Préambule
Congrès
: Nécessité des élites
Le
Cercle civique européen rassemble des associations et
des
personnes décidées à maintenir et à promouvoir
celles des
valeurs
qui ont engendré l’Europe chrétienne, et basées sur
le
Décalogue.
Il a tenu son deuxième congrès de Lausanne à la
Longeraie
sur Morges en présence d’une centaine de personnes, les
11
et 12 octobre 1997. Ce Congrès fut organisé au plan pratique par
le
Centre de documentation civique à Lausanne.
Le
livre ci-dessous contient les Actes de ce Congrès, selon
les
documents remis par les divers conférenciers. À la fin, le texte
de
M.
Christian Burgaud sur le Crédit social ne fait pas partie des Actes
au
sens thématique strict ; il présente une doctrine
élaborée par des
amis
canadiens. Un texte complémentaire de M. Etienne Couvert
figure
également en annexe. Une troisième annexe donne des notes
relatives
à l’exposé de M. François de Siebenthal.
Madame,
Monsieur, ne vous privez pas d'une joie extraordinaire
:
vous enrichir de la substance de toutes ces réflexions !
Sur
la revue Finalités
Le
Centre de documentation civique à Lausanne édite
depuis
1972 une revue de 20-30 pages paraissant dix fois par année,
consacrée
à la diffusion du droit naturel et chrétien, et utilisée
actuellement
par
le Cercle civique européen.
Les
articles publiés par le soussigné se présentaient au
cours
des années d’une manière assez variée, sous des
pseudonymes
parfois.
Il convenait je crois de permettre aux lecteurs un usage plus
ramassé
de leur collection. Actuellement, la presque totalité des articles
parus
de 1972 à 1980 se voit insérée dans le volume de quelque
350
pages intitulé: Agonie et transcendance I, qui donne une illustration
suivie
des problèmes posés aux citoyens, en rapport avec le droit
naturel
et chrétien. On peut ainsi assister à une sorte d’agonie
des
sains
principes, nécessitant sans se lasser le rappel de leur transcendance.
Le
lecteur désireux de rétablir un axe sûr dans le
comportement
en
politique peut le lire et même mieux, s’en inspirer en se
joignant
à deux ou trois amis, afin de réagir et d’agir, en usant
des
moyens
légaux : référendums, lettres de lecteurs à
diverses instances,
etc.
Le dos de la couverture donne quelques titres assez “accrocheurs”
je
crois, par exemple “Faire l’amour, c’est faire la
guerre”.
Mais
cela serait peu de chose sans le recours à l’essence de
notre
religion : la vie trinitaire dans toute sa splendeur. Sans la méditation
assidue
de cette vie, on erre. Le lecteur aura à coeur je l’espère
de
se procurer et de fréquenter le “Manuel de la cellule
trinitaire”,
qui
décrit les rites et la vie intime de la cellule, accompagnés des
textes
de
l’Écriture ou de la Tradition qui ont quelque résonance
civique.
La
cellule ainsi conçue est un centre de vie, génératrice de
vie
spirituelle et de vie civique.
Le
pape Jean-Paul II a rassemblé récemment à Paris un
million
de jeunes, fervents. Pour que cette rencontre soit bénéfique
pour
la société, il est désirable évidemment
qu’ils la prolongent en se
mettant
au travail, pour engendrer des élites solides, assidues, formées
à
la propagation du droit naturel et chrétien, chastes selon leur
état,
respectueux de la famille, des commandements, repoussant toute
compromission
avec l’avortement et autres turpitudes.
Les
deux livres mentionnés fournissent dans ce sens des
instruments
qui me semblent difficilement remplaçables.
Les
membres du Cercle civique européen et les autres orateurs
ont
chacun leur mode de rayonnement, qui apparaît au cours des
exposés
ci-dessous.
Puisse
la nécessité de vraies élites se dégager de ce
livre et
de
leur action !
Jean
de Siebenthal
Note
: Les photographies des orateurs apparaissent au
début
de leurs textes. Les personnes suivantes ont fonctionné en
qualité
d'organisateurs
ou de modérateurs :
Homélie
Abbé
Trauchessec
Le
thème retenu pour ce Congrès du Cercle Civique
Européen
: “Nécessité des élites “s’accorde
merveilleusement avec
l'Évangile.
En
effet les élites dans l'Église ce sont les élus, ce sont
ces
hommes
et ces femmes qui ont parfaitement répondu à l'appel du
divin
Maître :
“Vous,
soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.”
Le
Seigneur, qui nous aime d'un amour incommensurable
veut
pour chacun d'entre nous ce qu'il y a de meilleur, à savoir le bonheur
éternel
du Ciel dont jouissent les saints et les saintes, canonisés
ou
non, que nous fêterons, le 1er novembre, en la fête de tous les
saints
instituée pour n'en oublier aucun.
Cet
appel à la sainteté, le Seigneur, en bon pédagogue nous
en
fait mieux prendre conscience à travers des comparaisons telles
que
le levain dans la pâte, la lumière placée sur le lampadaire
ou le
sel
de la terre.
De
même, l’appel du Seigneur au jeune homme riche est
net,
sans équivoque et loin de la médiocrité, de la
tiédeur, de l'indifférence
qui
nous caractérisent le plus souvent !
Ne
nous arrive-t-il pas d'entendre dire ou de dire nousmêmes
ou,
au moins de penser : “Le Bon Dieu n'en demande pas
autant.”
?
Quelle
ignorance des Saintes Écritures ! Quelle ignorance
de
l'enseignement de l'Église dénotent de tels propos !
L'appel
à la perfection ne s'adresse pas seulement à
quelques-uns,
comme certains seraient tentés de le croire, à tort, mais
à
tous ! Le IIème Concile Œcuménique du Vatican a
magnifiquement
rappelé
cet appel universel à la sainteté dans le chapitre V de la
Constitution
dogmatique sur l'Église intitulée Lumen Gentium.
À
défaut de pouvoir le citer en entier, faute de temps, retenons,
au
moins, ce passage :
“Il
est donc bien évident pour tous que l'appel à la plénitude
de
la vie chrétienne et à la perfection de la charité
s'adresse à tous
ceux
qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur rang ;
dans
la société terrestre elle-même cette sainteté
contribue à promouvoir
plus
d'humanité dans les conditions d'existence. Les fidèles doi-
vent
appliquer les forces qu'ils ont reçues selon la mesure du don du
Christ,
à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et
devenus
conformes à son image, accomplissant en tout la volonté du
Père,
ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu au
service
du
prochain. Ainsi la sainteté du peuple de Dieu s'épanouira en
fruits
abondants, comme en témoigne avec éclat l'histoire de
l'Église
par
la vie de tant de saints.”
La
méditation des paraboles déjà évoquées et de
ce texte
du
Magistère suprême ne doit-elle pas nous conduire à prendre
dans
la
cité les engagements, les responsabilités en fonction des talents
que
Dieu nous a confiés et dont nous aurons à rendre compte au soir
de
notre vie ?
À
ceux qui ont beaucoup reçu, il sera beaucoup demandé.
Sans
doute sommes-nous de ceux qui ont beaucoup reçu, à commencer
par
le don de la foi au jour de notre baptême.
Cette
foi nous devons l'entretenir, l'éclairer et la communiquer
sans
altération.
Lors
de la célébration du IVème centenaire de la mort de
Sainte
Thérèse d'Avila, en 1982, ne lisait-on pas sur l'affiche
éditée à
cette
occasion, une phrase dont elle est l'auteur :
“Le
monde est en feu… Ce n'est pas l'heure de traiter avec
Dieu
d'affaires de peu d'importance.”
Quelle
actualité dans ces paroles ! Quel cri d'alarme qui
devrait
secouer notre torpeur ! Devant les maux dont nous souffrons,
chaque
jour un peu plus, que faisons-nous ?
Au
début du siècle, Saint Pie X, le dernier pape canonisé,
ne
disait-il pas : “Si le Christ ne règne pas par ses bienfaits,
Satan
régnera
par ses méfaits.”
Quel
spectacle offre le monde à la fin de ce siècle, à
quelques
années du troisième millénaire ?
Loin
de baisser les bras, loin de nous laisser abattre par les
nombreuses
difficultés de l'heure, nous nous devons de réagir d'ur-
gence
à la manière des saints. D'abord en priant et ensuite en
travaillant
selon
la belle devise de Saint Benoît, Patron de l'Europe ;
“Ora
et Labora “.
Oui,
mettons-nous vite à l'œuvre avec ardeur pour faire
échec
à l'extension sournoise du marxisme qui continue malgré la
levée
du rideau de fer et la chute du mur de Berlin, pour faire échec
aux
lois civiles contraires aux lois divines telles celles sur l'avortement
et
le divorce. A l'heure où les criminels n'ont plus à craindre la
peine
de mort les innocents, par millions chaque année à travers le
monde,
sont assassinés dans le sein maternel. Dans tel pays, qui plus
que
d'autres devrait donner l'exemple de la fidélité, ce “crime
abominable
“
pour reprendre la vigoureuse et exacte expression employée
par
le IIème Concile Œcuménique du Vatican, est remboursé
aux
frais
des contribuables !
Que
faisons-nous pour que les lois civiles s’harmonisent
avec
la loi divine : “Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni
“,
à
l'heure où le libéralisme favorise le divorce par consentement
mutuel
?
Que
faisons-nous pour que la morale soit respectée, pour
que
les incitations permanentes à la débauche disparaissent de nos
rues
et de nos écrans de téléviseurs ?
Que
faisons-nous pour tenir en échec l'abominable proposition
de
loi sur l'infâme et répugnant “contrat d'union civile et
sociale
“qui
devrait prochainement être discuté au parlement français
pour
la
plus grande honte de ce Pays auquel le Pape Jean-Paul II a plusieurs
fois
posé la question avec insistance en 1980: “France, fille
aînée
de l'Église qu'as-tu fait des promesses de ton baptême ?''
Devant
de telles offenses à Dieu et aux hommes créés à
son
image, les saints ne craignaient pas de réagir avec vigueur et de
crier
haut et fort - souvent au péril de leur vie “à temps et
à contre
temps“
comme dit Saint-Paul, les droits imprescriptibles de Dieu
auxquels
les hommes doivent se soumettre sous peine de se condamner
eux-mêmes.
Les
mémoires seraient-elles si courtes pour ne plus se souvenir
de
la disparition de Sodome et Gomorrhe et de brillantes civilisations
égyptienne,
grecque et romaine, qui, elles aussi, ont sombré
dans
la luxure ?
Le
champ d'action qui s'ouvre à nous est vaste ; aussi a-ton
plus
que jamais besoin de saints. La nécessité des élites
a-t-elle
jamais
été plus nécessaire ?
Comme
les saints, usons des moyens préconisés par Saint
Paul
dans l'épître de ce jour et, comme eux, trouvons, dès ici
bas,
notre
bonheur dans la mise en œuvre du Décalogue !
“Heureux
ceux dont la conduite est sans reproche, et qui
suivent
la loi du Seigneur “nous dit l’Introït de cette messe du XXI
ème
dimanche après la Pentecôte. Là où un saint passe,
Dieu passe,
dit
le Saint Père.
Au-delà
des difficultés présentes, gardons courage et
confiance.
“Courage, petit troupeau, J'ai vaincu le monde “, nous dit
Notre
Seigneur.
À
la veille de fêter le 80e anniversaire de la sixième apparition
de
Notre-Dame du Très Saint Rosaire à Fatima, rappelons ses
paroles
pleines d'espérance :
“À
la fin mon Cœur Immaculé triomphera.”
Ainsi
soit-il
Abbé
Trauchessec
Homélie
prononcée le 11 octobre 1997 en la chapelle de la
Longeraie.
Familles
et élites
Daniel
Raffard de Brienne
Avant
d'aborder la question des élites, il faut commencer
par
définir le mot pour savoir de quoi l'on parle. Or le mot élite
réserve
des
surprises. À en croire les dictionnaires français,
l'élite, c'est ce
qu'il
y a de meilleur, c'est, pourrait-on dire, la crème, la fleur. Nos
amis
italiens et allemands expriment la même idée en parlant de fleur
:
fire ou Blume.
Mais
le mot élite vient du verbe élire qui signifie choisir,
tout
comme le portugais élite ou l'espagnol escogido. Il faudrait donc
comprendre
que l'élite est choisie comme étant ce qu'il y a de
meilleur.
Mais choisie par qui ?
En
fait on tombe en plein paradoxe. Si l'on se fie à un
choix
démocratique, car élire fait penser à élection,
selon quels critères
et
par quels moyens la masse des moins bons peut-elle désigner
les
meilleurs ? Au demeurant, être meilleur est une qualité
intrinsèque
qu'aucune
élection ne peut conférer ; tout au plus pourrait-on
reconnaître
les meilleurs, si l'on en est capable, mais non rendre
meilleurs
les gens que l'on désigne. Ouvrons ici une parenthèse pour
limiter
notre sujet. On peut être le meilleur dans n'importe quelle
catégorie,
aussi bien sur le plan physique que psychique ou moral,
sans
que cela ait d'incidence sur la vie de la société. Mais nous ne
parlerons
ici
que des élites qui jouent un rôle, par voie de hiérarchie
ou
par
influence morale, dans le gouvernement de la société.
Or
la démocratie, pour sa part, s'oppose à la notion même
d'élite
contraire à ses deux dogmes fondateurs et d'ailleurs contradictoires
:
la liberté et l'égalité. La liberté, telle que la
prône le libéralis-
me,
aboutit à l'inégalité par la libre domination des plus
faibles par
les
plus forts. L’égalité, fondement du socialisme, se trouve
contrainte
de
brider la liberté en s'appuyant toujours, comme l'a montré
Chafarevitch,
sur une nomenklatura, c'est-à-dire une classe supérieure
de
fonctionnaires. Ainsi la liberté et l’égalité en
viennent à créer la
contrainte
et l'inégalité. L'aboutissement de la démocratie, c'est en
fait
l'oligarchie, le gouvernement d'un petit nombre. Et, en fin de
compte,
comme le dit la dernière encyclique pontificale, la démocratie
mène
au totalitarisme.
L'oligarchie
issue du processus démocratique est bien, par
ses
origines et par ses modalités d'accession au pouvoir, tout le
contraire
d'une élite, c'est-à-dire du meilleur. Certes tout homme jouit
de
la liberté de choisir le bien moral et toutes les âmes sont
égales
devant
Dieu, mais il s'agit là de valeurs surnaturelles. Tout système
qui
se veut angélique et qui n'est que la répétition du
péché originel,
tout
système qui entend transformer artificiellement les valeurs
surnaturelles
dans
le domaine naturel aboutit à une inversion des
valeurs.
L'élite née de la démocratie n'est donc qu'une
contre-élite.
On
pourrait en dire autant de tous les élitismes que certains,
comme
la Nouvelle Droite, veulent instaurer artificiellement
sans
qu'ils soient enracinés dans la nature.
Car
la véritable élite ne provient pas d'une élection, non
plus
que d'une fabrication arbitraire. Elle est d'abord inhérente à
l'inégalité
naturelle.
Il
faut être intellectuellement aveugle pour ne pas voir que
toute
l'organisation et même toute l'harmonie de la création sont
fondées
sur
l'inégalité, une inégalité voulue par Dieu. Toute
doctrine
égalitaire
constitue donc un refus du plan de Dieu, une révolte, un
péché
contre Dieu. Elle est aussi une absurdité. Car, même si l'on s'en
tient
à l'espèce humaine, on n'y voit que des inégalités.
Inégalités
physiologiques
: le sexe, l'âge, la race. Inégalités physiques : la
beauté,
la
force, la santé. Inégalités intellectuelles et mentales.
Inégalités
morales.
Toute
l'organisation sociale humaine est fondée sur ces
inégalités.
Sans inégalités, il n'y aurait pas de société,
seulement une
juxtaposition
d'êtres semblables.
La
famille est la cellule de base de la société naturelle.
C'est
pourquoi, d'ailleurs, toute idéologie qui prône la construction
d'une
société artificielle commence par essayer de détruire la
famille.
Rien
n'est plus inégal que l'organisation de la famille : les charges, les
responsabilités,
l'autorité y sont distribuées en fonction de l'état de
chacun.
C'est
à partir de la famille que s'élève la pyramide des
sociétés
naturelles pour répondre aux différentes nécessités
de la vie
temporelle.
Il n'y a pas de modèle unique de cette pyramide. Les aléas
de
l'histoire et les contraintes géographiques amènent des solutions
différentes.
Mais
il y a néanmoins des constantes. Et parmi ces constantes,
on
note l'existence à tous les niveaux d'oligarchies. Parmi les
hommes,
parmi les chefs de famille, certains sont plus forts, plus
compétents,
plus riches. Ils forment un groupe social, ou même une
classe,
qui domine la société et y exerce la réalité du
pouvoir. Cela
aussi
résulte de l'inégalité naturelle que l'on est bien
obligé de prendre
en
compte si l'on ne rêve pas d'utopies fumeuses.
Et
cela se vérifie tout au long de l'histoire comme sur toute
la
surface de la Terre. On pourrait multiplier les exemples et citer,
entre
mille autres cas, les patriciens de Rome, les incas du Pérou ou
les
mandarins de Chine. Toutes oligarchies obéissant par ailleurs à
des
modalités de fonctionnement très différentes.
Mais
peut-on appeler élites ces oligarchies ? L'élite, c'est
le
meilleur. S'agissant de son action au niveau du pouvoir social, on
devrait
parler d'aristocratie, c’est-à-dire du gouvernement des
meilleurs.
Or
il n'est que trop certain que, dans biens des cas, l'oligarchie
s'exerce
au profit de ses membres, au détriment des classes
moins
favorisées qu'elle devrait aider et protéger, et sans réel
souci du
bien
commun. Sans même chercher dans l'histoire des exemples de
ce
comportement, il suffit de regarder comment agissent les oligarchies
nées
artificiellement des utopies démocratiques, libérales ou
socialistes.
Les chroniques judiciaires sont remplies de leurs exploits.
Pour
qu'une oligarchie mérite le nom d'élite ou d'aristocratie
et
en joue réellement le rôle, il faut qu'elle exerce le pouvoir en
vue
du bien commun, que toute son influence et toute son action
soient
guidées par des règles morales. Autrement dit, il faut qu'elle
applique
consciemment le plan de Dieu.
C'est
ce que l'on a pu voir se réaliser en Europe au cours
des
siècles de chrétienté. Prenons l'exemple de la France.
L'effondrement
des structures de l'État antique et l'insécurité
générale
y ont amené l'apparition d'un régime assez étonnant : la
féodalité.
Un régime en principe idéal puisqu'il repose sur une pyramide
de
liens personnels, d'homme à homme pratiquant l'entraide et
l'échange
des services. Je ne veux pas faire de la féodalité un tableau
angélique.
Comme disait Jacques Bainville, “tout a toujours très mal
marché
“. Et selon le Curé d'Ars : “partout où il y de
l'homme il y a
de
l'hommerie”. La féodalité était donc imparfaite,
comme l'homme,
comme
toute institution humaine.
Elle
était menée par une classe dirigeante, une noblesse
qui
aurait pu n'être qu'une oligarchie jouisseuse et égoïste
comme nos
modernes
oligarchies. Mais elle était profondément chrétienne,
animée
par
l'idéal de la chevalerie, soucieuse du bien commun et du
règne
de Dieu. Elle était une élite, une aristocratie, sans laquelle la
France
n'aurait jamais eu d'âme, sans laquelle l'épopée des
croisades
n'aurait
pas freiné l'invasion islamique.
Plus
tard, la féodalité n'a plus correspondu aux
nécessités
de
l'histoire, alors qu'un État se reconstituait au détriment des
autonomies
régionales.
Mais jusqu'à la Révolution, la pyramide des
sociétés
naturelles a subsisté. La noblesse est restée une élite en
continuant
de donner l'exemple de l'honneur et du service.
Les
forces mercantiles qui substituent “l'économisme” à
la
chrétienté
ont déclenché la Révolution. Le règne du “roi
très chrétien”
s'est
achevé le 10 août 1792 dans le sang de ses derniers défen-
seurs.
Ce sera la gloire de la Suisse d'avoir donné au roi ses derniers
et
héroïques défenseurs.
On
connaît la suite. Depuis deux siècles, la France,
l'Europe,
le monde roulent vers l'abîme dans un torrent de boue et de
sang.
Il
n'y aura de salut que dans le retour aux valeurs traditionnelles,
celles
qui dans le plan de Dieu et donc selon les principes
du
christianisme doivent organiser et conduire la société. Il y faut
l'exemple
et l'influence d'une nouvelle élite, d'une nouvelle aristocratie.
L'histoire
ne remonte pas le temps. Il n'est pas question de
recréer
l'ancienne noblesse. Mais il n'est pas interdit de penser que la
nouvelle
élite pourrait prendre exemple, non sur les vanités, mais sur
les
vertus de l'ancienne noblesse.
C'est
pourquoi, sans nul doute, le grand pape Pie XII,
comme
le rappelle dans son livre le professeur Plinio Correa de
Olivera,
s'est si souvent adressé à la noblesse, et plus
spécialement à
la
noblesse italienne. L'ancienne noblesse a encore un rôle à jouer,
en
transmettant
à l'avenir ce qu'elle a reçu du passé, en jetant un pont
par-dessus
l'histoire entre la chrétienté détruite et la
chrétienté à construire.
Daniel
Raffard de Brienne
Élites
et principe de Subsidiarité
Philippe
Maxence
Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs,
C'est
pour moi un grand honneur et une grande joie que
d’être
présent aujourd'hui à cette tribune pour ce Congrès du
Cercle
civique
européen et du Centre de documentation civique. Je remercie
particulièrement
Monsieur Jean de Siebenthal qui m'honore de sa
confiance
en me permettant d’évoquer aujourd'hui avec vous deux
éléments
indispensables de toute réforme sociale et politique catholique
:
le principe de subsidiarité et la nécessité des
élites à tous les
niveaux
du corps social.
J'avoue
avoir quelques scrupules à évoquer ces deux thèmes
car
il y faudrait une expérience que je suis loin de posséder et
surtout,
je suis l’hôte d'un pays où ces deux éléments
restent des
réalités
vécues alors qu'elles sont, pour nous Français, des espoirs
à
retrouver.
Avant d'entrer dans une présentation sommaire du principe
de
subsidiarité et de ses liens avec les élites, brossons rapidement
un
tableau
des grands axes vers lesquels le monde semble se diriger.
I
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Toute
démarche qui se veut réaliste doit, en effet, s'appuyer
sur
des données facilement vérifiables. Affirmer aujourd'hui
que
le monde se trouve dans une phase de mondialisation accrue n'a
pas
besoin d'une longue démonstration. Ouvrons seulement les yeux.
Les
moyens de communication, du satellite à Internet, les produits
manufacturés,
la rapidité des voyages, l'uniformisation vestimentaire
de
la jeunesse, l'existence d'une Organisation des Nations Unies,...
autant
de signes parmi d'autres de cette volonté de faire de la terre un
grand
village global, sans frontières, sans particularismes, sans
héritage,
sans
identité propre à chaque pays, à chaque nation.
Mais
la mondialisation est à la fois un fait acquis et une
volonté
politico-idéologique qui n'a pas encore abouti.
C'est
un fait acquis au point de vue des techniques ou des
échanges
économiques.
Et
en même temps, le mondialisme n'est pas encore parvenu
à
toutes ses fins, et notamment à la disparition des nations et à
l’établissement
d'un
gouvernement mondial.
D'autant
que nous pouvons remarquer une autre tendance
:
celle du particularisme exacerbé, de l'ethnicisme, du
séparatisme.
Regardons
les affrontements inter-ethniques en Afrique, les luttes
entre
castes en Asie. Pensons plus près de nous aux ravages de la
guerre
dans les Républiques de l'ex-Yougoslavie. Sans oublier, bien
sûr,
les problèmes du Liban ou les affrontements entre communautés
aux
États-Unis.
Or
qu'est-ce que tout cela révèle ? Tout simplement que le
monde
est pris dans une tension entre la mondialisation et le particularisme.
L'utopie
rattrapée par l'histoire et la réalité. L'Europe
ellemême,
je
veux dire l'Europe de la Communauté européenne est prise
dans
cette tension, insoutenable à long terme. Elle vise à l'union
mais
par
la disparition des nations. À la place, elle prévoit
l’établissement
de
régions qui dépendront entièrement du pouvoir central
bruxellois.
En
1992, le ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne a ainsi
présenté
une carte d'Europe entièrement redécoupée en trois
régions
économiques,
plus ou moins autonomes, et qui avaient toutes pour
pivot
central l'Allemagne. Au mépris de l'histoire, au mépris de la
réalité
politique présente, la France et l'Italie étaient tout bonnement
découpées
en deux.
Le
monde, l'Europe se trouvent donc aujourd'hui pris entre
le
particularisme exacerbé et le mondialisme, entre l'atome et le
gigantisme,
entre la désagrégation et la fusion. À terme, c'est
l'homme
qui
risque de se replier sur lui-même en échappant à son besoin
d'universel.
Tout autant il risque d’être écrasé en manquant
à son
besoin
d'enracinement. En tous les cas la tension entre les deux sera
intenable.
I1
faut donc une réforme politique. Totale. Elle ne sera pas
suffisante
à elle seule, c'est entendu. Mais elle est incontournable car
la
fonction du politique est bien d'assurer le bien commun temporel.
Et
c'est ce qui est aujourd'hui dramatiquement en jeu.
La
doctrine sociale de l'Église apporte pour sa part les
principes
auxquels il faut revenir pour sortir de ce chaos : la primauté
du
bien commun, le principe de l'autorité et le principe de
subsidiarité.
Les
trois termes sont inséparables.
II
Le principe de subsidiarité
Pourquoi
attacher aujourd'hui tant d'importance au principe
de
subsidiarité ? Pour deux raisons au moins, étant entendu qu'il y
en
a beaucoup d'autres que je ne présenterai pas ici. La première de
ces
raisons est tout simplement que correctement compris et appliqué,
ce
principe de subsidiarité est d'une étonnante actualité.
Plus
qu'hier,
si c'est possible, il permet de résoudre cette tension que
j’évoquais
tout
de suite entre le gigantisme et l’atomisation. Je dis plus
qu'hier
bien que ce principe corresponde tellement à la nature humaine
—
c'est là son profond réalisme — qu'au fond il ne varie pas
dans
le
temps. Seules les circonstances varient et appellent le jugement du
gouvernant.
Et les circonstances aujourd'hui rendent le principe de
subsidiarité
d'une grande urgence.
La
deuxième raison vient de ce que l'Église au XXème
siècle
a insisté de façon de plus en plus pressante sur la
nécessité de
recourir
au principe de subsidiarité comme règle de vie sociale. Ce
n'est
pas l'Église qui a inventé le principe de subsidiarité. Il
est, en
quelque
sorte, inscrit dans la nature humaine. Subsidiarité comme
vous
le savez vient de subsidium, qui veut dire aide. Il est important
de
recourir ici à l’étymologie car beaucoup — et parfois
de bonne foi
—
pensent substitution plutôt qu'aide. Or il s'agit de tout le contraire.
Il
s'agit de substituer le moins possible mais, par une aide appropriée,
si
elle est nécessaire, d’éduquer à la
responsabilité. C'est en cela que
l'on
peut dire que ce principe — au nom barbare, je vous l'accorde,
intraduisible
dans certaines langues, le danois par exemple — découle
de
la nature humaine. La mère aide son enfant à manger mais dans
le
but de l'aider à acquérir la faculté de manger seul.
Autrement dit
que
l'enfant acquiert la responsabilité de lui-même pour cette
fonction
importante
de la nutrition.
Là
aussi un peu d’étymologie peut nous aider à comprendre
ce
que nous voulons dire. Responsable vient de respondeo, répondre.
Être
responsable, c'est avoir la capacité, le pouvoir, de répondre
de
ses actes, d'expliquer, de justifier pourquoi nous avons posé tel
acte,
décidé telle chose. À un degré supérieur,
c'est la qualité éminente
du
chef, de l'autorité, des élites. Nous nous approchons par
là
du
lien entre subsidiarité et élites.
Venu
de l’expérience humaine, le principe de subsidiarité
a
été en quelque sorte formulé scientifiquement par
l'Église. Cette
définition,
reprise depuis lors mais avec une portée toujours agrandie,
se
trouve dans Quadragesimo anno de Pie XI, paragraphes 86 ou 87.
On
peut résumer ce principe en trois points :
1°)
premier point : laisser les personnes responsables agir
par
elles-mêmes si elles en ont les capacités. Autrement dit respecter
leur
faculté d'initiative, le fait qu'elles soient cause responsable de
leurs
actes;
2°)
deuxième point: faciliter, aider les personnes responsables
pour
leur permettre, si elles n'en ont pas encore les capacités,
d’assumer
pleinement ces responsabilités ;
3°)
enfin troisième point, si, pour un temps, ces personnes
s’avèrent
vraiment incapables d'assumer ces responsabilités, on va
suppléer,
faire à leur place mais dans l’idée de tout faire pour les
former
afin
qu'elles agissent un jour par elles-mêmes.
Vrai
pour les personnes, ce schéma s'applique également
aux
communautés de toutes tailles. On peut résumer encore ce principe
en
trois mots : respecter, aider, suppléer. Le tout orienté en
direction
de
l’éducation à la responsabilité.
J'ai
donné tout de suite un sens actif au mot responsable.
Mais
il y a aussi un sens passif. On est responsable quand on subit les
conséquences.
Prenons l'exemple de l’éducation des enfants. Qui est
responsable
? Les parents ? L’école ? L'État ? Vous savez ce que
répondent
les idéologies. Mais la réalité ? La question à
poser est
celle-ci:
qui supporte, avant tout, en premier, au plan moral comme
au
plan matériel les conséquences d'une mauvaise éducation ?
Qui,
sinon
les parents ? Les premiers, les parents récoltent les fruits de
l’éducation
donnée
à la maison, poursuivie à l’école ou dans les
mouvements
de
jeunesse. Les parents, avant même les enfants euxmêmes,
qui
ne sont pas cause responsable de leurs actes, sont comptables
de
l’éducation. Sur la terre comme au Ciel. Certes, si les
enfants
volent ou agressent d'autres personnes, la responsabilité de
l'État,
dans ses fonctions de police, rentre alors en jeu. Oui, mais ce
n'est
pas de l'enfant en tant que sujet d’éducation dont
l’État est
responsable.
C'est de la sécurité des citoyens. Et, à ce titre,
l'État va
se
tourner vers les parents pour qu'ils payent et réparent.
Appliqué
au problème scolaire tel que nous l'avons en
France,
quel est le pouvoir des parents en matière d’éducation ?
L'Éducation
nationale, en France, se charge de tout. Son ingérence
totale
annihile les pouvoirs des véritables et premiers responsables.
Le
nœud géométrique du problème du principe de
subsidiarité, du
problème
politique se trouve justement là : dans cette confiscation du
pouvoir
de ceux qui ont pourtant les responsabilités et l'autorité
naturelle.
Nous
assistons depuis 1789 à la confiscation des pouvoirs des
responsables
naturels par des officines, par des idéologues, par des
classes
et des partis fabriqués artificiellement, par des élites
nouvelles
qui
n’étant plus confrontées aux conséquences de leurs
décisions
entretiennent
et aggravent une situation déjà dramatique.
Propos
réactionnaire ? Le très sérieux et tout aussi peu
réactionnaire
quotidien du soir français, Le Monde, dans son édition
du
9 septembre, sous le titre La France malade de ses élites ? remarquait,
à
propos de l’élite sortie de l'Ecole Nationale d'Administration
(ENA)
: «ce mélange de formation généraliste et de pseudo-expertise
sans
débat ni recours au terrain semble toucher ses limites».
«Sans
recours
au terrain», c'est-à-dire sans l’expérience
véhiculée par
l'exercice
de véritables responsabilités sociales et politiques. Le
Monde
le constate bien d'ailleurs : «de jeunes bêtes à concours
sont
sélectionnées
et formatées par le système scolaire pour être
propulsées
ensuite
sans expérience professionnelle à des postes de décisions.
»
Pardonnez-moi de m'appuyer, une fois n'est pas coutume je
vous
assure, sur ce dossier du Monde. Car le journal de référence de
la
République laïque française va plus loin. Il enfonce le clou
: « il
existe
en France une élite dirigeante qui ne connaît pas la sanction de
l’échec
». Ce que Le Monde en bon français appelle « l'absence de
responsabilité».
Nous
nous trouvons en France dans une situation où —
c'est
une image — le pouvoir tient le marteau et les vrais responsables
le
clou. Quand la même personne possède à la fois le pouvoir
—
le
marteau — et la responsabilité — le clou — habituellement
cela
fonctionne
bien. Quand ce n'est pas le cas, il y a matière à enseignement.
On
corrige parce qu'on subit alors directement les conséquences
de
ses actes. La grande leçon du principe de subsidiarité
réside là
:
laisser aux gens le marteau et le clou, autrement dit laisser aux
responsables
le pouvoir. Car nous entrevoyons très bien quelles peuvent
être
les réactions lorsque les deux sont dissociés. Si je tiens le
marteau
et que vous tenez le clou, vous ne jouerez pas longtemps
avec
moi à ce petit jeu-là. Car la peur vient très vite. La
peur et le
repli
sur soi. S'installe alors le règne de la déresponsabilisation. Et
quand
arrive un problème, on ouvre le parapluie. Pour se protéger. Ce
n'est
pas moi, c'est lui.
Au
niveau de la société, les responsabilités, les domaines
de
compétence qui devraient être du ressort des communautés
intermédiaires
sont
rejetés sur l'État. Conclusion logique, l'État doit tout
prendre
en charge. Et quand l'État se défausse à son tour, parce
que
cette
déresponsabilisation est installée institutionnellement, alors on
abandonne
les responsabilités du pouvoir à une super technostructure
qui
s'appelle l'Europe de Maastricht ou l'ONU. En terme politique,
c'est
un abandon de souveraineté et l'application du principe de
subsidiarité.
Mais
à l'envers.
III
Les élites
Et
l’élite dans tout cela ? Nous avons tendance à confondre
élite
et aristocratie. À cela, rien de plus normal. Si l'on entend le
terme
aristocratie — non pas au sens strict de gouvernement des
meilleurs
— mais au sens plus élargi, de composante du meilleur
régime
présenté par saint Thomas d'Aquin dans la Somme
théologique
(I-II,
Q105, 1), il est normal que nous établissions cette parenté
entre
élite et aristocratie. Mais la situation d'aujourd'hui est loin de
nous
plonger dans ce cas. L'article du Monde que je citais tout à
l'heure
le montre bien. Il nous faut donc distinguer entre élite et
aristocratie,
ou
plus simplement entre véritables élites et fausses élites.
Le
portrait de cette dernière nous l'avons en quelque sorte dressé
il y
a
un instant. N'ayant pas les conséquences de ces décisions, en
raison
de
la dissociation du couple pouvoir-responsabilité, cette fausse
élite
voit
s'ouvrir devant elle un vaste champ de turpitudes : fausses factu-
res,
délit d'initié, prébendes, pressions en tout genre,
etc… L’actualité
récente
est suffisamment éloquente à ce sujet.
Quel
sera alors le rôle d'une véritable élite, des
véritables
élites
? Et d'abord peuvent-elles encore exister ? Recourons une fois
encore
au sens des mots. Le mot élite vient d’élire. Rien qui
à première
vue
nous conduise au sens actuellement entendu du terme : les
meilleurs,
les plus compétents. Le regretté Marcel de Corte l'a très
bien
expliqué : «toute élection implique désignation à
une dignité, à
une
fonction par un choix. L’élite suppose donc l'approbation
d'autrui,
entendue
non pas au sens de suffrage universel ou d’élection
démocratique,
mais au sens d'estime plus ou moins diffuse dans un
groupe,
sans le moindre caractère artificiel de propagande, avec une
sorte
de reconnaissance naturelle et spontanée de ceux qui sont “les
meilleurs”
dans ce groupe» (in L’Homme contre lui-même, NEL
1962,
page 108). Autrement dit, l’élection dont il s'agit, le choix qui
s’opère
quand il s'agit de l’élite vient de la reconnaissance de la
compétence.
Ce
n'est pas d'abord la fonction qui fait l’élite. Le Monde le
reconnaît
lui-même aujourd'hui. C'est la compétence qui conduit à la
fonction.
Ou plus exactement c'est la compétence, le savoir-faire, les
services
rendus qui donnent l'autorité absolument nécessaire au rôle
de
l’élite.
Nous
ne sommes pas ici dans le seul registre subjectif du
dévouement,
du désir même de servir bien qu'il faille son existence
au
point de départ. Nous sommes dans le registre de l'autorité
réelle
née
de la reconnaissance objective, par les faits, du service rendu, de
la
compétence apportée. Un médecin n'est pas un grand
médecin
parce
qu'il désire se dévouer corps et âme aux malades. Un
médecin
est
grand parce qu'il s'est dévoué corps et âme aux malades,
avec une
réelle
compétence et une véritable efficacité. Autrement dit
parce
qu'il
a associé de manière éminente les pouvoirs (de soigner)
que lui
conférait
sa responsabilité (de médecin). Un maire d'une commune
est
un véritable homme politique parce que ses choix en vue du bien
commun
de sa cité conduisent effectivement au mieux vivre en commun
des
habitants de la cité et non pas simplement parce qu'il désire
atteindre
le bien commun. Et cela nous amène à un deuxième
caractère
de
l’élite. Car si la compétence conduit à la fonction,
à l'autorité
naturelle,
celle-ci donne à l’élite un caractère social, une
signification
sociale.
«L’élite explique Marcel de Corte émane d'une
communauté
dont
elle partage le destin avec plus de vigueur et de lucidité que les
autres».
Cette vigueur et cette lucidité tiennent inévitablement,
quoique
pas seulement, à une capacité très grande d'assumer des
responsabilités
sociales et politiques au sein des communautés dans
lesquelles
sont plongés ceux qui constituent l’élite.
L’élite véritable
est
au service du bien commun. Et ce service dicte ses devoirs.
Au
plan social et politique qui est le nôtre, le rôle d'une
élite
sociale et politique est donc de créer les «conditions publiques
normales
et stables telles qu'aux individus aussi bien qu'aux familles
il
ne soit pas difficile de mener une vie digne, régulière, heureuse
selon
la loi de Dieu» C'est là une définition du bien commun
donnée
par
le pape Pie XII le 8 janvier 1947. Plus prosaïquement on peut
définir
le rôle de l’élite comme devant créer les conditions
qui permettront
au
plus grand nombre d'avoir intérêt à bien faire ou à
faire
le
bien. Cela revient finalement à exiger le principe de
subsidiarité en
règle
de vie sociale. Si l'on reprend l'image du clou et du marteau utilisée
tout
à l'heure pour résumer en quelque sorte ce principe, nous
voyons
fort bien que lorsque nous avons le clou et le marteau nous
avons
intérêt à bien faire. À bien faire quoi ? Ce qui est
de notre
devoir,
de nos responsabilités. Tout le rôle du politique, tout le
rôle
politique
des élites consistera donc à créer dans les
communautés
dont
ils ont la charge les conditions pour que les personnes aient
intérêt,
c'est-à-dire
le pouvoir, à bien faire leurs devoirs. Dans Retour au
réel
Gustave Thibon écrivait déjà : « les hommes ont
perdu le sens du
devoir,
gémit-on devant la profonde incurie de tant de membres de la
société
moderne. Cet état de chose soulève une question essentielle :
ces
hommes qui ne font pas leurs devoirs ont-ils vraiment intérêt
à le
faire
? Ayons le courage de l'avouer : tant que nous n'aurons pas construit
un
ordre social où l'individu se trouve soudé à sa fonction
par un
système
de récompenses et de sanctions immédiates et personnelles,
il
ne faudra pas nous étonner des éclipses du sens moral». Et
Thibon
de
conclure :«C’est précisément dans une époque
comme le Moyen
Âge
où, depuis le prince jusqu'au dernier artisan,
l’intérêt des hommes
faisait
le plus intimement corps avec leurs devoirs, qu'on a vu
fleurir,
dans tous les milieux le plus de héros et de saints»
(Lardanchet,
1943, pages 162 à 166). Autrement dit une véritable
élite.
IV
Conclusion
Pour
conclure revenons au principe de subsidiarité. On
peut
lui attribuer deux portées significatives : une négative, l'autre
positive,
de deux façons. De manière négative, ce principe limite
dans
une certaine mesure l'intervention de l'État ou de tout groupement
supérieur
par rapport aux communautés intermédiaires ou inférieures.
De
façon positive, le principe de subsidiarité donne, en
revanche,
la mesure d’après laquelle l'intervention de l'État ou
d'une
communauté
hiérarchiquement placée au-dessus d'une autre est possible.
Mais
tout aussi fondamentalement, ce principe a valeur directive
pour
l'ensemble de la vie sociale à tous les niveaux : famille, école,
entreprise,
etc…
Le
rôle des élites doit éminemment tenir compte de cet
aspect
des choses.
a)
Elles doivent réactiver l'ensemble du corps social. Mais
non
pas de façon arbitraire ou idéologique. Mais parce qu'elles sont
membres,
de façons diverses, des communautés qui forment ce corps
social.
Le père de famille doit créer les conditions où les
membres de
sa
famille auront intérêt à bien faire ; le chef d'entreprise
doit créer
les
conditions pour que les cadres, employés, ouvriers aient
intérêt à
bien
accomplir leur tâche, le chef de la commune, le bourgmestre
pareillement,
etc.
b)
Les élites doivent, d'une manière plus urgente aujourd'-
hui
qu'hier limiter l'extension du rôle de l'État ou de toute
technostructure
européenne
ou mondialiste qui viserait à confisquer tout
espace
de liberté, c'est-à-dire finalement tout exercice du pouvoir et
de
la responsabilité correctement associés.
Cette
élite politique et sociale, ne l'attendons pas du ciel.
Pas
seulement du moins. Elle doit naître de nos efforts, de notre travail,
de
notre abnégation au service du bien commun. Il faut la former
dans
des cellules d’études, spéculatives et pratiques. Il faut
qu'elle
rayonne
autour d'elle afin de redonner courage, confiance au plus
grand
nombre si souvent désemparé. Elle pourra ainsi exercer une
influence
bénéfique et réelle qui découlera non pas de
l'application de
techniques
et de trucs mais de la fécondité de l'autorité naturelle
qu'elle
aura acquise et de la diffusion de la vérité qu'elle entretiendra
par
capillarité. Ces élites doivent enfin se connaître,
établir des
contacts,
par réseaux afin d'exploiter au maximum les mille et une
possibilités
qui lui sont offertes quotidiennement. Ainsi elles pourront
espérer
voir un jour couronner leurs efforts par le rétablissement
du
Règne social du Christ, règne très doux, règne de
paix, cette tranquillité
de
l'ordre à laquelle nous aspirons tous pour remplir nos
devoirs
d’état et le premier de tous : « louer, honorer et servir
Notre
Seigneur
».
Philippe
Maxence
Directeur
délégué du mensuel catholique La Nef.
Note:
Né
en 1965, marié et père de quatre enfants, Philippe
Maxence
a suivi des études de philosophie thomiste. Il est diplômé
de
la
Faculté libre de philosophie comparée (FLPC) et du Centre de
perfectionnement
des
journalistes de Paris (CPJ). Il a collaboré à La
Presse
française – -Le Nouvel Hebdo, à L'Homme nouveau, au
réseau
radiophonique catholique Radio Espérance et il collabore à
l'Action
familiale et scolaire. Après avoir été responsable de
l'information
de
Radio Espérance, il est aujourd'hui directeur
délégué de La
Nef.
La
pénétration maçonnique
dans
la société chrétienne
Étienne
Couvert
Le
problème qui se posa d'abord aux révolutionnaires pour
détruire
la Société chrétienne fut celui-ci :
Comment
pénétrer dans cette société et peu à peu en
détruire
les structures politiques et sociales, puis les convictions religieuses
?
Il
fallait donc d'abord séduire l'opinion catholique en lui
faisant
absorber des principes destructeurs présentés comme des
idées
nourricières. Il fallait ensuite écarter la méfiance ou
l’hostilité
des
autorités politiques et religieuses (rois et pape) d'où la
politique
du
secret et le respect au moins apparent des convictions chrétiennes.
Il
fallait patiemment substituer sans jamais le dire une pensée gauchie
par
des falsifications successives, progressives mais insensibles, à la
pensée
chrétienne ; il fallait une tolérance officielle des loges en
organisant
un
recrutement initial, défectueux, parce qu'imprégné de
mentalité
chrétienne,
mais déjà apte à recevoir quelques germes nouveaux.
Ainsi
la Constitution maçonnique d’Andersen affirme les
principes
qu'elle veut détruire, mais elle prépare les déformations.
Elle
proclame l'existence de Dieu, le respect de la religion, mais elle
se
déclare philosophique et progressive. Elle affirme que son but est
“la
recherche de la vérité et la liberté de conscience”
; contradiction
énorme:
comment rechercher la vérité, si l'on doit respecter toutes les
religions
? Comment garder sa liberté de conscience, si l'on doit professer
l'existence
de Dieu ? On commence à préparer les “vagues
d'assaut
successives contre l'Église Catholique“. La tolérance ne
peut
se
combiner avec le respect de toutes les religions, puisque certaines
sont
intolérantes. La recherche de la vérité suppose la
suppression de
tous
les dogmes religieux, puisqu'ils sont immuables et qu'ils sont
déjà
une vérité acquise. Les Papes condamnent-ils la F.M.? Ils
manifestent
par
là leur intolérance et leur attitude provocante.
La
F.M. avait préparé aussi l'aveuglement des pouvoirs
politiques.
Il lui fallait se donner une façade plaisante, mondaine pour
détourner
toute méfiance et obtenir l'autorisation d'exister, condition
absolument
nécessaire pour agir efficacement sur une population profondément
chrétienne,
dont l'éducation religieuse avait depuis des
siècles
imprégné l'âme.
1)-
La F.
M. est une Société d'Éducation
Révolutionnaire.
Il
n’était pas possible pour les dirigeants, de donner directement
des
ordres et d'exiger l'obéissance sans se dévoiler et se rendre
vulnérables.
Il fallait donc procéder autrement.
Parmi
le tout venant des adhérents aux loges, il fallait opérer
une
sélection : les hommes honnêtes et paisibles s'éliminent
peu à
peu
: soit dégoût des rites bizarres ou stupides, soit
indifférence : la
porte
de sortie est largement ouverte. Il suffisait d’écouter un
enseignement
plus
inquiétant pour obtenir le dé part des initiés
restés relativement
honnêtes
: c'est une première forme d’épuration, lorsque la
F.
M. prépare une action plus fortement révolutionnaire. Les
départs
sont
compensés par des nouvelles recrues. Restent les ambitieux, les
mécontents.
Il suffit de renforcer un enseignement plus “philosophique,
progressif
et éclairé”.
--
Il reste à les convaincre qu'ils travaillent en vue du progrès
de
l'humanité, qu'ils sont les champions d'un ordre nouveau,
enfin
libérés des vieilles vertus routinières.
Les
dirigeants maçonniques utilisent deux méthodes
remarquables
pour obtenir cette éducation révolutionnaire :
a)
La double hiérarchie : une hiérarchie administrative
officielle
qui maintient un appareil institutionnel relativement anodin,
et
une hiérarchie secrète : celle des hauts grades dans laquelle les
initiés
ne sont pas élus par la base, mais cooptés par les grades
supérieurs.
Les
grades administratifs élus sont renouvelés annuellement et
démocratiquement
: ils sont l'image même de nos gouvernements
modernes.
Les hauts grades sont obtenus par une sélection rigoureuse
des
plus convaincus et sont conférés à vie.
b)
Les “cercles intérieurs” où se pratique 1a dynamique
de
groupe.
Par atelier, un petit nombre d'adhérents, environ une vingtaine
;
circulation libre et fréquente des hauts gradés au cours des
tenues
d'ateliers,
qui se déroulent toujours selon un rit à caractère
religieux
pour
imposer même aux sceptiques une certaine crainte respectueu-
se.
Or, avant la tenue d'un atelier, les hauts gradés se sont réunis
entre
eux
; ils ont mis au point la direction des débats, les idées
dominantes
à
faire pénétrer dans les esprits et à faire adopter. Ils se
retrouvent
à
deux ou trois, parmi la masse des frères non initiés ; ils n'ont
pas
d'ordre
ou de consigne à donner. Ils suggèrent, ils proposent les
formules
et
les décisions. Les autres frères, non initiés aux grades
supérieurs,
croient
être eux-mêmes spontanément venus aux décisions
qu'ils
prennent alors. C'est la dynamique de groupe.
Voici,
quelles sont les idées essentielles qui resteront dans
les
esprits des simples frères ; la FM est sacrée, son origine se
perd
dans
la nuit des temps. Son symbolisme est obscur, équivoque, mais
la
légende d’Hiram permet de renverser le sens de la Bible :
Caïn
odieusement
calomnié, victime de la jalousie d'Abel, ancêtre de tous
les
grands inventeurs de l'histoire, père de la “Civilisation, du
Progrès
et
des Lumières”,
La
tolérance est la grande vertu du frère initié : On a
même
supprimé
le G.A.D.L.U pour ne pas blesser la conscience de ceux qui
ne
croient pas à l'existence de Dieu. “Parmi toutes les opinions qui se
heurtent,
le frère peut défendre les unes, mais doit accepter le voisinage
des
autres et les respecter.
Cette
tolérance est prêchée avec fanatisme, les frères
modérés
sont dénoncés pour leur mollesse devant l'Intolérance,
pour
leur
manque d'ardeur à prêcher la Tolérance. Ainsi les hommes
les
plus
doux vont petit à petit devenir fanatiques ; cette idée de
Tolérance
doit être une arme sans cesse tournée contre l'Église
intolérante.
On
respecte le chrétien “sincère”, le chrétien
“éclairé”, on
fustige
le chrétien fermé sur son dogme, incapable d'ouvrir son esprit
aux
“lumières” de la nouvelle société, !
’intégriste en somme. Donc
l’ennemi
à abattre. Et voici que le frère est prêt à passer
l'action. Son
éducation
révolutionnaire est quasiment achevée.
2)
La F. M. est une Ecole de préparation à
l'Action.
Après
cinquante ans de cette éducation, il faut passer à
l'action.
En effet, au cours d'une première génération
d'initiés, une
sélection
remarquable a pu être opérée. À la
génération suivante, la
plupart
des initiés sont enfin assez préparés à la
''haine“ de la civilisation
chrétienne
et de la Foi catholique pour que l’on puisse espérer
une
révolution avec quelque chance de succès et sans trop de remous,
de
sursauts et d'oppositions à l'intérieur de la Société
maçonnique.
Vient
le jour J, celui de la Révolution. Les hommes sont
prêts.
La F.M. a terminé son œuvre éducative. Elle se met “en
sommeil”.
Elle
échappe ainsi aux conséquences de l’Échec, s'il y en
a.
Les
frères constituent des Sociétés d’action révolutionnaire
: les
Jacobins,
les Théophilanthropes, la Charbonnerie, la Ligue de
l’enseignement,
l'Hétairie
grecque, les Fenians irlandais, les ''Jeunes
Turcs”.
Restent des circulaires confidentielles, des influences individuelles
soigneusement
couvertes pour rappeler aux frères hésitants ce
qu’on
attend d’eux.
Au
moment du passage à l'action révolutionnaire, une
multitude
de frères ouvre les yeux : les principes inculqués aboutissaient
donc
à cela, qu'on ne voulait pas. Ce sera la fuite des frères
désabusés.
Resteront seulement les violents, les ambitieux. La dernière
épuration
est achevée. La Révolution sera aux mains des
“purs“,
les esprits complètement éclairés. Enfin,
“l'Infâme” va être
abattu.
3)
La F.M.
est une Contre-Eglise camouflée
-
Il existe dans les Hauts grades, celui de Rose-Croix le 18-
ème.
L'initié qui a enfin passé ce grade est nécessairement
prisonnier
de
sa haine contre l'Église catholique.
Comment
provoquer cette haine antireligieuse ? Faire pratiquer
à
l'initié des gestes, prononcer des paroles devant témoins qui
puissent
révolter tout homme honnête et de bonne foi. À ce moment,
l'initié
est prisonnier de ce qu’il vient d'accomplir. Il est “tenu”
par les
autres
initiés, témoins définitifs de la profanation. Le rit
d’initiation
au
Grade de Rose-croix est une haineuse profanation de la Sainte
Messe.
Il comprend un signe d'ordre dit du bon Pastcur : un mot de
passe
“Emmanuel” auquel on répond “Pax Vobis”. Puis,
se déroule la
“Cène”
rosicrucienne : pain et vin sur la table.
Le
Maître des Cérémonies déclare : “que ce pain
nous
maintienne
en force et en santé” puis “que ce vin, symbole de
l'Intelligence
élève notre esprit. Puis“Prenez et mangez, donnez à
manger
à celui qui a faim”. “Prenez et buvez, donnez à boire
à celui
qui
a soif“. Enfin : “Tout est consommé. Retirons-nous en
paix“.
Le
texte maçonnique dit :
Le
Chevalier Rose-Croix est un apôtre. Son apostolat lui
commande
de placer l’Amour de l'Humanité, poussé à
l'extrême
sacrifice,
en frontispice de l'Oeuvre qu'il poursuit… Un historique
même
abrégé de ta Croix dont l'origine se perd dans la nuit des temps.
Le
point crucial ainsi déterminé (par la Croix) est l'axe de la Roue
Universelle
des Choses, engendrée par la Révolution de la Croix
autour
du point d'intersection de ses branches, image de l'Évolution
du
Grand Tout, lieu de rencontre des valeurs extrêmes ou opposées,
ce
point crucial est aussi le Médiateur et il est assez curieux de
remarquer
que
le nom égyptien de ce Médiateur est “Kryst” qui
signifie le
Possesseur
du Secret, etc…”.
Après
une pareille initiation et une telle profanation de la
Sainte
Messe, on peut se représenter l'état d’esprit d'un
évêque F.M.
célébrant
l'office religieux. Ce pourrait être par exemple le F.M.
Talleyrand,
pour ne pas citer quelques évêques ou cardinaux plus
récents.
Etienne
Couvert
Les
élites dans le domaine économique
Michel
de Poncins
“Les
premiers seront les derniers ; les derniers seront les
premiers”.
Tout
le monde connaît, même ceux qui ne sont pas chrétiens,
cette
phrase fameuse que le Verbe de DIEU nous a dite, il y a
un
peu moins de deux mille ans environ.
L'on
pourrait en conclure que notre congrès doit s'arrêter
dès
maintenant car il serait inutile de parler des élites, puisque les
meilleurs
sont destinés à la dernière place et que les moins bons
sont
destinés
à la première.
En
particulier, cela pourrait conduire, sur le plan économique,
à
une sorte de fatalisme et à l'inaction. Or, justement, c'est tout
le
contraire ; comme beaucoup de pages de l'Évangile, celle-ci doit
stimuler
notre réflexion.
Ceux
qui se croient les premiers, justement, ne le sont pas
vraiment
parce qu'ils se croient les premiers. Et ceux qui se pensent
les
derniers peuvent être les premiers sans le savoir.
C'est
un appel étonnant à l'humilité et, depuis deux mille
ans,
ces appels à l'humilité n'ont cessé de retentir jusque et
y compris
par
celle que l'on appelle la petite Thérèse qui, du fond de sa
préten-
due
petitesse, est devenue, sans le savoir à l'avance et sans
évidemment
le
vouloir, la Française la plus célèbre des temps modernes.
Et
l'humilité est si importante dans tout l'Évangile que l'on
pourrait
énoncer que l'élite est composée de ceux qui font bien
mais
ne
le savent pas.
Les
élites sont, bien évidemment, nécessaires. Elles
reflètent,
en
effet, l'inégalité et celle-ci, contrairement à la
philosophie en
vogue
depuis deux cents ans, est indispensable au progrès de
l'humanité.
Il
est même possible d'affirmer que les élites sont un des aspects
de
la création : les hommes étant divers sont inégaux et de
ces inégalités,
l'élite
doit surgir. C'est du fait qu'elles sont inscrites dans l'ordre
naturel
qu'elles sont utiles et nécessaires.
Dans
le domaine économique, le sujet pourrait, au départ,
paraître
facile, car la foule y désigne facilement l'élite qui est
particulièrement
visible.
Mais, justement, cela constitue, en fait, une difficulté
car
les apparences peuvent être trompeuses comme nous
allons
le voir et la véritable élite n'est pas forcément celle
que l'on
croit.
Nous
parlerons d'abord de ce que je propose de dénommer
les
élites de deuxième niveau, qui pourraient n'être
qu'apparentes, et,
ensuite,
des élites de premier niveau qui sont, en fait, les véritables
élites.
Les
élites de second niveau ou les élites
apparentes
Nous
ne parlerons que d'une économie libre qui correspond
à
l'ordre naturel créé par DIEU.
Les
activités économiques étatiques reposant sur l'usage
de
la force publique et sur les prélèvements fiscaux ne peuvent
être
dans
le champ de notre réflexion et je ne crois pas que de véritables
élites
puissent s'y développer. Tout le monde s'étonne que dans les
pays
de l'Est les anciens communistes apparaissent comme des sortes
de
maffiosi ; mais l'on ne doit pas s'étonner. Les communistes ne
deviennent
pas des maffiosi ; en fait, ils l'ont toujours été.
Simplement,
ils ont changé de méthode dans leurs rapines et sont
restés
tels
qu'ils étaient. Tout au contraire, le fait nouveau à l'Est, est
qu'il
y
a des personnes qui peuvent gagner leur vie honnêtement et
peutêtre,
à
ce titre, créer une élite.
La
France est soumise à un système socialiste qui s'est
aggravé
depuis la dernière élection présidentielle ; cela veut
dire qu'il
ne
peut guère y exister des élites économiques dans une large
fraction
de
la population. Nul doute que les inspecteurs des finances qui ont
détruit
les plus belles banques françaises ne peuvent être
considérés
comme
appartenant à l'élite.
Quelles
sont les élites dans le domaine économique
?
Aux
yeux de la foule, l'élite économique est facile à
désigner.
Sera
réputé membre de l'élite celui qui réussit d'une
façon ou de
l'autre
et comme la réussite est visible la prétendue élite l'est
aussi.
Cela
commence par celui qui a la chance de passer des
examens,
ces derniers, surtout dans le contexte français, étant
annonciateurs
de
succès économiques. Il est facile pour les titulaires d'examens
de
se croire appartenir à l'élite et de le faire savoir. Les examens
constituent,
en effet, une sorte de passeport assurant, sans autres
efforts,
le déroulement d'une carrière réussie dans les entreprises
;
mentionnons,
cependant, une atténuation récente de ces perspectives,
sans
que l'on sache si elles reviendront en force ultérieurement.
Il
y a le phénomène bien connu de l'ENA (Ecole Nationale
d'Administration).
Les titulaires de cet examen ont pu tellement saisir
la
totalité du pouvoir que même les plus malins ou les plus vertueux
d'entre
eux auraient du mal à ne pas se considérer comme l'élite
;
je dirais, même, qu'un énarque qui, par pure distraction, ne se
considérerait
pas comme tel serait, en quelque sorte en faute, vis-àvis
de
ses camarades et affaiblirait le système dont il tire tout son
pouvoir
et toute sa richesse.
Indépendamment
des examens, d'autres occasions apparaissent
pour
entrer dans l'élite. La réussite professionnelle, la
création
d'une
belle entreprise, une découverte intéressante : voilà une
foule
de circonstances où l'heureux bénéficiaire peut
réellement penser
faire
partie de l'élite.
Mais
il peut aussi s'ajouter l'augmentation des gains et
même
la fortune, qui peuvent accompagner les autres critères. Il est
logique,
que dans une économie libre, les personnes qui réussissent
bénéficient
d'un confort matériel accru. Qu'un Bill Gates qui rend service
à
des milliards de personnes accumule de ce fait une fortune
incroyable
est parfaitement légitime et de même pour d'innombrables
enrichissements
de moindre niveau.
Quand
l'on ajoute plusieurs critères les uns aux autres
(examens,
réussite professionnelle, fortune) comment ne pas penser
que
l'on appartient à l'élite. Si l'on n'y pensait pas, d'autres vous
y
feraient
penser. Le pouvoir et la richesse attirent les courtisans et
ceux-ci
renforcent le concert de louanges.
J'ai
coutume de dire qu'un imbécile qui est en même temps
pauvre
sera toujours un imbécile. Un imbécile qui est riche sera tout
simplement
un riche et plus du tout un imbécile.
Cette
tentation de confondre, sans autre réflexion, le résultat
d'une
sélection avec l'élite est d'autant plus forte dans le domaine
économique
que le simple accomplissement du devoir d'état pousse à
chercher
le succès. Quoi de plus naturel pour un commerçant que
d'essayer
de rendre service honnêtement à des clients et à des
clients
de
plus en plus nombreux. Quoi de plus naturel pour un cadre que de
désirer
rendre des services plus importants et valorisants dans une
fonction
plus élevée. Quoi de plus naturel pour un patron que de
développer
son entreprise à la satisfaction de ses actionnaires, des
clients,
du personnel. Quoi de plus naturel pour les uns et les autres
que
de voir leurs revenus s'améliorer et, s'ils ont le sens de
l'épargne,
leur
fortune s'accroître.
Au
stade actuel, considérons que ceux qui se dégagent,
ainsi,
du lot commun forment l'élite au sens économique du terme.
La
nécessité des élites
Il
est évident que l'élite, ainsi décrite et
désignée, est absolument
nécessaire.
Elle correspond, d'abord, à la création, comme
rappelé
il y a un instant : les hommes naissent inégaux, contrairement
aux
prétentions de certains idéologues pressés d'imposer aux
autres
une
égalité irréelle, qu'ils s'empressent d'ailleurs de
refuser pour eux
;
en plus, ces inégaux creusent l'inégalité en tous sens
pendant le
cours
de leurs vies respectives.
Notre
Président, Jean de Siebenthal, ne m'en voudra pas, je
l'espère,
de citer son nom : il est né, sans doute, fortement inégal et a
dû
creuser l'écart, puisqu'il connaît non seulement les
mathématiques
modernes,
mais aussi l'histoire des mathématiques, ce qui doit être
formidablement
compliqué.
Les
services que rend ou doit rendre cette élite, ainsi décrite,
sont
immenses ; d'où sa nécessité.
Le
premier service est l'exemplarité. C'est le service essentiel
de
toute élite dans quelque domaine que ce soit.
Mais
il y en a bien d'autres.
Les
instruits diffusent leur instruction vers les autres.
Beaucoup
de progrès agricoles ont résulté de l'impulsion
donnée par
des
membres de l'élite. Louis XVI sut saisir l'importance de la
pomme
de terre pour nourrir les gens dans une période où la famine
rôdait
: il décida d'en consommer lui-même publiquement pour inciter
les
autres à le faire.
Les
riches épargnent, investissent, dépensent et créent.
L'idée
que pour qu'il y ait moins de pauvres, il faut plus de riches est
vraie,
au-delà de sa formulation abrupte. L'Ambassadeur de Venise,
bon
observateur de la révolution, remarquait, parmi les diverses
catastrophes
de
cette époque, que la destruction des richesses avait jeté
à
la
rue des millions d'artisans.
Plus
près de nous, d'innombrables industries ont commencé
par
les riches : l'aviation, les ordinateurs personnels, l'automobile.
Sainte
Thérèse de l'Enfant Jésus, encore elle et bien que
l'économie
ne
soit pas son fort, nous donne un renseignement intéressant ; elle
écrit
que, dans la ville de Lisieux, les riches avaient des ascenseurs ;
sans
ces riches, jamais cette industrie des ascenseurs ne se serait
développée
avec ses multiples implications.
Sans
les riches, aucun des progrès techniques que nous
connaissons
n'aurait eu lieu et les pauvres auraient faim.
Et
ne nous trompons pas ; chacun est riche de quelque
chose
et il est légitime de chercher à améliorer son sort. Si
l'on ne
cherchait
pas à améliorer son sort c'est-à-dire à s'enrichir,
la terre ne
serait
pas cultivée, les progrès techniques n'auraient pas eu lieu et
nous
nous nourririons de racines.
Le
formidable aménagement du jardin que DIEU nous
offre
vient du fait que les hommes courent toujours après les biens
matériels.
Les
dangers
Cependant
à limiter la sélection de l'élite au succès
économique
et
à ce qui y mène, nous risquons de mutiler la notion même
d'élite.
Et pour bien le comprendre, nous allons voir un certain nombre
de
dangers qui menacent cette élite que nous avons évoquée et
peut
la rendre simplement “apparente”.
L'orgueil
est une première tentation. La tentation de l'orgueil
détruit
l'élite. Le succès, dans n'importe quel domaine, est d'autant
plus
difficile à gérer que, dans l’action, la simple
fierté de soimême
est
un adjuvant parfois précieux. Un des petits génies de
l’informatique
aux
USA a écrit un livre où il dit que seuls les “parano”
survivent.
Il est de fait que certaines grandes réalisations n'auraient
jamais
vu le jour sans une bonne dose d'inconscience et d'orgueil.
L'orgueil
est le péché de Satan ; il conduit à la perversion
de
l'intelligence, puisqu'il empêche de voir clair ; pervertissant
l'intelligence,
il
détruit l'œuvre de DIEU. Il y a une tour à Paris le long
du
périphérique et cette tour est un hôtel ; le
créateur s'est suicidé en
se
jetant de la tour pendant la réception qui célébrait le
rachat par un
concurrent.
Or le rachat était la seule conclusion logique d'une difficulté
financière
et le racheté n'était pas vraiment maltraité.
Mais
l'acheteur était tellement odieux pour tout le monde
par
son orgueil que les nerfs du racheté, lui-même, probablement
formidablement
orgueilleux,
n'avaient pas résisté. L'histoire est assez
morale
puisque l'acheteur, à force d'être odieux, a fini par être
lui
même
chassé de sa propre entreprise.
La
tentation du matérialisme est, aussi, omniprésente. Le
champ
économique a précisément pour objet tout ce qui se
rapporte
aux
commodités de la vie ; or, du succès personnel à l'amour
exclusif
et
acharné de l'argent, le chemin est court.
Tout
le monde connaît l'exemple du jeune homme riche.
Ce
jeune homme dont l'image a traversé les siècles était
honnête dans
ses
transactions puisqu'il respectait les commandements ; il payait
certainement
correctement ses caravaniers et il voyageait entre ses
entrepôts
avec le respect de tous et, pourtant, le Seigneur lui dit qu'il
lui
manquait l'essentiel.
Les
biens de ce monde, comme l'on sait, ne devraient être
que
des instruments et non des objectifs. Instruments, ils doivent l'être
pour
nous aider à faire notre salut et à aider les autres dans le
même
sens.
Un
autre danger est l'égoïsme. La nécessité
impérieuse de
faire
bien et si possible mieux, la difficulté de la concurrence, les
multiples
dangers de la vie économique actuelle peuvent facilement
conduire
à l'égoïsme. Et cet égoïsme trouve facilement
des justifications:
il
faut nourrir sa famille, il faut préparer son avenir, il faut
protéger
l'entreprise.
Reconnaissons
que le développement incroyable des techniques,
en
offrant une palette d'actions sans limite, peut être créateur
d'égoïsme.
Dans une économie rurale, l'on subissait le sort des
éléments
n'ayant
pas beaucoup de moyens nouveaux pour réagir, si ce
n'est
la poursuite au mieux des méthodes ancestrales. Si la récolte
était
mauvaise, tant pis et tant mieux, si elle était bonne : l'on
était
égaux
devant cette fatalité. Dans le monde d'aujourd'hui les possibi-
lités
de réagir sont innombrables, d'où cette impression de course qui
peut
conduire à s'échapper tout seul en larguant les autres.
Et
l’égoïsme mène au manque de charité. Le
meilleur, au
sens
humain du terme, se croit l'élite et se pense autorisé à
écraser les
autres
de sa supériorité.
Enfin,
la tentation du vol.
Dans
le monde socialiste, le vol est organisé institutionnellement.
On
y est tellement habitué que plus personne n'y pense et
la
plupart volent sans le savoir ou sans y penser. Je suis un usager
régulier
du métro ; le métro étant subventionné, chaque fois
que je
prends
le métro, je vole quelqu'un ; dois-je, pour autant, aller à pied
?
Dans
une économie libre, le vol n'est pas de fondation ni
organisé
par l'État. Quand il se produit, il est volontaire. Mais la tentation
est
forte, car justement le matérialisme et l’égoïsme y
trouvent
leur
compte. En France, le fait que la justice connaisse un certain
réveil
met au jour des pratiques très anciennes au niveau des
sociétés
et
qui sont des vols purs et simples. L'intervention de la justice a,
d'ailleurs,
pour effet justement, de les raréfier.
Mais
l'on retrouve ici le socialisme. Ce dernier a développé
dans
le monde entier la corruption et celle-ci a débordé dans le
domaine
privé. Le problème est si vaste qu'une autre conférence
serait
nécessaire à ce sujet. Un ami architecte me dit qu'en France l'on
ne
peut gérer un cabinet, surtout un grand, sans corrompre non seulement
les
services publics, mais aussi, par osmose, les services privés.
La
gangrène s'étend.
Il
est certain que celui qui succombe à l'un ou l'autre de ces
dangers
n'appartient plus à la vraie élite. Certes, il continue
apparemment
à
être rangé dans la catégorie et à rendre des
services mais
globalement
il détruit les services rendus par ailleurs.
Dans
ce cas, il est évident que le service de l’exemplarité
n'est
plus rendu du tout et devient même négatif.
Les
élites de premier niveau ou les vraies
élites
Cela
nous conduit aux élites de premier niveau qui sont les
vraies
élites.
J'aurais
tendance à dire que la véritable élite dans le
domaine
économique est celle qui au succès nécessaire joint la pratique
des
vertus.
Je
n'hésite pas à employer ce terme que, malheureusement,
l'on
a démonétisé en quelque sorte. La vertu c'est bien de se
conformer
à
la volonté de DIEU en toutes choses et les vertus ce sont divers
moyens
d'y parvenir.
Et
ce qui est frappant, c'est que, finalement, la pratique des
vertus
ne nuit pas au succès bien au contraire. J'oserais dire que les
vertus
sont un bon placement, mais encore faut-il les pratiquer sincèrement
et
non par intérêt.
L'Évangile,
que nous retrouvons ici, n'a pas pour objectif
de
donner des conseils de management et, pourtant, il se trouve qu'il
en
contient. Par exemple, quand après une parabole, le Christ ajoute
:
“Celui
qui est digne de confiance dans une toute petite
affaire
est digne de confiance dans une grande. Celui qui est trompeur
dans
une petite affaire est trompeur dans une grande. Si vous n'avez
pas
été digne de confiance avec l'argent trompeur, qui vous confiera
le
bien véritable?“.
Dans
ce court texte, nous trouvons, à la fois, l'honnêteté
dans
les transactions, la loyauté dans les affaires et le mépris des
biens
de ce monde.
De
son côté, Saint Paul écrit à Philémon,
à propos de l'esclave
Onésime
:
“Je
l'aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu'il me
rende
des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de
l'É-
vangile.
Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu
accomplisses
librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins
forcé”.
Quel
bon conseil pour inviter le nouveau converti à agir
au-delà
de ce que pouvaient lui autoriser les règles économiques
couramment
admises
à l'époque.
La
première vertu est l'honnêteté.
L’honnêteté s'exerce
dans
les paroles, les actes, les contrats. C'est le contraire du vol dont
je
parlais à l'instant. Il se trouve d'autre part que c'est un excellent
placement,
mais
ce n'est pas facile en toutes occasions.
Saint
Paul, encore lui, écrit :
“Mes
frères, je me servirai de l'exemple d'une chose
humaine
et ordinaire. Lorsqu'un homme a fait un contrat en bonne
forme,
personne ne peut le casser, ni y ajouter. Or les promesses de
Dieu
ont été faites à Abraham et à celui qui devait
naître de lui.”
Une
autre vertu dans le domaine économique est la franchise.
La
franchise est, finalement, un bon placement aussi. Être
franc
en affaire est le meilleur moyen d'être cru et d'avoir du crédit.
Le
menteur est vite connu et démasqué.
Et,
enfin, bien que j'en oublie peut-être, il y a la charité.
C'est
probablement la plus difficile dans le domaine des relations
économiques.
Arrêtons
-nous un instant sur un exemple parmi beaucoup
d’autres
: la poursuite des débiteurs défaillants. Un particulier se
trouvant
devant un locataire défaillant peut choisir l'indulgence, car il
est
libre de ses intérêts. Un chef d'entreprise propriétaire de
son affaire
peut
aussi choisir de ne pas “exécuter” tel débiteur par
simple
bonté,
mais, déjà à ce stade, ce n'est pas simple. Un cadre de
banque
peut-il
faire de même ? C'est probablement dans la majorité des cas
impossible
et non souhaitable.
L'exemple
des catholiques sociaux au XIXème siècle est
intéressant.
Beaucoup de patrons catholiques ont sacrifié de leur fortune
pour
aider les autres et particulièrement leurs ouvriers dans des
circonstances
difficiles ; ils étaient incontestablement de l'élite et ils
ont
rendu de grands services. Mais là aussi il peut y avoir des limites.
J'ai
connu une entreprise qui a disparu corps et biens parce que le
propriétaire
avait
été imprudent sur le plan social. En fait, la
générosité
du
patron sur le plan social aurait été gérable, mais elle
avait eu des
effets
indirects qu'il n'avait pas perçus : il s'était produit un
laisser
aller
général.
Certes,
quand on évoque les limites économiques de la
bonté,
l'on pourrait objecter la parabole des travailleurs de la vigne et
du
denier qui rémunère des travaux inégaux. Mais, il s'agit
de la
bonté
sans limite de DIEU. Rien n'est impossible à DIEU et il faut
penser
que nous sommes limités pour ce qui nous concerne. C'est
l'une
des raisons pour lesquelles l'État -Providence est naturellement
et
totalement condamnable. Les S.D.F. qui traînent hélas dans Paris
sont
les victimes directes de l'assistanat développé par les pouvoirs
socialistes
depuis une trentaine d'années.
Pensons
encore à une dernière vertu, la justice. Voici une
belle
vertu, si difficile aussi à pratiquer.
Conclusion
Pour
conclure, je dirais volontiers que la véritable élite
dans
le domaine économique est celle qui, aux qualités proprement
humaines,
sait ajouter tout le supplément que peut lui inspirer le service
unique
et nécessaire de DIEU.
Cela
conduit, au premier niveau, celui où l'on ne pense pas
à
se servir mais à servir.
Je
terminerai volontiers par deux citations.
Saint
Thomas écrivait :
“La
société civile ne saurait subsister sans une autorité,
dont
le rôle est la poursuite du bien commun dans le respect du droit
et
de la justice ;”
Et,
dans l'Imitation de Jésus-Christ, je lis au chapitre XXII
:
“Celui
qui a reçu davantage ne peut se glorifier de son
mérite,
ni s'élever au-dessus des autres, ni insulter celui qui a moins
reçu
; car celui-là est le meilleur et le plus grand, qui s'attribue le
moins
et qui rend grâces avec le plus de ferveur et d'humilité”.
Michel
de PONCINS
Résumé
Les
élites sont un des aspects de la création : les hommes
étant
divers sont inégaux. C'est du fait qu'elles sont inscrites dans l'ordre
naturel
qu'elles sont utiles et nécessaires.
Dans
le domaine économique, il faut distinguer, d'abord,
l'élite
de second niveau qui peut n'être qu'apparente. En fait, la
réussite
en
est le critère principal et la rend visible ; la réussite, ce
peut
être
les examens, le succès professionnel, la fortune. Il est évident
que
l'élite ainsi décrite et désignée est absolument
nécessaire.
Elle
rend de grands services : exemplarité, diffusion du
savoir,
diffusion de la richesse. Mais elle peut n'être qu’apparente ;
l'orgueil,
le matérialisme, l’égoïsme, le vol et la corruption
peuvent
rendre
l'élite nocive et la détruire.
Les
élites de premier niveau, qui sont les vraies élites, sont
celles
qui au succès joignent la pratique des vertus : honnêteté,
franchise,
charité,
justice et d'autres.
Cela
conduit, au meilleur niveau, celui où l'on ne pense
pas
à se servir mais à servir.
Note
Michel
de PONCINS
Diplômé
de l'Institut d'Études Politiques de Paris et
Docteur
d'État (Économie).
Michel
de Poncins est économiste. Il écrit de nombreux
articles,
des livres et fait des conférences. Il préside le jury du prix
Renaissance
de l'économie.
Ayant
fondé l'association “Catholiques pour les libertés
économiques”
(C.L.E) (adresse : BP 247 16, 75 768 PARIS CEDEX
16),
il en assure la présidence. C.L.E. se propose d'affirmer qu'il n'y
a
pas de contradiction entre le catholicisme et les libertés
économiques
et
que, bien au contraire, l'un suppose les autres. L'association
organise
des conférences avec des personnalités de haut niveau et
édite
la LETTRE DE CLE, périodique dont l'audience est importante.
Elle
prend, aussi, position officiellement par des communiqués sur
les
problèmes de son ressort.
Dans
ses livres, Michel de Poncins s'attache, principalement,
à
analyser le socialisme qui est, à ses yeux, le phénomène
économique
le
plus significatif de notre époque. Par contraste, il montre
les
bienfaits des Libertés Économiques. Pour lui le socialisme ne se
limite
pas du tout au parti du même nom. En France, il est le fait aussi
bien
du parti du même nom que de la fausse droite.
Dans
son livre, la République Fromagère, il montre comment
le
but ultime de la loi, de toute loi, est l'enrichissement personnel
des
politiciens et de leur cour.
Il
écrit, aussi, de nombreux articles, participe à des
émissions
de
radio et donne de nombreuses conférences, en France et à
l'étranger.
Il
est également président du prix Renaissance de
l’économie,
attribué
chaque année par le Cercle Renaissance.
Liste
des livres
-
Tous capitalistes ou la réponse au socialisme : Prix
renaissance
de l’économie 1983 (Éditions de Chiré, 1983).
-
La démocratie ou le rêve en morceaux (Éditions
Albatros,
1986).
-
Chômage : fils du socialisme : la vérité, les
remèdes (Éditions
O.E.I.L.
1991).
-La
république fromagère ou comment les politiques font
la
fête avec l’argent des pauvres :(Première Ligne 1994).
-
Catéchisme de l’électeur trompé (Odilon Media 1995).
-
Les étranges silences de la cour des comptes (Odilon -
Media
1996).
La
formation des élites médicales
Dr
Philippe Schepens
Ce
sujet me tracasse déjà depuis de nombreuses années, et
permettez-moi
de vous livrer le fruit de mes cogitations dans ce
domaine.
Vous
définir ce qu'est un médecin, ou plutôt ce qu'il ou elle
devrait
être me semble à première vue superfétatoire.
Cependant à y
réfléchir
deux fois, il me semble bon de quand même vous livrer
quelques
pensées à ce sujet.
Pour
votre serviteur, un médecin se doit de se mettre au
service
de la personne humaine individuelle en tout premier lieu. Le
médecin
doit avoir le bien et le bien-être qui découle de ce bien
comme
valeur suprême, comme guide dans ses interventions sur la
personne
qui le consulte. …Évidemment il y a des biens encore plus
importants
que la santé, tel la Foi, ou le service de la Patrie ou d'autres
personnes
en état de besoin grave etc.
Tout
service d'autre chose que le bien corporel ou psychologique
du
malade se doit d'être subordonné à ce service. Par
“autre
chose”
je sous-entends ici non seulement les loisirs et surtout les
revenus
du médecin, mais également la recherche scientifique, la
santé
dite publique, et tous programmes issus du gouvernement espéré
légitime
du pays où pratique le médecin.
Bref,
tout ceci nous ramène à la base de l'éthique
médicale
:
le modèle de la médecine hippocratique.
Il
va sans dire que l'exigence morale doit être haute pour
tout
candidat médecin. Permettez-moi de déplorer fortement le fait
que
dans pratiquement aucune faculté de médecine au monde, on
sélectionne
les candidats potentiels sur des critères d'ordre éthique en
plus
de critères scientifiques.
Dans
mon pays, la Belgique, les candidats voulant étudier
puis
pratiquer la médecine sont sélectionnés uniquement sur la
base
de
leurs capacités en physique, chimie, zoologie, physiologie et autres
sciences
exactes. Tout cela peut être très utile pour assurer une
sélection
quant au niveau des connaissances requises pour devenir
médecin.
Mais ce n'est pas suffisant. On devrait au moins avoir la
capacité
de refuser un diplôme de médecin à un candidat qui
possède
un
scotome, une tache aveugle sur le plan éthique.
C'est
pourquoi je prône comme premier pas dans cette
bonne
direction l'instauration d'un cours de philosophie beaucoup
plus
approfondi que celui dont certaines universités gratifient leurs
étudiants
en médecine. Philosophie de type thomiste, collant à la
réalité
telle que la percevait déjà Aristote.
Car
quelqu'un qui pense bien, agira également bien.
Mais
le besoin d'une formation sérieuse, formation qui
transforme
le corps médical en un corps d'élite de grande valeur, ce
besoin
nécessite au fond une approche “intégrée” de
la part du corps
professoral
enseignant dans les facultés de médecine.
Le
thème du respect de la vie n'est-il pas que trop souvent
amalgamé
avec un prétendu “fondamentalisme” que l'on colle sur la
peau
des mouvements Pro-Vie manifestant publiquement leur opposition
aux
dénis de respect de la part des médecins pour toute vie
humaine
? De nombreux professeurs en médecine, voulant se montrer
aux
étudiants comme des “esprits dits forts”, trouvent que dans
le
domaine
du respect de la vie une attitude “nuancée” s'impose. Cette
prétendue
attitude nuancée tue tous les jours un nombre important de
personnes
innocentes. Que ce soit par avortement, par euthanasie, par
fécondation
in vitro ou même par certaines formes de la contraception.
Cette
approche intégrée, qui d'ailleurs se fait par certains
professeurs,
heureusement, se doit d'intégrer l'éthique médicale au
cours
même de l'enseignement scientifique, lors de la description de
maladies
ET de leur traitement.
Mais
malheureusement, dans trop d'universités les professeurs
ne
pensent qu'à former des “techniciens” de la médecine.
Ils
oublient
cette dimension de la morale, du permis et du non-permis,
avec
toute la justification, le “pourquoi” de chaque intervention
médicale
et de sa licéité.
C'est
pourquoi l'Académie Pontificale Pour la Vie, fortement
sensibilisée
à ce problème a suivi la proposition du Professeur
Edmund
D. Pellegrino de la Georgetown University à Washington
USA
et appuyée en séance de l'Académie par votre serviteur.
Le
Professeur Pellegrino a proposé de créer un groupe de
travail
entièrement dédié à ce sujet. Groupe de travail
composé de
praticiens
de la santé : médecins, personnel infirmier, scientifiques
biologistes,
et même d'étudiants. Effaré par la méconnaissance
des
principes
de base de l'éthique médicale de la part tant des
médecins,
des
paramédicaux et des étudiants, le Professeur Pellegrino veut rapidement
remédier
à la chose. Le problème est particulièrement urgent
dans
les facultés de médecine des universités catholiques. De
nombreux
professeurs
y enseignent une éthique souvent contraire à celle
du
magistère de l'Église Catholique, pour ne pas dire contraire
à la
Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme. Ainsi par exemple
l'enseignement
de l'embryologie se retrouve falsifié par le refus de
reconnaître
l'individuation dès le moment de la fécondation.Ce déni
de
reconnaître formellement une vérité pourtant scientifique
procède
comme
tout un chacun le sait, d'un refus de vouloir tirer les conclusions
qui
s'imposent dans le domaine des droits de l'embryon et du
fœtus.
Car
la société occidentale, ayant pris de mauvaises habitudes
dans
ce domaine, préfère un flou “artistique” quant
à la définition
du
début de la vie humaine, de peur de devoir refuser l'avortement, la
fécondation
in vitro ainsi que la plupart des méthodes dites de
“contraception”.
A-t-on oublié l'adage du vieux chasseur, qui refuse
de
tirer sur un gibier qu'il n'a pas formellement reconnu. “Dans le
doute
abstiens-toi” disaient les Romains antiques… Maintenant on
enseigne
de tuer, parce qu'on ne veut pas être sûr qu'il s'agisse bel et
bien
d'un être humain individuel, donc d'une personne humaine.
C'est
en quelque sorte la “culture de la mort” qui prévaut
à
présent
dans les facultés de médecine, tout comme dans le reste de
nos
sociétés tristement “post-chrétiennes”. Il
faut non seulement arrêter
cet
enseignement de la culture de la mort, mais il faut lui substituer
un
enseignement de la culture de la vie. Ces réalités du
début de
la
vie, quand elles sont connues, sont même traitées avec
dédain
comme
un reste rétrograde de l'ère des Poissons, alors qu'on se veut
de
passer à l'ère du Verseau, chère aux promoteurs des
fadaises du
New
Age…
C'est
à nous, de produire l'alternative. Le Groupe de
Travail
s'en occupe activement.
Nous
avons pour objectifs pratiques les choses suivantes :
•
Tout d'abord concevoir et publier un syllabus solide, qui
couvre
les aspects scientifiques, philosophiques et spirituels des problèmes
concernant
le respect de la vie humaine par le médecin. Ceci
est
un travail de base extrêmement important. Cela nécessitera un
travail
d'équipe
d'experts reconnus, qui sont intellectuellement sains et
devra
constituer une base pour tous ceux qui étudient les sciences
médicales
et paramédicales.
•
Ensuite organiser des journées d'études intensives tant
régionales
qu'internationales pour tous ceux qui enseignent la médecine,
la
biologie, les sciences infirmières, afin de les préparer à
enseigner
dans
leur propre université ou école (para) médicale, afin de
contrer
ainsi certaines idées reçues issues de la culture de la mort, et
qui
prévalent actuellement. Il nous faut reconquérir les
facultés de
médecine
!
•
Finalement il faudra concevoir également de s'occuper
de
la formation continue des médecins et paramédicaux. Cela tant sur
le
plan des fondements scientifiques qu'éthiques du respect dû
à tout
être
humain. Les réunions seront par régions. Les instructeurs
devront
mettre l'accent sur les particularités de chaque pays, des cultures
locales.
Cela se fera tant dans le cadre des universités qu'en
dehors
de celles-ci. Car c'est de l'éducation continue des médecins et
paramédicaux
qu'il s'agit.
Tout
cela est très important, car nous devons savoir quel
type
de médecin, et de paramédicaux nous voulons avoir.
À
mon humble avis, il faut que le médecin soit au service
de
la personne humaine malade, de toute personne humaine malade
en
tout premier lieu. Cela vous semble évident, mais au vu de
l'évolution
des
mœurs actuelles, ce ne l'est souvent plus guère.
L'avorteur
n'agit pas au service de l'enfant non-né, puisqu'il
le
tue pour satisfaire les désirs d'autres personnes.
L'euthanasiaste
fait de même avec le malade non-curable. Le fécondateur
in
vitro sélectionne les embryons et tue ceux dont il n'a pas
besoin.
Il les traite même comme des objets d'expérimentation. Cela
au
mépris le plus parfait de la Déclaration d'Helsinki de
l'Association
Médicale
Mondiale, déclaration qui régit l'expérimentation sur
l'homme….
Nous
sommes à la croisée des chemins.
Voulons-nous
une médecine au service de l'individu ? Ou
bien
voulons-nous transformer le corps médical et para-médical en
un
corps de fonctionnaires au service de l'État et de son administration
?
Qui
se doit d'être l'employeur du médecin ? Le malade ou
bien
le ministre de la santé “publique” et son administration ?
Permettez-moi,
pour rendre les choses encore plus claires,
de
vous parler en paraboles, de vous donner en exemple un récit
biblique.
Le
médecin actuel est soumis à des tentations qui forment
autant
de menaces tant pour l'intégrité de sa personnalité
professionnelle,
que
pour l'humanité elle-même. Ces tentations peuvent être
classées
dans trois catégories que je comparerai avec les tentations de
Jésus
Christ dans le désert (Matthieu 4 : 1-11). Le médecin, s'il veut
garder
l'intégrité de sa profession, se devra de ne pas succomber
à ces
trois
tentations.
La
première tentation, que l'on peut comparer au mieux
avec
le récit biblique de la transmutation des pierres en pain, est pour
le
médecin la tentation de l'argent. Qui place l'argent au-dessus du
bien
être du malade, est un médecin indigne. Cette réelle
inversion
des
priorités est universellement connue - pas seulement dans le
monde
médical et ne mérite pas d'explications supplémentaires.
La
deuxième tentation peut aisément se comparer avec le
récit
du défi aux lois de la gravitation universelle au départ du
pinacle
du
Temple. Cette tentation est, pour le médecin, nettement moins
terre
à terre que la précédente. La science pure,
l'expérimentation, la
passion
des expériences est préférée à la
santé et au bien-être du
malade.
Car la science et le progrès des technologies doivent demeurer
au
service de l'homme, et non pas au service des aspirations et
ambitions
du scientifique. Ceci constitue même une condition
indispensable,
si l'on veut bâtir plus avant la civilisation. Car la science
est
impensable sans la conscience. Tout comme la personne doit
être
placée au-dessus de l'objet, l'éthique devra toujours
prévaloir sur
la
technique. Et ceci est encore plus applicable à la science
médicale
qui
a l'homme lui-même pour sujet. Celui qui se livre à des
investigations
sur
la vie humaine, se doit de rester au service de cette même
vie.
L'unique attitude réellement humaine sera une attitude de respect
absolu
pour chaque vie humaine individuelle, sans distinction d'âge,
de
race, d'état de santé, de convictions politiques ou religieuses
etc…
Exploiter
des individus humains, les écarter, voire les détruire,
c'està-
dire
les considérer comme des objets, est en contradiction flagrante
avec
la nature même des sciences médicales. Qui place la science
et
la recherche au-dessus du bien du malade est un médecin indigne.
La
troisième tentation, que nous pouvons comparer avec le
récit
biblique de l'adoration de Satan pour posséder le monde, est traduite
en
catégories de notre époque encore plus idéaliste que les
deux
précédentes.
Le médecin se met en premier lieu au service de la
société
et de son administration : le gouvernement, le parti, l'idéologie.
Le
service au malade individuel vient seulement en deuxième
place.
Cette
dernière tentation est certainement la plus pernicieuse
des
trois.
En
effet, le médecin se met aussi dans un rôle de guérisseur
des
maux qui affligent la société. Il participe de façon
très
concrète
aux structures du pouvoir. Il devient l'exécutant de la volonté
des
Dirigeants de la Nation. Il devient aussi un médicocrate, un
biocrate.
Le
temps nous manque pour vous expliquer en détail les
mécanismes
précis qui président à la mutation du médecin en
médicocrate.
Je
vous renvoie à l'oeuvre du Professeur SCHOOYANS,
disponible
dans les stands de ce congrès, et en particulier au livre
“Maîtrise
de la Vie, Domination des Hommes , à celle du Professeur
Robert
J. LIFTON “The Nazi Doctors”, et du Dr. Pierre SIMON “De
la
Vie Avant Toute Chose”.
Ces
trois tentations sont autant d'appels au médecin pour
se
mettre soi-même au-dessus des autres. Elles flattent son orgueil.
Davantage
de finances donnent plus de pouvoir. Plus de science
donne
plus de gloire, et il en découle plus d'argent et une influence
plus
grande, donc également un pouvoir accru. Participer au pouvoir
politique
signifie également plus d'influence partant plus de pouvoir.
Et
tout cela est ressenti par le médecin comme étant prioritaire par
rapport
au bien-être du malade. Cela ne veut pas nécessairement dire
que
de tels médecins sont de prime abord beaucoup plus mauvais que
les
autres. Les gradations sont nombreuses, mais dire “Oui” à
ces tentations
signifie
de toute évidence renoncer à l'idéal médical qui
incite
à
se mettre toujours au service du malade, de l'individu humain en
tout
premier lieu.
Rien
d'étonnant donc au fait constaté un peu partout que
des
médecins succombent à deux ou aux trois tentations. Cela n'est
pas
l'exception car l'une entraîne souvent l'autre. L'amour
immodéré
de
l'argent, ou celui de la recherche, sans parler de la soif de domination
sociale
et politique, tout cela constitue trois aspects d'un seul
et
même égocentrisme. L'orgueil en est fouetté. L'intellect se
met à
son
service propre, ou au service de la Caste, du Parti au pouvoir, et
non
pas au service de l'homme, de l'individu humain souffrant, du
malade.
Voulons-nous
assurer le futur de notre profession médicale
au
service de l'humanité malade, il nous faudra nous garder de
consentir
à ces tentations que je viens de vous décrire. Le
caractère
hippocratique
et humanitaire de la médecine ne doit pas seulement
être
souligné en paroles et en actes, il doit “transpirer” de
façon la
plus
évidente possible dans tout acte médical. Et on ne saura jamais
assez
insister sur ce fait, surtout quand il s’agit d'enseigner aux
étudiants
en
médecine ou aux paramédicaux. L'enseignement de la
médecine
consiste malheureusement trop souvent en une formation
de
“technicien médical”. Celui-ci sait un tas de choses sur
l'organisme
humain
et ses maladies, ainsi que les meilleures façons d'éliminer
ces
dernières. Mais que ce brave homme travaille sur l'être humain
lui-même,
semble être d'importance secondaire. C'est en fait toute la
différence
entre l'homme et les autres individualités biologiques et
matérielles
qui s'estompe. C'est cela qui doit changer.
Consentir
à ces trois tentations, signifie de plus pour le
médecin,
la perte de sa liberté thérapeutique, et de notre liberté
en
général.
“Les médecins sont les bergers de la liberté.” a
déclaré le
Professeur
Michel SCHOOYANS, de façon géniale. Ils sont les bergers
non
seulement de leur propre liberté, mais aussi de celle des
hommes
en général. L’homme, et sa santé doivent demeurer
les buts
suprêmes
du médecin. Le médecin devra rester le gardien de la
liberté
de
ses malades en les traitant toujours dans leurs intérêts propres.
Si
nous nous mettons au service de quelque chose, ou de quelqu'un
d'autre
que le malade, nous devenons des oppresseurs et nous collaborons
à
l'avènement d'une société totalitaire. Voulons-nous garder
nos
régimes démocratiques, nous devons en tant que médecins,
rester
maintenant
et dans le futur inébranlablement au service des individus
et
des familles en tout premier lieu.
C'est
cette vision du médecin, de la médecine et de tout le
travail
au service du malade que nous devons propager auprès des élites
médicales
et autres ainsi que surtout auprès des futures élites.
Dr
Philippe Schepens
______________________________________________
_
Les
élites et le respect de la vie
Dr
Emmanuel Tremblay
Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Amis,
Notre
sujet nous demande d'examiner les relations entre
les
élites et le respect de la vie. C'est un sujet difficile et nous
présenterons
un
certain nombre de réflexions nullement exhaustives.
Le
respect de la vie humaine est en fin de compte une philosophie
et
un comportement en accord avec elle. Il fait partie de l'ancien
et
du nouveau Testaments. Il est un élément du Décalogue. Et
plus
on l'étudie, plus on se rend compte qu'il est un élément
clef non
seulement
de la religion, mais aussi de la philosophie.
Et
on peut aujourd'hui presque diviser les civilisations en
deux
groupes : celles qui respectent la vie humaine, celles qui ne la
respectent
pas.
Et
dans cette alternative, il n'y a pas de troisième voie.
On
peut tuer ou ne pas tuer, mais on ne peut pas tuer à moitié.
S'il
en est bien ainsi sur le plan de l'acte individuel, sur le plan sta-
tistique,
il y a, certes, des peuples qui tuent massivement, il y a ceux
qui
tuent moins, et ceux qui ne tuent pas. Mais, sur le plan des principes,
il
n'y a que deux comportements possibles. Même si le crime
est
commis en petit nombre, il ne cesse pas pour autant d'être un
crime.
La loi est normative. Elle dit ce qu'il faut faire et ce qu'on n'a
pas
le droit de faire. Mais, même dans les pays où la loi est bonne et
conforme
au respect de la vie, il y a toujours, et il y aura sans doute
toujours
des gens qui violeront la loi et qui tueront. Ceci, on ne pourra
sans
doute jamais l’empêcher, mais, ce qui compte, avant tout, c'est
ce
qu'on adopte sur le plan des principes.
En
quoi cette philosophie du respect de la vie concerne-telle,
implique-t-elle,
intéresse-t-elle les élites ?
On
pourrait poser le problème autrement : pourquoi cette
philosophie
ne les concernerait-elle pas ? Pourquoi seraient-elles en
dehors
des questions fondamentales, voire les plus fondamentales de
la
société ? Les élites ne peuvent pas être à
part de ce problème. Elles
sont
dans la société, donc concernées nécessairement par
les problèmes
de
celle-ci et surtout pour ses principaux problèmes.
Elles
sont donc nécessairement impliquées par ce choix et
ne
peuvent pas rester en dehors. Elles doivent choisir entre ces deux
philosophies.
Et les meilleurs doivent choisir la meilleure.
Ces
deux philosophies ne sont pas égales. À nous d'être
convaincants
pour que les meilleurs choisissent la meilleure.
Normalement,
le fait d'appartenir à l'élite, c'est-à-dire d'être
parmi
les meilleurs, doit conduire à adopter la philosophie la
meilleure.
À
voir comment la culture de mort s'est développée dans
le
monde, et l'a littéralement envahi, il faut croire que la
présentation
de
la philosophie du respect de la vie n'a pas été suffisamment
convaincante
et, en tout cas, pas ce qu'elle aurait dû être. Et les
tenants
de cette philosophie devraient faire l'effort nécessaire pour
être
les plus convaincants. Ils seraient, d'autre part, fort heureux que
les
élites la retrouvent en grand nombre.
Mais
ils ne sauraient se borner à un souhait.
Dans
le combat idéologique en cours, il faut prouver la
supériorité
du respect de la vie sur la culture de mort, seul moyen
véritable
de ramener les élites au respect de la vie.
Dans
cette affaire, il y a un affrontement idéologique certain,
et,
à moins d'accepter la subversion idéologique totale, ce qui
adviendrait
si nous cessions de nous battre et si nous déposions les
armes,
nous sommes contraints à la victoire, car la situation actuelle
est
une situation instable. qui peut basculer à tout moment et, pour
être
sûr d'éviter cela, il n'y a pas d'autre issue que de vaincre.
Les
élites iront vers la philosophie
la
meilleure et la plus forte.
Pour
toutes les personnes qui acceptent la loi de Dieu, qui
elle-même
comporte, inclut le respect de la vie humaine, ce dernier
s'impose
à elles par l'argument d'autorité.
La
renaissance de la foi peut favoriser le progrès de la philosophie,
du
respect de la vie et peut même assurer sa victoire.
Mais,
pour tous ceux qui ne croient pas en Dieu, qui ne
reconnaissent
pas la loi de Dieu, le respect de la vie doit s'imposer par
autre
chose que l'argument d’autorité, à savoir par ses
dualités propres
et
en montrant sa supériorité sur la culture de mort.
Ce
sont donc les qualités propres de la civilisation du
respect
de la vie et sa supériorité sur la culture de mort qu'il faut
établir
et
démontrer et ne pas se contenter d'affirmer.
La
culture de mort comporte quatre éléments principaux :
l'homicide
volontaire, le mensonge, l'erreur et l'arbitraire, avec
comme
dénominateur commun l'hostilité à l’homme et la
volonté
bien
arrêtée de réduire l'humanité et d'en
détruire une grande partie,
voire
la plus grande partie.
Ce
n'est pas un état d'esprit, sans passage à l'acte. C'est le
meurtre
en action, et les résultats sont là.
Disons
au passage, qu'il s'agit de personnes très haut placées,
voire
les plus haut placées. Il y a donc dans leurs rangs une partie,
et
même une partie importante, voire la plus importante de ce
qu'on
appelle couramment l'élite, disons une certaine élite.
Ecoutons-les
parler, et voyons ces résultats :
Le
Dr J.H. Knowles, Président de la Fondation
Rockefeller
déclarait, dans un important discours prononcé à New-
York,
le 14 mars 1973, devant le conseil national du centre de développement
du
planning familial, je cite : «que c'est le rôle des secteurs
privés
comme du secteur public, d'accélérer le développement
des
avortements légaux, afin qu'ils atteignent aux USA de 1,2 à 1,8
million
par an.» Ce monsieur considérait le massacre de 1,2 à 1,8
million
d'enfants comme un objectif impératif.
Il
ajoutait qu'il fallait répondre à cette exigence, qu'une
politique
de laisser-faire ne permettait pas d'atteindre le but proposé
et
qu'il fallait une politique volontariste de l'avortement de masse. Il
envisageait
l'introduction de pressions légales, pour contraindre à
l'avortement
de
masse, et il s'insurgeait contre les institutions offrant
une
alternative.
Dans
son esprit, il ne s'agissait pas seulement d'autoriser
l'avortement,
c'est-à-dire d'autoriser un meurtre, mais il s'agissait de
contraindre
à l'avortement pour aboutir à un avortement de masse.
Autoriser
un meurtre sans sanction était déjà une révolution.
Mais le
promouvoir
afin qu'il y en ait le plus possible était une étape
au-delà
tout
à fait décisive.
Ces
documents ont été produits par le Professeur Rice,
professeur
de droit devant la commission des règlements de l'administration
du
Sénat des États-Unis, à l'occasion de la nomination de
Nelson
Rockefeller, comme vice-président des États-Unis, le 26 septembre
1974.
Le
Professeur Rice a emprunté sa documentation exclusivement
aux
publications de la Fondation Rockefeller elle-même.
Tout
ceci a été publié dans «Pro Life Reporter»
volume 3
n°
7 summer (été) 1974, reproduit par US coalition for Life Export
Pennsylvania
15632 USA.
Le
professeur Rice a écarté les documents venant des
ennemis
de la Fondation Rockefeller, ce qui donne un poids considérable
à
ses déclarations officielles et supprime les doutes.
Donc,
l'assassinat de 1,2 à 1,8 million d'enfants aux USA
est
considéré par ces gens-là comme un objectif, comme un but
à
atteindre,
au besoin par la contrainte.
Le
commandant Jean Yves Cousteau, membre de
l'Académie
Française, universellement connu, dans le Courrier de
1'UNESCO
novembre 1991, page 13, demande la mort de 350.000
humains
par jour en plus de la mortalité normale. Au Rwanda, on en
a
tué 700.000, mais en deux mois seulement. C'est bien, mais pas
assez.
(au rythme Cousteau, 350.000 par jour, pendant 60 jours, cela
fait
21 millions). C'est sans doute la raison pour laquelle les
Occidentaux
qui savaient ne bougeaient pas (c'est l'honneur de la
France
d'être intervenue).
William
AIKEN, dans un livre publié à New-York en 1984
(Earth
Bound New-introduction Essais Environnemental - Ramdon
House
1984 - New-York) déclare : «une mortalité humaine massive
serait
une bonne chose. Il est de notre devoir de la provoquer. C'est le
devoir
de notre espèce vis-à-vis de notre milieu d'éliminer 90 %
de
nos
effectifs».
Le
Professeur HERLICH demande le massacre des 5/6e de
l'humanité.
Il
accordait à la France 500.000 habitants au lieu de 60
millions.
Hudson
Hoagland, Président de l'American Academy of
Arts
and Sciences, déclare dans un article de 1972 : «Pourquoi
contrôler
la fertilité». Il y a deux solutions «accroître le
taux de mortalité
ou
réduire le taux de natalité.
Parmi
les mesures suggérées par Hoagland, on trouve :
stérilisation
temporaire
des femmes célibataires et des femmes venant
d'accoucher
jusqu'à ce que le gouvernement en décide autrement,
stérilisation
obligatoire
des hommes ayant plus de trois enfants, introduction
de
substances contraceptives dans l'eau et la nourriture.
On
remarque qu'il s'agit de mesures d'état totalitaire, intervenant
sans
scrupule dans la vie personnelle des humains dans un but
de
destruction avoué.
Les
trois grands rapports officiels américains, adressés aux
Présidents
des USA : - «Projet pour les années 80» du CFR (Council
of
Foreign relation) - Le «Rapport Global 2000» aux Présidents
- Le
«Rapport
Kissinger NSSM 200» concluent dans le même sens.
Le
rapport Kissinger NSSM 200 a été analysé en détail
par
la
revue française «Le Temps de l'Église» n° 8 avril
1993.
C'est
bien une destruction massive de la population qui est
préconisée
officicllemcnt ct déjà en cours de réalisation par une
politique
massive
d'avortements.
La
culture de mort n'est pas une idéologie platonique, mais
une
force de combat en action. On voit qu'elle est préconisée par les
plus
hautes personnalités américaines qui appartiennent
évidemment
à
l'élite.
Quels
sont ses résultats ?
L'ONU
qui participe à l'action va nous le dire. Selon des
sources
officielles, à savoir précisément l'ONU et plus
particulièrement
le
FNUAP (Fonds des Nations Unies pour les activités en
matière
de population), il y a eu en 1996, 45 millions de morts dans
le
monde par avortement provoqué, soit, depuis 24 ans (le discours
Knowlès,
président de la Fondation Rockefeller, appelant au massacre
date
du 14 mars 1973), 45 x 24 = 1 milliard 80 millions de morts.
Admettons
qu'il y n'y ait pas eu tout de suite 45 millions
de
morts par an, on arrive quand même, en chiffres ronds à : 1
milliard
de morts par avortement, soit 1/6e de l'humanité.
C'est
en gros six fois plus que les pertes provoquées par les
deux
guerres mondiales, le communisme et le nazisme réunis.
Et
la perte en matière démographique est encore plus grande
que
ne le donne à penser ce chiffre de 1 milliard.
En
effet, l'espérance de vie d'une population est l'addition
de
l'espérance de vie de chacun des individus qui la composent. Les
individus
ont tous les âges, les uns étant au début de leur vie, les
autres
à
la fin, et le reste entre les deux. L'espérance de vie d'une personne
à
la fin de sa vie est très faible, celle d'une personne au milieu
de
sa vie est, en gros, l'espérance de vie admise de la population
moins
son âge. Celle d'un jeune enfant est beaucoup plus grande. Et
celle
d'un enfant dans le sein de sa mère plus grande encore. Pour
établir
un
chiffre exact, il faudrait des calculs mathématiques très
compliqués,
comme
nous les donnent les tables des compagnies d'assurances.
Mais,
on peut dire, en première approximation, qu'un milliard
de
morts par avortement, c'est, en matière de perte d'espérance de
vie
d'une
population, au moins comme 2 à 3 milliards de morts de la
mortalité
générale,
cette dernière se produisant plus dans les âges
élevés
que
dans l'âge adulte ou le très jeune âge.
Ce
n'est pas tout. La perte de substance pour l'humanité est
encore
plus grande. En effet, la mortalité générale se produit le
plus
souvent
après que les humains ont eu leurs enfants et même le plus
souvent
leurs petits enfants. Donc, les générations suivantes ne vont
pas
ou très peu diminuer par la mortalité générale,
davantage par la
mortalité
due aux guerres qui tuent beaucoup de jeunes hommes,
mais
cependant, même dans ce cas, elles sont peu diminuées. Dans le
cas
de l'avortement, les générations ultérieures
correspondantes à la
population
avortée sont totalement supprimées. En ne comptant que
deux
générations descendantes (avec la prolongation de la durée
de
la
vie, ce serait plutôt trois), avec un coefficient de strict
renouvellement
de
2,1, ce sont deux générations d’un milliard chacune qui
sont
supprimées,
soit deux milliards d'hommes, soit, en comptant le
milliard
d'avortements, une perte humaine de 3 milliards d'humains,
soit
la 1/2 de l'effectif de l'humanité actuelle. Ce sont les
résultats
actuels
déjà réalisés de la politique d'avortement
légal imposée.
Si
l'action de ces gens-là continue encore 20 ans, à partir
de
maintenant, ils auront tué en empêchant de naître
l'équivalent de
l'effectif
de l'humanité actuelle (1 milliard d'avortements + 2
milliards
de descendants supprimés, cela fait 3 milliards à ajouter aux
3
milliards supprimés par l'avortement déjà
réalisé, cela fait 6
milliards).
Autrement
dit, la guerre de l'avortement est bien une guerre
d'extermination,
très supérieure et de très, très loin à
toutes les
guerres
connues depuis l'origine des temps.
Tous
ces morts sont des innocents, ce ne sont pas des coupables
condamnés
à mort par la justice pour actes graves.
La
culture de mort pratique donc le meurtre en grand et
même
en très grand et contre des innocents. C'est le crime à
l'état pur
dans
lequel la victime n'a aucun tort.
La
culture de mort impose l'arbitraire :
Le
choix des victimes est décidé arbitrairement. En
France,
par exemple, 1'IVG ne peut être pratiquée qu'avant la fin de
la
10e semaine de grossesse (Article L 161-1).
Autrement
dit, le dernier jour de ce délai, l'avortement est
encore
légal. Un jour plus tard, il ne l'est plus.
Même
si l'avortement était permis jusqu'à la veille de l'accouchement,
pourquoi
serait-il permis de tuer jusqu'à la naissance et
interdit
dès la naissance ?
Avec
le vieillissement extrême de la population qui existe
déjà
en Europe Continentale et qui va, par la volonté des politiciens
actuels
de tous ses pays, prendre des proportions encore plus importantes,
créant
des problèmes financiers d'une extrême gravité, avant
de
devenir complètement insolubles, la culture de mort peut très
bien
suggérer
l'arrêt des soins médicaux à partir, par exemple, de 70
ans.
Toujours
l'arbitraire, pourquoi pas 69 ou 71 ? Et donner deux chiffres
est
encore un phénomène d’arbitraire.
Si
vous faites un infarctus du myocarde à 70 ans moins un
jour,
vous avez le droit d'être soigné. Si vous le faites à 70
ans plus
un
jour, vous avez le droit de mourir sans soins. C'est précisément
ce
que
la culture de mort réclame. Pour l'enfant non né, vous avez le
droit
de le tuer sans motif jusqu'à une certaine date. L'arbitraire est
total.
En
raison du vieillissement accéléré de la population, non
seulement
dans de nombreux pays, mais bientôt à l'échelle mondiale,
la
tentation va être forte de laisser mourir et de tuer les personnes
âgées
à partir d'une certaine date. Si la culture de mort reste en
vigueur,
la probabilité de ce genre de choses est élevée. Les nazis
tuaient
les personnes socialement inutiles, les malades mentaux, les
handicapés,
par exemple. La culture de mort actuelle va quantitativement
beaucoup
plus loin.
Pour
supprimer l'arbitraire, la culture de mort doit autoriser
le
meurtre de toute personne, à tous les âges, sans motif, et pour
couper
court à tout arbitraire, par simple convenance personnelle et
sans
avoir à fournir d'explications, comme c'est le cas actuellement
en
France pour l'avortement, mais dans la période légale.
C'est
ce à quoi aboutit la logique de la culture de mort, si
elle
se débarrasse de l'arbitraire, et précisément des limites
fixées
arbitrairement.
Si en somme elle s'améliore.
Pour
ne plus être arbitraire, la culture de mort doit être
totale.
Si
la culture de mort va jusqu'au bout de sa logique, afin
de
faire disparaître l'arbitraire, c'est l'insécurité pour
tous, - avis aux
élites
- y compris d'ailleurs pour les adeptes de la culture de mort euxmêmes,
et
l'on voit très bien, dans un autre domaine, mais dans une
autre
variété de culture de mort, les groupes de gangsters
s'entre-tuer,
et
le tueur tue un tueur, avant d'être tué par un autre tueur. C'est
l'insécurité
pour
tous, et il ne reste plus, pour ceux qui tiennent à la vie,
qu'à
se barricader soigneusement dans un univers restreint et protégé.
C'est
une conséquence pratique de la culture de mort qui devrait retenir
aussi
l'attention des élites.
Rien
ne s'oppose, sur le plan logique, à ce que la culture de
mort
ne s'étende à un domaine plus large que le domaine restreint
où
elle
est cantonnée actuellement, mais qui lui permet quand même de
tuer
tous les enfants non pas d'une année mais de chaque année, et
donc
de toutes les générations.
Il
n'y a que 300.000 avortements en France par an, parce
que
les parents de ceux qui naissent ont refusé la culture de mort.
Mais,
la loi autorise à les tuer tous, dans les limites de temps qu'elle
précise
arbitrairement.
C'est
seulement parce que la culture de mort est rejetée par
un
certain nombre de personnes, qu'ils ne sont pas tous tués.
La
loi en France ne précise aucun contingent (ce qui serait
arbitraire),
ce qui signifie que toute femme a droit de tuer tous ses
enfants.
C'est l'avis de l'actuelle Cour de Cassation.
Le
seul rempart qui nous reste en France, est que ce «droit
de
tuer les innocents », n'est pas encore inscrit dans la Constitution.
L'élite
doit évidemment faire ses choix dans cet aspect des
choses,
et dire notamment quelle société elle propose et choisit.
Par
ailleurs, la culture de mort ment.
Nous
n'allons pas énumérer la liste des mensonges dans
cette
affaire. La femme sait, depuis l'origine des temps, que son
enfant
est d'espèce humaine. On a tenté de lui faire croire, pour la
déculpabiliser,
que ce n'était pendant longtemps qu'un amas de cellules
sans
importance, et que l'acte en question était lui aussi sans
importance.
Si c'était vrai, pourquoi agir et se donner tant de mal ?
La
liste des mensonges est longue, comme les statistiques
hautement
falsifiées par exemple, comme on a pu le démontrer
notamment
en France, mais c'est très probablement aussi le cas
ailleurs.
Enfin
: elle est dans l'erreur.
L'équation
du Club de Rome (réserves connues/ consommation
annuelle
= x années), qui a affolé des quantités de personnes
et
est à l'origine de ce malthusianisme de destruction exterminatoire,
est
complètement fausse.
L'homme
ne détruit pas la matière en l'amenant au néant,
il
ne fait que la manipuler et les matériaux sont recyclables. Même
les
atomes
constituant les combustibles ne sont pas détruits. Il y a des
déstructurations
moléculaires qui pourraient être suivies de restructurations.
L'exemple
le plus facile à donner est :
C
+ 02 = CO2 + chaleur et C02 + énergie = C + 02.
Cette
dernière réaction est réalisée tous les jours par
les
végétaux,
grâce à l'énergie lumineuse solaire. C'est la
photosynthèse
qui
réalise donc la réaction inverse de la combustion :
CO
2 + énergie = C02.
Après
x années il n'y aura plus de fer, c'est encore rigoureusement
faux.
Cette
conclusion est liée à un sens aberrant donné aux
mots
consommation et production, précisément par ces gens-là,
et par
tous
ceux qui les suivent.
C'est
le « sens » même de ces mots qui est en cause.
Quand
vous dites : « l'homme produit du fer», ceci veut
dire
qu'il le sort d'où il est, l'isole, le manipule, le rend utilisable pour
son
usage, mais n'a jamais voulu dire qu'il a créé du fer à
partir du
néant,
ce qui serait une création « vraie ».
Ce
n'est pas là une opinion, un avis, mais un fait.
Quand
on dit: « l'homme consomme du fer », ceci veut
dire
qu'il l'emploie, s'en sert, mais n'a jamais voulu dire qu'il l'a
détruit
en le transformant en néant.
La
« consommation » n'est pas une destruction vraie. C'est
encore
un fait et non une opinion.
Le
fait que la « production » ne soit pas une création vraie,
c'est-à-dire
à partir du néant et que la « consommation » ne soit
pas
une
destruction vraie, c'est-à-dire avec retour au néant, signifie
qu'il
y
a sur terre la même quantité de fer, de métaux, de
minéraux, etc…
aussi
bien après qu'avant l'intervention de l'homme.
Il
n'y en a pas plus après la « production » qui n'a rien
créé
à
partir du néant. Il n'y en a pas moins après la «
consommation » qui
n'a
rien ramené au néant. L'homme ne réalise qu'une
manipulation
sans
création vraie, ni destruction vraie de la matière.
Quand
la manipulation aboutit à la libération d'énergie
(déstructuration
moléculaire, ou fusion ou fission atomique), cette
énergie
est libérée où ? Dans la nature (qui ne perd rien).
Et
toute opération de déstructuration peut être suivie d'une
opération
de restructuration avec absorption d'énergie, mais il y a
aussi
la mise en réserve de celle-ci et le matériel restructuré
se trouve
où
? Dans la nature.
En
raison de l'équivalence matière-énergie
démontrée par
EINSTEIN,
une partie de la matière ne fait, dans le cas de transformation
en
énergie, que se transformer en son équivalent,
c'est-à-dire
l'énergie
qui, de plus, n'est pas libérée n'importe où (hors de
l'univers),
mais
dans l'univers, c'est-à-dire la nature qui ne perd rien.
Ceci
n'est pas contestable.
Le
fait que l'activité humaine ne soit qu'une manipulation
de
la matière sans création vraie ni destruction vraie, fait
disparaître
la
notion d'épuisement des ressources terrestres. Il y a des
déstructurations
moléculaires,
mais qui peuvent être suivies de restructurations.
Elle
agit à la manière d'une diastase qui préside à des
remaniements
moléculaires
sans détruire les éléments atomiques constitutifs.
L'homme
est dans le cosmos. C'est une diastase cosmique. C'est une
qualité
très particulière qui lui offre des perspectives
considérables.
L'activité
humaine n'entraîne pas de destruction vraie de la
matière.
Un
accident cosmique pourrait, certes, produire des dévastations
massives
sur terre, mais cela nous dépasse, et n'a, de plus, rien
à
voir avec l'activité humaine.
La
notion d'épuisement de la nature par l'activité humaine
est
sans fondement et n'existe pas. Autrement dit, la motivation de la
récession
économique maximum volontariste et du malthusianisme
démographique
de destruction n'existe plus. La motivation de cette
destruction
humaine massive n'existe plus.
C'est
cette théorie fausse - celle de l'épuisement rapide de
la
matière par l'homme - qui a conduit à ce malthusianisme
féroce,
farouche,
un malthusianisme d'extermination.
Il
est le moteur même de la culture de mort, qui sans lui
n'existerait
pas et qui n'a donc plus de raison d'être.
On
est obligé de dire qu'une part importante de ce qu'on ne
peut
pas ne pas appeler les élites a participé et participe toujours
à
cette
culture. Les patrons des grandes fondations américaines qui ont
organisé
cette entreprise de destruction humaine, gigantesque et massive,
appartiennent
aux hauts sommets de l'échelle.
Il
y a certainement des élites dans le respect de la vie, mais
la
masse des hauts dirigeants de très nombreux pays qui ont approuvé
la
culture de mort est impressionnante et on est obligé de dire
qu'ils
sont une forme d'élite, qu'ils appartiennent à l'élite.
Quel
peut donc être le rapport entre les élites et le respect
de
la vie humaine, puisqu’une très importante partie de celles-ci,
dans
un
très grand nombre de pays a accepté - et accepte toujours - la
culture
de
mort et ses pratiques et continue sa promotion ?
Dans
le relativisme contemporain, toutes les opinions sont
également
respectables, et chacun peut librement les professer, à
condition
de ne pas chercher à les imposer.
Même
dans cette perspective relativiste, la philosophie du
respect
de la vie a donc le droit de proposer ses valeurs en face de la
culture
de mort, et, puisqu'elle se propose à un choix, de vanter ses
mérites,
et de se prétendre supérieure. Elle a donc, même dans cette
perspective,
le droit de se proposer à l'élite.
Mais
dans la situation présente, le problème ne se pose pas
sous
la forme d'un libre choix. La culture de mort tend à s'imposer par
la
force (Chine) et la contrainte. En France même, le grand appareil
médiatique
se livre à une intoxication de force, la libre discussion
n'existe
pas. Les membres du respect de la vie sont obligés de payer
les
avortements, sous peine de poursuites. Et il est strictement interdit
de
tenter de sauver un enfant non pas menacé de mort mais qui va
être
tué sûrement par avortement alors que la loi d'assistance à
personne
en
danger existe toujours et vous l'impose. La contradiction
juridique
est évidente. Néanmoins, si vous voulez sauver un enfant,
les
sanctions judiciaires sont immédiates. Nous sommes bien dans
une
société criminelle, avec des dirigeants criminels, donc des
élites
criminelles.
Donc,
nous ne sommes pas placés dans cette perspective
relativiste,
qui met au départ le bien et le mal sur le même plan. Dans
la
situation présente, nous sommes au-delà de ce relativisme
contemporain,
nous
vivons sous la contrainte de la culture de mort. qui
n'admet
pas, elle, la présentation libre de notre position. Nous sommes
donc
obligés au combat et nous le serions même si ce n'avait pas
été
notre intention première.
Il
faut donc être clair. Il y a le bien et le mal, le vrai et le
faux,
la vérité et l'erreur, la vérité et le mensonge. La
culture de mort
aligne
le meurtre, l'arbitraire, le mensonge et l'erreur.
Personne
ne peut dire aujourd'hui que le meurtre, a fortiori
prémédité,
ne fait pas partie du mal, à moins d'accepter une inversion
totale
des valeurs qui conduirait l'humanité à sa destruction finalement
totale.
Le crime légal contre des innocents et dans l'arbitraire
total
est une monstruosité que les élites doivent rejeter. Elles
devraient
se précipiter pour ce rejet. Ceci heurte les bases même de
notre
civilisation. Et ceux qui acceptent ce crime, et encore plus ceux
qui
l'ont préconisé, inspiré, imposé et contraignent le
monde à l'ap-
pliquer,
appartiennent à une autre civilisation incompatible avec la
nôtre.
Comme ce crime ne va pas seul, mais s'accompagne de l'arbitraire,
du
mensonge et de l'erreur, c'est bien d'un autre monde qu'il
s'agit.
Ces gens sont parfaitement identifiés comme on l'a vu plus
haut.
Il s'agit du mondialisme malthusien impérialiste américain qui
est
en train notamment de détruire l'Europe continentale.
L'heure
est venue de conclure.
L'élite
étant faite des meilleurs, les meilleurs peuvent-ils
choisir
une philosophie inférieure ? La réponse est : non. Peut-on
accéder
à l'élite avec une philosophie inférieure ? La
réponse est :
non.
Peut-on rester dans l'élite, si l'on choisit alors une philosophie
inférieure
? La réponse est : non.
Les
choses apparaissent claires. Elles sont en effet très
claires.
Mais, elles sont difficiles Elles sont même très difficiles, car
une
très grande partie des sommets a adopté la culture de mort.
En
France, par exemple, et c'est le pays le moins touché de
l'Europe
continentale les 5/6e de la précédente Assemblée Nationale
sont
pour la culture de mort. Et encore, dans le 1/6e restant, une
bonne
partie est pour la loi Veil, ce qui est très loin du respect de la
vie.
Ces gens veulent appliquer toute la loi Veil, c'est-à-dire inclusivement
les
parties qui comportent une certaine limitation du meurtre
de
masse. Alors que les autres sont en accord pour la violer au-delà
et
violent notamment toutes les clauses restrictives de la loi.
Ceci
signifie que le rétablissement du respect de la vie
représente
un retournement de la grande majorité des sommets, c'està-
dire
des élites, c'est-à-dire un véritable bouleversement de la
situation
actuelle.
Les
sommets sont, qu'on le veuille ou non, d'une certaine
façon,
les élites.
Nous
faisons appel aux élites qui sont déjà dans le respect
de
la vie pour qu'elles augmentent leur effort et aux autres pour qu'elles
abandonnent
la culture de mort, pour rejoindre le respect de la vie.
Sur
le plan de l'idéal de la pensée, la culture de mort,
l'arbitraire,
le
mensonge et l'erreur qui l'accompagnent, doivent être évidemment
abandonnés,
mais un tel ensemble a aussi un retentissement
négatif
profond sur la qualité de la vie pratique (affaiblissement
économique,
sénilisation
des peuples). Ceci compte aussi dans l'option
finale.
Contrairement à ce que veut faire croire la propagande pour la
culture
de mort, celle-ci ne s'accompagne pas d'un enchantement,
d'une
euphorie et d'une amélioration éblouissante de la vie de tous les
jours.
C'est tout le contraire, elle amène un profond amoindrissement
de
celle-ci, que la propagande de la culture de mort cherche à occulter
soigneusement.
L'élite
ne s'arrête pas, par définition, à ce genre d'argument,
mais
s'oriente sur l'essentiel. Cet essentiel doit suffire à la
déterminer
en faveur du respect de la vie.
Nous
espérons donc que l'élite optera en masse pour le
respect
de la vie et y retrouvera la partie de l'élite qui a déjà
fait le
bon
choix.
Le
respect de la vie est tout à fait certain de la
supériorité
de
la philosophie qu'il offre à tous, et il accueillera avec grande
satisfaction
la
partie de l'élite encore égarée.
Merci
de votre aimable attention.
Dr
Emmanuel Tremblay
Les
élites traditionnelles en
Europe
:
passé
et avenir
Roberto
De Mattei
Les
élites en Europe, entre passé et avenir ; leur rôle dans
le
chaos contemporain. Ceci est le thème de mon exposé.
1.
Élite et aristocratie : la conception classique
La
définition du mot élite est préalable. Ce terme est en
effet
utilisé aujourd’hui de façon ambivalente et peut donner
lieu à
des
équivoques et à des malentendus. Il importe donc d’en fixer
bien
le
sens.
La
première signification du mot est celle étymologique
qui
remonte au Moyen Âge : la signification “d’élu”,
de “choisi”, de
“distingué”
; le sens du terme est évidemment positif ; on se réfère
toujours
à la “melior pars” de la société, à ce
qu’il y a de meilleur
dans
l’ensemble social, défini aussi comme aristocratie :
l’élite est
une
aristocratie ou, pour mieux dire, l’aristocratie est une véritable
élite,
une classe politique avec des qualités supérieures.
Il
y a en effet une nuance entre les deux mots. Le terme
élite
indique génériquement la part plus distinguée, la part
meilleure
de
la société, alors que l’aristocratie est une structure
politique, une
des
trois formes de gouvernement classiques (monarchie, aristocratie,
démocratie).
D'après
la pensée classique, c’est au petit groupe, à
l’aristocratie,
que
revient la conduite de l’État, pas au détriment, mais au
bénéfice
de la multitude. Si le petit nombre gouverne dans son propre
intérêt
et non dans l’intérêt commun, l’aristocratie
dégénère en oligarchie.
Le
terme oligarchie a toujours conservé un sens péjoratif,
comme
version corrompue de l’aristocratie. Le mot aristocratie a toujours
eu
au contraire, le sens positif, étymologique, de “gouvernement
des
meilleurs”. C’est une conception qu’on pourrait
définir
“axiologique”
ou “valorielle”. L’axiologie est la recherche et
l’exposition
des
valeurs fondamentales et des principes auxquels on ne peut
renoncer,
dans la conviction qu'il existe une vérité et un bien dans le
domaine
moral, politique et social. Seulement à la condition de définir
l’existence
d’un “bonum”, des bons, peut-on parler d’un
“melius”,
des meilleurs.
Le
rôle des “meilleurs” dans le gouvernement de la Cité a
été
souligné, dans cette perspective, par tous les grands maîtres de
la
pensée
politique, de Platon et Aristote jusqu'à nos jours.
Pour
Platon ainsi que pour Aristote, les aristoi, les
meilleurs,
sont en tant que agathoi, bien nés, les nobles, ceux qui
appartiennent
aux classes plus élevées de la société, tandis que
les
kakoi,
les “mal-nés”, sont proprement les méchants, la
plèbe.
En
ce sens, aristocratie peut devenir synonyme de noblesse
c’est-à-dire
d’une condition politique et sociale transmise par voie
héréditaire.
La noblesse est un groupe de familles auxquelles la loi
reconnaît
des privilèges, faits de devoirs et de droits, se transmettant
par
le fait de la naissance. L’investiture publique de ces familles par
l’Autorité
souveraine qui, comptant sur leur dévouement, les emploie
au
service du pays, c’est l’anoblissement.
Au
cours des mille ans qui s’écoulent depuis l’aurore de la
chrétienté
jusqu’à 1789, la noblesse a eu une place marquée dans le
gouvernement
de la société européenne. La tripartition de la
société
en
trois classes, ou mieux, trois ordres - le clergé, la noblesse et le
peuple
- manifestait la nette distinction entre gouvernants et gouvernés
inhérent
à tout groupe social.
La
société d’ordre d’Ancien Régime,
d’après la formule de
Roland
Mousnier, était une société profondément
inégalitaire, mais
largement
participative, caractérisée par la délimitation des
rôles et
des
attributions, et inspirée par la doctrine chrétienne, qui
perfection-
ne
la conception classique, sur la légitimité et la
nécessité des inégalités
sociales.
La
Révolution française a prétendu liquider la
société
d’ordres
d’Ancien Régime au nom de la démocratie égalitaire
et totalitaire
d’origine
roussienne. Dans son étude sur la souveraineté, en
renversant
l’axiome de Rousseau, pour lequel l’aristocratie
héréditaire
“est
le pire de tous les gouvernements”, Joseph Maistre démontre
que
le pire des gouvernements est la démocratie, parce qu’elle est,
selon
sa définition, “une association d’hommes sans
souveraineté”.
Maistre
considère que la démocratie pure “n’existe pas plus
que le
despotisme
absolu” ; tous les gouvernements, d’après le grand penseur
savoyard,
sont aristocratiques : “la démocratie n’est qu’une
aristocratie
élective”,
alors que la monarchie n’est autre qu’une “aristocratie
centralisée”.
Après
1789, les idées de Rousseau ont pris le dessus dans
la
société. Les théoriciens de la Révolution
française préconisent la
souveraineté
populaire comme “volonté générale” dans laquelle
toute
volonté
particulière est destinée et forcée à se fondre
quasi mystiquement,
pour
engendrer le nouvel Éden, le règne de la démocratie, du
progrès,
de l’égalité.
En
effet, la Révolution française a marqué l'avènement
d'une
nouvelle société égalitaire, qui sous prétexte de
transférer toute
forme
d'autorité et de souveraineté des élites au peuple, vise
à la destruction
de
toute autorité.
Cette
utopie égalitaire, après la Révolution française,
parcourt
tout
le XIXe siècle et aboutit à sa nouvelle et plus radicale
expression
: la Révolution communiste. C’est elle qui, à partir de la
prise
du Palais d’Hiver de la part de Lénine au mois d’octobre
1917,
marque
en profondeur notre siècle, siècle égalitaire et
siècle totalitaire
par
excellence.
L’écroulement
du socialisme réel, à l’Est européen, est la
débâcle
de l’utopie égalitaire, même dans l’Occident
démocratique.
En
effet, que nous est-il dévoilé ? Que dans cet
après-guerre, dans ce
siècle,
dans ces deux derniers siècles qui auraient dû marquer la fin
du
despotisme et de l’oligarchie, nous avons été
gouvernés, et nous
le
sommes encore, par des minorités despotiques et non seulement
sous
le communisme, le fascisme, le national-socialisme mais même
sous
les prétendus régimes libéraux et démocratiques.
2.
L’élitisme du XXe. siècle
À
côté du sens traditionnel selon lequel l’élite est la
“melior
pars” de la société, il existe une deuxième
signification qui
revient
de la littérature sociologique et de la science politique du XXe
siècle.
Élite, en tant que classe dominante, minorité organisée
qui
détient
le pouvoir, mais sans aucune connotation positive ou “valorielle”.
En
effet, sous le nom d’élitisme, une école politique est
née
et s’est développée en Italie, au début de ce
siècle, en réaction
aux
mythes socialistes et égalitaires du XIXe siècle. Ses principaux
représentants
furent Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto et Robert
Michels.
Le
fondateur de l’école est le juriste sicilien Gaetano
Mosca
(1858-1941) dont le nom est lié au concept de “classe politique”.
En
s'appuyant sur une analyse historique et sociologique,
Mosca
démontre qu’il est impossible d’édifier une
société civile
dépourvue
de structure hiérarchique. Là où existe une
société organisée,
il
existera toujours une minorité organisée, une minorité
dominante
qui
la dirige. C'est cette minorité que Mosca définit classe
politique.
Dans
toutes les sociétés, il y a donc deux classes de personnes
:
une minorité de gouvernants et une majorité de gouvernés.
Ce
que Mosca appelle formule politique est l’ensemble
des
croyances et des valeurs qui constituent le fondement idéologique
dont
chaque classe politique a besoin pour exercer le pouvoir.
Presque
contemporain de Mosca est le sociologue et économiste
Vilfredo
Pareto (1848-1923). C'est à lui, dans l’introduction
de
son œuvre Systèmes socialistes (1902), que l’on doit le terme
élite
pour
désigner la couche supérieure de la population, dont font
habituellement
partie
les gouvernants. Entre ces deux couches, celle infé-
rieure
et celle supérieure de la population, il y a une circulation, qui
permet
aux élites de subsister et de persister. La théorie
parétienne de
la
circulation des élites, c'est-à-dire de la mobilité et du
continuel
renouvellement
des classes dominantes, décrit la loi qui gouverne la
constitution
et la continuité des élites dans l'histoire.
Robert
Michels (1876-1936), le troisième théoricien des
élites,
améliore Pareto en démontrant que ce renouvellement des
élites
ne
doit pas être entendu dans le sens d’une substitution totale et
globale
d’une classe dirigeante par une autre. La stabilité est
assurée
par
un phénomène d’assimilation d’éléments
anciens et nouveaux.
Pour
Michels, comme pour les autres élitistes, la démocratie en tant
que
gouvernement du peuple est une illusion. Il y a dans l'histoire
changement
des minorités dirigeantes, non changement de la structure
du
pouvoir.
Après
la dernière guerre mondiale, une nouvelle école
s’intéresse
aux élites dans un pays toujours dominé par la philosophie
démocratique,
et donc par les idées égalitaires : les États-Unis.
Après
Harold D. Lasswell (1902-1979), on doit surtout à
Charles
Wright-Mills (1916-1962) auteur de plusieurs livres, parmi
lesquels
L'élite du pouvoir (1956) la théorisation du principe que
dans
la société contemporaine, le pouvoir est distribué de
manière
tout
à fait inégalitaire. Dans la moderne société de
masse, composée
d'individus
apathiques, une “power élite”, caractérisée
par la solidarité
et
par l’interchangeabilité des membres et agissant souvent en
secret,
prend toutes les grandes décisions d'intérêt
général.
L'œuvre
de Mills donna lieu à un vaste débat qui toucha le
problème
même de la démocratie en Amérique. L'existence des
élites
est-elle
compatible avec la démocratie ? Il s'agit du problème, déjà
évoqué
par la Révolution française, des rapports entre
l'égalité et la
liberté.
Un problème qui avait déjà été
évoqué par Alexis de
Tocqueville,
dans son œuvre La Démocratie en Amérique, et qui
récemment
a été objet d'une étude d'un intellectuel
“libéral” américain
Christopher
Lasch (1932-1994), intitulée The Revolt of the
Elites
and the Betrayal of Democracy.
Le
sociologue américain parle de “rébellion des
élites” de
même
que José Ortega y Gasset parlait de “rébellion des
masses”.
Pour
Lasch, les élites sont “les groupes qui contrôlent le flux
international
de
la monnaie et de l’information, ceux qui dirigent les fondations
philanthropiques
et les institutions d’études supérieures, qui
contrôlent
les instruments de la production culturelle et qui définissent
donc
les termes du débat public”. Ces élites, désormais
privées
de
tout contact avec la réalité, ont renoncé à leur
rôle civique et “ont
perdu
la foi en les valeurs de l’Occident” qui pour Lasch sont celles
de
la démocratie et du progrès nés de la Révolution
française.
Tandis
que le siècle se termine, on découvre donc une
ancienne
vérité : partout où il existe une société,
il existe aussi un
petit
nombre de personnes qui la dirigent. La souveraineté populaire
est
un mythe désormais en miettes. La voix prophétique du comte de
Maistre,
qui a condensé d’une manière lapidaire la philosophie
politique
traditionnelle,
arrive jusqu’à nous : “Dans tous les temps et dans
tous
les lieux l’aristocratie commande”. “Aristote - ajoute-t-il -
en
disant
que la chose doit être ainsi, énonce un axiome politique dont
le
simple bon sens et l’expérience de tous les âges ne
permettent pas
de
douter. Ce privilège de l’aristocratie est réellement une
loi naturelle”.
Le
mot élite a perdu cependant la valence axiologique
sous-jacente
à la pensée traditionnelle. Ce qui caractérise les
élitistes,
est
l’absence du jugement des valeurs dans leur analyse de la
société.
Le
terme élite est donc utilisé dans le langage sociologique et
médiatique
comme synonyme de classe politique ou de classe dominante,
pour
désigner tous ceux qui exercent des fonctions dirigeantes
au
sommet de la hiérarchie sociale. On parle désormais
d’élites financières,
technocratiques,
informatiques, médiatiques, pour indiquer les
hommes
qui contrôlent tout simplement le pouvoir.
On
se demande à ce point-là si cette utilisation neutre du
mot
élite est correcte. En considérant que la fracture qui existe
entre
la
classe dominante et l’opinion publique est réelle, je parlerais,
plutôt
que
d’élite, d’establishment, de lobby, de nomenklatura, de
“coupole
directive”,
ou, pour appliquer un terme classique, d’oligarchie.
Par
contre pour mieux définir le terme élite, pour restituer
à
ce terme la signification ancienne et plus profonde, il me semble
mieux
de le déterminer, en ajoutant, au substantif élite, la
spécification
“traditionnelle”.
J’oppose les “élites traditionnelles” à
l’oligarchie
qui
nous domine.
3.
Les élites traditionnelles à l’heure actuelle
Cette
conception axiologique des élites est celle exposée
par
le grand Pape Pie XII, dans les quatorze allocutions qu’il a
adressées
au
Patriciat et à la Noblesse romaine entre 1940 et 1958. Elle
vient
de nous être présentée par le professeur Plinio
Corrêa de
Oliveira
dans le remarquable livre qu’il a dédié à ce sujet :
Noblesse
et
élites traditionnelles dans les allocutions de Pie XII.
L’œuvre
du prof. de Oliveira n'est pas seulement celle d'un
grand
historien, c'est l'œuvre surtout d'un éminent philosophe et
théologien
de
l'histoire qui nous offre des critères fondamentaux pour distinguer
entre
vraies et fausses élites, entre les aristocraties permanentes
et
les modernes oligarchies. Il ne se limite pas à affirmer la
nécessite
des
élites : il détermine leur nature et leur tâche dans
l’histoire et
dans
le temps présent. La définition de l’origine, de la nature,
du sens
profond
du terme élite est, à mon avis, la contribution principale de
ce
livre.
Quelle
est donc l’essence de l’aristocratie, la spécificité
de
l’élite
?
Ce
qui rend une élite authentique, ce qui fait d’une minorité
une
vraie aristocratie, affirme le Prof. de Oliveira à la lumière de
l’enseignement
traditionnel de Pie XII, c’est la vertu et en particulier
la
vertu chrétienne qui consiste à s’oublier soi-même,
ses propres
intérêts,
ses propres égoïsmes privés et particuliers, pour se
consacrer
au
bien commun, au service de la société. Antithétique
à l’élite est
toute
minorité qui s’organise non pas pour servir le bien commun
mais
pour profiter des positions acquises à son propre avantage, à son
propre
intérêt. L’homme d’élite est donc le parfait
désintéressé,
l’homme
qui se sacrifie, qui sert la vérité et le bien. L’esprit de
sacrifice
et
de service caractérisait le deuxième ordre dans l’Ancien
Régime.
La
guerre était pour le noble un holocauste en faveur de
l’Église
et du bien commun temporel. “Holocauste - observe le prof.
de
Oliveira - qui lui revenait comme reviennent aux clercs et aux religieux
les
holocaustes moraux inhérents à leur état”.
Holocauste.
Le mot mérite d’être souligné car il avait,
dans
la vie du noble, une importance centrale. “D’une certaine
manière
- continue le penseur brésilien - il se faisait sentir jusque
dans
la vie sociale, sous la forme d’une ascèse qui la marquait
profondément.
Les
bonnes manières, l’étiquette et le protocole se
façonnaient
selon
des modèles qui requéraient du noble une continuelle
répression
de ce qui est vulgaire, grossier ou même blâmable dans de
nombreux
comportements de l’homme. La vie sociale était, sous certains
aspects,
un sacrifice constant, toujours plus exigeant au fur et à
mesure
que la civilisation progressait et se raffinait”.
Esprit
d’holocauste, esprit de sacrifice. Marie Madeleine
Martin
rappelle comme jusqu’à la veille de la Révolution
française le
privilège
plus éclatant dont a joui la noblesse a été certainement
celui
de
''l’impôt du sang'' par lequel elle sacrifiait
généreusement ses
enfants,
pour que l’ensemble de la nation puisse travailler en paix.
À
la fin du XIX siècle - rappelle-t-elle - le Marquis de
Vogüe,
sous le titre Une famille vivaroise, publiait une sorte de Livre
de
la Raison de sa famille auquel il avait annexé un tableau
généalogique.
Or
à chaque ligne de ce tableau apparaissent les mentions suivantes
:
“tué à l’armée d’Italie, tué au Tessin,
mort à l’armée de
Hollande,
tué au siège de Vallon”.
La
noblesse, observe un autre historien, “est le groupe d’élite
par
excellence qui veille au salut de l’État, elle est noblesse de
sang
à deux titres par le sang reçu des ancêtres et par le sang
généreux
versé
pour le bien du royaume. Elle a en elle l’héroïsme
héréditaire”.
Dans
l’esprit d’holocauste on peut saisir l’essence de la
véritable
élite. “Le propre d’une aristocratie - a écrit Marcel
De Corte
-
est de maintenir en elle un état d’âme fondé sur le
sacrifice”.
Dans
cette perspective de dévouement qui caractérise
toute
véritable élite, l’élite traditionnelle est une
élite que l’on pourrait
définir
avant tout au service de la tradition, “enracinée” dans la
tradition.
Enracinée dans le passé, grâce au lien mystérieux de
l’hérédité,
mais
enracinée aussi et surtout dans les valeurs et dans la
vérité
parce
que la Tradition est la vérité transmise et vécue dans
l’histoire
:
la vérité qui vit dans l’histoire sans se confondre avec
elle ni
dépendre
d’elle.
La
fonction essentielle de l’élite aujourd’hui est de
témoigner
de
l’existence et de la permanence des valeurs. Quand les élites
transmettent
leur esprit de service et leur patrimoine de valeurs dans
le
temps, d’une génération à l’autre, elles
deviennent des élites traditionnelles,
comme
la noblesse. C'est là proprement la tradition : la
transmission
dans le temps d’un patrimoine de valeurs, de principes
culturels,
religieux et moraux.
“Protéger
la tradition est la mission spécifique de la
noblesse
et des élites analogues”. Le prof. Corrêa de Oliveira
explique
bien la relation qui existe entre noblesse et tradition :
“Celle-là
est la gardienne naturelle de celle-ci. Dans la société civile,
elle
est la classe chargée, plus que toute autre, de maintenir vivant le
lien
qui permet à la sagesse du passé de gouverner le présent
sans
néanmoins
l’immobiliser”.
Sagesse
du passé… Aujourd’hui on veut en finir avec le
passé.
Mais la tradition n'est pas le passé : la tradition c’est le lien
entre
le présent et le passé. La tradition est la vie qui continue et
qui
se
développe.
“Loin
d'être une routine ou un héritage passivement
recueilli,
la tradition - explique encore Marcel De Corte - existe physiquement
en
nous : elle est le plasma sanguin grâce auquel les hommes
communiquent
concrètement entre eux, se comprennent et s'aiment”.
L’histoire,
affirme un autre penseur catholique, cher à tout
Suisse,
Gonzague de Reynold, “n’est point le passé : elle est une
force
qui vient des origines, qui entraîne le passé sur nous, et qui
nous
porte
avec lui dans l’avenir”.
La
perte du lien avec le passé, la fracture avec la tradition,
la
dissolution de toute identité culturelle et historique est le
problème
fondamental
de nos jours. Face à cette perte de repères, à cette crise
profonde
d'identité, “l'homme occidental - selon les mots d’un
sociologue
contemporain
- ne sait plus se reproduire et durer dans l'histoire.
Il
perd sa conscience historique”. Il perd la liaison entre le passé
et
l'avenir, pour se plonger dans le présent et, dans le présent,
s’épuiser,
se
dissiper.
Certainement,
nous devons vivre le moment présent. C’est
ce
qu’ont fait les saints, mais ils ont vécu la minute
présente dans sa
relation
avec l’instant immuable de l’éternité. Ils ont
vécu le moment
présent
non pas sur la ligne horizontale du temps, entre un passé
disparu
et un avenir qui n’est pas encore, mais sur la ligne verticale,
qui
le rattache à l’unique instant de l’éternité.
C’est dans le passé,
dans
la vitalité du passé, qu’on puise l’infinie richesse
du présent. La
vitalité
et la fécondité du passé sont la tradition, sorte
d’éternel présent
qui,
à la lumière des principes et des valeurs permanentes, relie
le
passé et l’avenir à l’immuable
éternité. La tradition est tellement
constitutive
de la société, que son reniement lui interdit tout
véritable
progrès.
“Comme
l’indique son nom, - rappelle Pie XII - la tradition
est
le don qui passe de génération en génération, le
flambeau
qu’à
chaque relais le coureur confie et remet dans la main d’un autre
coureur
sans que la course s’arrête ou se ralentisse. Tradition et
progrès
se
complètent réciproquement avec tant d’harmonie que tout
comme
la tradition sans le progrès se contredirait elle-même, le
progrès
sans
la tradition serait une entreprise téméraire, un saut dans
l’obscurité”.
La
perte de la tradition, le “déliement” du passé et de
l’éternité
sont
le désordre radical, le chaos suprême, la
“décivilisation”
ou
la “tribalisation” du monde. Ce monde “tribal”,
réalisé par la décivilisation
du
chaos dont on parle désormais ouvertement, semble à
nos
portes.
Pie
XII nous a déjà montré l’itinéraire à
suivre pour s’opposer
à
ce processus. “C'est le monde entier, peut-on dire, qui est à
réédifier
: c'est l'ordre universel qui est à rétablir. Ordre
matériel,
ordre
intellectuel, ordre moral, ordre social, ordre international, tout
est
à refaire et à remettre en marche régulière et
constante. Cette tranquillité
de
l'ordre, qui est la paix, la seule paix véritable, ne peut
renaître
et durer qu'à la condition de faire reposer la société
humaine
sur
le Christ, pour recueillir, récapituler et rassembler tout en Lui :
instaurare
omnia in Christo (Eph. I, 10)”.
Celle-ci
est la tâche principale que Pie XII confie aujourd'hui
aux
élites…
L’homme
d’élite, celui qui est choisi, a une mission, une
vocation
à accomplir, un rôle et une fonction spécifique dans la
société.
Le
caractère propre des élites n’est pas seulement un
témoignage
privé,
c’est aussi le rayonnement. Ce rayonnement correspond à
l’apostolat
typique
des élites : remplir une fonction de guide de la société.
L’élite
doit faire rayonner autour d’elle la tradition, les valeurs
dont
elle est la dépositaire. Bonum est diffusivum sui : le bien tend
à
se
diffuser. L’élite a une fonction publique par le fait même
que la
vérité
et le bien se répandent irrésistiblement. L’élite ne
peut pas être
repliée
sur elle-même, dans une solitude stérile. L’action, le
témoignage
public,
font partie de son essence même.
Cette
action publique est spécialement nécessaire face à
l’horizon
de ruines, de décomposition, de chaos qui nous est
présenté
par
la dissociété actuelle.
Aujourd’hui,
comme toujours, quand une société se
décompose,
quand il s’agit de restaurer ce qui est ruiné, c’est
l’heure
des
élites. Le retour au modèle humain représenté par
les “élites traditionnelles”
peut
constituer le principal antidote à cet extrême déclin
de
la société.
Quels
sont les hommes d’élite ? Ce sont les hommes qui
luttent
publiquement pour la vérité, qui se sacrifient pour la tradition.
Ce
sont des hommes pour lesquels la vérité est la vie vécue
de tous
les
jours, de la même manière que la tradition est la
vérité vécue dans
l’histoire
et dans la société. La mission que le prof. de Oliveira
réser-
ve
aux élites traditionnelles, c’est d’opposer avant tout un
modèle
humain,
une doctrine vécue, au tribalisme contemporain.
Les
hommes d’élite par excellence sont les saints, dont
l’exemple
est accessible à tous. Parmi les saints, permettez-moi de
rappeler
Saint Joseph, Gardien de la Sainte Famille, Protecteur de
l’Église,
Prince de la Maison Royale de David, homme d’élite par
excellence,
sous le patronage duquel M. de Siebenthal a bien à propos
mis
notre congrès.
Les
grandes victoires de notre histoire sont le fruit de la
rencontre
entre la Grâce Divine et la volonté humaine, de la collaboration
entre
l’homme et Dieu. Dieu ne meurt pas, les vérités divines
et
naturelles ne changent pas, mais brillent dans la voûte atemporelle
de
l’histoire. Ce qui se détourne de la vérité et du
bien, mais qui peut
à
tout instant y revenir, est le coeur humain.
Le
vrai problème de notre temps concerne les hommes. Il
faut
des hommes qui servent la vérité, des hommes qui correspondent
à
la grâce, des hommes d’élite, des hommes de tradition. Je
suis
convaincu
que ces hommes existent. L’heure est arrivée pour qu’ils
se
rencontrent. Et ce congrès me semble une occasion très importante
pour
cela.
Roberto
de Mattei
La
formation morale des élites
Amiral
Michel Berger
De
nos jours, parler de formation morale est supposé porter
atteinte
à la liberté. L'intellectuel qui évolue dans le tourbillon
des
idées
à la mode, sans référence objective, remplace le sage dont
la
maturité
demeure liée à l'acquisition des quatre vertus cardinales
(justice,
force,
tempérance et prudence). Nous orienterons notre réflexion
sur
la dimension sociale de ces vertus en liant leur pratique au service
du
bien commun et en insistant plus particulièrement sur la justice.
Ces
vertus constituent l' “honnête homme”, à l'esprit dur
et au
coeur
doux.
«Bien
plus qu'un encadrement imposé de l'extérieur
comme
des béquilles, ce qui structure une société et la soutient
par
l'intérieur
c'est son élite.»
Les
civilisations naissent ou meurent par la vertu ou la
carence
de leurs élites (Amiral Auphan).
Qu'entend-on
ici par “l'élite”? Il ne s'agit pas de donner
une
définition qui viendrait s'ajouter à celles déjà
très complètes,
mises
en évidence depuis le début de ce congrès. Mais je
voudrais
apporter
quelques précisions nécessaires pour introduire notre sujet
relatif
à la formation de ces élites.
Il
est clair que nous ne classons pas, a priori, dans la catégorie
des
élites ceux qui disposent de moyens ou de ressources (intellectuels
ou
financiers) supérieurs à ceux des autres, ni ceux qui ont
atteint
un niveau élevé de connaissances ou sont parvenus à des
rangs
élevés
de la hiérarchie sociale. L'élite, disait l'Amiral Auphan dans la
conférence
que je viens de citer, est la trame sociale des êtres
humains
qui ne se contentent pas de “gagner leur croûte” comme on
dit
vulgairement, mais qui ont conscience au poste où la destinée les
a
placés, d'un service à rendre, d'un exemple à donner. Font
partie de
l'élite
tous ceux qui, venus au monde dans n'importe quel milieu
social,
accomplissent leur tâche quotidienne, si modeste soit-elle, en
voyant
plus haut que leur intérêt personnel, en pensant au bien com-
mun
de la portion de société, grande ou petite, où leur action
s'exerce,
en
remplissant leur devoir d'état avec abnégation, en surmontant
les
épreuves avec le sens du sacrifice. «Beaucoup, desservis par les
circonstances,
restent ignorés de leurs semblables: leurs mérites ne
sont
connus que de Dieu; mais ils s'additionnent à l'infini dans la
communion
des saints et contribuent ainsi sur un autre plan, celui de
la
grâce, à nous soutenir». L'élite c'est le sel de la
terre, c'est en
quelque
sorte, dans notre société frappée par l'immoralité,
le remède
dont
l'action capillaire, patiente, persévérante arrête d'abord
le mal,
redonne
ensuite la santé. Il est clair, comme déjà le remarquait
le
professeur
Marcel De Corte lors d'un congrès de Lausanne, que “le
salut
de l'humanité et donc notre espérance civique, sociale,
politique,
est
plus que jamais suspendu à l'initiative privée de quelques
hommes
qui, en pratiquant leurs devoirs d'état maintiendront en vie
et
transmettront à leurs fils les vertus dont la Cité a besoin pour
qu'elle
ne
soit ni une foire d'empoigne, ni une termitière”.
Voulant
parler de la formation morale des élites, nous
devions
rappeler ce que nous entendons par élites, mais peut-être estil
tout
aussi nécessaire aujourd'hui de définir le domaine de la morale.
Élites
et morale (et combien plus encore élites et ordre moral) sont
des
notions que l'on veut oublier. Parler de formation morale est
supposé
porter atteinte à la liberté. La formation du caractère,
la formation
du
coeur sont accusés d'engendrer un climat d'intolérance
quand
elles ne sont pas sources de psychoses. Par contre on exalte
“l'intellectuel”
qui remplace le héros ou le sage des temps païens ou
le
saint des siècles chrétiens; l'intellectuel, ainsi honoré,
est alors
celui
qui, de façon plus ou moins souple ou plus ou moins rebelle -
selon
qu'il est de droite ou de gauche évolue “dans le tourbillon des
idées
mortes soulevées par la mode du jour”. La morale n'est plus
qu'une
morale de situation, sans référence objective. Pour mieux
l'évacuer,
on
parlera d'éthique et l'on opposera ou juxtaposera éthique
de
conviction et éthique de responsabilité... Que deviennent dans ce
contexte
instable les vertus morales qui expriment des “dispositions
stables”,
des perfections habituelles de l'intelligence et de la volonté
qui
règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre conduite?
On
n'en parle plus! Beaucoup ne savent plus leurs noms; plus
nombreux
encore sont ceux qui ignorent que quatre de ces vertus sont
dites
cardinales car elles jouent un rôle charnière (cardo: gond), tou-
tes
les autres vertus se regroupent autour d'elles. Et pourtant “la
maturité
morale, aujourd'hui comme hier, demeure l'acquisition de la
prudence,
de la justice, de la force et de la tempérance. Ces dispositions
permanentes
à agir efficacement en accord avec la raison, sont
un
peu, dans l'ordre moral, ce que le squelette réalise dans l'ordre
physique.
Inséparable de tout le reste de la vie organique, le squelette
en
est la charpente”. Il en est ainsi des vertus morales pour le soutien
de
l'action. Dans quatre petits traités, Marcel De Corte a remarquablement
analysé
chacune de ces vertus pour montrer qu'il ne s'agissait
pas
seulement de vertus personnelles mais de vertus sociales,
toutes
ordonnées au bien commun.
J'ai
choisi d'insister tout particulièrement sur la justice,
car
y est directement liée la notion de bien commun et que ce qui
spécifie
l'élite
c'est un sens précis du Bien commun, qu'elle a le devoir
de
servir. Hélas aujourd'hui, le bien commun est trop souvent ignoré
et
cette ignorance entraîne la dissolution de nos sociétés.
La
Justice
La
vertu de justice consiste à avoir habituellement la
volonté
- qu'on puisse ou non l'exécuter - de rendre à chacun tout ce
à
quoi la loi naturelle, et dans une certaine mesure la loi civile, lui
donne
droit, tout ce qui lui est dû. Avec cette vertu, nous sommes
ainsi
dans le domaine des droits et donc des devoirs de l'homme, dans
toutes
ses relations avec autrui. Et l'on peut dire que tous les commandements
du
décalogue se rapportent à la justice; à commencer
par
les premiers: les devoirs vis-à-vis de Dieu. La vertu de religion
est
l'un des aspects de la vertu de justice. Le culte divin est une dette
de
stricte justice. Devoirs également vis-à-vis des parents et de la
patrie:
c'est la vertu de piété, dont on peut dire qu'elle est une
justice
imparfaite.
On ne rendra jamais à nos parents, à notre patrie, tout ce
que
nous leur devons. Devoirs vis-à-vis de nos bienfaiteurs: reconnaissance,
gratitude
sont des devoirs de justice. Dire la vérité est un
devoir
de justice vis-à-vis de ceux à qui nous nous adressons.
Respecter
le mariage est un devoir de justice entre époux. Respecter
la
vie, son intégrité est des devoirs de justice envers tout
être humain.
Payer
l'impôt, effectuer un service militaire, voter sont des devoirs de
justice
vis-à-vis de la société. Toute la vie en
société repose sur la jus-
tice.
La justice est la condition principale de la paix, “tranquillité
de
l'ordre”.
À la base de la justice, il y a la notion d'échange et dans
les
exemples que je viens d'évoquer, il y a échange d'un objet bien
réel
entre deux ou quelques personnes, objet au sens très
général du
terme,
qui s'intercale entre les personnes. Et c'est l'existence, la valeur
de
cet objet qui - indépendamment de la volonté, des dispositions
intérieures
ou des états d'âme des partenaires - fait qu'une action est
juste
ou non. Mais lorsque le partenaire n'est plus une personne bien
définie
et que l'on veut parler de “l'autre” considéré
socialement, que
l'on
veut parler de la société et de ses membres, le bien
échangé, on
dira
alors le bien commun, «n'a plus la même netteté tant il est
vaste,
ni
l'obligation où chacun se trouve d'avoir à le rendre à la
communauté,
ni
le droit qu'a la communauté d'en exiger l'observance de chacun
de
nous. Tel est le paradoxe de la justice générale. Sa réalité
n'apparaît
guère
à cause même de sa surabondance». Le bien que l'homme
attend
de la société c'est qu'elle soit un moyen d'assurer à ceux
qu'elle
réunit non pas le respect de leurs simples droits individuels
mais,
en plus, un ensemble de biens auxquels une multiplicité
d’existences
solitaires
leur interdirait d'accéder. Bien plus, l'objectif fondamental
à
viser pour chacun dans cette vie collective n'est pas de profiter
le
plus possible de tout ce que les autres pourraient lui fournir,
car
s'il en était ainsi, la vie sociale n'aurait d'autre loi vraiment
essentielle
que
l'exploitation systématique de tous par chacun.
Le
bien commun d'une “société” (famille, entreprise,
cité...)
- expression qui traduit à la fois les notions de communauté du
bien
et de bien de la communauté - n'est pas une somme de biens particuliers.
Nous
en resterons à une approche descriptive.
L'exemple
de l'orchestre est souvent utilisé: le bien du tout que constitue
l'orchestre
c'est la perfection de la symphonie et non la perfection
de
l'une seulement des parties (la virtuosité d'un violoniste...),
mais
pour le violoniste qui renonce peut-être à sa virtuosité
pour
jouer
une partition plus facile, cette perfection de l'ensemble satisfait
en
réalité le désir d'un bien plus grand qu'est la
réalisation d'une
musique
d'ensemble, qu'il était incapable d'obtenir seul.
Dans
l'entreprise, le bien commun est fait d'association
pacifique,
de bonne répartition des tâches, d'autorité avisée
et de discipline
consentie,
de confiance mutuelle, de tradition de fabrication,
de
prospérité stable... C'est tout cela qui est à la fois
bien de la communauté
et
épanouissement des qualités personnelles.
Dans
la profession, le bien commun est fait de solide
apprentissage,
de statuts bien établis, de collaboration loyale, de
bonne
entente, de traditions professionnelles et morales, de patrimoine
corporatif,
d'institutions sociales.
Dans
la commune et dans la nation, le bien commun est
fait
de richesses et d'installations possédées en commun, d'une bonne
législation,
de bonne distribution des charges et des biens, de paix
sociale,
de confiance, de sécurité extérieure, d'une certaine
unité dans
la
conception de la vie, d'ardeur commune au travail, de discipline
civique,
d'honneur, de la gloire du passé, de l'ordre public, de
prospérité.
Le
bien commun spirituel se lie intimement au bien commun
temporel,
qu'il conditionne et qu'il procure. Que viennent à faiblir
les
vertus intellectuelles et morales et le bien commun temporel
s'écroule.
Le bien commun spirituel est le potentiel total d'intelligence,
de
sciences, de sagesse, de vertus d'un corps social, de ses traditions
intellectuelles,
morales, artistiques, pédagogiques, de ses chefsd'oeuvres
matériels,
de ses institutions juridiques et sociales, de sa
culture,
de son humanisme. Son élément le plus essentiel est la religion.
C'est
le fruit d'une lente sédimentation millénaire.
Le
bien commun spirituel est conçu, désiré, établi par
les
hommes
animés d'un esprit commun, à force d'actes vertueux
coordonnés
pour
aboutir à la création de richesses purement spirituelles
comme
les doctrines philosophiques, théologiques, les traditions
morales
mais aussi de richesses marquant la matière comme les
chefs-d'oeuvres
de l'architecture, de la sculpture, de la peinture, de la
musique
chrétiennes, des institutions liturgiques. Le bien commun
spirituel
se compose de toutes les valeurs possédées de façon
indivise
par
les membres de la communauté et qui acheminent l'homme
vers
sa destinée universelle.
Le
bien commun est un bien dont la nature est de se reverser
sur
les membres d'une société. Encore faut-il que les membres
vivants
ou disparus de cette société l'aient auparavant instauré.
C'est
à
l'effort combiné des hommes qu'il doit d'exister, sur lesquels il se
reverse
sans se diviser, de même que l'amour d'un père ne se trouve
pas
réduit par division en fonction du nombre de ses enfants. Tous les
membres
d'une société profitent de l'atmosphère de la bienfaisance
du
bien commun sans que celui-ci soit pour autant le bien propre
d'aucun.
Il est la raison d'être et la fin des associations humaines.
Il
est le bien qui constitue et qui resserre une communauté.
En
lui, et par lui seul, se réalisent l'harmonie sociale, la paix durable.
Son
privilège est d'unir les hommes dans l'idéal, dans le travail,
dans
la vertu, dans le sacrifice, dans la joie.
Si
dans le bien commun on doit comprendre des réalités
objectives
de tous ordres, ensemble de valeurs intellectuelles, spirituelles
et
matérielles, il faut y inclure - et c'est essentiel - un ensemble
de
conditions qui permettent à cet ensemble de biens d'être
diffusés,
échangés.
Ces
conditions sont si importantes que c'est le plus souvent
cet
aspect que les papes ont retenu:
«Le
bien commun d'ordre temporel consiste dans la paix et
la
sécurité dont les familles et les citoyens jouissent dans
l'exercice
de
leurs droits et en même temps dans le plus grand bien-être
spirituel
et
matériel possible en cette vie, grâce à l'union et à
la coordination
des
efforts de tous» .
«Le
bien commun - c'est-à-dire l'établissement de conditions
publiques
normales et stables, telles qu'aux individus aussi bien
qu'aux
familles, il ne soit pas difficile de mener une vie digne,
régulière,
heureuse
selon la loi de Dieu - le bien commun est la fin et la
règle
de l'État et de ses organes» .
«Le
bien commun embrasse l'ensemble des conditions de
vie
en société qui permettent à l'homme d'atteindre sa
perfection propre
de
façon plus complète et plus aisée»
Pour
achever cette “description” du bien commun, il faut
insister
sur l'importance de la paix et de l'unité. Saint Thomas exprime
clairement
que «Le bien et le salut des hommes en société sont la
conservation
de cette unité qu'on appelle la paix». Plus loin, il fait de
l'ordre
et de la paix une des conditions requises pour «instituer la vie
bonne
de la multitude». Marcel De Corte note que chaque action au
service
du bien commun «n'a d'autre résultat que de maintenir et de
renforcer
l'union des membres de la communauté: le bien commun
est
tout ce qui unit. Ce qui rassemble les hommes entre eux, les relations
de
toutes sortes qu'ils nouent au coeur des générations successives
».
Et il souligne que rien n'est plus concret que ce bien commun.
Marcel
Clément (L'Homme nouveau, 5.12.82) écrivait que «le bien
commun
est la source jaillissante de la plus haute lumière de l'intelligence
dans
l'ordre pratique de l'agir».
«Rien
n'est plus quotidien en effet que le service de ce bien
commun,
à condition d'agir en vue de le renforcer. Si l'on reste les
bras
ballants, le coeur fade, l'intelligence morne en face de ses sollicitations,
il
s'évanouit; on n'aperçoit plus de lui qu'une carapace verbale
sans
signification, à reléguer aux vieilles lunes...» et Marcel
de
Corte
ajoute: «Nous en sommes là. Le naufrage de nos
sociétés c'est
le
naufrage du bien commun».
S'il
fallait donner une nouvelle définition des élites, on
pourrait
dire qu'elles doivent être les gardiennes du bien commun. Ce
doit
être-là leur premier souci, tout le reste en découle. La
formation
morale
des élites peut, à la limite, se résumer en une formule:
formation
du
sens du bien commun. Toute l'activité de la cité, toute
l'activité
dans
la cité y sont ordonnées.
«Dans
le corps moral, écrit Pie XII (“Mystici corporis”), il
n'y
a pas d'autres principes d'unité que la fin commune (le bien commun)
et
- au moyen de l'autorité sociale - la commune poursuite de
cette
même fin».
Et,
en effet, l'autorité sans laquelle il ne peut y avoir de
société,
est directement liée à la primauté du bien commun qui en
est
le
fondement, lui assigne sa fin, détermine les conditions et les limites
de
son exercice.
Et
c'est en vertu du bien commun que l'élite doit exercer
l'autorité
liée à sa compétence et à son état.
«L'autorité, comme “l'auteur”,
est
source de fécondité, origine d'être et
développement» (L.
Salleron).
Il y a dans “autorité” comme dans “auteur”
(substantifs de
même
racine) tout ce qui découle du verbe augere: augmenter, faire
croître,
enrichir, hausser. L'auteur est inventeur, créateur, fondateur,
promoteur,
instigateur... (à quelque niveau qu'il soit). Qui ne décide
pas,
se dérobe devant un choix pour ne pas déplaire, ne remplit pas
son
devoir d'état et manque au bien commun. Tout prince faible est
injuste,
a écrit Bossuet. «Quand on a laissé l'autorité se
perdre et s'évaporer,
faute
d'avoir été bien exercée, on ne peut pas se remettre
brusquement
à la brandir sans risques des cassures irrémédiables. Si
une
société a perdu le sens de l'effort, du sacrifice et de la
discipline,
parce
qu'on ne lui en a jamais parlé, sinon parfois pour s'en moquer,
seule
une élite consciente de sa responsabilité morale est capable de
l'y
ramener. Il n'y a pas d'autre planche de salut pour la civilisation.»
Qui
dit autorité dit obéissance et nous devrions développer
ici
cette vertu qu'est l'honnêteté intellectuelle... De même,
à propos
de
l'exercice de l'autorité, il faudrait insister sur les exigences du
principe
de
subsidiarité.
La
Force
La
force est la vertu qui permet d'écarter les obstacles qui
empêchent
la volonté d'obéir à la raison pratique en ses deux
fonctions
essentielles
de prudence et de justice. Il s'agit non seulement de
réprimer
la crainte mais aussi d'attaquer les difficultés aux modérations,
dit
Saint Thomas. La force a pour objet, en effet, à la fois la
crainte
pour la réprimer et l'audace pour la modérer. Modérer est
à
rapprocher
ici de maîtriser et non d'affaiblir. Si l'acte principal de la
force
est de résister: ne pas subir, il faut aussitôt souligner que cela
ne
réduit pas son domaine à la défensive, la vertu de force
implique
d'éviter
les complicités auxquelles conduisent par exemple aujourd'-
hui
bien des erreurs sur la tolérance. Double aspect donc de cette
vertu:
sustinere et agredire: résister et attaquer. On discerne bien le
domaine
de la force en analysant les vertus qui s'y rattachent: la
patience,
la persévérance ou la ténacité; j'insisterai sur la
magnanimité,
expression
de la fermeté vers le bien, disposition à viser ce qu'il
y
a de plus grand. Disons aussitôt que grandeur d'âme et
humilité ne
sont
pas du tout incompatibles. Il s'agit de s'appliquer aux petites choses,
inébranlablement,
chacun à sa place tout en visant un but élevé:
le
relèvement de la société, le salut de la patrie, la
restauration de la
Royauté
de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et dans cette action, conduite
parfois
dans la nuit, espérer contre toute espérance. Ranimer des
braises,
suivre la petite voie de Sainte Thérèse, «surélever
la faiblesse
au
niveau de la force par d'humbles moyens journaliers, en prenant
sur
soi et en allant du fini le plus simple à l'infini». Si l'ambition
et la
présomption
sont ainsi étrangères à la magnanimité, il faut en
dire
tout
autant de la pusillanimité, celle de ce serviteur de l'Évangile
qui
enfouit
son talent au lieu de le faire fructifier et se fait punir par son
maître.
On le voit - et il faudrait y insister dans notre société
d'aujourd'hui
-
il est essentiel de distinguer force et violence. À la force
sont
attachés l'harmonie, l'ordre - et donc la vérité - la
cohérence, la
paix.
La violence (son radical: “viol” l'exprime) est rupture de cette
harmonie;
elle provient du désordre soit qu'elle le produise, soit qu'elle
y
remédie. La force émane de l'harmonie; elle est un reflet de la
plénitude
de ce qui est en ordre, c'est-à-dire de ce qui est adapté
à sa
raison
d'être, ordonné à sa fin, reflet de la plénitude de
ce qui est vrai.
Plus
une société perd le sens de la vérité, plus elle
perd le sens de l'ordre,
plus
elle perd en force douce et devient société de violence.
Aujourd'hui
plus qu'hier, ce qui mérite d'être défendu, les biens
fondamentaux
spirituels
et matériels, d'une nation ne pourra l'être efficacement
que
par la formation constante de toutes les élites de la cité.
Se
former pour ne pas mériter cette parole de Saint Pie X: tout le nerf
du
règne de Satan tient à la couardise et à la paresse des
bons. Se
former
sans attendre. Quelques sursauts de violence tardifs ne sont
d'aucune
efficacité et les regrets au moment de l'échec ne sauvent
rien.
«Il est inconvenant de pleurer et de trépigner comme une
femme,
quand on est en train de perdre ce qu'on n'a pas eu la volonté,
le
courage de défendre comme un homme», rappelait à son fils
la
mère
du dernier roi maure de Grenade, au moment où il devait quitter
sa
capitale sous la poussée des rois catholiques.
Se
former, il s'agit bien ici de la formation de l'intelligence
et
de la volonté par le souci quotidien de tout orienter vers le plus
grand
des biens, le bien commun. Se former donc pour qu'au travers
des
actions quotidiennes, le but soit clairement visé, autrement dit,
pour
tenir fermes les deux bouts de la chaîne: pratique et doctrine,
ordre
naturel et ordre surnaturel.
Se
former aussi pour former les autres, notamment par
l'exemple
de ce que représente le Non de la résistance et leur montrer,
comme
le dit Marcel De Corte, qu'en matière d'action, très souvent
le
Oui commence à Non. «Si tous, moi pas», telle était
la devise
admirable
d'une grande famille française. Si tous choisissent le
mal,
si tous choisissent le mensonge, si tous choisissent la
médiocrité,
moi
Non.
La
Tempérance
Je
passerai très vite sur la vertu de tempérance, et pourtant
aujourd'hui
il est important de la rappeler. Elle n'est plus à la mode et
sa
signification tend à être tout à fait estompée dans
notre société de
consommation.
Est
attachée à la tempérance une certaine modération,
une
certaine
mesure dans les jugements et la conduite, une solution mesurée
des
problèmes que soulèvent les jouissances que l'homme peut
éprouver.
Ce sont les notions d'ordre et d'harmonie qui dominent ici
encore
et, lorsque triomphe le plaisir, la société s'émiette,
n'est plus
qu'un
agrégat confus d'individus ne cherchant que leur propre plaisir
au
détriment du bien commun. N'ayant plus alors aucun souci de l'autre,
l'individu
devient incapable d'éprouver la moindre crainte d'un
acte
honteux, la moindre pudeur. Or la pudeur est la condition sociale
nécessaire
de la vertu de tempérance; à ce titre Marcel De Corte
l'appelle
“pré-vertu sociale”.
La
Prudence
La
prudence, enfin, a une place toute particulière. C'est “la
plus
humaine des vertus” (titre de l'ouvrage de M. De Corte). La pratique
de
la justice, de la force, de la tempérance doit précéder
l'exercice
de
la prudence. Mais, en même temps, la prudence détermine le
juste
milieu raisonnable dans lequel doivent se tenir les autres vertus;
il
n'est pas possible d'être vertueux sans être prudent. St Thomas le
montre
très bien: «La vertu morale est par définition l'habitude
de
faire
de bons choix - et pour que le choix soit bon, il faut deux choses:
d'une
part avoir une intention droite et c'est l'œuvre de la vertu
morale
d'incliner au bien en harmonie avec la raison; d'autre part
prendre
les bons moyens pour la fin visée et ceci ne peut se faire
qu'au
moyen d'une raison pratique qui sache bien conseiller, juger et
commander,
ce qui est l'œuvre de la prudence et des vertus qui lui
sont
rattachées. La prudence se développe ainsi en fonction de la
croissance
des vertus chez ceux qui se soumettent à l'attraction du
bien
commun, sont capables de se gouverner eux-mêmes et de gouverner
les
autres en leur servant de droite raison prudentielle. Elle se
trouve
à son point culminant chez le chef qui réalise ainsi le type de
l'homme
prudent par excellence. (M. De Corte citant Aristote dans
l'Éthique
à Nicomaque et St Thomas”.
Vertu
très humaine car très réaliste, elle embrasse à la
fois
l'universel
et le particulier. Elle fait qu'en toutes choses nous jugeons
correctement
de ce qu'il faut faire; c'est la science de l'action. En utilisant
la
comparaison automobile de M. Clément: la justice est la
vertu
“code” (code de la route), la force est la vertu
“moteur”, la tempérance
est
la vertu “frein” et la prudence, c'est le “volant”.
Elle suppose
connues
les règles, la doctrine, le but à atteindre. Elle discerne
et
dicte les actions qui leur conviennent.
La
vie ne se réduit pas à deux domaines: ce qui serait interdit
(ou
obligatoire) et ce qui serait laissé à l'appréciation
totalement
libre
de chacun. Il ne faut pas installer une frontière stricte,
linéaire,
là
où se trouve tout un domaine dans lequel options et doctrine peuvent
se
rencontrer et s'unir. C'est justement le domaine de la prudence.
Si
la frontière était cette ligne simple, la justice suffirait.
En
oubliant ce domaine propre de la prudence, on en rattache
obligatoirement
l'étendue soit à la doctrine (rigorisme excessif,
abusif)
soit à l'option libre (laxisme, scepticisme).
La
prudence sait estimer à leur plus juste mesure les exigences
tactiques
d'une situation. Elle peut exiger que l'on recule ou
cède,
mais pas au-delà de ce qui est nécessaire. En vue du bien commun
et
pour ce seul motif, Léon XIII précisait qu'il est des cas
où la
loi
des hommes peut, et même doit, tolérer un mal
(“Libertas”). C'est
à
la prudence de "gérer" cette tolérance, si mal comprise
aujourd'hui.
La
prudence guide la justice dans son souci de l'ordre que
saint
Augustin définissait comme la juste disposition des moyens par
rapport
à la fin ("La Cité de Dieu", chap. XIX). Bien qu'elle
soit évidente,
cette
corrélation des moyens et de la fin est, elle aussi, trop
souvent
ignorée aujourd'hui.
La
prudence exige un sens aigu du réel.
Sens
aigu du réel
Cette
réflexion sur la prudence nous ramène à des
considérations
très
concrètes sur lesquelles j'achèverai cet exposé. Il faut
insister
sur ce “sens aigu du réel”. Le jugement droit est celui qui
concorde
avec le réel, dit saint Thomas. Plus l'élite sera
réaliste, attachée
à
la vérité qui exprime cette concordance entre le réel et
l'idée
que
l'on s'en fait, plus elle remplira le rôle qu'exige le redressement
d'un
monde en proie à un subjectivisme débridé. Pour cela, il
ne suffit
pas
de savoir et de comprendre - ce qui est du domaine scolaire -
il
faut avoir acquis une dose raisonnable d'expérience
réfléchie et
donc
de sagesse.
Le
véritable ordre humain n'est pas fait que de notions
abstraites.
Il est incarné, immergé dans les faits. Faute de réaliser
cet
ancrage,
le seul enseignement des notions les plus sûres tend à
développer
chez
ceux qui s'y complaisent un goût exclusif de l'absolu qui
rend
dur, implacable, et conduit à faire se grouper de prétendus purs
de
plus en plus purs, pratiquement coupés de tous et de tout, faisant
le
vide autour d'eux. La vérité humaine ne serait pas
vérité si elle
n'assumait
pas tout le réel, réel doctrinal, intellectuel et spirituel,
réel
des
principes mais aussi réel du concret, de la matière, de ce qui
est
contingent,
singulier, local... C'est la compréhension de ce tout (à la
fois
naturel et surnaturel), le respect de la subsidiarité de cet ensemble
multiforme
qui doivent diriger et animer une saine formation
morale
des élites, disait Jean Ousset à Lausanne en 1973. Respect de
la
diversité que doit coiffer en quelque sorte un souci d'unité, que
seule
une formation générale suffisante peut assurer. De façon
plus
concrète
encore, l'amiral Auphan parlait de l'éducation d'un sixième
sens;
il faut, disait-il, qu'il se forme en soi le sens des possibilités qui
permet
d'éviter les chimères et les utopies, tout en cherchant toujours
à
atteindre les limites de ce possible. Cette expérience, cette sages-
se
ne se transmet pas; il faut se les “fabriquer”; c'est là un
des aspects
de
l'acquisition de la compétence. Il faut s'y prendre très
tôt en s'exerçant,
encore
jeune, à des responsabilités. L'expression “sixième
sens”
exprime
l'acquisition d'une disposition permanente - nous ne quittons
pas
le domaine de la vertu - Une fois dans l'action, on n'a plus le loisir
de
réfléchir. L'émotion, les préoccupations,
l'attention détournée
par
un incident fortuit peuvent obscurcir la raison, faire manquer une
occasion.
Il faut que l'étude, la méditation et la prévoyance aient
au
préalable
éduqué les réflexes.
Importance
de l'histoire
Si
l'expérience, la sagesse ne se transmettent pas, au sens
propre
du terme, cela ne signifie pas évidemment qu'il faille faire du
passé
table rase. On ne peut parler de la formation morale des élites
sans
évoquer l'importance de l'histoire, c'est-à-dire toute la
littérature,
la
philosophie, les épreuves religieuses de nos ancêtres qui
s'offrent
à
l'élite comme une source inépuisable d'expérience sociale.
L'histoire
participe à ce façonnement de la conscience
avec
laquelle ensuite on jugera le présent pour orienter l'avenir,
d'où
“son
extrême importance pour la pureté de la pensée”
(Amiral
Auphan).
Hélas, en ce domaine, nous avons à vivre dans une
véritable
jungle:
omissions calculées, affirmations inexactes, mots truqués,
etc.
C'est déjà beaucoup d'en être averti.
Connaissance
du passé mais aussi attachement à ce passé,
à
une tradition qui peut être familiale, locale, professionnelle, nationale
et
qui est faite surtout de l'ensemble de ces traditions. Nous sommes
héritiers
et l'élite que nous souhaitons, c'est l'élite de cet
héritage.
La
qualité d'un homme se juge au nombre et à la qualité de
ses liens,
disait
Saint-Exupéry et le premier de ces liens c'est l'attachement au
passé.
Peut-on dire avec Simone Weil qu'un peuple sans passé, sans
traditions,
sans racines est un peuple impropre au surnaturel? Si l'on
ne
peut aller jusque-là, du moins peut-on comprendre ce qu'elle voulait
montrer.
Nous
n'avons pas la prétention d'avoir épuisé le thème
de
la
formation morale des élites, encore moins celui de leur
éducation.
Nous
n'avons retenu qu'un axe de réflexion, celui de la formation
morale
nécessaire pour remplir le rôle social que l'on doit attendre
des
élites, rôle tout entier ordonné au service du bien commun,
rôle
dont
chacun doit savoir qu'il n'est pas facultatif. Il est un des aspects
du
devoir de charité politique qu'évoquait Pie XI, affirmant que le
domaine
de cette charité politique était le plus vaste après celui
de la
religion.
Cette
expression de charité politique suffit à montrer que
nous
n'avons pas, en ne retenant que cet axe social, voulu “utiliser”
pour
un seul bien temporel, des biens et des valeurs normalement
réservés
à la vie des âmes ou au progrès spirituel.
Cette
expression enfin, de charité politique, sous entend
que
tout ce que nous avons développé suppose l'amour. La prudence,
cette
science de l'action, est un élan de l'amour, non pas d'un amour
timide,
vite arrêté ou détourné mais d'un amour
ingénieux dans une
intention
de conquête. Et l'on ne peut séparer la justice de l'amour, de
même
que l'on ne peut commander sans aimer. Sans charité le zèle
pour
la vérité n'est déjà plus l'ordre véritable.
Mais, s'il faut que la
charité
compatisse, il ne faut pas que la vérité se relâche, disait
Bossuet.
En fait, il faut que l'élite ait “l'esprit dur et le coeur
doux”,
esprit
dur, commentait Jean Ousset à Lausanne en 1983, cela ne veut
pas
dire esprit méchant mais esprit rigoureux, sans basses ou honteuses
capitulations,
coeur doux, c'est-à-dire miséricordieux, habile à
conquérir,
à gagner ceux qui sont dans l'erreur. C'est à ce prix que
l'élite
peut
être une réelle pépinière de héros et de
saints qui protègent,
guident
et sauvent nos sociétés.
Michel
Berger
Entré
à l'Ecole Navale en 1952, l'amiral BERGER a principalement
servi
dans les Forces Sous-Marines et dans les activités
nucléaires
des Forces Armées. Depuis le ler janvier 1989, il a rejoint
l'équipe
de l'Action Familiale et Scolaire*, qui vise à éclairer par
l'enseignement
constant
de l'Église catholique, les problèmes actuels de
notre
société, afin de soutenir le combat politique pour la
restauration
d'un
ordre social chrétien.
(*)
ACTION FAMILIALE & SCOLAIRE 31, rue
Rennequin
- F-75017 Paris - Tel.: 01.46.22.33.32
Les
élites face à la perversion de
l'intelligence
et des mœurs
du
XVIème siècle à nos jours
François
Marie Algoud
Le
sujet que je dois traiter est tellement vaste que je ne
pourrais
que l'effleurer. Cependant, je vais m'efforcer de le présenter
de
telle manière que chacun sentira la nécessité personnelle
de l'approfondir,
et
en aura un désir pressant, étant donné la conjoncture
politique.
Des
pervertis et des pervertisseurs, il y en a eu de tout
temps.
En revanche, il n'en fut pas de même de la volonté de perversion.
Si
l'on constate en France - et en Europe - une perversion
marquante
de l'intelligence et des mœurs dès le XVIème siècle,
l'histoire
nous
fait voir une volonté de perversion deux siècles plus tard -
et
cela coïncide avec la création de la Franc-maçonnerie,
d'ailleurs !
À
cette volonté de perversion s'en est opposée une autre,
celle
de laïcs et d'hommes d'église, décidés à la
combattre, car l'alternative
est
de taille : doit-on aller vers Dieu ou vers la Bête ?
En
1516 : La question de l'euthanasie apparaît pour la première
fois
chez Thomas More dans son Utopie. Plus tard, chez
Francis
Bacon.
Dans
ce même ouvrage, l'auteur préconise que, pour la
félicité
collective, chacun soit "sans cesse exposé aux yeux de tous".
Cela
préfigure les mots d'un Conventionnel en mission :
"Dans
un pays libre, nul ne peut ni ne doit déguiser l'intérieur de sa
maison"
(cité p. 119, dans Nature humaine et Révolution, Xavier
Martin,
DMM, 1994)
En
1517 : Martin Luther (1483-1546), moine augustin
allemand,
affiche sur les portes du château de Wittenberg ses Quatrevingt-
quinze
thèses qui marquèrent le début de la Réforme.
La
maxime selon laquelle les bonnes œuvres ne sont pas
nécessaires
au salut risque d’entraîner un relâchement des mœurs.
On
connaît cette présentation du protestantisme donnée
par
le pasteur Richard Molard : “le protestantisme, étranger à
tout
dogme
fixé, à toute morale immuable et surtout à toute
règle définitive,
doit
signifier en paroles et en actes les exigences de l'Évangile
dans
la société telle qu'elle est” (Article “La vraie
nature du protestantisme”
dans
le Figaro du 30 mai 1974, cité dans “l’Offensive
maçonnique”,
AFS, no 97, p 3)
C'est
la même année que Jérusalem est prise par les
Ottomans,
et aussi Alger, la Syrie, l'Irak, l’Égypte. En 1530 c'est la
Confession
d'Augsburg, premier formulaire exposant la profession de
foi
des luthériens, rédigée par Melanchton.
En
1531 : Henry VIII se proclame chef de l'Église
d'Angleterre
et rompt avec Rome. En 1536 : Calvin (l509 - l564)
publie
(en latin) L'Institution de la religion chrétienne, qui deviendra
le
livre clef du calvinisme.
En
réaction le Concile de Trente convoqué par Paul III
puis
Paul IV s'ouvre en 1546. Lors de sa clôture par Pie IV en 1563,
paraissent
les décrets sur le péché originel, la justification et les
sacrements.
C'est l'organisation de la Contre-Réforme.
Autre
réaction : le 7 octobre 1571, c'est la victoire de
Lépante.
Puis
viennent :
-
Campanella : “Les idées de Campanella sont essentiellement
conçues
à partir de la fusion du dogme chrétien et du naturalisme
de
la Renaissance”
-
Descartes : “La révolution accomplie par René Descartes
a
été un des tournants, un des âges de la pensée
humaine, un des âges
de
l'humanité. Elle se situe, comme la Croix de la Révélation
nouvelle,
au
carrefour de ce Monde issu de la Renaissance, de cette Re-
Naissance
dont Chesterton a pu dire, au sens biblique, qu'elle ouvrait
l'ère
de la Re-Chute.”
-
Comenius : Le projet rosicrucien de Comenius est assurément
l'un
des projets les plus achevés d'une communauté européenne
d'inspiration
occultiste et plus précisément rosicrucienne.
En
face ce sont avant tout des réactions religieuses, celles
de
fortes personnalités : des Saints et des Saintes, qui
définissent,
fondent,
et agissent
-
Saint Pie V : il codifie la messe. Il publie le catéchisme
du
Concile de Trente. Il fait publier le missel en 1570.
-
Saint François de Sales : (1567-1622). Il est déclaré
docteur
de
l'Église en l 677.
-
Sainte Jeanne de Chantal (1572-1641). Elle fonde l'Ordre
de
la Visitation.
-
Le Cardinal de Bérulle (1575-1629).
-
Saint François-Régis (1597-1648).
-
En 1622 : ouverture à Paris du premier séminaire
-
En 1625 : Fondation par Saint-Vincent de Paul, “le grand
saint
du grand siècle, de la Société des prêtres de la
mission”, les
Lazaristes
(prieuré de Saint-Lazare). Monsieur Vincent (1581-1660)
multiplie
les fondations de charité. Il est à l’origine de la
cérémonie
de
la communion solennelle.
-
En 1635 : Louise de Marillac (1591-1660) fonde la
congrégation
des Filles de la charité. Elle sera béatifiée en 1920
(comme
Jeanne d'Arc), et canonisée en 1934.
-
Le 10 février 1638 : A Abbeville, Louis XIII consacre
solennellement
à la Très Sainte Vierge Marie "notre personne, notre
État,
notre couronne et nos sujets". Il ordonnait qu'en mémoire du
vœu,
dans toutes les églises du royaume,
-
le 15 août, une procession solennelle soit organisée, et
que
dans toutes les cathédrales une chapelle soit dédiée
à la Vierge.
Il
avait consacré sa personne à Notre-Dame-du-Puy en l 629.
-
Saint Jean Eudes : 1601-1680. Congrégation de Jésus et
Marie
: les Eudistes.
-
Saint Jean-Baptiste de La Salle (1651-1716), et ce sont
les
"Frères des Écoles chrétiennes".
-
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716).
Ses
prodigieuses missions en Vendée en ont fait la terre des héros,
des
martyrs
et des saints qu'a voulu anéantir la sinistre Révolution,
hélas
française
!
-
De 1651 à 1659 : Corneille traduit l'Imitation de Jésus-
Christ,
en treize mille vers.
-
En 1659 : A Paris sont créées les missions
étrangères.
-
En 1662 : mort de Pascal Son "Apologie de la religion
chrétienne"
demeurant inachevée, ses fragments sont rassemblés et
publiés
sous le titre de "Pensées".
"Il
y a bien de la différence, disait Pascal, entre avoir les
mœurs
corrompues et corrompre la règle des mœurs".
Nous
y sommes !
Le
24 juin 1717, c'est la création de la Franc-maçonnerie
en
Angleterre (Grande Loge de Londres). L'un des trois principaux
animateurs
est Désaguliers, ami et collaborateur de Newton.
En
1721 : Institution, à Dunkerque, de la loge "Amitié et
Fratemité".
Tout
remonte à l'influence prise par les sociétés de
pensée
animées
par les Francs-maçons.
En
1723 : Un plan, dont les révolutions américaine et
française,
à
la fin du siècle, ne furent que les premières réalisations
violentes,
se
devinait déjà dans les ouvrages d'auteurs du siècle
précédent.
Il
est énoncé en termes assez explicites dans
les"constitutions"
de
la Franc-maçonnerie de 1723 et prévoit, après la
destruction des
formes
traditionnelles de sociétés fondées sur la religion, la
formation
de
groupements sociaux artificiels toujours plus étendus et
homogènes.
Je
ne vais pas maintenant m'étendre sur toutes les manifestations
d'une
effroyable - je l'appellerai satanique - volonté de perversion.
Vous
en avez toutes les preuves dans mon livre : “Histoire de
la
volonté de perversion de l 'intelligence et des mœurs, du
XVlè ne
siècle
à nos jours ".
En
revanche, je vais faire état de réactions, et ce, par ordre
chronologique
(ces citations sont toutes extraites de mon ouvrage,
précité).
Souvenons-nous
donc que le 31 août 1670, au séminaire
de
Rennes, se célèbre pour la première fois la fête du
Sacré-Cœur de
Jésus.
Le
27 décembre 1673 : Le Christ fait de Sainte
Marguerite-Marie
Alacoque, Visitandine de Paray-le-Monial, sa messagère.
En
1674 : Il lui fait connaître son Coeur, et lui montre les
merveilles
inexplicables de son Amour. En pratique, Il recommande
la
réception fréquente de l'Eucharistie, la coutume du premier
vendredi
du
mois, précédée d'une veillée le jeudi soir, pour
réparer le
sommeil
des apôtres pendant son agonie, et le 16 juin 1675, enfin,
montrant
à nouveau son Coeur, Il prononce ces paroles, depuis lors
bien
connues : "Voici ce Coeur qui a tant aimé les hommes, qu'II n'a
rien
épargné, jusqu'à s'épuiser pour leur témoigner
son Amour. En
guise
de reconnaissance, Je ne reçois qu'ingratitude par leurs
irrévérences
et
par leurs sacrilèges ; leur froideur et le mépris qu'ils ont
pour
Moi dans le Saint Sacrement." C'est alors qu'II demande l'institution
de
la fête du Sacré-Coeur.
En
1688 parait l'Histoire des variations des Églises protestantes
par
Bossuet (1627-1704)
L'année
d'après, le Christ déclare à Sainte Marguerite-
Marie
: "Je régnerai malgré mes ennemis ".
RAPPELONS
NOUS SANS CESSE CETTE
DÉCLARATION
POUR Y PUISER FORCE ET
DÉTERMINATION
DANS NOTRE COMBAT CONTRE LES
PERVERTISSEURS
DE TOUT POIL.
Le
20 octobre 1694 : Mandement de Bossuet "pour exhorter
à
la communion pascale ceux qui manquent à la faire" (Revue
Bossuet,
t. V, 1904, p. 11). L'inquiétude de Bossuet vient d'un
"affaiblissement
de
la foi chez les élites, la remise en cause des certitudes
traditionnelles,
les attaques de plus en plus virulentes des "libertins"
contre
la religion".
Le
24 avril 1738 : Dans l'Encyclique In Eminenti, Clément
XII
déclare : "Nous défendons formellement… d'entrer dans
lesdites
sociétés
de Francs-maçons".
Le
18 mai 1751 : Encyclique Providas de Benoît XIV.
Confirmation
à propos de la Franc Maçonnerie : "Nous voulons et
décrétons
qu'elle ait force et efficacité à toujours".
Le
14 septembre 1757 : Clément XIII, en plein siècle des
Lumières
(ou plutôt des lumignons), aux patriarches, primats, archevêques
:
"Si nous nous laissons ébranler par l'audace des méchants,
c'en
est fait de la force de l'épiscopat, de l'autorité sublime et
divine
de
l'Église, il ne faut plus songer à être méchants, si
nous en sommes
venus
au point de trembler devant les menaces et les embûches des
pervers.
"
Nous
arrêtons ici l'énumération chronologique des oppositions
à
la volonté de perversion de l'intelligence et des mœurs. Vous
trouverez
la suite dans mon ouvrage d'où sont issues les dates
précitées.
Je
n'énumérerai pas les maîtres de la
contre-révolution.
Mes
auditeurs et lecteurs les connaissent.
Il
est évident, pour les moins informés d'entre eux, que le
personnage
ayant le plus marqué son époque est le maître de l'Action
Française,
Charles Maurras. Ce n'est pas aujourd'hui que je développerai
ce
sujet, mais je dois cependant rappeler que l'Action Française
a
influencé trois mouvements importants :
-
le retour à un classicisme littéraire,
-
le nationalisme français (le nationalisme intégral étant
la
monarchie),
-
la renaissance catholique.
Enfin,
je voudrais rappeler que si "le désespoir en politique
est
une sottise absolue", suivant la profonde réflexion de
Charles
Maurras, un chrétien ne doit jamais désespérer puisque le
Christ
est ressuscité !
Ma
conclusion est et sera pleine d'espérance. C'est la citation
de
la harangue d'un des plus magnifiques opposants à la folie
révolutionnaire
: le Général Charette. Les accords de la Jaunaie, (le
17
février 1795) "présageaient pour toujours la victoire d'un
peuple
soulevé
pour ses fidélités", ainsi que l'a écrit Emmanuel
Catta
"Notre
Patrie à nous, c'est nos villages, nos autels, nos
tombeaux,
tout ce que nos pères ont aimé devant nous. Notre Patrie,
c'est
notre Foi, notre Terre, notre Roi. Mais leur Patrie à eux, qu'estce
que
c'est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes,
l'ordre,
la tradition. Alors, qu'est-ce que cette Patrie narguante
du
passé, sans fidélité, sans amour ? Cette patrie de
billebaude et
d'irréligion
? Beau discours, n'est-ce ? Pour eux, la Patrie semble n'être
qu'une
idée ; pour nous, elle est une terre. Ils l'ont dans le cerveau
;
nous l'avons sous les pieds, c'est plus solide ! Et il est vieux comme
le
diable, leur monde qu'ils disent nouveau et qu'ils veulent fonder
dans
l'absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que
nous
sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire ! mais
en
face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle,
sommes une
jeunesse,
Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de
fidélité
! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la
créance
humaine, la liberté de l'homme intérieur".
À
Jésus par Marie et que Dieu vous et nous garde, chers
amis
!
"Seigneur,
endormez-moi dans votre paix certaine
Entre
les bras de l'Espérance et de l'Amour.
Ce
vieux coeur de soldat n'a point connu la haine
Et
pour vos seuls vrais biens a battu sans retour.
"Le
combat qu'il soutint fut pour une Patrie,
Pour
un Roi, les plus beaux qu'on ait vus sous le ciel,
La
France des Bourbons, des Mesdames Marie,
Jeanne
d'Arc et Thérèse, et
Monsieur
saint Michel."
Charles
Maurras
(vers
recueillis par Gustave Thibon)
Annexes
Voici
quelques textes ne figurant pas dans la première édition
de
mon "Histoire de la volonté de perversion de l'intelligence et
des
mœurs, du XVIème siècle à nos jours" :
"La
"civilisation occidentale moderne", qui a fini par
imposer
sa loi à toute la planète, est née de deux sources
polluées : la
révolte
de la Réforme et la révolution "humaniste" de la
Renaissance.
Ces
deux sources, diversifiées dans les manifestations
périphériques
dont
s'occupent les historiens, n'en dérivent pas moins d'une origine
souterraine
commune. L'analyse philosophique de l'essence même du
monde
"moderne" nous a permis de conclure que ses principaux
ingrédients
sont le nominalisme et la morale de l'amour-propre, ou de
l'homme
extérieur. Notons encore que ce ne fut point dans les académies
et
les cours de philosophie que ces venins de la raison spéculative
et
de la raison pratique ont structuré mentalement notre civilisation
:
ce fut plutôt dans la dissémination, la pollution qui fit parvenir
ces
toxines aux bronches spirituelles de la majorité. C'est au niveau
de
la perversion du sens commun que s'est nouée la tragédie. "
(Gustave
Corçao : Le Siècle de l’Enfer, Ed. Sainte Madeleine, 1995
p.
565).
"Le
plus grand scandale de ce siècle fut le mariage adultère
des
catholiques avec les communistes". (Gustave Corçao : le
Siècle
de l'Enfer, Ed. Sainte Madeleine, 1995 p. 490).
"On
ne dira jamais toutes les lâchetés dont nos compatriotes
ont
été et seront capables par crainte de ne point paraître
suffisamment
à
gauche." (Charles Péguy)
"Une
personne sensée qui se réveillerait en ce tournant du
siècle,
après un sommeil de quelque quatre cents ans, aurait le plus
grand
mal à saisir en amont la continuité, le fil de ce courant
historique
qui
- au nom de la "Justice" et de la "passion des pauvres" - a
engendré
la monstruosité de l'univers socialiste ; et elle ne saurait pas
de
quoi s'étonner le plus, si elle pouvait, en se retournant,
considérer
la
flasque "tolérance" avec laquelle le monde libéral
s'est laissé violer.
"
(Gustave Corçao : le Siècle de I’Enfer, Édition
Sainte
Madeleine,
1995, p. 143)
"Si
nous restons tranquilles et négligents, si nous permettons
que
l'apathie et la timidité s'emparent de nos personnes, si nous
laissons
les portes ouvertes à ceux qui cherchent à détruire notre
religion,
ou
si nous attendons que le triomphe de nos convictions soit
assuré
par la bienveillance de l'ennemi, alors nous n'aurons plus le
droit
de nous lamenter lorsque l'amère réalité nous fera
clairement
comprendre
que nous avons eu la victoire à portée de mains, mais que
nous
n'avons pas su combattre comme des guerriers intrépides
préparés
à
mourir glorieusement. " (Cardinal Segura, archevêque de
Tolède,
lettre pastorale de mai 1931).
"Traitant
des origines du socialisme, nous réunissons sous
cette
appellation les diverses écoles qui s'en réclament, et que nous
ne
saurions démembrer pour ouvrir avec chacune une controverse
particulière.
Si beaucoup de socialistes ne sont que des disciples
retardataires
des plus coupables erreurs du paganisme, il en est d'autres
qui,
sur plus d'un point, s'accrochent encore aux traditions chrétiennes,
et
dont l'erreur principale est de vêtir de nouveaux noms les
anciennes
vertus, de transformer en préceptes les conseils
évangéliques,
et
de vouloir fixer sur terre l'idéal des cieux. Nous ne sousestimons
pas
la générosité de ces illusions, mais nous en voyons le
danger.
Comme
toutes les doctrines qui perturbent la paix du
monde,
le socialisme n'a pu tirer sa force que de nombreuses vérités
mélangées
à de nombreuses erreurs. Cette confusion lui confère une
allure
de nouveauté qui cause l'admiration des esprits simples et peu
défendus:
nous parviendrons à écarter tout le péril de leurs
enseignements
le
jour où nous y aurons montré, d'une part, les anciennes
vérités
qui
n'ont pas attendu le soleil du dix-neuvième siècle pour voir le
jour,
et, de l'autre, les erreurs séculaires tant de fois jugées par la
conscience
des hommes et l'expérience des pauvres. Il est temps
aujourd'hui
de procéder au triage et de reprendre ce qui est nôtre,
c'est-à-dire
des vieilles idées populaires de justice, de charité et de
fraternité.
Il est temps de montrer que nous pouvons plaider la cause
des
ouvriers, que nous pouvons nous consacrer au secours des classes
déshéritées,
et promouvoir l'abolition du paupérisme sans nous
solidariser
le moins du monde avec les prédictions déchaînées
par la
tempête
de juin (1848) qui suspend au-dessus de nos têtes de sombres
nuages.
"Nous
pouvons compter principalement sur le christianisme,
qui
n'a jamais cesse de combattre avec une égale fermeté l'erreur
du
socialisme et les passions de l'égoïsme individuel : le
christianis-
me
contient toutes les vérités des réformateurs modernes et
aucune de
leurs
illusions, il représente la seule forme capable de réaliser
l'idéal
de
la fraternité sans immoler la liberté, et de procurer aux hommes
la
plus
grande félicité terrestre possible sans les arracher au don
sacré
de
la résignation ; il est le plus sûr remède aux douleurs
d'une vie, et
sa
dernière parole lorsqu'elle doit s'achever." (Ozanam : "Les
origines
du
socialisme", in Mélanges, Paris 1855, volume VII œuvre I,
pages
185-230).
"Un
autre trait propre aux intellectuels consiste à ne jamais
tirer
aucune leçon des événements, parce qu'ils les censurent.
" (Jules
Monnerot
: La France Intellectuelle, Éditions Bourgine, Paris, 1970,
page
63).
"Quelle
sera l'issue de ce combat livré à Dieu par de faibles
mortels,
nul esprit sensé ne peut le mettre en doute. Il est loisible
assurément,
à l'homme qui veut abuser de sa liberté, de violer les
droits
et l'autorité suprême du Créateur; mais au Créateur
reste toujours
la
victoire. Et ce n'est pas encore assez dire: la ruine plane de
plus
près sur l'homme justement quand il se dresse plus audacieux
dans
l'espoir de triomphe. C'est de quoi Dieu lui-même nous avertit
dans
les saintes Écritures. Il ferme les yeux, disent-elles, sur les
péchés
des hommes, comme oublieux de sa puissance et de sa majesté
;
mais bientôt, après ce semblant de recul, se réveillant
ainsi qu'un
homme
dont l'ivresse a grandi la force, il brise la tête de ses ennemis,
afin
que tous sachent que le roi de toute la terre, c'est Dieu, et que les
peuples
comprennent qu'ils ne sont que des hommes. " (Saint Pie X :
Supremi
Apostolatus)
François-Marie
Algoud
Président
d'honneur, fondateur de l"Oeuvre chrétienne de
la
Cité Vivante"
Bâtir
des groupes d'élite chrétiens
en
Europe
Winfried
Wuermeling
Face
à une nouvelle Europe qui s’organise, les chrétiens,
pourtant
largement majoritaires, se confinent souvent timidement à
leurs
clochers, paroisses, diocèses ou nations.
L.'UNEC
qui, depuis sa fondation, en 1989, veut aider à
rassembler
les chrétiens de toute l'Europe, à expérimenter des formes
de
coopération chrétienne traversant les frontières :
1)
dans les domaines intellectuel et médiatique ; collectes
de
signatures, groupes d’étude, publications, agence de presse
chrétienne,
2)
dans le domaine caritatif : actions SOS pour les enfants
d’Irak,
du Liban, de Tchernobyl ; pour les mamans en instance d’avortement
en
France, Belgique, Ukraine, pour l’aide matérielle par
un
“pont chrétien vers la Pologne et l’Ukraine“, enfin
pour les
malades
du Sida (projet),
3)
dans le domaine religieux ; organisation de pèlerinages
de
l'ouest en est, et inversement; pèlerinages à St. Jacques de
Compostelle
à pied ; conférences à l’étranger sur la Ste
Tunique
d'Argenteuil
; aides ponctuelles pour des projets chrétiens à l’est
(chemin
de croix pour la vie en Pologne, chapelle roulante pour la
Roumanie,
Vierges pèlerines pour l’Ukraine)
Chaque
fois des groupes de composition internationale se
forment
autour de chacune de ces activités : cellules vivantes pour la
future
Europe chrétienne à (re) bâtir
L’UNEC
répète, par ailleurs, son appel aux présidents des
associations
chrétiennes européennes de tout genre de se réunir
librement
une
fois par an pour convenir d’une seule action annuelle commune
d'envergure
Le
texte complet de l’allocution n'est pas prévu, puisqu’il
s’agit
plutôt d'un rapport d'expériences vécues.
Christliche
Elitegruppen in Europe aufbauen
!
von
Winfried WUERMELING,
Generalsekretär
der Union der Nationen des Christlichen
Europas
(UNEC)
Zusammenfassung
:
Die
Christen beschränken sich oft ängstlich auf ihre
Kirchtürme,
Pfarreien, Diözesen bzw. nationalen Grenzen im
Anblick
des sich strukturierenden neuen Europas.
Die
UNEC, welche seit ihrer Gründung im Jahre 1989
dazu
beitragen möchte, dass sich die Christen ganz Europas zusammenfinden,
hat
verschiedene Formen grenzenüber schreitender
christlicher
Zusammenarbeit experimentiert :
1)
im Bereich von Intellekt und Medien : Europäische
Symposien,
Unterschriftensammlungen, Studiengruppen,
Veröffentlichungen,
christliche Presseagentur ;
2)
im karitativen Bereich : Aktionen SOS für die Kinder
im
Irak, in Libanon, in Tchernobyl, für die an Abtreibung denkenden
Mütter
in Frankreich, Belgien, Ukraine ; zwecks materieller Hilfe
mittels
einer "christlichen Brücke" nach Polen und Ukraine ; und
schliesslich
für die AIDS-Kranken (Projekt) ;
3)
im religiösen Bereich : Organisation von Wallfahrten
von
Westen nach Osten, und umgekehrt ; Fusswallfahrt nach Skt.
Jakob
von Compostella ; Vorträge im Ausland über die hl. Tunika von
Argenteuil
; Zielhilfen für christliche Projekte im Osten
(Lebenskreuzweg
fur Polen, rollende Kapelle für Rumänien,
Pilgermadonnen
für die Ukraine).
Jedesmal
formen sich internationale Gruppen um jede
Aktion
: lebendige Zellen für das zukünftige christliche Europa, das
wir
(wieder) aufbauen wollen.
Zudem
wiederholt die UNEC ihren Aufruf an die
Präsidenten
der christlichen Vereine aller Art in Europa, sich auf
freier
Basis einmal jährlich zu treffen, um eine einzige gemeinsame
Grossaktion
pro Jahr zu organisieren.
(Ein
kompletter Text dieses Vortrags ist nicht vorgesehen,
da
es sich mehr um einen Erlebnisbericht handelt.)
Texte
pour la Conférence du CCE à Lausanne du 11/12
oct.
1997 - éd. allemande
Let's
form Christian Elite Groups in Europe
!
by
Winfried WUERMELING,
Secretary
general of Union of the Nations of Christian
Europe
UNEC)
Abstract
:
In
view of the new Europe getting structured before our
eyes,
Christians use to confine themselves anxiously to their bell
towers,
parishes, dioceses or national boundaries,
UNEC
which, since its foundation in 1989, wants to
contribute
that the Christians of Europe find themselves together, has
made
experiments of various ways of christian cooperation in Europe
:
1)
in the field of intellect and media : European conferences,
collection
of signatures, groups of study, publications, christian
news
agency ;
2)
in the charity field : actions SOS in favour of children
in
Iraq, Lebanon, Tchernobyl ; of mothers thinking about abortion in
France,
Belgium, Ukraine ; of material aids by means of a "christian
bridge"
to Poland, Ukraine, Rumania ; and finally of AIDS diseased
(project)
;
3)
in the religious field : organisation of pilgrimages from
West
to East, or vice versa ; foot pilgrimage to St. James of
Compostella;
conferences in foreign countries concerning the Holy
Tunica
of Argenteuil ; assistance to selected projects in the east
(Crossway
for life in Poland, rolling chapel for Rumania, Pilgrim
madonnas
for Ukraine).
Each
time international groups are formed around each
action
: living cells for the future Christian Europe which we want to
(re)
build.
On
top of this, UNEC repeats its appeal to the Presidents
of
christian associations of all kind in Europe to meet freely once a
year
in order to define one single common action of large size per
year.
(A complete text of this conference is not foreseen, because it is
rather
a report of lived experience.)
Texte
pour la Conference du CCE à Lausanne du 11/12
oct.
1997 - éd. anglaise
Winfried
Wuermeling
secrétaire
général de l’Union des Nations de l’Europe
Chrétienne
(UNEC
Des
élites de coeur et d'esprit
Daniel
Rivaud
"Car
nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang,
mais
contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs
des
ténèbres d'ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux
célestes".
Ephésiens 6 - 10 v. 12.
Vous
n'en voudrez pas au pasteur que je suis d'introduire
ainsi
notre propos par cette citation de Saint Paul dans l'Écriture
Sainte.
Je le fais non seulement en tant que pasteur mais aussi parce
que
je suis convaincu qu'au-delà de nos appartenances confessionnelles,
réside
là la clef de notre compréhension, aussi bien du contexte
actuel
dans nos sociétés que de la réponse que nous devons
apporter
en
tant que chrétien dépositaire de la révélation
divine, témoin et
disciple
de Jésus-Christ.
Ainsi,
je crois que c'est notre relation à Dieu qui déterminera
notre
influence sur la société et notre regard sur l'autre, le
prochain.
Le
nouvel ordre laïc - qu'il conviendrait plutôt d'appeler
désordre
laïc ! - insiste sur la nécessité de séparer la
pratique religieuse
de
la vie courante et de la réduire à une simple affaire
intérieure
qui
ne doit, en aucun cas, s'exprimer publiquement. Cette prétention
révèle
non seulement une méconnaissance flagrante d'une foi
authentique
et vécue, mais également une intolérance qui plonge ses
racines
dans un système qui, s'il a rosi aujourd'hui, n'en reste pas
moins
rouge du sang de ses victimes.
Une
même tentation de séparation, mais pour d'autres raisons,
existe
également dans l'Église à travers ses différentes
composantes.
La
création de certains ordres religieux catholiques a été
basée
sur la volonté d'une séparation totale d'avec le monde
considéré
comme
souillé et impur. Dans le protestantisme, un certain nombre
de
mouvements ont prôné cette même séparation d'avec le
monde.
Si
cette mise à l'écart peut favoriser l'expression d'une foi
authentique,
elle
porte en elle les germes d'une sclérose qui risque d'annihi-
ler
les effets même de ce qu'elle voulait protéger. Jésus nous
le rappelle
lui-même
en Matthieu 5 lorsqu'Il nous dit "Vous êtes le sel de la
terre.
Mais si le sel perd sa saveur avec quoi la lui rendra -t-on ? Il
n'est
plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux
pieds." Ce jugement
sévère
du Christ lui-même ne pourrait -il pas s'appliquer parfois à
certaines
de nos églises, jolies boîtes à sel hélas
fermées !
Dans
son numéro de Juin 97, la revue "Permanences" citait
une
revue anglaise, elle-même citée dans un article du Père
Sertillanges
"Il y a-t-il une politique chrétienne ?". "Toutes les
barrières
dressées
entre l'ordre laïc et l'ordre religieux s'effondrent aussitôt
qu'on
les pousse; elles ne tiennent qu'en apparence ; car la vie
est
un tout… Le citoyen chrétien est, comme tout autre, soumis aux
conditions
normales de la cité ; il défend ses opinions politiques non
parce
qu'elles sont chrétiennes, mais parce qu'elles sont politiquement
sages
; seulement, sa conception de l'excellence politique est
déterminée
par ses principes de chrétien et si la politique vise les
hommes
non comme chrétiens mais comme citoyens, toujours est-il
que
le christianisme des citoyens finira nécessairement par réagir
sur
leur
conception du bon ordre et du bien-être civil, laquelle s'incarnera
dès
lors dans la législation".
Ainsi
Prévost-Paradol, écrivait-il à Taine : "De l'origine
ou
de
la constitution du monde, tel que chacun le conçoit, découlent
une
politique
et surtout une morale appropriée" toujours cité dans
"Permanences".
Cette même pensée est reprise et développée, de
façon
magistrale, dans le dernier livre de Michel Schooyans
"L'évangile
face au désordre mondial". "Pour la connaissance d'une
vérité
aussi fondamentale que celle qui porte sur le respect dû à tout
être
humain, Dieu a donné à chaque homme la lumière naturelle
nécessaire.
Cependant, la révélation apporte à l'homme des raisons
nouvelles
de respecter tout être humain. La première de ces raisons
c'est
que l'homme a été créé à l'image et à
la ressemblance de Dieu.
Le
Nouveau Testament permettra à la réflexion théologique de
préciser
cette
ressemblance. L'homme ressemble au Dieu trinitaire. Il est
capable
de relation avec les autres hommes, qui, eux aussi, partagent
l'existence
reçue du même Dieu trinitaire. C'est ce Dieu, Père, qui
nous
porte dans l'existence par son Fils et qui nous y maintient par
l'oeuvre
de l'Esprit. De là découle l'insistance de la
révélation sur l'u-
nité
fondamentale de toute la famille humaine. Dès le livre de la
Genèse,
il nous est dit qu'Ève est "mère des vivants"
(Genèse 3 v. 20),
et
que tous les hommes tirent leur origine d'Adam et Ève (Genèse 9
-
v 19). En toute instance, cette unité a là sa source dans la
commune
référence
au créateur".
Ainsi,
notre anthropologie nous détermine, non seulement
par
rapport au créateur, mais également au prochain. Non seulement
notre
regard sur l'autre peut être changé mais il peut être
générateur
de
changements profonds dans la société. L'exemple merveilleux de
Mère
Térésa l'a démontré avec une force bouleversante
qui restera
gravée
dans l'histoire de l'humanité. Une Sainte ? certainement."
Mais
qu'est-ce qu'un Saint demandait justement Mère Térésa,
sinon
une
âme résolue et qui se sert de la force de Dieu pour agir".
Là, nous
touchons
certainement au coeur de notre compréhension du témoignage
que
les élites devront rendre aujourd'hui et demain dans notre
société
en perte de repères. Des élites de coeur et d'esprit. Ce coeur
du
Père céleste plein d'amour et de compassion à
l'égard de tous ceux
qui
errent loin de son Royaume. Des élites remplies de l'Esprit de
Dieu,
qui seul pourra nous donner le discernement nécessaire contre
ces
puissances dans les lieux célestes, qui seul saura nous donner la
force
de contrer ces attaques et de remporter la victoire.
C'est
ce que le théologien américain, Michel NOVAK,
appelle
"le réalisme biblique". Ce réalisme qui doit ainsi
diriger nos
choix,
le choix pour des hommes et des femmes qui, au-delà de leurs
capacités,
de leur don, sauront aimer. "L'amour et le service donnent
du
sens à notre vie et la rendent belle, car nous savons pourquoi et
pour
qui nous nous y engageons. C'est au nom du Christ qui nous a
aimés
et servis le premier. Qu'y a-t-il de plus grand que de se savoir
aimé,
comment ne pas répondre joyeusement à l'attente du Seigneur
!
L'amour est le témoignage par excellence qui ouvre à
l'espérance"
rappelait
Jean-Paul II aux jeunes rassemblés lors de la dernière
"Journée
Mondiale de la Jeunesse" à Paris.
Des
élites, certes, nous en avons besoin à tous les niveaux
de
la société et dans tous les domaines. Mais l'aune à
laquelle nous
serons
mesurés pour l'éternité sera celle de l'amour. C'est le
message
central
de la Bible. Il ne s'apprend pas, il ne se gagne pas, il est sim-
plement
le reflet d'une relation personnelle avec le Dieu de Jésus-
Christ.
Puissent
toutes les élites que nous souhaitons voir se lever
le
réaliser pleinement et, qu'au-delà des sensibilités, des
clivages, des
barrières
élevées par les hommes, un peuple nombreux se lève pour
préparer
le chemin de Celui qui vient.
Pasteur
Daniel RIVAUD, Président de l'Association "OUI
ALAVIE
DIFFUSION FRANCE", de "LA JOURNEE MONDIALE
POUR
LA VIE " et co-auteur du livre "L'avortement : la tragédie
cachée
d'une société qui s'effondre"
La
bourse et la vie, les élites en
économie.
François
de Siebenthal
Introduction
Le
Roi St Louis disait, à la fin de sa vie, que sa principale
tâche
de roi consisterait à assurer la stabilité de sa monnaie, afin de
protéger
les pauvres. Notre but est de vous parler des élites qui
devraient
assurer ce rôle dans le monde actuel.
Dans
une première partie, nous présenterons la situation
actuelle,
puis, dans une partie historique, nous esquisserons le chemin
parcouru
et le pourquoi de la crise. Nous oserons enfin, dans la
troisième
partie, aborder des questions dont peu d'économistes osent
parler,
puis dans une quatrième partie, présenter ce qui doit changer
rapidement
pour sauver ce qui peut encore l'être et comment le faire.
Dans
une cinquième partie, nous soulèverons quelques questions
légitimes.
Mais
tout bon exposé commence par en définir les bases.
Dans
élite, il y a les racines ex et legere, ce qui signifie en latin
"de"
(ex)
et "choisi" (legere), qui ont aussi donné les mots élu,
élection,
électif.
Nous sommes dans le domaine du choix parmi des candidats.
Les
questions primordiales sont donc :
Qui
choisir ?
Par
qui ?
Comment
?
Quand
?
Pourquoi
?
Pour
qui ?
Après
avoir posé les bases du raisonnement, nous tenterons
aussi
de répondre à ces questions au sixième point de cet
exposé.
CORPS
DU SUJET
1.
État actuel de la situation
1.1
Les limites naturelles
Le
monde économique, financier, des affaires domine de
plus
en plus toutes les autres sphères des activités humaines. Les
échanges
de la société marchande dictent les rythmes de la vie de
cette
planète. Un de mes amis financiers de profession me faisait
cette
confidence : " Dans le monde, tout s'achète, les votes, les
responsables,
les décisions, les personnes, les femmes…" Quand je
lui
ai parlé de ses enfants et de leur prix, il s'est tu.
Il
semble à certains qu'il n'y a plus de limites au pouvoir
des
hommes dans un monde virtualisé et immédiat, on domine même
la
génétique, l'espace. Les machines répondent au doigt et
à l'œil,
elles
ne font pas grève, produisent toujours plus pour moins cher. Les
échanges
financiers journaliers dépassent les mille milliards de dollars,
les
bourses attirent les capitaux en offrant des gains apparemment
faciles
et constants. Mais ces hommes si riches savent-ils ce
qu'ils
font ? Sont-ils heureux ? Où sont les coûts cachés de cette
griserie
?
Qu'elles en sont les limites ?
Un
grand économiste américain qui vient de mourir, Julian
Simon,
payé pour démontrer que la terre était surpeuplée,
écrivait
après
deux ans d'étude dans son livre " The ultimate ressource " que
la
terre est vaste, que ses ressources sont très généreuses
et que l'homme,
par
sa technique, trouvera toujours le moyen de s'en sortir économiquement.
Il
est vrai qu'il y des régions surpeuplées, mais la vraie
question
est culturelle, comment partager les richesses surabondantes
?
Comment répartir tous nos surplus qui engorgent nos économies ?
Pourquoi
les politiques veulent nous faire croire le contraire ?
1.2.
Les limites politiques
A
contrario, Kissinger, bras droit de Nixon, dans son rapport
secret
codé NSSM-200/de 1974 et rendu public en 1991, " estime
indispensable
pour la sécurité des États-Unis, de mettre en oeuvre
une
politique de contrôle démographique dans les pays du Tiersmonde.
Les
moyens sont : la contraception chimique, la stérilisation,
l'avortement,
etc…". Pour éviter que les États-Unis soient
suspectés
de
céder à une motivation impérialiste, ce rapport propose
d'invoquer
les
droits de l'homme (droit de l'individu de déterminer librement le
nombre
d'enfants qu'il désire et le droit des nations pauvres au
développement
social
et économique) pour imposer tous les moyens de
contraception,
y compris les avortements. Signalons que l'ONU a
décerné
une médaille aux autorités chinoises responsables de la politique
de
l'enfant unique en Chine, qui fonctionne par des avortements
forcés,
et qui vise surtout les petites filles et que l'IPPF, le planning
familial
financé par les USA, recommande l'homosexualité comme
moyen
de contrôle des populations. Les conférences du Caïre, de
Pékin,
Istanbul… confirment cette politique subtile. 20 millions de
femmes
brésiliennes ont été stérilisées, souvent
sans savoir exactement
ce
qui leur arrivait. Aux Philippines notamment, des vaccins
étaient
en même temps en cachette des contraceptifs de longue durée
et
toxiques. Clinton et Al Gore suivent Nixon dans ce domaine.
De
plus, les autorités locales sont achetées avec nos impôts
pour
diffuser ces politiques et les programmes d'aide sont conditionnés
à
la mise en route de politiques drastiques et coercitives de
"contraception".
Cette mentalité est tellement admise dans les faits
que
la plupart des lecteurs seront à ce stade prêts à
arrêter leur lecture.
Mais
je les prie de continuer car les causes de certains de leurs
malheurs
leur apparaîtront et la connaissance libère de certaines
chaînes
invisibles.
1.3.
Les limites économiques
Le
monde moderne se caractérise par la surproduction. Le
problème
actuel est de trouver des clients solvables. La cause de la
crise
japonaise, qui va se généraliser, est démographique. Sans
enfants,
pas de futur. La courbe de Bourgeois-Pichat annonce un
futur
apocalyptique, au rythme actuel, plus que deux personnes en
2470,
avec en passant une chute de l'immobilier, des monnaies…
Une
fonction exponentielle inverse pour les scientifiques. Et tous les
faits
confirment la tendance, même les plus irréductibles commencent
à
comprendre les mensonges du Club de Rome. Halte à la croissance
signifie
chômage, crises, chutes, dépression, malheurs….
1.4.
Les limites culturelles
Jean-Paul
II, dans sa lettre aux chefs d'État sur ces sujets,
parle
de " la promotion d'un style de vie, celui des sociétés
riches et
sécularisées,
conception individualiste de la sexualité, généralisation
de
l'avortement, contrôle et programmation des naissances ".
Mais
nous oublions que tous ces projets sont basés sur des
individus
(philosophie de l'utilitarisme, Bentham, Adam Smith…),
que
ceux-ci sont mortels et que toutes ces chimères sont mortelles,
donc
qu'une civilisation pareille est mortelle. Leur état social est un
mensonge,
il ne tient pas dans la durée, les retraites des jeunes ne
seront
pas payées. Vouloir trop de sécurité amène à
l'absence de cette
sécurité
tant recherchée.
2
Comment en est-on arrivé là ?
Ce
primat de l'économie amène à une centralisation des
entreprises,
à des fusions, à des destructions des PME, des corps
intermédiaires,
des pouvoirs subsidiaires, des syndicats, corporations,
communes,
cantons, même des états vont disparaître avec la
CEE
et le traité d'Amsterdam. L'ignorance des mécanismes des
créations
monétaires,
laissés sans contrôles réels, a amené à une
griserie
de
pouvoir pour une petite élite peu connue de financiers internationaux,
qui
gouvernent de fait la planète, et qui sont les victimes agissantes
d'une
manipulation basée sur l'irruption dans le monde réel
d'une
création inhumaine venue du néant et devenue folle, celle des
masses
monétaires ex nihilo (du néant). Ces masses sont en pleine
croissance
par les pyramides de crédits, mais cette croissance étouffe
les
hommes encore vivants sous une structure de plus en plus lourde
de
crédits impayables à terme. Peu de monde sait que la banque
centrale
américaine est privée et qu'elle contrôle presque le monde
entier
par le dollar.
2.1
Le rôle du crédit et ses conséquences démographiques
L'économie
moderne est basée sur des emprunts. Le public
ne
sait pas que les banques prêtent leurs économies, en prenant de
surprenantes
"libertés". Si, par exemple, l'épargne
s'élève à 100, le
système
bancaire américain prête environ 100 fois 100, soit 10'000,
d'où
une "création" du néant de 9'900 (sic). Cet "
argent " vient de la
confiance
accordée aux banques et de la loi des grands nombres qui
dit
que jamais tous les épargnants ne vont retirer leur argent en même
temps.
La situation reste plus grave aux USA car ceux-ci ont
bénéficié,
par
le passé, de l'arrivée massive de jeunes immigrants actifs et
bien
formés. Les villages et villes américains ont souvent le quartier
des
banques comme centre, dowtown, rarement une cathédrale. Ils
ont
pris l’habitude bancaire de vendre le futur mais le problème est
que
l'argent est d'abord un moyen d'échange actuel dont la valeur est
symbolique.
Par exemple un billet de mille lires permet de l'échanger
contre
un croissant. Or un banquier, quand il reçoit un symbole de
mille
exerce en fait un pouvoir de 100 x 1'000 = 100'000 (sic, cent
mille,
vous avez bien lu, ce n'est pas une erreur). La globalisation de
l'économie
mondiale aggrave cette situation de "miracle" bancaire.
Les
banques ont donc poussé au maximum les dettes afin de jouir de
ce
pouvoir sans limites apparentes dans le temps. Vu que la nature
humaine
a des limites, celles-ci commencent à se montrer et on
découvre
que le coût de cette manipulation " miraculeuse " se compte
en
vies humaines, et surtout en enfants que l'on ne laisse pas naître.
Ces
enfants commencent à manquer et la crise actuelle est due à
cette
absence. Si tous les épargnants du monde voulaient retirer leurs
économies,
nous aurions une gigantesque crise financière. Et ceci va
arriver
dans les pays riches à cause de la pyramide qui vieillit. En
effet,
les vieux devront retirer leurs avoirs et les jeunes ne pourront
faire
face que de plus en plus difficilement. Nous devons avoir l'intelligence
de
prévoir cette chute et de préparer des plans alternatifs en
favorisant
les familles.
2.2
L'effet multiplicateur inverse ou effet diviseur
Dans
le passé, le système fonctionnait parce que la pyramide
des
âges était équilibrée.
Cependant,
la pyramide en forme de champignon décrivant
la
situation actuelle recouvre une très grave crise économique,
parce
qu'il y a de moins en moins de jeunes actifs et pouvant consommer
avec
une demande solvable. Actuellement, nous avons cinq
actifs
pour un passif, nous aurons très vite un actif pour un passif et
ce
passif coûte de plus en plus cher. En Suisse par exemple, le seul
coût
de la santé d'une personne âgée égale cinq fois
celui d'un actif.
2.3
L'équation fondamentale de l'économie
Cette
équation explique l'effet d'inflation par la création ou
la
non-création d'argent fiduciaire. L’argent fiduciaire est
créé par le
crédit
octroyé par les banques. Plus grande est la masse de la monnaie
imprimée,
plus élevée est l'inflation (P). Tout le monde se rappelle
que
l’une des causes de la IIème guerre mondiale est la crise
économique
et la fameuse inflation de Weimar où on achetait un Kg
de
pain pour quelques milliards de marks. Les prix sont une relation
du
papier monnaie imprimé (M1) plus toutes les masses "
créées " par
les
crédits (M2, M3, etc.) multipliées par leur vitesse de
circulation et
le
total étant divisé par la quantité de biens sur le
marché. Les
banques
contribuent donc à l'inflation par les crédits faciles. En outre,
le
crédit accordé au responsable d'une affaire pourrait le pousser
à
produire
des biens de consommation qui ne sont pas toujours
indispensables,
alors que sa présence en famille l’est et que des
carences
se traduisent par la drogue, la délinquance, le suicide des
jeunes.
Sans compter que la société de consommation pousse de plus
en
plus les femmes et les mères à travailler hors de la maison.
2.4
Le rôle des taux d'intérêt
Par
le biais de soudaines hausses des taux d'intérêt, et de
création
de monnaie, les banques, petit à petit, prennent possession
des
richesses réelles en laissant la monnaie fictive entre les mains des
emprunteurs.
Cette monnaie devient de la monnaie de singe. L'effet
est
répétitif et dure dans le temps. Au Canada, on calcule que
l'argent
réel
ne représente que 2 % de la masse totale. Les intérêts se
cumulent
donc
et chargent à tous les niveaux et plusieurs fois dans l'année,
à
chaque tour du capital circulant par exemple, ou au niveau communal,
cantonal.
régional, national, international….
Les
familles ou les petites entreprises empruntent souvent
lorsque
les taux sont bas, et sont obligées, la plupart du temps, de
rembourser
lorsqu'ils sont hauts. La conséquence est l'absence d'enfants
car
la machine économique s'emballe et ceux qui paient sont
ceux
qui n'ont pas de voix pour les défendre.
Dans
certains pays, on prête à 7 % d'intérêt réel
par mois :
ce
qui signifie en apparence environ 84 % mais vu les calculs actuariels,
du
125 % (sic, cent vingt-cinq) d'intérêt réel par
année (prêteur
sur
gage à 1 + i puissance n) alors que l’inflation est à 9 %.
Ces
taux sont usuriers et personnifient purement et simplement
la
cupidité. Ceci ne tient pas compte d'autres systèmes pires
que
ça (1 peso philippin sur 5 par semaine, soit près de 1’000
% par
année,
sic mille). Cependant, l'intérêt joue un rôle plus
pernicieux
encore.
Les
pays en voie de développement ont une grande
demande
pour des travaux d'infrastructure et d'autres travaux à
moyen
et long terme. Cependant, ces pays ont souvent une inflation
et
des taux d'intérêts très élevés. Utilisant
des techniques financières
basées
sur les taux d'intérêts qui favorisent le court terme, le calcul
de
la rentabilité de ces projets fait que ceux-ci sont alors souvent
considérés
comme pas assez profitables, alors qu'ils sont indispensables
à
long terme pour le pays.
Dans
ce domaine, les crédits de pays à pays jouent un rôle
sérieux.
En fait, ces prêts sont accordés à des taux avantageux
à la
condition
que les pays pratiquent le contrôle de la population (cf… la
Chine
avec sa politique de l'enfant unique et d'avortements forcés, et
le
massacre des filles qui s'ensuit, ce qui provoque déjà un grave
problème
de
manque de femmes à marier pour des dizaines de millions
de
jeunes chinois). Le cercle vicieux commence alors, puisque les
dettes
provoquent des offrandes humaines au Moloch moderne. Les
droits
de l’homme et la liberté humaine sont écrasés par
l’économisme.
Il
est intéressant de savoir que le mot "intérêt"
n'est apparu
de
manière significative dans la langue française qu'au
XVIIème
siècle,
et il signifiait "ce qui a le plus d'importance". Ce mot est en
train
de remplacer insidieusement celui de Dieu et d'Amour (inter
esse
= l'être entre les personnes). L’emprunt sans intérêt
était la règle,
c’était
une forme de don, il était gratuit, sa récompense non exigible
en
était la reconnaissance, qui fait si cruellement défaut
actuellement.
Son
manque favorise le désespoir qui se répand de plus en plus.
2.5
Les impôts et le budget social
Les
États ont emprunté aux banques des montants considérables.
Or,
ces montants sont souvent de la monnaie fiduciaire
créée
du néant (M2, M3, Mn). Cette monnaie est gagée par la fortune
de
tout le pays et surtout par les citoyens du dit pays, qui payent
en
fait des intérêts sur l'argent dont ils sont de facto les garants.
Tout
ceci
est légal mais n’est pas juste, à l’instar de
l’avortement “légal”
qui
reste un crime. En effet, ces sommes colossales provoquent des
annuités
toujours plus grandes. Celles-ci pèsent dans les budgets et
provoquent
le chômage, les coupes sombres, le stress, les disputes,
les
plans de restructuration, etc… Les ménages ont de moins en
moins
de moyens et doivent habiter des logements de plus en plus
serrés.
L'État,
comme du temps de Charlemagne ou de St Louis,
doit
créer lui-même sa monnaie ou en confier la création, pour
des
sommes
forfaitaires et non des intérêts, à des privés.
Signalons que
toute
la monarchie française a interdit le taux d'intérêt, avec
pourtant
des
succès culturels, économiques, artistiques, sociaux… Le
capitalisme
sauvage
mange ses enfants, mais si lentement et si insidieusement
que
certains s’en habituent. Une autre alternative, le marché
subtil
selon le philosophe Henri Hude de Paris, qui préconise la
stérilisation,
non
des hommes, mais des masses monétaires surnuméraires.
2.6.
L’égalité devant les taux
Celle-ci
reste illusoire. Les grands empruntent à 3,5 % (cf.
23),
alors que les petits empruntent à plus de 125 % (sic), pour des
taux
d’inflation équivalents. Ce qui aggrave encore les écarts.
3
Les paramètres cachés
Le
silence pourrit tout.
Ste Catherine de Sienne.
Le
Cardinal Ratzinger a affirmé qu'il y a plus de 40
millions
d'avortements (recensés) par année. Ceci signifie qu'en
comptant
les avortements par stérilets et par la pilule abortive RU-
486
(non recensés), dans les 10 dernières années, il y aurait
eu environ
1
milliard d'êtres humains exterminés, sans compter ceux qui
n'ont
pas été conçus à cause de la mentalité de
contraception. Ce massacre
est
le pire de l'Histoire. Quelles en sont les causes ?
3.1
Sagesse éternelle
L’amour
de l’argent est à la racine de tous les maux.
I
Timothée 6-10
3.1.1.
Le Christ, de manière positive, recommande clairement
dans
St Luc (6,35) de prêter sans rien espérer en retour. Dieu,
en
citant l'usure et l'intérêt, Josh 3,15 ; 4,18/1 Chr 12,15/Isa
8,7/Dan
8,16/Ex
22,25/Neh. 5,5,7/Lev. 25, 36,37/Ps 15,5/Pr 28,8/Isa 24,2/Jér
15,10/Ezek
18,8,17… 13, 22, 12/Mat 25, 27/Luc 19,23/et L'Église
ont
toujours condamné les taux d'intérêt et pas seulement
l'usure, surtout
par
la voix de St Thomas d'Aquin, mais ont légitimé le juste profit,
Gen
25,32 ; 37,26/Esth 3,8/Job 21,15 ; 30,2 ; 35,3 ; 35,8/Ps
30,9/Pr
14,23/Eccl 1,3 ; 3,9 ; 5,16 ; 2,11 ; 5,9 ; 7,11/Is 30,5/Jér
16,19/Mal
3,14/1 Sam 12,21/Rom 3,1/1 Cor 7,35 ; 10,33/2 Tim
2,14/Heb
12,10.
Or
St Thomas connaissait le seul texte de la parabole citée
par
Matthieu (ou par Luc) cf. ci-dessous 3.3., qu'il considérait comme
purement
imagée. Il a donc explicité par la raison la condamnation de
principe
du taux d'intérêt, constante de toutes les écritures
saintes,
reprise
d'ailleurs par les trois grandes religions monothéistes. La
Chrétienne,
qui reprend toute la Loi en insistant sur l'amour fraternel
mais
sans changer un seul Iod, condamne l'intérêt qui est une attaque
directe
de l'amour. Le texte du Notre Père (Mat. 6, 9-13 ; Luc 11, 1-
4),
récité plusieurs fois par jour, dit bien “debita
nostra”, ce qui signifie
toutes
nos dettes, au sens propre d’abord, comme nous l’ensei-
gnent
les méthodes d’interprétation de la Bible selon le nouveau
catéchisme.
Par
chance, les évêques français demandent pour le
Jubilé,
de
reprendre la vraie formulation. De plus, le Seigneur n’est pas venu
abolir
mais accomplir la loi, dont pas un seul petit trait ne doit disparaître.
(Mat
5,17-20). Notre justice doit surpasser celle des scribes
(20),
sinon nous n’irons pas au ciel. Or, la condamnation de
l’intérêt
est
plus qu’un petit trait et les scribes suivaient cette loi, au moins
avec
leurs frères juifs. En pratiquant l’intérêt,
où amasse-t-on ? (Mat
6,20).
D’autant plus que lors de sa première prédication à
Nazareth
(Luc
4,16), il invoque le passage d’Esaïe (61,1-10) qui annonce
exactement
cette
libération des dettes (avec une haine des rapines) et
l’année
du
Jubilé qui pourrait être celle de l’effacement total des
dettes
dans
l’esprit du Lévitique, partie de la Torah et esprit commun aux
trois
religions monothéistes. (Lév. 25,8-28 et surtout 25, 36-37 avec
les
avertissements sévères du chap. 26,15 et ss. en cas de
nonrespect).
Même
Boudha était contre l’intérêt, avec la plupart des
philosophes
anciens.
Merci à Jean-Paul II de nous offrir cette fête du
Jubilé
en l’an 2’000 et d’en préparer l’arrivée
avec le texte “pour le
troisième
millénaire” qui confirme l’essentiel de ce rapport.
3.1.2.
Il est intéressant de voir que l’histoire de l'Église
démontre
qu'à la demande des marchands du Nord de l’Europe
(Allémanniae
30), l’intérêt devrait être libéralisé.
Nous ne devons pas
faire
de distinction entre usure et intérêt car c’est le principe
même
qui
est pernicieux (fonction du temps, temps volé aux pères d'abord,
puis
aux mères qui doivent aller travailler, cf démonstration
ci-dessous),
bien
qu’il soit évident que plus le taux est élevé, plus
le mal est
grand.
Les condamnations de la cupidité de l’intérêt par Pie
II sont
très
dures, (31) “des théories hérétiques
détestables et abominables
(32)”.
Il y a le même rapport entre embryon (vie cachée en grec) et
pré-embryon
(la vie est aussi cachée) qu’entre usure et intérêt.
Le mot
usure,
usage du temps, s'applique dès la première seconde, à
l'image
de
l'embryon qui est là en tout cas en tant qu'unité (pouvant
contenir
plusieurs
personnes, jumeaux, triplés…) dès la réunion des
deux
gamètes.
La notion de pré-embryon sert à tuer les faibles par la
"réduction"
embryonnaire des frères ou sœurs surnuméraires lors des
fécondations
in vitro ou encore lors des avortements, comme celle
d'intérêt
sert à exploiter la détresse des pauvres, en Suisse et dans le
tiers-monde.
Le
texte de Luc 6-34 ss est invoqué et sa clarté évidente
“Et
si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel
gré vous
en
saura-t-on ? et prêtez sans rien espérer… car on vous
mesurera
avec
la mesure dont vous vous serez servi…“
3.1.3
La peine prévue est la même que celle contre tous
ceux
qui participent à l’avortement, “excommunicatio latae
sententiae
poenam”
(33), après un rappel des conciles de Clichy (626), de
l’admonitio
generalis de 789 qui confirmait la décision de
Charlemagne
(769), du capitulaire de Nimègue de 806, de Pîtres en
864,
du IIème et IIIème Concile de Latran (1139 et 1179) où les
usuriers
sont
déclarés infâmes, du Concile de Westminster (1175), de la
condamnation
de la lettre à terme à prix majoré de 1185
(l’actualité
récente
des contrats à terme provoquant le chômage de milliers d'ouvriers
prouve
le caractère prophétique de celle-ci), de l’interdiction
de
certains contrats d’assurances comportant de l’usure (1227), du
Concile
de Trèves (1227), de l’ordonnance de St Louis contre l’usure
(1254),
du IIème Concile de Lyon (1274), du Concile de Vienne
(1311),
de la qualification du prêt à intérêt
d’hérésie par le Vatican en
1311,
de la condamnation par l’Université de Paris de
l’intérêt en
1532,
de la bulle contre les rentes mobilières en 1569, des Papes Pie
V
(1571) condamnant la spéculation bancaire, le dépôt et le
prêt à
intérêt,
Paul II, Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI, Jules II. De
plus,
Benoît XIV, lettre du 1 novembre 1745, encyclique “Si vix pervenit
“qui
interdit absolument tout contrat de crédit à intérêt
comme
illicite
et usuraire et qui n’accepte que, notion absolument différente,
des
contrats d’entreprise et de participation aux profits et pertes, texte
étendu
à l'Église universelle par Grégoire XVI en 1836 et Pie IX,
Encyclique
aux Évêques d’Italie Quanto conficiamur 10-08-1863 et
Léon
XIII avec Rerum Novarum du 15-05-1891 et Jean-Paul II avec
le
nouveau catéchisme (fin du 7e commandement, point 2249 page
497)
où il est écrit “dès l’Ancien Testament,
toutes sortes de mesures
juridiques
(année de rémission, interdiction du prêt à
intérêt…). Jésus
fait
sienne cette parole… Par là, il ne rend pas caduque la
VÉHÉMENCE
des oracles anciens…. qui renvoie à Amos 8,5ss qui
dit
“...Nous falsifierons les balances pour tromper (le taux de change
du
$) L'Éternel l’a juré...Je n’oublierai aucune de
leurs œuvres. Le
pays
montera tout entier comme un fleuve (des inondations) je ferai
coucher
le soleil à midi (nuages nucléaires). Et je rendrai chauves
toutes
les têtes (radiations ?). Et sa fin sera comme un jour d’amertume.
C’est
trop facile de dire que les Papes et les Saints se sont trompés
pendant
des siècles ou que les temps ont changé. Non et non,
l’essentiel
n’a pas changé. La vraie théologie de la Libération
est
dans
le courage de remettre en question soi-même et sa culture, surtout
si
celle-ci conduit à la mort des corps et des âmes.
3.1.4.
La condamnation est d’autant plus d’actualité que
les
ordinateurs font maintenant tous les calculs, le “travail”
réel diminue
donc
toujours plus.
3.1.5.
Dans la pratique des confessions, tous les papes ont
confirmé
(cf. ci-dessus), se sont abstenus ou ont adopté une attitude
attentiste
et très subtile, sous réserve d’un jugement exprès
à venir du
St
Siège, qui n’est pas encore paru et seulement pour des
pénitents de
bonne
foi (Pie VIII du 18.08.1830, Grégoire XVI du 31 août 1831 et
17.01.1838,
infirmé par l'extension au monde entier par le texte de
1863)
Jean XXIII a bien parlé d’intérêt sur les prêts
aux agriculteurs,
mais
c’était pour les favoriser après la guerre en remboursant
ainsi
l’inflation
forte de l’époque. Mais l’intérêt est
l’un des facteurs
déclencheur
de l’inflation et non pas l’inverse, comme l’a
démontré
Jacques
Rueff. Dans Mater et Magistra, J, XXIII, 960, Il dit aussi : "
De
plus, lorsque les entreprises, grandes ou moyennes, pratiquent
l'autofinancement,
nous estimons pouvoir affirmer qu'elles doivent
reconnaître
un titre de crédit aux travailleurs qu'elles emploient, surtout
s'ils
reçoivent une rémunération qui ne dépasse pas le
salaire
minimum."
Ce crédit est évidemment au sens avantages sans
intérêts,
par
exemple à titre de participation aux bénéfices et
même, avec le
temps,
à titre d'actionnaires.
L’encyclique
Splendor Veritatis rappelle qu’il y des maux
intrinsèques
et que certains péchés sont absolus. Les ignorer peut
supprimer
la faute personnelle, donc le péché du prêteur
(L’emprunteur,
selon St Thomas, ne fait pas de péché) Mais la
société
le
paie par le risque de disparaître et ceux qui favorisent
l’ignorance
en
seront les responsables.
3.1.6.
Nous sommes réconfortés dans notre thèse par le fait
que
le nouveau catéchisme, rédigé en français,
réitère cette condamnation
à
la fin du commentaire du 7e commandement.
3.1.7.
L’argument de certain est de dire : “L'Église cédera
en
morale sexuelle comme elle a cédé de facto en morale
économique.
Nous
croyons pouvoir dire que c’est à cause de ces omissions
qu’il
est si difficile de se battre en tant que père de famille. Il sera plus
facile
de faire passer la morale familiale en protégeant les familles
économiquement.
Leur liberté pourra enfin s’exercer.
3.1.8.
L’encyclique Vix pervenit
Il
est clair que dans ce domaine, vu le silence depuis
quelques
années, selon la tradition, on ne fait pas de péché si
l’on
n’en
n’est pas conscient de bonne foi. Mais les conséquences du
péché
sont très graves tout de même et la société en paie
le prix fort.
Le
texte “Vix pervenit” (al.3 ch.1), qui est le meilleur
résumé
de la Tradition et du Magistère affirme simplement que :
“Tout
profit de cette espèce, qui va au-delà de la remise du capital,
est
illicite et usuraire.” Tout profit, et non les profits
exagérés suite
aux
distinctions subtiles entre usure et ceux qui seraient admis car le
taux
serait bas et raisonnable.
Les
exceptions du ch.3 font références à des contrats de
participation
aux risques, d’entreprise ou de négoce, dont l’esprit et
le
mode de réalisation restent complètement différents, comme
expliqué
ailleurs dans ce texte. Le chiffre 3 précise très clairement
“
d’une
nature entièrement différente de celle du prêt “.
Les
chiffres 4 et 5 ont prévu nos erreurs actuelles et le
Pape
prévoit “C’est la justice qui élève la nation,
c’est le péché qui
rend
les peuples misérables “ Il affirme encore au sujet de ceux qui
seraient
trop laxistes “Il s’opposerait non seulement aux textes
sacrés
et
à la tradition de l'Église sur l’usure, mais encore au sens
commun
humain
et à la droite raison.”
La
sentence “excommunicatio latae sententiae” était maintenue,
soit
excommunication automatique dès la connaissance du
péché.
Les camps de la mort sont là, les enceintes concentrationnaires
aussi
(fœtus in vitro), nous assistons à un génocide et à
des crimes
contre
l'humanité. Il y a aussi un principe pénal de non assistance
à
personnes
en danger, et l'encyclique “L’évangile de la Vie” le
confirme.
3.1.9.
Les pères de l'Église
Toute
la tradition des Pères de l'Église est lumineuse à cet
égard
(cf. Bibliographie). Le point de départ est “emplissez la terre et
soumettez-la”.
(Gen 1, 28). L’être est supérieur à l’avoir,
l’homme
aux
machines, le travail au capital, le faible au fort, le pauvre au
riche.
En résumé, St Grégoire de Nysse disait dans son sermon sur
les
usuriers
“peut-être fais-tu l’aumône…Mais à quoi
bon consoler un
pauvre
si tu en fais cent”. (7). Les grands théologiens confirment
cette
sagesse.
3.1.10.
L’œcuménisme
“Dieu
vomit les tièdes“
St
Jean, Apocalypse
La
tradition des pères de l'Église est reconnue par tous les
chrétiens.
L’aspect critique du taux de l’intérêt fait partie de
tous les
fils
d’Abraham. Il existe par exemple à Paris un organisme
d’entraide
juif
qui prête aux vrais juifs sans intérêts. Car il existe de
faux juifs
qui
abusent de leur statut pour exploiter les autres. Ces faux juifs que
St
Jean appelle la synagogue de Satan. De même chez les musulmans.
Pourquoi
donc les chrétiens ont-ils tant de peine à prêter, au
sens
propre, aux autres chrétiens et aux hommes de bonne volonté,
car
prêter signifie sans rien attendre de plus en retour ? Parce qu’il
est
plus
facile de prêter quelque chose qui n’existe pas encore, qui vient
du
néant, et de gagner sur ce néant. Signalons encore les Groupes
Bibliques
Universitaires qui mettent en cause aussi l’intérêt. Nous
avons
aussi un ami grec, chef d'entreprise qui est en train de faire
faillite
car les banques lui demandaient plus de 30 % d'intérêt. Il a
découvert
que le principal actionnaire de sa banque était son église
orthodoxe,
alors que son Pope local continue à dire que l'intérêt est
mauvais.
Ne pas mettre toutes les cartes sur la table en discutant
sérieusement
rend le vrai œcuménisme impossible. Le manque de
cohérence
rend tiède et même révolté. La vraie unité de
vie, qui seule
pourra
unir les communautés, restera impossible aussi longtemps que
les
petits auront des doutes si graves sur l'intégrité de leurs
responsables.
3.1.11.
Le déficit démocratique
La
vraie démocratie, celle des anciens cantons suisses, est
faite
par des hommes libres et égaux. Or, le système de
l’intérêt fait
que,
par des promesses intenables, certains possèdent, avec la même
somme
en caisse, plus de 100 fois plus de pouvoir que le simple
citoyen
qui leur fait une confiance encore trop aveugle. Ceux-là peuvent
alors
acheter les rédactions des journaux, les TV, l’opinion
publique
et diffuser la pornographie, la violence, le cynisme, la corruption
et
la drogue. Le Crédit Lyonnais par exemple a investi plusieurs
milliards,
en s’alliant à la Mafia et à la SASEA, pour prendre
le
contrôle d’une partie de Hollywood (Le lion Lyonnais prenant le
contrôle
du lion de la MGM) et de Las Vegas.
D’autant
plus que nous sommes le corps mystique du
Christ,
est-ce chrétien que certaines parties profitent, le coeur par
exemple,
ou la raison, puisque le processus de création économique
est
analogue au processus de procréation par ses fruits attendus, que
cette
raison grossisse, se distende, devienne hypertendue et tellement
égoïste
qu’elle prenne la vie aux autres et surtout aux petits qui
devraient
naître et qui ne le peuvent pas. Les membres doivent se
témoigner
une mutuelle sollicitude (1 Cor 12,25), or l’intérêt dit
“raisonnable”
comporte
la notion de faillite. Il tient le couteau par le
manche,
contrairement au dividende ou au bénéfice qui comporte une
notion
de joie et de partage, “Tous les membres prennent part à sa
joie”
(1 Cor 12,26).
Un
individu est mortel, toute civilisation, qui comme la
nôtre
se base de plus en plus sur l’individualisme, devient mortelle.
Notre
civilisation se suicide et les politiques malthusiennes sont plus
efficaces
que les experts ne le prévoyaient. En l'espace d'une
génération,
toutes
les tendances de fécondité sont à la baisse.
L'exponentielle
est inversée. Chaunu a raison, le monde suit l'exemple
de
Berlin. C’est un fait. Nous pouvons et devons réagir maintenant
et
les meilleurs remèdes sont connus. Ayons le courage et l’audace
de
nous remettre en question, de remettre en question certains
tabous,
le sexe, le compte en banque (qui peut partir en fumée), la
pseudo-culture,
la T.V. violente, bête et pornographique, les idées
reçues,
certaines modes, le snobisme, la frivolité, la superficialité, le
cynisme
etc. pour miser sur le bonheur du partage, de la famille, des
enfants,
de la vie, de la nature, du soleil, du sport, de l’amitié, des
valeurs
de nos pères qui ont fondé cette Suisse si belle, si libre, si
indépendante,
si généreuse, si efficace, si démocratique quand elle le
veut.
Osons le futur maintenant, soyons fiers de nos 700 ans de combats
pour
l’indépendance dans la responsabilité.
3.2
Arguments de droit naturel
3.2.1
Les contrats impossibles sont nuls
Il
est impossible, dans la durée, d'honorer les prêts à
intérêts
(composés
ou non). Prenons l'exemple suivant :
Crésus
emprunte un capital de 100 à la naissance du
Christ.
En appliquant un taux de 10 % (le petit crédit en Suisse est
proche
de 18 %), la somme à rembourser en l'an 2'000 est de x =
(100)
fois 1,1 puissance 2'000, soit 6 fois 10 puissance 82. Ce chiffre
avec
82 zéros dépasse l'imagination (par exemple 10 puissance 77
maisons
de SFr 600’000, ou encore 10 puissance 68 maisons par
habitant
de la terre). Il est même impossible de respecter le contrat en
soi
avec ce système. Beaucoup de guerres proviennent de ces raisons
financières.
La fuite en avant devait mettre à zéro les compteurs par
une
guerre ou une révolution, en tuant au passage le maximum
d’hommes,
afin de “libérer” de l’espace vital.
La
courbe des intérêts composés est une exponentielle
avec
une pente de plus en plus grande, fonction du taux de
l’intérêt.
Tous
les esprits scientifiques savent que le propre de l’exponentielle
est
de commencer sa croissance sans “douleur”, petit-à-petit,
mais de
révéler
sa nocivité plus tard, et de manière verticale, sans
rémission.
L’image
du Mayon, volcan parfait, symbolise aussi les pyramides des
âges
du passé. La verticale tend vers l’éternité. Mais le
hic, c’est que
les
dettes et la pyramide folle des crédits est une exponentielle de
monnaie,
alors que toutes les tendances de fertilité sont maintenant à
la
décroissance, ce qui signifie que la demande globale solvable
décroît,
donc que les biens offerts décroissent et que les économies
d’échelle
seront plus petites, donc que les signes monétaires seront
trop
nombreux et que l’inflation à venir sera colossale. Le rêve
fou de
certains
banquiers est de n’avoir qu’une population mondiale de 700
millions
d’habitants. La conférence du Caire a démontré
qu’ils le
désirent
par tous les moyens et ils obtiendront à coup sûr la ruine de
la
plupart des petites et moyennes entreprises. Ils veulent le partage
du
monde entre quelques grandes puissances commerciales qui organisent
une
ruche régulée par de pseudo-experts, au prix de nombreux
petits
sacrifiés à l’autel de la “science”, de Mammon
et surtout de
Moloch.
3.2.2
La théorie des martingales
Un
mathématicien français, M Paul Levy, démontre que,
à
terme,
toute la richesse du monde appartiendra aux banques, par simple
application
des règles mathématiques des martingales.
3.2.3
Le raisonnement par l'absurde
L'histoire
récente et réelle de ce yougoslave, M. Zavisa
BLAGOEVIC,
représentant pendant des années des firmes japonaises
en
Europe, chassé pour des raisons iniques (racistes) et gagnant,
après
des procès multiples et du fait des intérêts
composés et des
clauses
pénales, une somme si gigantesque qu’elle ne sera probablement
jamais
honorée (environ 9'000 mia de dollars) démontre par
l'absurde
que l'application juridique de ces règles est impossible,
même
sur une courte durée. Beaucoup de guerres viennent de cette
nécessité
de remettre les compteurs à zéro.
3.2.4
Les fonctions de l'argent
1)
Moyen d'échange. Les balances sont faussées en défaveur
des
faibles, (cf. les psaumes, le prophète de l’Ancien Testament
Amos
ou encore M. Soros, boursier d'origine hongroise et qui a fait
gagner
à ses clients plus d'un milliard de dollars en une nuit en jouant
contre
certaines monnaies européennes grâce aux taux de change
flottants,
qui sont de facto des balances faussables instituées au détriment
des
pères de famille, les contribuables qui paient la facture, toujours
plus
salée).
2)
Moyen d'épargne. La création monétaire contribue à
l'inflation,
donc à l'érosion de l'épargne. Les familles en sont
souvent
les
premières victimes.
3)
La nature de l’argent : St Antoine de Sienne démontre
que
l’argent, par sa nature même, ne peut être fructifiable (35).
4)
St Thomas et le Catéchisme du Concile de Trente
(35ème,
al.4) affirment que l’on ne peut pas vendre deux fois la
même
chose, ce qui tombe sous le sens. Le texte est très fort : “Sont
également
coupables de rapine… les usuriers, ces ravisseurs si durs
et
si cruels qui pillent le pauvre peuple, et l’écrasent de leurs
intérêts
exorbitants.
- L'usure est tout ce qui se perçoit au-delà de ce qui a
été
prêté,
soit argent, soit autre chose qui puisse s’acheter et s’estimer
à
prix
d’argent. Il est écrit dans le prophète Ezéchiel :
Ne recevez ni
usure
ni rien au-delà de votre prêt.” Et Notre-Seigneur nous dit
dans
St
Luc : “Prêtez sans rien espérer de là.” Ce
crime fut toujours très
grave
et très odieux, même chez les païens. De là cette
maxime :
Qu’est
ce que prêter à usure ? Qu’est ce que tuer un homme ? pour
marquer
qu’à leurs yeux, il n’y avait pas de différence. En
effet, prêter
à
usure, n’est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même
chose,
ou bien vendre ce qui n’est pas ?
L’usure
au temps d’Ezéchiel était de 1 %, d’après
Strong.
Or,
avec l’intérêt et la création monétaire,
c’est ce qui se
passe,
mais pire car les taux sont hauts et les morts dépassent le
milliard.
3.2.5.
Le temps et le stress
Les
voleurs du temps
Vu
que l'intérêt et toutes ses superstructures sont fonction
du
temps, insidieusement, le résultat est un vol du temps en faveur de
l'usurier
qui fait travailler de plus en plus un quasi esclave qui se croit
encore
libre car volontaire, mais manipulé par ses " espoirs ",
souvent
déçus.
En Angleterre, au temps de la Magna Carta, en 1215, les paysans
avaient
plus de 150 jours chômés, du fait des fêtes religieuses et
autres.
Du fait du progrès technique, nous devrions disposer de
vacances
considérables. Qui a volé ce temps ? Peut-on vraiment vendre
le
temps qui appartient à Dieu ? On peut prévoir un contrat de
participation
aux risques et aux bénéfices et un montant du dividende.
Mais
ce montant ne doit pas être en fonction du temps. Il doit être
proportionnel
au succès avec un éventuel salaire, fixé par contrat et
de
manière inamovible ou seulement par mutuel accord afin
d’éviter
que
les forts cupides changent à la hausse quand les faibles ne peuvent
qu’accepter
le diktat. Une autre possibilité, choisie par les
musulmans,
consiste à répartir le bénéfice de la banque selon
une clé
définie
par contrat, ce qui dans les faits, revient presque à la situation
actuelle
lorsque les taux sont bas, mais avec l’avantage moral en plus.
D’autant
plus que les calculs d’intérêts ne respectent jamais le jour
saint,
le sabbat, signe que ceux qui pratiquent ces méthodes ne
respectent
pas le Créateur puisque le commandement est formel dans
toutes
les grandes religions et surtout dans la Juive, dont la tradition
a
été reprise par la Chrétienne. Tu sanctifieras le jour du
Seigneur. Or,
pour
ce faire, il faut exclure l’intérêt car sinon, ça
reviendrait à obliger
nos
frères à travailler pour le jour du Seigneur.
3.2.6
Les soi-disant "nouvelles " conditions
1)
Qu'y a-t-il de vraiment nouveau ? Rien de nouveau sous
le
soleil. En effet, dans l’antiquité, on connaissait la plupart des
instruments
utiles financiers actuels, cf. le livre “la Bible arrachée au
sable”,
qui décrit les actions d’une multinationale de
l’époque sumérienne,
avec
ses lettres de change, ses billets à ordre, ses chèques, ses
crédits
etc… Le reste est surtout du domaine de la désinformation et
de
la protection de chasses gardées lucratives par les exploiteurs de
l’ignorance
humaine. Comme le dit St Paul à Timothée (I, 5-20)
“garde
ce dépôt, en évitant les discours vains et profanes et les
disputes
DE
LA FAUSSE SCIENCE dont font profession quelques-uns,
qui
se sont ainsi détournés de la foi”. La fausse science est
aussi l’économie
qui
est devenue les idoles Mammon et Moloch auxquelles
on
sacrifie les bébés et les vieillards.
3.2.7.
Les petits
1)
D’après Aristote et le Père Philippe de la
communauté
de
St Jean dans son livre les trois sagesses, il est dangereux d'accepter
des
"créations humaines" faisant des petits et se reproduisant.
2)
Or l'argent est une création humaine, qui, si l'on accepte
l'intérêt,
fait des petits. Ces petits ne sont pas que des symboles, ils
provoquent
des morts et des blessés, dans tous les domaines.
3)
Il est plus prudent d'interdire tout nouvel organisme faisant
de
lui-même des petits. (cf. les virus informatiques, les chimères
in
vitro, le développement de nouvelles espèces, microbes, virus,
etc.),
y compris des organismes intellectuels ayant des conséquences
dans
la réalité. Le bien commun “argent “est aux mains de
gens souvent
sans
scrupule ou ne comprenant pas les conséquences de leurs
actes.
C’est un devoir grave que de leur expliquer les tenants et aboutissants
moraux
de leur profession.
4) Signalons que la communauté des Béatitudes int