.

Ces milieux ne se trouvent pas dans le cas des États. Les aspects changeants de la démagogie ne constituent pas pour eux des raisons de faiblesse. Bien au contraire, ils constituent pour eux le talisman de leur force, car ils sont en possession de tous les instruments grâce auxquels ils peuvent les modifier au gré de leurs besoins, de leurs intérêts et même de leurs fantaisies.

C'est bien pour cela qu'ils favorisent, toujours et partout, l'institution des suffrages égaux et universels qui ne sont que le contrôle de la société en dernière instance, par ses éléments les plus ignorants, les plus inconscients, les plus suggestibles, corruptibles et malléables. En effet, cet état de choses leur donne une prise sur la. politique des États, prise que dans d'autres conditions ils n'auraient pas eue au même degré et que ces États eux-mêmes n'ont pas.

Tout ce que nous venons de dire est de notoriété publique, et apparemment au moins n'aurait pas besoin d'être rappelé. Cependant, il ne nous semble pas superflu de le redire une fois encore pour rendre plus plastique le fait que le capitalisme international se trouvait et continue à être admirablement situé pour initier l'offensive contre le communisme. Précisément parce qu'il est international, le capitalisme pourrait agir dans tous les pays à la fois pour initier une offensive simultanée, générale, à laquelle aucun État ne pourrait se dérober, une levée de ~ boucliers universelle contre la conspiration mondiale communiste et contre l'État soviétique qui en est, comme on nous l'assure, le cerveau, le cœur et le foyer.

Vouloir n'est pas toujours pouvoir, c'est certain, mais ce problème ne se pose pas pour le capitalisme.

Nous croyons avoir envisagé toutes les objections possibles. Et nous croyons aussi avoir prouvé qu'en ce qui concerne le capitalisme il y a le pouvoir sans le vouloir.

Le capitalisme pourrait cela est indiscutable. Il a les mains absolument libres et tous les atouts sont dans son jeu. Cependant, il ne veut pas. Allons jusqu'à la dernière conclusion qui s'impose et disons que le capitalisme ne veut pas essayer même de vouloir la suppression de ce qui semble constituer pour lui un péril mortel. Mais alors il ne nous reste qu'à penser qu'il triche, qu'il fait sous la table le jeu d'un prétendu ennemi qui, en réalité, ne doit être que son complice, et que nous tous nous sommes les dindons de la farce.

Cette déduction, si elle est juste, démontre que nous vivons dans une atmosphère chargée du plus vaste mensonge, de la plus vaste mystification dont l'histoire aura été témoin. Le capitalisme dans ces conditions agirait comme le propriétaire qui trouverait avantageux de faire démolir sa propre maison ou de l'incendier avec tout ce qu'elle contient et… qui constitue la propriété de ses locataires. Et ce procédé, expéditif comme pas un autre, aurait en plus l'avantage de le libérer des baux et des servitudes avec lesquels jusqu'alors il aurait dû compter. Le communisme est l'entrepreneur chargé de cette besogne.

Il est certain que dans ces conditions il ne saurait y avoir d'inimitié entre le propriétaire et l'entrepreneur. Cependant, comme la façon d'agir est criminelle, il faut jusqu'au bout sauver les apparences. Pour y arriver, il est convenu que l'entrepreneur incendiaire doit invectiver sans cesse le propriétaire alors que ce dernier lèvera continuellement les bras au ciel, en proie à un désespoir feint et à un courroux impuissant et feint aussi.

N'oublions pas que la maison incendiée abrite la société toute entière. Tout ce qu'elle contient de précieux, ses meubles et ses plus chers souvenirs, deviendront la proie des flammes. Un grand nombre d'êtres humains, qui ne réussiront pas à s'échapper, périront brûlés ; mais tout cela importe peu. Le capitalisme voit grand et ne s'embarrasse pas de préjugés. Un grand stratège ne recule pas devant la perte de quelques régiments si cette perte doit lui assurer la victoire. Le capitalisme veut le terrain libre pour y construire l'immeuble social. Ainsi il pourra imposer aux locataires nouveaux les contrats qui lui permettront de les contrôler de la façon la plus stricte.

Il nous reste à étudier de très près tout ce qui se dit, s'écrit et se passe depuis une douzaine d'années.

Nous commencerons par observer ce que dit la presse, qui n'est pas encore le capitalisme, mais qui est indiscutablement son verbe. Et ensuite nous examinerons ce qu'il fait lui-même,

Et nous serons forcés de constater que les faits et gestes du capitalisme, qui a le pouvoir d'anéantir l'entreprise des démolitions et des incendies projetés, sont exactement ceux du propriétaire qui lève les bras au ciel pendant qu'on le menace de l'autre côté d'une barricade creusée pour masquer une entente qu'il a réalisée après J'avoir longtemps préméditée.

 

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